Grande femme de l'Histoire : Hedy Lamarr
Née Hedwig Eva Maria Kiesler à Vienne en 1914 de parents juifs, c’est sous le nom de Hedy Lamarr qu’Hollywood la glorifia comme « la plus belle femme du monde ». Connue et reconnue pour sa beauté, Hedy est aussi l’inventrice d’un système utilisé notamment pour le GPS et le Wi-fi.
Star d'Hollywood pour le public
Hedy n’a que 17 ans lorsqu’elle décroche son premier rôle principal : celui d’Eva, une jeune femme qui prend un amant pour oublier son vieux mari impuissant qui l’ennuie.
Le titre du film, qui fut censuré par Hitler et condamné par Pie XII, est des plus révélateur : Extase. Hedy y apparaît entièrement nue, simulant un orgasme, qui est paraît-il le premier orgasme féminin montré au cinéma !
Extase fait de Hedy une star dans son pays avant qu'elle n'en devienne une à Hollywood. Elle ne maîtrise pas encore l'anglais qu'elle a déjà signé avec le studio Metro-Goldwyn-Mayer, d’ailleurs elle parlait quatre langues. C'est Mayer qui lui propose le pseudonyme, Hedy Lamarr, nom synonyme de beauté dans les esprits, comme l'illustrent les propos de Georges Sanders :
« Elle était si époustouflante que toutes les conversations s’interrompaient dès qu’elle entrait dans une pièce. Où qu’elle allât elle devenait le point de mire de tous les regards. Je doute qu’il y ait eu un seul individu pour s’inquiéter de s’il y avait quelque chose derrière cette beauté. Tout le monde était trop occupé à la fixer bouche bée. »
G. SANDERS, 1960, Mémoires d'une fripouille, p.155.
De son côté, Hedy a bien une opinion sur la gente masculine : « En dessous de 35 ans, un homme a trop à apprendre et je n'ai pas le temps de lui faire la leçon. »
La star aura six maris et d'innombrables d'amants dont : Marlon Brando, Charlie Chaplin, David Niven, Errol Flynn, Orson Welles, Billy Wilder, Otto Preminger, Charles Boyer, James Stewart, Robert Taylor, Robert Walker, Spencer Tracy, Robert Capa, Clark Gable (il nie) et Jean-Pierre Aumont qui la demande en mariage huit jours après que Hedy lui ait littéralement fait du pied.
Sa vie amoureuse propulse ses mémoires dans le top 10 des autobiographies les plus érotiques selon Playboy. Le livre est même préfacé par un psychiatre pour avertir les lecteurs que la vie sexuelle de Hedy relevait de la pathologie !
Une vie (d'extase?) que Hedy n'aurait jamais menée si elle n'avait pas échappé à son premier mari, Friedrich Mandl, fasciste, un des hommes les plus riches d’Autriche, qui en plus de lui refuser le divorce, la faisait espionner elle et ses amis.
Un soir, Hedy use de somnifères pour droguer la domestique censée la surveiller, avant de lui voler son uniforme et d'usurper son identité pour fuir le pays. De ce mariage sans amour, Hedy qui était traitée en femme-trophée, retiendra plus d'une leçon dont la suivante : « Toute fille peut être glamour, il suffit de rester sans bouger et d’avoir l’air stupide. »
Inventrice pour les intimes
Mais Hedy n’avait rien d’une beauté stupide, les conversations de son premier mari avec ses clients dont faisaient partie Mussolini et Hitler ne lui échappèrent pas. Friedrich Mandl était né de parents juifs mais il s’était converti au catholicisme.
Après l’avoir fui, Hedy est loin d’être en paix, elle est particulièrement révoltée et peinée en apprenant que l’armée allemande fait couler des bateaux civils. C’est pour l’actrice le déclic qui la pousse à agir, il lui faut aider l’armée américaine.
Sa rencontre avec George Antheil, pianiste comme la mère de Hedy, s’avère décisive. La star sait que les torpilles des sous-marins sont repérables à cause des fréquences qu’elles émettent. Si George Antheil a su faire jouer seize pianos simultanément dans son Ballet mécanique, pourquoi l’armée ne pourrait-elle pas sauter d’une fréquence à l’autre pour éviter de se faire repérer ?
Hedy et George Antheil y travaillent sérieusement et le système est nommé « commutateur de fréquences » ou « étalement de spectre ». Déposé le 10 juin 1941 au Bureau des Brevets des USA sous le matricule US 2292387, il sera enregistré le 11 août 1942, classé secret-défense pendant 17 ans après avoir été rejeté par l’armée qui trouve le matériel trop encombrant pour être utilisé. Elle ne s’en servira pas avant la crise des missiles de Cuba, puis le réutilisera pour la Guerre du Viêtnam.
Hedy ne touchera pas un centime pour cette invention. En revanche elle fera gagner au moins 25.000 dollars à l’armée qui lui demande ses services pour le soutien des troupes et l’encouragement à l’effort de guerre, la beauté de Hedy n’aura pas échappée aux militaires...
Son goût pour les inventions, Hedy le tient de son père, un banquier qui aimait lui expliquer le fonctionnement de chaque chose. Et des inventions, elle en fera jusqu’à sa mort en l’an 2000, comme celle du collier pour chien phosphorescent et du cube qui transforme l’eau en soda. Elle laissera derrière elle des brouillons pour un feu tricolore où l’orange vire au rouge sanguin.
Celle qui était enfermée dans son rôle de femme fatale connaîtra une vie assez longue pour obtenir une récompense de son vivant. Trois ans avant sa mort, en 1997, Hedy reçoit un coup de téléphone de l’Electronic Frontier Foundation qui lui octroie une récompense, les premiers mots de l’inventrice furent : « Il était temps ! »
Cependant, de son vivant, Hedy est demeurée célèbre pour sa grande beauté, ses nombreuses conquêtes, ses problèmes dont les tabloïds se régalent : procès, vol à l’étalage, divorces... Lorsque la vieillesse a raison de sa beauté, celle à qui l’on doit la déclaration suivante : « avec un peu d’imagination, vous pouvez imaginer n’importe quelle actrice nue et j’espère faire travailler votre imagination », a recours à la chirurgie esthétique, les opérations sont plus ou moins ratées. En 1997, elle avait envoyé son fils chercher sa récompense à sa place avant de mourir en 2000 dans l’anonymat.
Enfin, en 2014, Hedy est admise post mortem au National Inventors Hall of Fame pour son « commutateur de fréquences », aujourd’hui utilisé pour le Wi-fi et le positionnement par satellite. Hedy Lamarr, actrice et inventrice, a résolument marqué notre quotidien.
Pour aller plus loin :
- Hedy Lamarr, la plus belle femme du monde avait aussi un cerveau, France Inter, disponible en podcast. Il s’agit d’une fiction de Corinne Klomp : https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-15-avril-2018
- Hedy Lamarr dans Culotées, une bande-dessinée de Pénélope Bagieu qui m’a fait découvrir Hedy. Le chapitre lui étant dédié est consultable en ligne : http://lesculottees.blog.lemonde.fr/2016/09/19/hedy-lamarr-actrice-inventrice/
- Bombshell : Hedy Lamarr : from extase to wifi, le film documentaire retraçant sa vie.
- Sans oublier, son autobiographie : Ecstasy and me, source de premier ordre.
- Gallinulus Pinguis Sainte-Mère des bébés phoques, Rédactrice, Testeuse, Chroniqueuse
- "Personne ne peut longtemps présenter un visage à la foule et un autre à lui-même sans finir par se demander lequel est le vrai" Nathaniel Hawthorne