Des Gaulois qui passaient l'éternité assis

Thématique
Archéologie
30 janvier
2025

Une bien étrange découverte, rapportée par l'Institut National de la Recherche Archéologique Préventive (INRAP), à Dijon : lors des fouilles récentes liés à la reconstruction d'un groupe scolaire, les archéologues diligentés sur place ont mis au jour au cours de l'automne dernier, toute une nécropole celtique présentant d'étranges particularités.

TITREVue générale d'une partie de la fouille. © Christophe Fouquin, Inrap

À l'extrême sud de l'ancien jardin du couvent des Cordeliers, longé par l'actuelle rue de Tivoli, de nouvelles excavations succédant à celles faites dans les années 90 ont révélé cette fois-ci pas moins de 13 sépultures circulaires d'un mètre de diamètre, espacées bien régulièrement sur 25 mètres de long. L'étrange détail qui frappe alors les archéologues est que les défunts sont inhumés... assis.

TITREInhumation d'un individu assis avec stigmates d'une blessure au crâne et portant un bracelet en roche noire. © Hervé Laganier, Inrap

Tous adultes, ils furent mis en terre dans la même position, face à l'ouest, les mains à proximité du bassin et les jambes très fléchies. De plus, aucun d'entre eux n'a apparemment été mis en terre avec le moindre mobilier funéraire, pas même un bijou, à l'exception d'un unique brassard en roche noire daté de 300 à 200 avant notre ère. Malgré le passage des millénaires, les morts sont très bien conservés globalement, exception faite de quelques perturbations liées à l'érosion dans le sol.

Une telle découverte n'est pas une première, car on en connaît d'autres qui apparaissent depuis le Mésolithique, mais elles restent toutefois très rares, et l'on ignore la raison qui poussa les Celtes de l'époque à enterrer ainsi leurs morts. Ces positions étranges sont en outre similaires à certaines représentations en pierre ou en métal que l'on connaît à la même période.

À proximité, on connaît aussi la présence d'au moins une fosse ayant servi à recueillir des dépouilles de chiens, de moutons et de porcs qui suggèrent un lieu de culte à proximité.

Un peu plus tard, le site voit apparaître un deuxième espace funéraire mis au jour ces derniers mois : une nécropole datée du Ier siècle de notre ère, qui a livré pas moins de 22 sépultures d'individus, et qui sont tous des enfants en très bas âge, malheureusement décédés avant d'avoir atteint un an.

TITREAlignement de fosses sépulcrales en cours de fouille. © Astrid Couilloud, Inrap

Disposés sur le dos ou le côté, ces nourrissons ont parfois été inhumés dans des coffrages de pierre ou des cercueils de bois, dont il en subsiste que les clous, avec quelques offrandes sous forme de céramique ou de monnaies.

Ces découvertes soulignent une nouvelle fois que même à une époque où la mortalité infantile était élevée, les peuples d'alors chérissaient notablement leurs enfants pour leur accorder un traitement spécial ; de la même façon que les individus enterrés assis devaient appartenir à une catégorie sociale particulière... mais sur laquelle beaucoup de questions restent encore sans réponses.