Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • PlayStation 5
  • Xbox Series
Éditeur Deep Silver
DéveloppeurWarhorse Studios
Date de sortieFévrier 2025

Kingdom Come : Deliverance II

Ralta
Thématique
27 juin
2025

L’histoire de Henry de Skalice, de Hans Capon et du père Godwin, ainsi que celle de la bande du Diable Sec, est magistrale. Il n’y a pas d’autres mots pour le dire. Reconstruction d’une Bohême réaliste, pléthore de missions à accomplir, combats complexes et vraiment dangereux, une histoire riche en clins d’œil au premier opus, et un fonctionnement moins capricieux aussi… Avec tout ça, vous ne serez pas surpris d’apprendre que je suis tombé complètement sous le charme de ce monde politique, où tout tourne autour de trahisons, de mariages dynastiques et de combats sanglants. Mais c’est aussi un monde dans lequel on peut s’adonner librement à des activités quotidiennes comme la chasse ou l’apprentissage du métier de forgeron.

Mais c’est quoi, ce jeu ? C’est le second volet de la série où Henry, fils du forgeron de Skalice et orphelin, se lance — malgré lui au départ — dans une quête de vengeance et de découverte de soi. À la fin de Kingdom Come : Deliverance, Henry est reconnu comme fils illégitime de Sir Radzig Kobyla et accompagne alors le seigneur Hans Capon dans son premier voyage officiel. L’ouverture de ce deuxième épisode débute par une rencontre fortuite mais porteuse de sombres présages.

Kingdom Come : Deliverance II

Hans et Henry se retrouvent ainsi pourchassés, entièrement nus, dans une forêt inconnue. On débute aussitôt par une première mission visant à avertir le seigneur von Bergow. Mais avant cela, plusieurs étapes sont nécessaires pour que ces « inconnus tout nus » soient reconnus comme des messagers diplomatiques du margrave Jobst, Hanush de Leipa et Kobyla. À cause d’un statut social légèrement diminué, on commence l’aventure dans la peau d’un apprenti, encore...

Bien que ce simulateur de l’époque médiévale nous plonge toujours dans le même univers que le jeu précédent, il faut savoir que l’apprentissage, plutôt brutal, du premier opus n’est plus exactement le même ici. Ce second volet reste toutefois fidèle à son prédécesseur en matière de quêtes à accomplir et d’objets à fabriquer, avec une amélioration notable du système de combat et de la maniabilité du cheval. Comme vous pouvez le constater, Warhorse a décidé de ne pas bouleverser une formule qui avait déjà montré un fort potentiel dans le premier épisode.

L’objectif principal du jeu est de survivre dans un monde et une époque où tout peut vous tuer. On y retrouve les mécanismes de survie de base comme la recherche de nourriture, mais il faut également veiller à laver régulièrement ses vêtements — pour se débarrasser du sang et de la sueur accumulés dès que l’on met un pied hors des zones civilisées. Les bandits et les animaux sauvages, comme les loups, sont nombreux, et ils n’ont que faire que vous ayez perdu la mémoire — et également toutes les compétences durement apprises dans le premier volet. Les bandits ne veulent que vos reliques religieuses douteuses, vos dés (oui, le jeu de dés est toujours une activité présente et jouable avec les PNJ), ou encore les vêtements féminins que vous pouvez collectionner au fil de l’aventure. Et non, à ma connaissance, Henry ne peut les donner à personne : ces objets ne servent qu’à alourdir votre inventaire.

La mission principale se déroule à son propre rythme, et l’on peut aisément visiter les points d’intérêt où se déroulent les quêtes secondaires, et il y en a de très bonnes — notamment celle des deux troubadours ou encore celle de l’homme qui a reçu une flèche ailleurs que dans le genou, qui comptent parmi mes préférées. Plus que de simples gagne-pains, ces quêtes contribuent à enrichir l’histoire de Henry.

L’action se déroule toujours à la première personne, ce qui rend l’expérience d’autant plus immersive, notamment lorsque l’on doit porter une armure lourde avec bacinet. Tout cet équipement pèse lourd, ce qui entrave la mobilité au cours des combats. Heureusement, le jeu permet de préparer trois équipements (loadouts) différents que l’on peut intervertir selon les besoins de la mission. Si vous devez jouer les voleurs, vous choisirez une tenue de tissu sombre et discrète — mais presque sans aucune protection en cas de pépin. À l’inverse, pour convaincre vos interlocuteurs en société, il faudra revêtir vos plus beaux habits afin d’imposer votre statut et défendre votre point de vue.

Il y a des aspects de jeu de rôle avec l’amélioration des capacités et des avantages temporaires, et une fois le début du jeu passé, on est capable de faire progresser son personnage sans trop de difficulté — surtout grâce aux perks. Ce jeu suit les pas de Henry et permet d’en apprendre davantage sur les relations politiques en Bohême, ni plus, ni moins.

Kingdom Come : Deliverance II

C’est ainsi que commence notre voyage, à travers deux régions de grande taille. La première carte, autour de Trosky, suit l’histoire de Henry et Hans les jours suivant la scène finale du premier opus. Personnellement, j’ai choisi de devenir maître alchimiste, afin de toujours avoir un stock bien rempli de « décoctions de souci » et de « schnaps du Sauveur ». L’excédent ? Je le vends, bien sûr ! Et voilà ma combine pour garder les poches pleines.

Mais d’abord, il faut récolter les ingrédients — certains poussent à l’état sauvage, d’autres sont cultivés dans des jardins — ce qui oblige Henry à faire travailler ses cuisses et ses mollets. Ensuite, direction le laboratoire pour transformer notre héros en version médiévale de Walter White. Mais… Attendez ?! On peut fabriquer plusieurs potions à la fois dès le début du jeu ? C’est quoi ce bazar !? Et là, on découvre la sauce secrète de ce second opus : les améliorations de qualité de vie. Des ajouts qui, certes, rendent l’expérience plus fluide et accessible au plus grand nombre... mais qui en même temps réduisent un peu la difficulté, du moins jusqu’à la sortie du mode Hardcore (le 15 avril dernier) ! Fini les longues heures passées au fourneau pour produire une fiole à la fois du schnaps du Sauveur : on peut désormais en préparer en série. Ce n’est qu’un petit détail, mais découvrir cette « clé maîtresse » du gameplay aussi tôt dans le jeu m’a un peu déçu.

Kingdom Come : Deliverance II

En l’occurrence, ce sentiment n’a duré que cinq secondes. Je me suis rapidement rendu compte que, dans les premiers patchs du jeu, les vendeurs avaient nettement moins d’argent que certains marchands du jeu précédent (ce point a d’ailleurs été corrigé par Warhorse dans une mise à jour récente, en augmentant les portefeuilles des commerçants — ndlr). Non, on ne peut pas devenir trop riche trop tôt… ou plutôt, si, on peut — mais au bout d’un moment, il n’y a plus grand-chose d’essentiel à acheter, et tant mieux.

On trouve souvent les armes et pièces d’armure sur les ennemis tombés au combat, sur ce point, rien n’a vraiment changé depuis Kingdom Come : Deliverance. Chaque adversaire porte un équipement que l’on peut récupérer. Cela dit, comme on le sait, affronter de simples bandits-paysans peut aussi être utile au développement du personnage d’Henry… mais pas pour s’enrichir. Pour cela, il faut viser plus haut : affronter des bandits mieux équipés, des Cumans, des soldats d’Otto von Bergow, etc. ça ne manque pas.

Même si ces affrontements sont difficiles au début, la progression d’Henry est nettement plus rapide que dans le premier volet. L’équipement récupéré peut être revendu — encore faut-il trouver un marchand ambulant ou une ville suffisamment peuplée qui ait échappé aux pillards. On reste dans le même univers, le même pays, le même paysage que celui de Kingdom Come : Deliverance. Ce jeu s’adresse avant tout aux passionnés d’histoire en version vidéoludique. Il ne cherche pas vraiment à convertir ceux qui n’avaient pas accroché au premier — même si les contrôles, à mon sens, ont été rendus plus accessibles. Warhorse connaît son public et ne cherche pas à le décevoir. Mais, s’il faut trouver quelque chose à dire, alors c’est qu’en rendant le jeu plus simple, ils ont peut-être perdu une partie de ce qui faisait tout le charme du premier opus.

Kingdom Come : Deliverance II

Mais après tout, ce n’est qu’une critique minime d’un chef-d’œuvre. On ne peut pas le nier : le jeu est gigantesque, souvent vivant et regorge de contenu. J’ai trouvé néanmoins que les espaces entre les lieux principaux semblaient parfois un peu vides, contrairement à Kingdom Come : Deliverance. Le sentiment de danger semblait amoindri. Certes, Henry peut toujours mourir, mais il est bien plus capable de se défendre dès le début du jeu — ce qui est cohérent avec la narration. Du coup, entre ces zones peu animées et le danger réduit, je me suis souvent surpris à privilégier le voyage rapide plutôt que de parcourir les routes à pied ou à cheval. Peut-être au détriment de la découverte de certains lieux inconnus.

Néanmoins, le système de combat reste excellent. Avec ces différentes combinaisons d’armes et d’armures, les affrontements offrent de belles variétés. Malheureusement, Warhorse a choisi de faire de l’épée l’alpha et l’oméga du gameplay. C’est clairement l’arme la plus mise en valeur, au détriment d’autres, devenues moins attractives. Cette hiérarchisation repose notamment sur le "master strike", une contre-attaque qui, pour ceux qui la maîtrisent, confère un avantage considérable. Elle est censée être quasi imparable. En pratique, il est possible de l’éviter, mais cela demande de rester constamment en mouvement pendant les combats : fatiguer son adversaire, et se rendre plus difficile à toucher reste la meilleure stratégie.

Kingdom Come : Deliverance II

Comme dans le premier volet, le système de combat est nettement plus réaliste que dans la plupart des jeux. C’est imparfait — jusqu’au moment où on le maîtrise, et même là... on risque toujours de prendre un coup d’épée ou de marteau en pleine tête si l’on se déconcentre, et surtout — règle d’or — il vaut mieux éviter d’être pris à partie par un groupe d’ennemis. Mais le jeu devient franchement drôle en fin de partie, lorsqu’on peut incarner une sorte de "Super Henry", dopé aux potions presque magiques. Il existe désormais un système qui permet à Henry de préparer ses propres potions personnalisées — les meilleures des meilleures ! On peut aussi fabriquer des poisons à appliquer sur ses armes. Avec ça, on devient littéralement une armée.

Pour m’amuser, par exemple, au lieu d’opter pour la discrétion pour s’échapper d’un château assiégé, j’ai décidé d’infiltrer le camp adverse, en attaquant tout ce qui bougeait. Malheureusement, les développeurs n’avaient visiblement pas prévu qu’un joueur tente un truc pareil : malgré le fait que tous les ennemis aient été balayés, mes compagnons sont restés enfermés dans le château au lieu de profiter de l’événement pour s’enfuir ! Tant pis. Plus d’hydromel et de pain pour Henry !

Or, ce n’est là qu’une partie du jeu. Ce qu’on vit ici, c’est la vie de Henry de Skalice, et la création des régions de Trosky et Kuttenburg a été réalisée avec un tel amour du détail qu’on ne peut qu’être bluffé. Comme le disait Tom McKay, l’acteur incarnant Henry (voix, visage et capture de mouvement) : « Il y a plein de choses sombres, amusantes et idiotes que vous pouvez faire — certainement dans le premier jeu, et encore plus dans le deuxième. »

Contrairement au premier volet, toutes les expressions du visage ont été capturées via des caméras frontales. Résultat : le jeu d’acteur est bien plus précis, plus naturel. Comme dans Red Dead Redemption, on se sent vraiment transporté dans le monde imaginé par les développeurs. Mais ce monde est aussi plus complexe que celui du premier opus. Le directeur de communication de Warhorse a illustré cela en comparant la taille des grandes villes sur la carte : Rattay, dans Kingdom Come : Deliverance, paraît minuscule face à Kuttenburg, dont l’enceinte intra-muros est environ trois fois plus grande. L’histoire, elle aussi, a gagné en ampleur et en chaos et le jeu est davantage immense. À titre de comparaison, j’ai passé autant de temps sur Elden Ring — mais comme l’histoire de FromSoftware est bien plus abstraite et cryptique, j’ai eu l’impression que Kingdom Come : Deliverance II durait plus longtemps grâce à son écriture dynamique. Et honnêtement, je suis prêt à y replonger dès qu’un nouveau contenu téléchargeable sortira.

9.0
Kingdom Come : Deliverance II

Encore plus grandiose, et moins frustrant
Kingdom Come : Deliverance II est magistral et mérite sa place dans la discussion pour le jeu de l’année. Tous ceux qui aiment les jeux historiques y trouveront leur compte : une histoire toujours plus étoffée, des graphismes somptueux, et une difficulté bien dosée.
Intérêt historique :On peut apprendre énormément sur la vie en Europe orientale au Moyen Âge, rien qu’en lançant une partie, grâce au Codex, l’encyclopédie des connaissances du monde de Henry et de ses camarades, ainsi qu’aux livres trouvés partout dans le jeu.
  • +Une histoire développée et complexe
  • +Exponentiellement plus vaste que son prédécesseur
  • +Rend l’expérience médiévale vivante
  • -Parfois, les espaces ouverts sont justement trop ouverts et vides.
  • -Difficile pour les débutants de comprendre l’histoire et les mécaniques du jeu, qui sont complexes.
  • -Euh… un Français n’est pas représenté de manière très positive...
9.0
Graphismes

Les graphismes réalistes — et très détaillés selon votre machine — permettent d'oublier qu'on joue à un jeu vidéo. Même les écrans de chargement ressemblent à des tableaux d'époque.

7.0
Technique

En version 1.1, seuls quelques bugs mineurs étaient perceptibles (comme l'eau bouillante en alchimie). Avec la 1.2, quelques problèmes ont émergé — comme des lits bloqués derrière des portes verrouillées, nous rendant criminels malgré nous. Mais bon, on ne serait pas en 2025 si tout fonctionnait à la perfection, non ?

8.0
Jouabilité

Comme dans le premier Kingdom Come : Deliverance, le système de combat reste exigeant. Les autres aspects du gameplay sont plus accessibles, mais il faut du temps pour maîtriser l'art du duel. Heureusement, en bon jeu de rôle, cela évolue avec l'expérience.

10
Durée de vie

J'ai déjà passé plus de 180 heures dans cet univers, et ce, avant même la sortie des DLC. Ayant terminé quasiment toutes les quêtes secondaires, il me reste encore des mystères à découvrir. En somme, Kingdom Come : Deliverance II en donne pour son argent.

10
Ambiance

Kurva ! L'ambiance est incroyable. On peut se forger ses propres fers à cheval et chasser le chevreuil pour en faire des côtelettes fumées dans son fumoir… Que demander de plus ?

9.0
Scénario

Dans ce monde médiéval, la vie est dure, courte et pleine de saleté. Le scénario explore de nouvelles manières dont Henry peut évoluer en fonction des actions de chaque joueur, ce qui peut prendre une tournure positive ou négative. L'histoire de vengeance est désormais intimement liée à la géopolitique de la région. Au fur et à mesure, l’histoire principale prend de l’envergure.


  • Ralta Rédacteur
  • "L'histoire sera gentille avec moi car j'ai l'intention de l'écrire." - Winston Churchill