Pompéi révèle un superbe complexe thermal
Personne ne l'ignore, Pompéi est un véritable Disneyland pour archéologues, une ville figée dans le temps et dont le supplice de ses défunts habitants aura au moins eu le mérite d'offrir une occasion unique d'étudier une cité antique.
Aujourd'hui encore, on estime qu'au moins un tiers de la cité romaine dort toujours sous les profondes couches de terre depuis près de deux millénaires, mais des fouilles sont régulièrement entreprises dans tout le parc archéologique afin de continuer à révéler toute la cité. Dernièrement, ces fouilles ont révélé un bloc d'habitation entier de Pompéi, comprenant une blanchisserie, une boulangerie ainsi qu'une immense et luxueuse domus privée, dans laquelle a été mise au jour un système de complexe thermal dans un état de conservation exceptionnel, annonce le docteur Gabriel Zuchtriegel, directeur du parc archéologique de Pompéi.
« Il y a très peu de maisons qui disposent d'un complexe de bains privés, donc c'était vraiment quelque chose pour les plus riches parmi les riches, et c'est tellement énorme - c'est probablement le plus grand complexe de bains dans une maison privée pompéienne », confie-t-il à nos confrères de la BBC.
Les fouilles de la villa magnifique auraient permis jusqu'ici d'attribuer sa propriété à un certain Aulus Rustius Verus, un homme politique local et qu'on imagine extrêmement riche, et donc influent, s'il pouvait s'offrir le luxe de construire des thermes de cette envergure jusque chez lui.
Composé de différents espaces abritant des bains chauds, tièdes et froids, et même de vestiaires, ces pièces étaient richement décorées de fresques et de céramiques qui sont encore presque intactes, comme toujours à Pompéi, particulièrement bien préservées des ravages du temps par l'accumulation de la cendre. Le sauna était alimenté par les feux allumés sous le plancher suspendu, permettant de chauffer la pièce en continu, avant que les habitués ne se rendent dans l'autre pièce, où ils raclaient l'huile dont ils se frottaient à l'aide d'un strigile : le nec plus ultra du savoir-vivre à l'antique.
« Pendant les étés chauds, vous pourriez vous asseoir les pieds dans l'eau, discuter avec vos amis, peut-être en dégustant une coupe de vin », explique le Dr Zuchtriegel.
En outre, les archéologues ont pu découvrir les dépouilles de deux malheureuses victimes de la colère de Vulcain : deux squelettes appartenant à un homme et une femme, respectivement d'âge mûr et adolescent, visiblement barricadés dans une petite pièce de la propriété et qui furent asphyxiés par le gaz.
« La coulée pyroclastique du Vésuve est arrivée dans la rue juste à l'extérieur de cette pièce et a provoqué l'effondrement d'un mur, ce qui l'a pratiquement écrasé à mort […] la femme était encore en vie alors qu'il était en train de mourir - imaginez le traumatisme - et puis cette pièce s'est remplie du reste de la coulée pyroclastique, et c'est ainsi qu'elle est morte. », explique le Dr Sophie Hay, archéologue à Pompéi. «Il s'agissait probablement d'une personne haut placée dans la société. Il se pourrait qu'il s'agisse de l'épouse du propriétaire de la maison, ou peut-être d'une assistante qui s'occupait de l'épouse, mais nous ne le savons pas. »
Quels qu'ils soient, ces défunts profiteront dans la mort d'une exposition au monde de renommée mondiale : les fouilles ont encore plusieurs semaines de travail à effectuer, avant que prochainement, la domus ne soit ouverte au public.