Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • PlayStation 5
  • Xbox Series X/S
ÉditeurKalypso Media
DéveloppeurClaymore Game Studios
Date de sortieAvril 2025

Commandos : Origins

Ralta
7 novembre
2025

Il existe des séries de jeux vidéo que l’on enterre en silence, presque avec respect, convaincu qu’elles ne reviendront jamais. Commandos faisait partie de celles-là. Pendant plus de deux décennies, son absence s’est malgré tout fait sentir chez tous ceux qui avaient connu le frisson de ses opérations minutieusement orchestrées. À chaque salon, à chaque rumeur de reboot, on y croyait un peu… avant de ranger à nouveau le béret vert au fond du tiroir.

Récemment, ces joueurs avaient pu se rabattre et patienter avec Desperados III ou Shadow Tactics : Blades of the Shogun, deux excellents jeux dans la même veine, développés par Mimimi Games, un studio qui a hélas fermé ses portes depuis, laissant peu d’espoir qu’il puisse un jour reprendre la franchise, comme il l’avait si bien fait avec Desperados.

Jusqu’au jour où Claymore Game Studios, un développeur allemand discret sur la scène internationale, a décidé de ressusciter cette licence mythique, avec l'appui de l'éditeur Kalypso. Pas de remake ni de remaster cette fois, mais un préquel racontant la genèse de l’équipe de commandos, tout en modernisant le gameplay pour séduire une nouvelle génération. Le pari était audacieux : plaire aux anciens sans perdre les nouveaux, le tout en respectant l’esprit d’une série culte.

Commandos : Origins

Mais c’est quoi, ce jeu ?

L'action de Commandos : Origins se situe en 1940, au moment de la création des commandos britanniques, ces unités spéciales de la Royal Navy chargées d’attaques ciblées et de sabotages derrière les lignes ennemies. Le jeu adopte une vue isométrique en « vol d’oiseau » et demande d’exécuter des opérations chirurgicales contre le Troisième Reich.

L’escouade regroupe des visages familiers pour celles et ceux qui ont déjà joué à la série. En premier lieu : Jack O’Hara, le Béret vert, toujours prêt à ramper sous cinquante centimètres de neige ou à disparaître derrière un tas de sable, n’a rien perdu de sa verve, n’hésitant pas à lancer une remarque acerbe au moindre clic maladroit. À ses côtés, Thomas Hancock, le soldat du génie, reste un virtuose du TNT et du coupe-fil. D’autres recrues rejoignent l’équipe au fil des missions, chacune apportant ses compétences spécifiques. Certes, O’Hara peut presque tout faire, grâce à sa force brute et à sa radio, mais ses compagnons sont essentiels pour diversifier les approches et faciliter les opérations.

Les environnements sont variés et visuellement réussis : les sables brûlants d’Afrique du Nord, les plateaux glacés balayés par le vent, les forêts denses où chaque pas peut trahir notre présence, ou encore les zones industrielles pleines de projecteurs et de patrouilles nerveuses. Chaque décor impose ses contraintes tactiques, forçant à ajuster votre approche et votre rythme. Si la neige réduit la visibilité, elle peut aussi trahir nos pas. Dans les villes, les gardes sont plus nombreux, les itinéraires plus sinueux, et chaque détour peut se transformer en piège.

Commandos : Origins vous poussera à l’adaptation constante, à la planification, et à la prudence millimétrée. Il faut s’adapter afin de naviguer sur des cartes où quasiment tout est sous haute surveillance. Vous devez bien choisir vos outils en fonction de ce que l’on vous donne, vous camoufler dans l’environnement, attirer l’attention ailleurs et exécuter les actions au moment opportun afin de tromper des « angles de vue » toujours attentifs ou en alerte.

Commandos : Origins

Mécaniques : entre héritage et modernisation

Claymore a choisi de préserver l’essence des Commandos tout en modernisant sa formule. La grande nouveauté est la planification d’actions synchronisées. Il est désormais possible de programmer une séquence d’actions pour un ou plusieurs personnages, puis de les déclencher au moment propice simultanément : neutraliser deux gardes à la fois, faire sauter un dépôt et couper une ligne téléphonique. Dans les anciens épisodes, ce genre de synchronisation relevait de l’exploit manuel. Ici, elle devient un élément naturel de la stratégie.

Cependant, cette simplification a un prix. Les cartes, aussi belles soient-elles, sont souvent construites comme des puzzles à solution unique. L’improvisation, qui faisait le sel des précédents volets, s’efface au profit d’un déroulé plus dirigiste. Fini les détours improbables ou les combinaisons d’actions « hors manuel » qui pouvaient transformer un échec cuisant en victoire in extremis. Les missions suivent désormais un chemin pensé par les développeurs, et s’en écarter devient presque impossible. Sans doute, cela plaira aux nouveaux joueurs nés après les années 2000.

L’autre changement discutable – et incompréhensible, pour le coup – est la disparition de l’inventaire. Chaque commando part en mission avec un équipement prédéfini, et seuls quelques objets ou munitions peuvent être récupérés sur le terrain. Ce choix resserre la tension et oblige à exploiter au maximum les ressources disponibles, mais il supprime aussi la dimension de gestion qu’offraient Commandos 2 : Men of Courage et Commandos 3 : Destination Berlin, où l’on pouvait ramasser puis redistribuer armes et gadgets à ses compagnons.

Commandos : Origins

Bugs : quand l’ennemi est aussi le moteur du jeu

Impossible de passer sous silence les bugs qui émaillent Commandos : Origins. Certains sont amusants par leur absurdité : des gardes qui, une fois abattus, décollent dans les airs pour retomber vingt mètres plus loin ; jusqu’au moment où l’on s’aperçoit que leur camarade, qu’on n’avait pas vu, remarque à son tour que son pote est parti dans l’espace… Ces bizarreries prêtent à sourire, jusqu’à ce qu’elles viennent perturber la mission.

D’autres sont franchement beaucoup plus frustrants. Un exemple marquant : sur une carte, les commandos se retrouvaient bloqués devant un point de passage étroit, infranchissable pour eux, mais parfaitement accessible aux ennemis... Quand on sait que chaque mission est conçue comme une suite logique d’actions interdépendantes, ce genre de blocage revient à condamner toute progression. Pendant un mois, la seule option était de recommencer la mission depuis le début. Autant dire que la motivation en prenait un coup.

Pour ma part, j’ai préféré mettre le jeu en pause, et passer du bon temps sur Clair Obscur : Expedition 33. En revenant, le problème avait été corrigé. Claymore a fait preuve de réactivité, mais ces incidents, trop fréquents, nuisent malheureusement à l’expérience globale – surtout dans un jeu où la précision et la maîtrise des situations sont cruciales.

On peut également évoquer la caméra qui devient un véritable fléau dès lors que l’on passe dans des bâtiments à étages. Certes, on n’est pas censé savoir exactement ce qui arrive au-dessus de nos têtes, mais se retrouver bloqué lorsqu’on tente d’attirer un ennemi à l’écart et qu’on n’arrive pas à gérer la bascule d’un étage à l’autre reste un défaut rédhibitoire pour ce type de jeu.

Commandos : Origins

Fidélité historique : entre vérité et licence créative

Comme on a dit, Origins se situe en 1940, lors de la création des commandos britanniques. Le jeu rend bien la diversité des profils recrutés : anciens marins, soldats d’infanterie, ingénieurs – tous formés à travailler en autonomie et à s’adapter à des terrains variés. Les missions illustrent ce mélange d’approche furtive, de sabotage méthodique et de retraits tactiques.

Quelques libertés sont toutefois à signaler. Certaines armes, comme le Colt M1911 ou le pistolet silencieux, sont peu plausibles pour l’époque et le théâtre d’opérations. La carabine silencieuse De Lisle, par exemple, n’a été produite qu’en 1942, après les événements des premières missions. Ce n’est pas un problème majeur – Commandos n’a jamais prétendu être une simulation militaire pure – mais cela rappelle que l’objectif reste avant tout le plaisir de jeu.

Commandos : Origins

Un retour imparfait mais galvanisant

En fin de compte, Commandos : Origins réussit l’essentiel : redonner vie à une série culte sans la trahir. Les vétérans y retrouveront la tension et la satisfaction d’un plan millimétré ; les nouveaux venus découvriront un jeu exigeant, mais plus abordable que ses glorieux ancêtres.

Oui, la linéarité est réelle, les bugs parfois agaçants, et certaines mécaniques manquent encore de profondeur. Mais le frisson est toujours là : ce moment où, après une demi-heure d’observation et de préparation, tout s’aligne, et l’on sait – avant même de l'avoir fini – que la mission est réussie. Peu de jeux offrent encore ce sentiment.

Claymore Game Studios signe donc un retour respectueux, perfectible mais sincère, qui prouve que Commandos a encore sa place dans le paysage vidéoludique moderne. Origins n’égale pas la magie brute des classiques, mais il en rallume la flamme. Et si quelques claviers ou souris doivent y laisser leur peau… c’est peut-être le prix à payer pour retrouver la rigueur de la vieille école de l’infiltration.

7.5
Commandos : Origins

Bon retour
Commandos : Origins parvient à réanimer une licence culte avec respect et modernité. Plus accessible, moins complexe que ses aînés, il conserve la tension et la saveur des opérations coordonnées. On regrettera une sortie hasardeuse qui aurait mérité un peu plus de peaufinage.
Intérêt historique :Une plongée crédible dans la naissance des commandos britanniques, entre rigueur et libertés créatives, pour un équilibre qui sert avant tout le plaisir de jeu.
  • +Atmosphère fidèle aux anciens volets, avec un vrai soin graphique
  • +Synchronisation d’actions qui fluidifie les opérations complexes
  • +Variété des environnements et des situations tactiques
  • +Personnages iconiques bien mis en valeur
  • +Bonne porte d’entrée pour les nouveaux joueurs du genre
  • -Linéarité prononcée, laissant peu de place à l’improvisation
  • -Bugs récurrents, parfois bloquants
  • -Inventaire limité, réduisant la planification stratégique
  • -Libertés historiques discutables pour certains équipements
  • -Moins de profondeur tactique que les volets originaux
8.5
Graphismes

Des environnements variés, riches et immersifs. Les décors participent pleinement à l’expérience et renforcent l’atmosphère.

5.0
Technique

Des bugs trop nombreux, parfois bloquants, et une caméra capricieuse dans les environnements multi-étages.

7.5
Jouabilité

Une modernisation bienvenue avec la synchronisation d’actions, mais une liberté tactique réduite et un inventaire limité.

8.0
Durée de vie

Une campagne solide et variée, mais une re-jouabilité amoindrie par la linéarité des missions.

8.0
Ambiance

La tension de Commandos est toujours là : observer, planifier, exécuter. L’ADN de la série reste intact.

7.5
Scénario

Un préquel crédible qui contextualise la naissance des commandos britanniques, mais qui sert avant tout de toile de fond au gameplay.


  • Ralta Rédacteur
  • "L'histoire sera gentille avec moi car j'ai l'intention de l'écrire." - Winston Churchill