Grande femme de l'Histoire : Freydis Eiríksdóttir

Mère des phoques
Thématique
Moyen-âge, Invasions barbares
27 janvier
2014

Freydis Eiríksdóttir, comme son nom le précise est la fille d’Erik le Rouge (Erik Thorvaldsson), fut l'une des exploratrices de l’Amérique du Nord, dont les mérites sont attribués à Leif Eriksson (celle menée au Groenland étant rattachée à son père).

Ses dates de naissance et de mort sont restées inconnues. Les deux sagas du Vinland sont les uniques sources médiévales au sujet de Freydis, seuls les faits les plus marquants ont été relatés et certains ne concordent pas. Il n'a donc pas été défini si Leif Eriksson et elle avaient la même mère. Ni l'âge qu'elle avait lors de son mariage ni celui quand elle devint mère sont connus.

Une guerrière dans l'âme

Les premières mentions au sujet de Freydis se situent au plein cœur d'une bataille opposant les natifs d'Amérique du Nord aux colons nordiques. Bien qu'au départ, les natifs acceptaient la présence des colons car ils étaient intéressés par un échange commercial, tout cela ne tarda pas à dégénérer. Les colons nordiques avaient échangé avec eux des produits laitiers, or les natifs n'en ayant jamais mangé, ils furent frappés d'intolérance au lactose et songèrent immédiatement à une tentative d'empoisemment. C'est ainsi que la bataille se déclencha. Alors que les colons battaient en retraite, Freydis restée au campement, désapprouva fortement la stratégie adoptée et s'exprima en ces termes laissant transparaître son mépris envers les natifs :

« Pourquoi courez-vous si loin de ces créatures sans valeurs, vous qui êtes des hommes robustes, il me semble pourtant que vous pouvez les abattre comme vous savez le faire avec le bétail. Donnez-moi une arme. Je pense pouvoir me battre bien mieux que n'importe lequel d'entre vous. »

Les guerriers ne firent pas attention à elle. Freydis, bien qu'elle était enceinte et que les combattants reculaient, décida de prendre part à la bataille. Elle s'aventura dans les bois malgré son état et trouva le cadavre d'un de ses compagnons. Elle se saisit de son épée et fut rapidement confrontée aux natifs d'Amérique. Freydis déchira son vêtement, laissant découvrir sa poitrine nue qu'elle frappa avec son épée tout en hurlant. Les natifs alors, effrayés par la vision d'une guerrière enceinte aux seins nus poussant un cri de guerre s'enfuirent aussitôt ce qui mit fin à la bataille. A son retour au campement son courage fut loué. Freydis gagna alors la réputation d'être une femme redoutable mais aussi celle de la première femme du groupe à avoir donné la vie sur les terres d'Amérique du nord. Snorri, fut le nom donné à son fils.

Mais une exploratrice avant tout

Après ces évènements, Freydis pris la décision de mener sa propre expédition, elle commanda alors de manière officieuse. Deux navires y prirent part mais l'un d'eux coula en chemin, sans aucune perte humaine cependant. Pour Freydis, ce n'était pas une bonne nouvelle puisqu'il fallait alors nourrir deux fois plus de personnes avec les rations d'un seul navire. Le problème fut réglé lorsqu'elle ordonna à ses hommes de tuer tous les survivants du deuxième navires, ils exécutèrent ses ordres à un détail près, ils refusèrent de tuer les femmes désarmées au nombre de cinq. Toutefois, Freydis n'avait pas autant de clémence que ces messieurs et tua elle-même les cinq survivantes à la hache... Un caractère bien trempé que voilà. Finalement, l'expédition les mena jusqu'à l'Anse aux Meadows où ils furent chassés par les natifs.

La volonté de Freydis ne faillit pas face à cet échec au point qu'elle décide de repartir en expédition avec le partenariat de son mari et deux frères Islandais nommés Finnbodi et Helgi. Freydis fut enfin officiellement aux commandes. L'accord stipulait que chacun pouvait amener trente hommes avec soi ainsi que les butins seraient partagés en part égales. Seulement, Freydis commença par y mettre un coup de couteau en cachant cinq hommes de plus à bord. Parce que Freydis avait obtenu le plus grand bateau, les relations devinrent tendues et le conflit finit par éclater. Les sources restent vagues quant au fait que Freydis ait simplement donné l'ordre de tuer les deux frères et leurs équipages ou bien si suite à une visite de leurs côtés elle aurait déclaré avoir été violée ce qui poussa naturellement son équipage à la venger. Dans tous les cas, Freydis récidiva avec sa hache lorsque ses hommes refusèrent de tuer les femmes. Au final, l'expédition ne fut pas concluante.

De retour au Groenland

Freydis rentra au Groenland avec son mari et pour cacher ses massacres elle commença par mentir en prétendant que le reste de l'équipage avait tellement aimé les terres qu'ils avaient découvert ensemble, qu'ils avaient décidés de rester y vivre, ensuite elle menaça de mort quiconque divulguera la vérité. Les faits finirent par se savoir et Freydis fut torturée jusqu'à ce qu'elle passe aux aveux. Son frère, Leif, toujours plus clément, ne put faire impasse sur les liens du sang qui les unis, c'est pourquoi il renonça à la condammner à mort et la punit d'exil, elle et sa famille. Les raisons exactes de sa mort sont inconnues mais les sources s'accordent sur une mort tardive et naturelle.

Freydis était effectivemment une femme impitoyable voire sanguinaire mais elle était aussi décrite comme une jolie personne qui savait user de ses charmes surtout dans le cadre de la manipulation. Lui est aussi attribué l'entrée des femmes nordiques dans les expéditions en tant que guerrières et commandantes. Il se trouve, que des études archéologiques datants de 2011 ont prouvés qu'entre 30% à 50% des envahisseurs vikings de l'Angletterre était des femmes. Freydis se voit décerné un dernier mérite qui n'est autre que...l'invention du sac de couchage.

Pour aller plus loin :

Comme mentionné plus haut, peu d'informations sont parvenues jusqu'à aujourd'hui.

Traduit par Sephton : La saga d'Eric le Rouge, 1880

Traduit par Hermann Palsson : La saga du Vinland, Penguin Book, 2004

Joan Clark, Eriksdottir : A tale of dreams and luck, Penguin Book, 1995

  • Gallinulus Pinguis Sainte-Mère des bébés phoques, Rédactrice, Testeuse, Chroniqueuse
  • "Personne ne peut longtemps présenter un visage à la foule et un autre à lui-même sans finir par se demander lequel est le vrai" Nathaniel Hawthorne