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Moyen-âge

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)

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25 avril
2018

L'Histoire de l'Empire byzantin

À la suite de la dynastie amorienne, qui s’éteint en 867, c’est la dynastie macédonienne qui s’installe, et ce jusqu’en 1081. On le verra, cette dynastie marque pour un certain temps l’apogée de l’Empire byzantin.

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)

L’apogée macédonien (867 – 1025)

Cette dynastie débute avec le règne de Basile Ier, en 867. Afin d’arriver au pouvoir, ce dernier (qui est un usurpateur de la dynastie amorienne) utilise un moyen simple et louable : le meurtre de l’ancien basileus, Michel III, qui était par ailleurs son bienfaiteur...

Par-là, Basile fonde une dynastie qui mènera l’Empire byzantin à son apogée, tout du moins jusqu’en 1025. Nous n’allons pas nous intéresser dans le détail à chacun des basileus ayant régné durant cette période, mais plutôt à l’ensemble, aux traits généraux qui ressortent de cette période.

Un premier élément qui caractérise les basileus macédoniens est justement la grande régularité de la succession dynastique. Cette régularité et cette légitimité tenaient d’ailleurs à cœur au peuple, qui par deux fois se soulève pour défendre le basileus légitime contre des usurpateurs.

Un autre trait dominant durant cette longue période est la prospérité et le développement important que connaissent plusieurs domaines. On peut citer pour commencer le domaine législatif, que Basile Ier commence à rajeunir ; il faut en effet rappeler que l’Empire reposait alors principalement sur l’œuvre législative de Justinien, datant déjà de trois siècles. Il ne mènera cependant pas le projet à terme.

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)Basile Ier (à gauche) avec son fils, Léon VI, sur le manuscrit Skylitzès datant du XIe siècle.

C’est son successeur (et fils) Léon VI qui poursuit la mise à jour du droit entamée par son père. Il publie ainsi les Basiliques, un recueil monumental de lois impériales comprenant 60 livres. Il publie également 113 nouveaux édits, sous le titre de Novelles, ainsi que d’autres œuvres encore, d’une importance légèrement moindre.

Ainsi, dès le début du règne de la dynastie macédonienne, une refonte complète du droit byzantin s’effectue, rendant ce dernier plus efficace et plus à même de traiter de problèmes « actuels ».

Sur le plan culturel ensuite, le développement amorcé sous la dynastie amorienne se pérennise avec les « Macédoniens » au pouvoir. On compte parmi ces basileus des lettrés, tels Léon VI et Constantin VII par exemple, mais également de grands bâtisseurs, comme Basile Ier.

Ce développement culturel a participé du prestige de l’Empire byzantin durant le moyen-âge, et notamment au travers de l’art vénitien et slave, qui nous montrent aujourd'hui encore l’influence que l’Empire byzantin avait alors à l’époque, tant en Occident qu’en Orient.

Enfin, outre des progrès dans le système administratif, la perte des provinces orientales que nous avons vu dans la partie 3 est compensée par une grande croissance de l’activité commerciale. Les principales voies commerciales se dirigeaient vers Venise, l’Asie centrale et vers l’Extrême-Orient.

On le voit rapidement, la position de Constantinople était très avantageuse ; et ce non seulement d’un point de vue commercial, mais également culturel (plusieurs formes d’arts s’y rencontraient, etc.). L’élément géographique a donc assurément joué un rôle important dans le prestige byzantin.

Les menaces de la période macédonienne

Cependant, cette même disposition géographique, si favorable à Constantinople d’un point de vue commercial et culturel, devait causer à l’Empire byzantin de nombreuses menaces militaires.

On peut déjà en citer une des principales : les Arabes. En effet, la pression se fait ressentir de toutes parts. À l’Ouest, Malte puis la Sicile tombent aux mains arabes (à la fin du IXe siècle). Thessalonique, située au cœur de l’Empire, est pillée durant dix jours en 904 par des pirates arabes.

La présence des pirates arabes aura d’ailleurs été une épine dans le pied des Byzantins, représentant une grande menace pour les routes commerciales de l’Empire, ce malgré la création d’une flotte destinée à reprendre le contrôle de la Mer Égée.

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)La situation au IXe siècle. On peut notamment observer les nombreuses menaces qui planaient alors sur l’Empire byzantin.

Cependant, l’Empire byzantin connaît des succès en Asie Mineure, où il se montre agressif et conquérant. La raison était plurielle, mais on peut notamment citer le besoin de terres ainsi qu’un certain esprit de croisade.

Ainsi, la Crète puis Chypre sont repris dans les années 960, sous Nicéphore II Phokas. Jean Ier Tzimiskès conquiert quant à lui une partie de Palestine, tandis que Basile II conquiert une partie de l’Arménie et de la Géorgie, concrétisé en 1045 par la prise de la capitale arménienne, Ani.

Cependant, la menace arabe n’est pas la seul à peser sur l’Empire byzantin. En effet, il y a tout d’abord les Russes venant du Nord qui menacent Constantinople, en 860. L’attaque est repoussée, mais les Russes reviennent à la charge à plusieurs reprises.

Ces incursions russes trouvent finalement un dénouement lorsque Vladimir Ier, prince de Kiev, épouse une princesse byzantine et fait baptiser son peuple au christianisme de rite byzantin en 988-989. Cela explique pourquoi la Russie est de confession orthodoxe encore aujourd'hui.

Il ne faudrait cependant pas que ce soit aussi facile pour les Byzantins... Ainsi, c’est Simon Ier, Khan des Bulgares, qui reprend le flambeau ; les armées byzantines sont défaites en 896, et Constantinople doit payer un tribut en échange de la paix.

En 913, Siméon réclame la couronne byzantine et l’obtient, mais le gouvernement se rétracte sitôt après ; le conflit s’arrête finalement à sa mort en 927.

La lutte reprend à la fin du Xe siècle avec le Tsar Samuel. Cependant, cette guerre sera fatale au Premier Empire bulgare, qui tombe après environ 30 ans de lutte acharnée sous les coups du basileus Basile II le Bulgaroctone (le Tueur de Bulgares... quel doux nom !), en 1018.

Pour les petits curieux qui se demanderaient d'où vient ce surnom de Bulgaroctone, voici une petite anecdote que l'on peut qualifier à choix de « marrante et inspirante », « intéressante » ou encore « cruelle » selon l'humeur...

Basile II reçoit donc ce surnom après un célèbre événement en 1014 : la bataille de la Passe de Kleidion. À l'issue de cette bataille, qui est une des victoires majeures de Basile II sur les Bulgares, les Byzantins font de nombreux prisonniers. Le nombre de ces derniers varie selon les sources ; d'après Jean Skylitzès (un historien byzantin), le nombre des prisonniers bulgares s'élèverait à 15.000, tandis que d'autres sources donnent le nombre de 8.000. Quoi qu'il en soit, c'était là un nombre très conséquent de prisonniers. Bref, passons sur ces détails pour en arriver à la partie croustillante de l'anecdote...

Ainsi, afin de venger la perte d'un de ses généraux, et surtout briser le moral des Bulgares, Basile II divise les prisonniers bulgares en groupes de 100 hommes. Il en fait aveugler 99 sur 100, ne faisant qu'éborgner le dernier pour qu'il puisse ramener ses petits camarades chez eux.

D'après la légende, le tsar Samuel qui s'était échappé de la bataille meurt deux mois plus tard d'une crise cardiaque à la vue de milliers de Bulgares aveuglés...

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)L’Empire byzantin de Basile II, qui contrôle à cette époque un territoire encore conséquent.

La décadence macédonienne (1025 – 1081)

À la mort de Basile II, en 1025, un des plus grands basileus byzantins laissait l’État dans des dimensions considérables. Basile II a eu le plus long règne de l’histoire byzantine : 50 ans !

Cependant, à partir de là, le pouvoir impérial va s’affaiblir, l’autorité dynastique n’a plus lieu d'être et des luttes de pouvoir secouent l’Empire.

Cette décadence de la succession peut notamment se retrouver avec l’exemple de Zoé Porphyrogénète, fille de Constantin VIII, qui avait succédé à Basile II (désolé, ce n’est pas moi qui choisit ces noms...). Cette dernière prend le pouvoir en 1028 ; jusqu’en 1050, elle n’aura pas un ni deux époux, mais trois – ce qui signifie donc trois basileus différents... sans compter une tentative d’évincement de Zoé !

De plus, les revenus de l’Empire byzantin baissent progressivement. De nouveaux envahisseurs font des percées sur le territoire byzantin, avec la poussée des Turcs Seldjoukides aux frontières orientales, les Polovtses en Russie du Sud, les Normands en Italie du Sud à partir de 1029, etc.

Enfin, il faut évidemment mentionner une date importante de ce XIe siècle : la séparation en 1054 des Églises d’Orient et d’Occident. On l’a vu dans l’histoire byzantine jusqu’à présent, de nombreuses querelles religieuses ont divisés l’Église romaine de celle de Constantinople.

Histoire de l’Empire byzantin (867 - 1081)La séparation des Églises d'Orient (bleu) et d'Occident (orange) à partir de 1054.

Ces dissensions se voient exacerbés par une situation politique tendue (l’invasion normande qui chasse les Byzantins d’Italie du Sud), ou encore par la montée en puissance du prestige byzantin et de son Église.

Ainsi, en 1054, le cardinal Humbert de Moyenmoutier excommunie le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire. Ce dernier lui retourne ensuite bien évidemment la politesse (c’est la moindre des choses).

Cet incident n’a cependant pas de grandes répercussions, et les relations diplomatiques se poursuivent malgré tout durant encore environ deux siècles. La séparation réelle ne se cristallisera qu’en 1204, avec la prise de Constantinople par les Croisés.

Pour conclure avec cette époque de la dynastie macédonienne au pouvoir, on peut en distinguer trois grandes phases.

Dans la première, s’étendant de 867 à 944, de grandes œuvres législatives (sous Léon VI principalement) ainsi que scientifiques et littéraires (sous Constantin VII notamment) voient le jour. En Orient comme en Occident, l’Empire arrive à résister aux assauts arabes et bulgares.

La deuxième période, de 944 à 1025, est remplie aux deux tiers par le brillant règne de Basile II. Cette période voit l’Empire véritablement atteindre son apogée ; son prestige et sa puissance sont alors au plus haut point.

Enfin, la troisième période, de 1025 à 1081, bien que courte suffit à précipiter l’Empire dans la détresse, avec notamment les (nombreux...) époux de l’impératrice Zoé. Il faut tout de même préciser que cette période voit apparaître de nouveaux défis et menaces.

Dans la prochaine partie, nous nous intéresserons aux Comnène, régnant à la suite de la dynastie macédonienne, puis aux Anges. Cela nous amènera jusqu’en 1204, d’où nous repartirons dans le probablement dernier article de cette histoire byzantine.

Sources

  • José GROSDIDIER DE MATONS, « BYZANCE — L’Empire byzantin », Encyclopædia Universalis.
  • Bat'HistorBat'Histor, Contributeur
  • "Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue." Einstein
  • "L'âge d'or était l'âge où l'or ne régnait pas." Claude-François-Adrien