Un nouveau cursus en Irlande
Si l’on vous parle de cursus, vous pensez probablement à la notion de parcours universitaire. Eh bien sachez qu’en archéologie, le terme peut aussi désigner une structure monumentale néolithique que l’on retrouve régulièrement dans les îles de Grande-Bretagne, mais bien moins visible qu’un dolmen, et pour cause : il s’agit d’immenses fosses ou de tranchées, à vocation probablement cérémonielles et associées à des tombes.
Figurez-vous que la revue universitaire de Cambridge, Antiquity, rapporte dans sa dernière édition du 25 avril dernier la découverte de pas moins de cinq cursus, détectés suite à une prospection LIDAR, sur le site de Baltinglass, en Irlande.
C’est difficile à croire, mais il y a bien un cursus au centre de cette photo, entre les deux collines. « Il s'agit d'une découverte importante, car les groupes de monuments de cursus n'existent tout simplement pas en Irlande », s'est réjoui James O'Driscoll, archéologue à l’université d’Aberdeen et auteur de l’étude. « Il y en a peut-être une demi-douzaine en Grande-Bretagne, mais en Irlande, il n'y a qu'une vingtaine de monuments de cursus connus et ils sont isolés […] leur morphologie, emplacement et orientation uniques offrent un aperçu des aspects rituels et cérémoniaux des communautés agricoles qui habitaient le paysage de Baltinglass et font allusion à la variabilité de la forme et des fonctions possibles de ces monuments pour les premières communautés agricoles ».
Associés à un grand nombre de cairns situés à proximité, ces cursus s’inscrivent dans un paysage déjà constellés de sites d’occupation des populations néolithiques établies alors en Irlande.
On suppose que ces monuments ont pu avoir plusieurs fonctions, notamment celle d'être associés à des « événements solaires majeurs », à l'agriculture et à des « voies d'accès pour les morts », selon le communiqué. « Bien que nous ne connaissions pas les rituels qui s'y déroulaient, leur disposition suggère qu'ils ont pu être utilisés comme des voies de procession pour le deuil ou comme un moyen de déplacer les morts vers le ciel ».
Évidemment bien moins visuels qu’un imposant tumulus, les cursus de ce type sont plus difficiles a détecter dans le paysage et pourtant bien présents ; et témoignent en outre de la concentration nécessaire des efforts de plusieurs communautés établies dans ce terroir à la fin du Néolithique, suite à leur migration sur l’île d’émeraude vers 5000 ans avant notre ère, afin d’en achever la construction.