Info sur le jeu
PlateformePC Windows
ÉditeurFireFly Studios
DéveloppeurFireFly Studios
Date de sortieMars 2021

Stronghold : Warlords

L'Amiral
8 mars
2021

Stronghold fait partie de ces jeux ayant bercé toute une génération de joueurs nés dans les années 1990. Sorti en 2001, le premier titre (digne représentant de la lignée des STR) avait conquis le public grâce à son originalité, sa précision et son ambiance. Mais les opus suivants (à part Crusader) ont fortement gâché la lune de miel à cause de bugs à répétition, de soucis d'équilibrages et d'un sentiment de recyclage général. 20 ans plus tard, Firefly Studios décident de raviver la série en lui offrant un virage radical : déplacer l'action dans l'Asie médiévale.

Nostalgie, nostalgie

Pour tous ces joueurs ayant connu le vénérable Stronghold premier du nom, l'annonce d'un nouvel opus fait remonter des souvenirs de sièges épiques, de batailles dantesques et de villages médiévaux florissants. Mais ces bons souvenirs sont contrebalancés bien souvent par le rendu mitigé des autres opus, qui malgré d'indéniables progrès (notamment en rapport aux graphismes), ne sont jamais parvenus à convaincre totalement. La sortie de Stronghold : Warlords en 2021 pose une question majeure : le jeu vidéo vieillit-il ? À n'en pas douter, oui. Et mal.

Test de Stronghold : WarlordsLe menu des campagnes permet de voir leur nombre et leur diversité.

Sur le papier, Stronghold : Warlords peut sembler prometteur, et notamment grâce à un atout particulier. Jusque là, tous les opus de la série s'étaient focalisés sur le Moyen-âge occidental, avec des incursions au Moyen-Orient ; même Stronghold : Legends restait très liés aux mythologies d'Europe. Le pari des développeurs de Firefly Studios est compréhensible du point de vue stratégique : puisque la période favorite a déjà été considérablement traitée, il faut changer d'air... Arrive une première question, en tant que joueur : la saga Stronghold s'est bâtie sur la conception occidentale du Moyen-Âge, avec ses châteaux forts et sa paysannerie. Comment exporter ce concept dans une autre sphère géographique sans perdre l'esprit du jeu ?

Exit alors l'Europe : Stronghold : Warlords emmène le joueur... en Asie médiévale, sujet peu abordé dans les jeux vidéo occidentaux. Le choix du studio est donc, a priori, à saluer, la période étant toute aussi intéressante et surtout très mal connue du grand public de joueurs. Reste maintenant à remettre au goût du jour une vieille recette...

C'est dans les vieux pots...

Comment donc ne pas aborder Stronghold : Warlords avec une pointe de nostalgie et une pincée de curiosité, aiguillée par les promesses de la découverte d'un nouvel univers de jeu ? Warlords semble d'autant plus intéressant qu'il a toujours mis en avant, lors des campagnes publicitaires, des illustrations de guerriers mongols. La promesse de mettre enfin la main sur cette armée quasiment mythique a de quoi attirer même les plus réticents. Les images d'illustration, notamment celle du menu principal avec ce guerrier mongol assiégeant une cité, donne de suite une teinte agréable au jeu.

Test de Stronghold : WarlordsL'illustration de menu est très réussie et donne l'ambiance.

Comme tout bon STR, il est nécessaire de démarrer par le tutoriel, qui va proposer au joueur un démarrage agréable - et surtout permettre aux vétérans de se souvenir de certaines mécaniques. Il faut le préciser de suite : Stronghold : Warlords ne cherche pas à effectuer une révolution radicale. Le coeur du jeu est toujours le même, avec sa suite de campagnes et un mode bac à sable ; il faut aussi compter sur un mode multijoueurs et les célèbres escarmouches, rappelant les plus belles heures passées sur les précédents opus. Mais voilà : est-ce qu'il suffit de récupérer des mécaniques et de les réactualiser pour rendre un jeu désirable ? La question se pose d'autant plus que certaines de ces mécaniques ont 20 ans...

Stronghold : Warlords semble destiné à conquérir un public n'ayant pas forcément mis la main sur le premier opus, ou ayant oublié la plupart de ce qu'il a appris. Le tutoriel permet de faire découvrir au joueur la richesse des environnements et leur détail, mais donne aussi aux habitués un arrière-goût connu, comme un ancien plat ayant marqué l'enfance. Accueilli par la voix du scribe proposant de construire une réserve puis un grenier, le joueur ne met pas trop de temps à acquérir les bases du jeu grâce à une interface convenable (mais perfectible).

Toutes les informations importantes sont situées dans le coin inférieur droit de l'écran au sein d'un tableau : d'abord, la popularité générale (qui influence le nombre de paysans rejoignant le village), suivie de tous les marqueurs ayant un impact sur cette dernière. Dans Stronghold : Warlords, il faut garder l'oeil sur les impôts et la quantité (et variété) de nourriture fournie : un peuple peu taxé ayant accès à des rations normales de riz, légumes et de viande sera plus apte à se développer. Premier bon point donc pour les réglages de tout ces facteurs directement sur l'écran, alors qu'il fallait auparavant cliquer sur les bâtiments ad hoc.

Test de Stronghold : WarlordsLe tutoriel a tout du classique.

Une recette inchangée

Une fois que le joueur dispose de paysans en capacité de travailler, il doit placer des infrastructures économiques, notamment des rizières et des champs de légumes, sans oublier les scieries pour le bois. Cette pierre angulaire du STR, la récolte des ressources, est bien présente dans Stronghold : Warlords mais reste très (trop ?) classique. Ce choix délibéré est-il lié à une certaine frilosité des développeurs, qui serait compréhensible au vu de la désaffection du genre du STR depuis quelques années ?

Finalement, l'amateur de ce style, s'il n'est pas surpris par ce choix, est en terrain conquis. La production d'autres ressources, découpées en phase, permet d'améliorer le bonheur de la population, tout comme la construction de maisons de meilleure qualité. On retrouve ce qui a fait les grandes heures de Stronghold : les poules autour du grenier (avec chacune leur nom), les ressentis des habitants en cliquant sur eux, les conseils du scribe (pas toujours justes)... Il manque cependant la musique entraînante qui avait tant d'impact sur le plaisir de jeu pour Stronghold.

Le volet militaire, quant à lui, n'a pas changé d'un iota : le joueur doit produire des armes grâce à des ateliers spécifiques, notamment arcs, haches, masses... puis recruter directement des soldats à la caserne.

Test de Stronghold : WarlordsLes illustrations sont appréciables en introduction.

Aucune révolution non plus dans Stronghold : Warlords : les affrontements sont classiques et n'ont pas véritablement changé depuis 2001. Plus étrange est l'équilibrage : les archers auxiliaires sont très puissants... et ont une portée phénoménale, peut-être mal adaptée à la taille des cartes. Il suffirait presque au joueur d'en produire une trentaine et de les laisser traiter sous une pluie de flèches n'importe quelle unité adverse s'approchant... ce qui est quelque peu décevant.

La véritable innovation de Stronghold : Warlords tient dans les chefs de guerre, ces seigneurs locaux neutres sur la carte devant être capturés pour apporter des bonus au joueur. Installé dans un petit donjon de bois et défendu par quelques hommes, le seigneur de guerre doit être neutralisé par la force, ce qui est le plus simple. Première surprise : après avoir neutralisé les défenseurs, je me rends compte que le seigneur de guerre ne descend pas de son donjon... me permettant donc de diminuer sa vie au minimum grâce à mes unités à distance. Première déception donc, même cette mécanique gagnerait à être modifiée dans la version finale du jeu. J'ai pu enchaîner la neutralisation de plusieurs chefs de guerre à moindres frais... et bénéficier de leurs largesses. Car disposer d'un tel allié permet au joueur d'obtenir divers bonus, comme par exemple davantage de riz, ou plus d'or. À noter qu'il est aussi possible d'obtenir le ralliement d'un seigneur de guerre à travers les points de diplomatie, qui peuvent être engrangés à l'aide d'un bâtiment spécifique.

Test de Stronghold : WarlordsLe chef de guerre ne bougera pas...

Un coup d’épée dans l’eau ?

Difficile d'écrire que Stronghold : Warlords déçoit : retrouver les anciennes mécaniques adaptées à l'Asie médiévale est agréable, mais le tout semble un peu désuet en 2021.

De nombreux bugs sont encore à déplorer (du moins dans la version test et qui seront corrigés à la sortie), les plus gênants étant le gel du jeu sans raison valable. Les unités ont des déplacements erratiques, et il s'avère impossible de passer discrètement à côté d'un camp adverse sans se faire attaquer directement.

Si, graphiquement, les environnements sont riches, de nombreux problèmes subsistent et font penser à des graphismes des années 2010, avec des falaises abruptes et mal finalisées, tout comme des rivières beaucoup trop uniformes. Le mode bac à sable est agréable, les campagnes relativement bien ficelées, mais tout se fait très vite : en l'espace de 10 minutes en bac à sable, je disposais déjà d'une économie correcte me permettant de développer le reste de ma cité. Grâce aux archers auxiliaires surpuissants, les missions de campagne se sont avérées très simples, laissant un arrière-goût un peu amer.

Test de Stronghold : WarlordsEn l'espace de 10 minutes en bac à sable, ma cité est autosuffisante.
6
Stronghold : Warlords

Dans le fond, Stronghold : Warlords reprend ce qui a fait le succès de la série, c'est-à-dire un bac à sable agréable, des campagnes correctes et des phases de combat. Le déplacement de l'action dans l'Asie médiévale est suffisamment intéressante pour être notée. Cependant, ce n'est pas suffisant : c'est le style même du jeu qui a mal vieilli et qui ne correspond plus aux canons du jeu vidéo de 2021. Peut-être que Stronghold : Warlords n'est destiné qu'à raviver un peu de nostalgie chez un public de trentenaires, mais difficile de penser que son classicisme convaincra les néophytes.
Intérêt historique :Stronghold : Warlords doit passer obligatoirement par des compromis historiques au profit de la jouabilité. Il reste cependant fidèle à l'Asie médiévale, et il est toujours agréable d'observer les artisans au travail dans leur échoppe selon les us et coutumes de l'époque.
  • +Une recette éprouvée et validée
  • +Un changement d'univers bienvenu
  • +Le plaisir de voir une cité s'épanouir
  • -Peu d'innovations par rapport aux opus précédents
  • -Volet militaire peu équilibré
  • -Compromis un peu sévères au profit de la jouabilité
7
Graphismes

Sans être datés, les graphismes de Stronghold: Warlords ne sont pas à la hauteur de 2021. Le style coloré et luxuriant demeure agréable, tout comme le soin apporté aux bâtiments.

7
Technique

Sur la version test proposée, quelques bugs sont à déplorer. S'ils sont gênants, ils n'empêchent pas véritablement de profiter du jeu.

7
Jouabilité

L'interface est brouillonne et difficilement lisible, sauf pour les points essentiels. Le choix des bâtiments, lui, reste tout à fait classique.

5
Durée de vie

Si le mode bac à sable n'offre pour l'instant que trois cartes, les campagnes sont prolifiques et devraient prendre une dizaine d'heures - ce qui, aux standards actuels, est correct.

5
Ambiance

L'ambiance visuelle est au rendez-vous, mais la bande-son n'est pas à la hauteur.

8
Scénario

Chaque campagne met le joueur à la tête d'une histoire spécifique qui, sans être trop profonde, reste vivante.


  • Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
  • « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque