War Thunder : Dossier sur le passage à la version 1.57

21 mars 2016 par Zog | War Thunder | Deuxième guerre mondiale | PC - PlayStation 4

Cela n’aura sans doute pas échappé aux joueurs du titre de Gaijin, mais ce dernier vient de faire peau neuve avec (encore) une mise à jour gratuite ajoutant pas mal de contenu.

Lourde d’un peu plus de trois gigas, cette nouvelle version 1.57 s’intitule « Offensive de Mars », double référence au fait qu’elle soit publiée en mars, et à « l’Offensive du Printemps » de 1918 qui avait débutée fin mars. Pour rappel, cette offensive constitue la dernière tentative d’attaque de grande envergure allemande contre le front Allié et elle se soldera par un échec qui entrainera la contre-offensive victorieuse dite des « Cent-Jours », mettant un terme à la Première Guerre Mondiale.

Outre ces détails et ces considérations d’ordre historique, revenons un peu plus en détails sur ce que nous offre cette nouvelle version, via trois grands points que nous allons soulever.

Le « Géant » des airs

Il est bien connu que les joueurs aiment les gros véhicules imposants par leur taille. En atteste le succès et la popularité dont jouit au sol un char comme le célèbre Maus allemand. War Thunder semble bien l’avoir compris, puisque cette nouvelle version 1.57 fait la part belle aux véhicules massifs et originaux.

Parmi eux, on compte le remarquable et remarqué S.25 Sunderland Mk III qui offre un exemple même de finesse et de volupté. Ironie mise de côté, cet énorme hydravion ne laisse clairement pas indifférent de par son aspect. Il constitue l’un des plus gros véhicules aériens présents dans War Thunder.

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Dans le prolongement des monstres d’acier au sol, le Sunderland Mk III constitue une « belle bête » dans les cieux. Disponible dans le premier tiers de l’arbre britannique pour seulement 4000 points d’expérience, il se débloque très vite. Pas de doute que le ciel en sera bientôt rempli dans le jeu.

Ce quadrimoteur massif à l’envergure énorme de 34/39 mètres est cependant assez lent et il offrira une cible de choix aux chasseurs, mais il faudra se méfier de ses mitrailleurs et de sa robustesse si vous comptez l’abattre. Son armement offensif constitué de quatre mitrailleuses de 7,7 mm dans le nez et sa charge de bombe pouvant aller jusqu’à 4 bombes de 500 livres en font un bombardier à ne pas sous-estimer.

Au-delà du fait que le Sunderland soit un avion très fun et très sympathique à jouer, son intégration dans War Thunder souligne une volonté précise de la part de Gaijin qui est de lier les hydravions au jeu.

En effet, par rapport à ce qui se fait classiquement dans les jeux vidéo d’aviation consacrés au second conflit mondial, on remarque que l’hydravion est largement sous-représenté par rapport au reste de l’aviation. Seul un niveau consacré aux PBY Catalinas « Black Cats » de la marine américaine dans Call of Duty : World At War souligne l’un des rôles assignés aux hydravions entre 1939 et 1945 : le sauvetage de marins en haute mer.

Hormis cela, rien, si ce n’est des dizaines de niveaux rappelant les combats, néanmoins importants, de la Bataille d’Angleterre, ou encore les escortes de Forteresses Volantes B-17 au-dessus de l’Allemagne.

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Pourtant, l’hydravion a eu une importance stratégique importante et il a rempli bien d’autres missions. Ainsi, on peut rappeler que la première vraie bataille massive conjuguant des forces au sol et des hydravions se déroule durant la campagne belge contre la colonie allemande en Tanzanie, en 1916. J’en parle d’ailleurs brièvement dans mon article concernant la Belgique dans le premier conflit mondial que vous pouvez retrouver en suivant ce lien (historiagames.com).

Entre 1939 et 1945, les hydravions ont remplis diverses missions dont la plupart étaient relatives à des sauvetages en mers, comme nous l’avons déjà évoqué, mais aussi de nombreux vols de reconnaissances, des surveillances, des patrouilles côtières et même parfois des missions de bombardement. La capacité d’amerrir offrait en effet à ces appareils un avantage stratégique unique qu’aucun autre avion n’avait et ils furent considérablement utilisés jusqu’à ce que la multiplication des porte-avions n’entraine un relatif déclin.

Toujours est-il que War Thunder vous offre la possibilité de faire perdurer les batailles aéronavales, avec l’ajout de ce Sunderland qui vient renforcer les rangs des quelques porte-avions déjà présents dans le jeu comme par exemple le H6K4 japonais ou encore le PBY Catalina américain. Il ne vous reste plus qu’à apprendre à apprivoiser la bête, assez peu maniable et très lente, surtout en mode réaliste où l’amerrissage se révèlera peut-être douloureux pour un joueur trop brusque.

L'étrange et le magnifique

Outre les véhicules massifs, les véhicules originaux et différents, voire bizarres plaisent également, de par leur capacité à retenir l’attention du joueur. Qui ne se souvient pas de l’étrange design de « l’aile volante » Horten Ho.229 après en avoir croisé une ? Pourtant, le parti pris de War Thunder de limiter l’emploi de prototypes restreint le nombre de ces véhicules loufoques.

Malgré tout, la version 1.57 offre son lot de véhicules originaux avec l’intégration de l’étrange et unique Dornier Do.335 Pfeil et du FW 189 Uhu, surnommé « l’œil volant ». Ces deux avions allemands constituent en effet de véritables curiosités.

Commençons par la première originalité que constitue le FW 189 Uhu. Non, cet avion n’a rien d’un pot de colle, je vous vois venir avec vos gros sabots. Par ailleurs, il ne sera disponible que dans le cadre d’évènements particuliers et limités dans le temps, ce qui signifie que vous ne pourrez pas le débloquer dans l’arbre allemand. Les développeurs ont justifié ce choix par le rôle du FW 189 qui était avant tout un avion de reconnaissance, très peu armé. Malgré tout, cet avion est légendaire et Gaijin tenait à l’intégrer au jeu, même de cette façon indirecte.

Le Uhu est souvent considéré comme étant le meilleur avion de reconnaissance de la Seconde Guerre mondiale. Produit en grande quantité, ce bimoteur à double-poutre a longuement servi sur le front de l’Est où il obtient d’excellents résultats. Son design n’est pas sans rappeler le P-38 américain, bien que les rôles de ces deux appareils aient été totalement différents.

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Le FW 189 a l’air fragile, mais il n’en est rien. Cet avion est puissant. Capable de prendre rapidement de l’altitude, il était également doté d’une excellente manœuvrabilité et il était également reconnu pour sa robustesse, dégoutant à plus d’une reprises la chasse de l’Armée Rouge. Il faut dire que sur un front aussi vaste qu’a pu l’être celui de l’Est, la reconnaissance est capitale. Alors, on peut s’interroger sur pourquoi Gaijin commence à intégrer un avion de reconnaissance au jeu ? Est-ce seulement pour rendre hommage à cette légende volante, ou bien les développeurs ont-ils d’autres idées et projets en tête ?

Puisqu’on en est à parler des curiosités, comment ne pas évoquer le cas du Do. 335. Cet avion au design pour le moins atypique possède la particularité d’avoir une hélice à l’avant et une hélice à la queue. Voyez plutôt l’étrangeté. On pourrait croire que cet avion sort d’un livre ou d’un délire d’ingénieur en état d’ébriété plutôt avancé. Il n’en est rien et preuve en est que le Do.335 a bel et bien existé ! Dans ses mémoires de guerre intitulées « Le Grand Cirque », l’aviateur et As de la France Libre Pierre Clostermann confirme avoir repéré certains de ces engins en vols.

Doté d’une énorme puissance moteur, le Dornier 335 montera très vite en altitude. Par contre, au niveau de la maniabilité, oubliez le combat tournoyant, car cet avion est une brique, surtout en réaliste. En revanche, utilisé en combat énergétique, dans la plus pure tradition des avions allemands du second conflit mondial, le Do.335 peut faire un carnage, surtout avec son armement dévastateur couplant trois canons de 30mm et deux canons de 20mm. Autant dire que s’il touche quelque chose, il le vaporise et le transforme en bouillie. Et comme si ça ne suffisait pas, sachez qu’il peut également embarquer une petite charge de bombes.

Dans le jeu, vous avez le choix entre une version premium (et payante) du Do.335 ou une version déblocable dans l’arbre, non premium. L’une comme l’autre sont au tiers quatre, avant dernier tiers du jeu, avec néanmoins une côte de bataille un peu plus faible pour la version non premium, puisqu’elle est moins moderne et moins bien armée.

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Pourquoi donc y’a-t-il une hélice à l’arrière. N’étant pas ingénieur, je vais tenter de vous expliquer ce que j’ai compris, via mes modestes connaissances. Le Dornier 335 a en fait été développé selon une configuration dite « push-bull », ce qui signifie qu’il a deux moteurs, et donc deux hélices, dont un à l’avant, en position classique, et un à l’arrière, faisant office de propulseur. Cela offre à l’avion d’excellentes capacités en termes de vitesse, ce qui pousse la Luftwaffe à le convertir d’un rôle initialement prévu de bombardier léger vers celui de chasseur lourd. Malgré tout, le Do.335 était un appareil long et cher à produire, en dépit de sa modernité et de sa supériorité sur tous les appareils à pistons. Dans un contexte où l’Allemagne manquait de ressources stratégiques, il ne put intervenir qu’en fin de conflit, et à un nombre bien trop réduit pour éviter la défaite de l’Allemagne. Sa double motorisation suscita cependant la curiosité des Alliés puisque Américains et Soviétiques se chamaillèrent pour mettre la main sur des exemplaires encore intacts après-guerre.

Quand le développement du jeu nécessite l'aide du Musée

J’étais récemment au « Tank Museum » de Bovington pour le compte du magazine Guerres & Histoire pour lequel j’écris également. Du fait de son incroyable collections de véhicules blindés, ce musée est souvent sollicité par les créateurs de jeux vidéo qui cherchent de l’authenticité ou des caractéristiques techniques et des informations introuvables ailleurs. Ainsi, qu’il s’agisse de War Thunder, ou de son concurrent World of Tanks, tous deux ont souvent recours à l’aide des musées spécialisés dans le but de modéliser correctement tel ou tel véhicule.

Pour la version 1.57, les développeurs de Gaijin ont dû se rendre à Bovington concernant le véhicule antiaérien britannique de tiers cinq Falcon qui vient d’être ajouté au jeu. En effet, les développeurs n’arrivaient pas à trouver les données qu’ils recherchaient ailleurs. Ils ont donc pris la direction du musée pour repérer sur place les informations et données techniques dont ils avaient besoin auprès de matériel concret.

War Thunder  War Thunder

Vous pouvez en effet voire ci-dessus un prototype de tourelle anti-aérienne britannique Centaur exposé au Tank Museum, ainsi que le Falcon, tel qu’il est modélisé dans War Thunder. Il est donc évident que les musées rassemblant une importante collection de véhicules aériens ou terrestres sont des mines d’or pour les développeurs de jeux tels que War Thunder. Les partenariats passés sont fréquents, offrant au jeu l’authenticité recherchée, et en contrepartie au musée de la notoriété ainsi qu’un petit boost de visibilité qui ne se refuse pas. Les développeurs de chez Gaijin affirment avoir souvent besoin de l’aide de divers musées, qu’il s’agisse de celui de Bovington, en Angleterre, ou encore de Koubinka, en Russie.

Concernant le Falcon dans War Thunder, rassurez-vous, les développeurs ont trouvé tout ce dont ils avaient besoin Outre-Manche et ils ont pu le modéliser aussi fidèlement que possible. Ses deux canons de 30mm à haute cadence de tir risquent de découper plus d’un pilote imprudent !

Pour retrouver l’ensemble des modifications implémentées par la version 1.57, vous pouvez trouver un lien vers le patchnotes en cliquant ici (warthunder.com). On notera l’apparition du T26E4 Super Pershing, mais aussi et surtout celle du terrifiant monstre d’acier Chieftain Mk 3. Une nouvelle carte est également de la partie.

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  • Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
  • « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952