Cinq adaptations de romans classiques du XIXème siècle

7 avril 2016 par Merteuil | Époque contemporaine

Dans cet article, je vous propose une critique des adaptations des romans français, Thérèse Raquin et Madame Bovary, anglais, De Grandes Espérances et Jane Eyre, et finalement russe, Anna Karénine, qui offrent tous une peinture de la société du XIXe siècle.

Thérèse Raquin d'Émile Zola (1867)

In Secret

Thérèse Raquin est le troisième roman de l’écrivain français, Émile Zola (1840-1902) : le livre ne fait pas partie du célèbre cycle des Rougon-Macquart dans la mesure où il a été publié avant le premier roman de la série, La Fortune des Rougon (1871). Dans la préface de l’œuvre, Émile Zola décrit son intention en ces termes : « Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus ».

In Secret (2014) est un drame américain de 1h47, qui s’inspire directement du roman de Zola. Thérèse et son amant, Laurent, sont tourmentés par les remords suite au meurtre de Camille Raquin, mari de la première. Le film a été réalisé par Charlie Stratton et met en scène Élizabeth Olsen (Wanda Maximoff dans Avengers : Age of Ultron), Tom Felton (Harry Potter) et Oscar Isaac (Poe Dameron Dans Star Wars Episode VII : The Force Awakens).

MON AVIS :

Thérèse Raquin est un roman extrêmement intéressant dans la mesure où il met en scène des personnages uniques, nerveux et sanguins. Le film parvient à transposer ces tempéraments à l’écran de manière très exacte. Bref, j’ai rarement vu une adaptation aussi fidèle.

Quel est le verdict ? Je suis incapable de distinguer le film et le roman. Dans les deux cas, j’ai été enthousiasmée par la première partie de l’histoire (c’est-à-dire jusqu’au meurtre de Camille Raquin) et profondément ennuyée par la suite des événements (pourquoi Thérèse et Laurent ne peuvent-ils pas assumer leurs actes ?). Toutefois, la fin est légèrement plus touchante dans le film.

Si je devais donner une note, le film et le roman obtiendraient 7/10.


De Grandes espérances de Charles Dickens (1860-1861)

Great Expectations

De Grandes Espérances (Great Expectations) est une mini-série britannique qui comporte 3 épisodes de 55 minutes. Réalisée par Brian Kirk, elle a été diffusée sur la BBC en 2011 ainsi que sur Arte en 2014 et a remporté 4 des 5 Creative Arts Emmy Awards pour lesquelles elle a été nominée en 2012. Les rôles principaux sont interprétés par Douglas Booth (Roméo et Juliette, The Riot Club), Gillian Anderson (X-Files, War and Peace, Hannibal), Vanessa Kirby et Harry Lloyd (Viserys Targaryen dans Game Of Thrones).

La série est une adaptation à l’écran de l’œuvre du romancier anglais, Charles Dickens (1812-1870). De Grandes Espérances (Great Expectations) est paru pour la première fois sous la forme du feuilleton entre 1860 et 1861. Le roman relate les aventures de Philip Pirrip (Pip), un orphelin qui reçoit mystérieusement une somme d’argent conséquente qui va lui permettre de quitter le Kent pour mener un grand train de vie à Londres.

MON AVIS :

Je dois premièrement reconnaître avoir vu la série avant même de connaître l’existence du livre. Toutefois, les productions de la BBC étant des valeurs sûres, je décide de regarder De Grandes Espérances et je suis rapidement sous le charme au point de me lancer le lendemain dans la lecture du roman. Le verdict ? Je ne suis décidément pas une grande amatrice de littérature anglaise.

Quels sont les points communs ? La série et le roman partagent une esthétique fantastique, propre à l’imaginaire britannique. En effet, les paysages sont brumeux, les personnages mystérieux voir même fantomatiques. Les téléspectateurs retrouveront l’intrigue et les personnages de Charles Dickens.

Pourquoi la série est-elle meilleure que le roman ? Le livre contient une quantité impressionnante de scènes qui, loin de servir l’intrigue, tendent au contraire à perdre ses lecteurs tandis que la série propose une intrigue plus centrée : le téléspectateur est tour à tour intrigué, effrayé ou encore émerveillé alors que le lecteur s’ennuie régulièrement.

Quel est le verdict ? La série adapte fidèlement le roman de Charles Dickens (tant au niveau de la forme que du fond) mais elle parvient à tenir le téléspectateur en haleine grâce à une intrigue qui va droit au but. Bref, je recommande la série mais pas le roman.

Quelles notes ? La série obtient 8/10 et le roman 5/10.


Jane Eyre de Charlotte Brontë (1847)

Jane Eyre

Jane Eyre (2011), un film britannique réalisé par Cary Fukunaga avec Mia Wasikowska (Albert Nobbs), Michael Fassbender (Macbeth) et Jamie Bell (The Eagle) est une adaptation fidèle du roman de Charlotte Brontë (1816-1855), publié en 1847 sous le pseudonyme Currer Bell. Le livre raconte les amours de Jane Eyre et du sombre et mystérieux M.Rochester.

MON AVIS :

Les romans anglais ne sont pas « my cup of tea » et Jane Eyre ne fait pas exception à la règle. Le film de Cary Fukunaga offre une belle adaptation du roman même si Mia Wasikowska est décidément très ennuyeuse.

Quels sont les points communs ? Le film et le roman partagent un univers et des personnages déprimants (mais pas autant que dans Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë), sombres voir fantastiques.

Quel verdict ? Le roman présente quelque intérêt si le lecteur se passionne pour la société anglaise du XIXe siècle (par exemple, l’éducation des jeunes filles ou encore les conditions de vie dans un internat pour demoiselles) et, par conséquent, je recommande sa lecture. Toutefois, le film est bien moins intéressant.

Quelles notes ? Le film obtient 6/10 et le roman 7/10.


Madame Bovary de Gustave Flaubert (1857)

Madame Bovary

Gustave Flaubert publie Madame Bovary en 1857 et doit rapidement faire face à un procès pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Le scandale qui suit la sortie du roman contribue sans aucun doute à son succès en librairie.

Madame Bovary (2014) a été réalisé par Sophie Barthes. Le film est actuellement l’adaptation la plus récente du roman de Gustave Flaubert. Les téléspectateurs retrouveront dans les rôles principaux Mia Wasikowska (Crimson Peak), Henry Lloyd-Hughes (Roger Davies dans Harry Potter), Logan Marshall-Green (Prometheus) ou encore Ezra Miller (The Perks Of Being A Wallflower). Le film est fidèle au roman : Emma Bovary, jeune femme romanesque et romantique, tente de se soustraire à la monotonie de sa vie en province.

MON AVIS :

Je me suis profondément ennuyée à la lecture du roman de Gustave Flaubert dans la mesure où les personnages sont tous pathétiques. Toutefois, je souhaitais donner une seconde chance à Emma Bovary et ainsi revoir mon jugement. Malheureusement, le film est aussi mauvais que le roman.

Quels sont les points négatifs ? Les personnages et les acteurs : les premiers sont trop pitoyables, trop dramatiques et en conséquence trop énervants tandis que les seconds sont mornes et ennuyeux.

Quels sont les points positifs ? L’esthétique du film est agréable : les costumes, les paysages, la lumière, la mise en scène, etc. sont tout à fait convenables.

Quelles notes ? Le film et le roman obtiennent 5/10.


Anna Karénine de Léon Tolstoï (1877)

Anna Karénine

Anna Karénine est une œuvre du romancier russe Léon Tolstoï (1828-1910). Le livre est publié pour la première fois en France en 1885 et il marque l’entrée de la littérature russe dans la culture européenne. L’intrigue peut être résumée en ces termes : malgré les mœurs de la société aristocratique russe, Anna quitte délibérément son mari pour vivre sa passion avec son amant, le comte Vronski.

Le roman a connu de très nombreuses adaptations au théâtre, au cinéma ou encore à la télévision dont notamment Anna Karénine (2012), avec Keira Knightley (Pride & Prejudice), Jude Law (Sherlock Holmes), Aaron Taylor-Johnson (Nowhere Boy), Alicia Vikander (Testament of Youth) et Domhnall Gleeson (The Revenant), un film britannico-français réalisé par Joe Wright.

MON AVIS

Le style de Léon Tolstoï est particulièrement agréable et je craignais en conséquence toute adaptation. Toutefois, le film de Joe Wright propose une mise en scène surprenante qui m’a beaucoup plu.

Quel verdict ? Je recommande vivement la lecture des œuvres de Léon Tolstoï qui raconte la société russe du XIXème siècle de manière charmante, douce voire même poétique tout en abordant des thématiques sérieuses et difficiles. Le film de Joe Wright (Pride & Prejudice et Atonement) est aussi un incontournable dans la mesure où il offre une approche originale du roman car toute l’action se déroule dans un théâtre.

Quelles notes ? Le film 7/10 et le roman obtient 8/10.

  • Merteuil Ancienne membre d'HistoriaGames
  • "Et puis, il est doux de se croire malheureux, lorsqu'on n'est que vide et ennuyé." Alfred de Musset