Les annales de la compagnie wisigothique - Chapitre IV
Nous poursuivons les aventures de la compagnie wisigothique avec le deuxième chapitre. Pour rappel, mon objectif est de raconter ma campagne avec les Wisigoths d'une manière romancée en étant le plus proche possible de la réalité historique, tout en y incorporant des éléments de fiction : Les Annales de la compagnie wisigothique, une chronique nommée ainsi en hommage au romain de Glen Cook.
Liste des épisodes
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Chapitre IV
De justesse
La bataille débuta au sein d'un épais brouillard ne nous facilitant pas la tâche pour repérer nos ennemis. Nous espérions que c'était également le cas pour eux. C'était à la fois un avantage certain si on misait sur l'effet de surprise, mais encore fallait-il savoir où se trouvaient nos adversaires...
Nous étions près de Salona lorsque nous aperçûmes les éclaireurs romains. Nous savions dès lors que les Romains étaient en approche, si bien que nous pûmes nous préparer à les recevoir. Nos troupes s'alignèrent d'est en ouest sur trois lignes. Les archers étaient devant avec pour ordre de fuir si l'ennemi s'approchait de trop près. Nos lanciers se trouvaient juste derrière, au cas où la cavalerie adverse nous chargeait en premier. Nos guerriers germaniques et goths se trouvaient sur la troisième ligne. Nos cavaliers étaient sur nos ailes et les onagres à l'arrière. À notre droite se trouvait la mer. Et à notre gauche, une petite forêt dans laquelle on avait caché trois unités de guerriers germaniques à cheval.
C'est par la mer que les festivités commencèrent. En effet, positionnés en hauteur, nos éclaireurs aperçurent des navires chargés de Romains cherchant une terre où débarquer. Bien mal leur prit de quitter leur navire près de nos positions. Voyant cela, Alaric ordonna à quelques troupes de se diriger vers la plage d'embarquement afin d'accueillir comme il se doit ces Romains malchanceux. Le combat fut rapide et nos pertes faibles sur la plage, ce qui nous remonta un peu le moral, car la bataille nous semblait toujours en notre défaveur.
Aussitôt la plage nettoyée, les troupes d'Alaric regagnèrent leur position pour attendre le gros des forces romaines toujours en marche, bien que nous ne sachions toujours pas où ils se trouvaient. Seulement voilà, d'autres Romains avaient débarqué sur une plage un peu plus au nord de notre position. À cause du brouillard, nos éclaireurs faillirent à leur devoir et les Romains de la plage chargèrent notre aile droite. Alaric répliqua aussitôt, en envoyant une unité de cavalerie charger des archers qui, grâce au brouillard cette fois-ci, semblaient un peu perdus. Ils furent surpris et massacrés comme il se doit. Nos guerriers germaniques chargèrent à leur tour, suivis par les nobles guerriers, menés par Alaric lui-même. La deuxième attaque de la plage fut une nouvelle fois victorieuse pour notre camp, mais il y avait encore fort à faire, car la grande armée romaine était désormais en vue.
C'était au tour de notre centre et de notre aile gauche d'entrer dans la bataille pour tenter de repousser les Romains. Ceux-ci semblaient arriver par vagues successives et non en bloc. La chance était de notre côté, car s'ils étaient arrivés tous ensemble, je ne donnais pas cher de notre peau. Les troupes romaines commençaient à vaciller sous les coups de nos courageux soldats. Ceux qui étaient en fuite étaient aussitôt attaqués par notre cavalerie surgissant de la forêt de l'est. Les choses se déroulaient bien mieux que nous l'espérions, si bien que, dès la première vague romaine éliminée, nos troupes purent reprendre leur position afin d'attendre la seconde.
Il est certain que les dieux étaient avec nous en ce jour, la deuxième vague subit le même traitement que la première avec une ferveur encore rarement vue parmi nos troupes, les corps de nos ennemis s'amoncelaient sur le sol rougi par le sang. C'était un véritable carnage, jamais autant de sang n'avait été versé en une journée. La victoire était nôtre. Les charognards festoyaient déjà alors qu'on n'avait pas encore pleuré nos morts.
La nouvelle de notre victoire eut un retentissement incroyable parmi d'autres peuples. De partout, des corbeaux affluaient, nous apportant des messages pour nous témoigner de leur respect. Les Romains d'Orient subirent leur plus grosse défaite et auront besoin de plusieurs mois pour s'en remettre.
Désormais, Salona s'offrait à nous et plus aucun Romain ne pouvait nous empêcher de prendre la cité. Malheureusement, lors de la grande bataille, nous avions subi de lourdes pertes. Nous perdîmes près de 30 000 hommes. Certes, ce n'était rien, comparé aux 90 000 victimes romaines, mais il nous fallait très vite recouvrer nos forces si nous voulions passer entre les lignes de l'Empire romain d'occident.
Sac de Salona et fuite vers le Nord
Mais avant cela, nous devions faire tomber Salona et laisser comme message aux Romains d'Occident que nous arrivions. L'assaut eut lieu durant l'été 398 et fut mené par l'Armée des Morts qui avait moins souffert que nous durant la bataille. Ataulf et ses hommes eurent très peu de pertes lors de l'assaut sur la cité qui fut facilement prise. La cité pillée et rasée, nous pûmes reprendre la route vers le nord. Nous savions que de nouvelles armées romaines approchaient et il nous fallait fuir au plus vite
Notre nouvel objectif était Nitrahwa, la cité de nos amis Quades qui avaient accepté de nous accueillir pendant quelques mois, afin de nous permettre de récupérer. Sur notre chemin, l'Armée des Morts attaqua la cité de Siscia et la rasa avec l'efficacité qu'on lui connaissait. Nous étions à l'automne et l'hiver se faisait proche. Alaric décida alors de poser notre campement sur les ruines de Siscia, mais trois armées romaines d'Occident nous tombèrent dessus et nous dûmes fuir sur le champ.
Nous arrivâmes alors chez les Quades durant l'hiver sans trop de casse mais avec beaucoup de fatigue. Alaric et le roi des Quades avaient convenu que nous restions une année et que nous les protégions contre toute attaque romaine. Nous posâmes notre campement près d'un fleuve et nous commençâmes la reconstruction.
La reconstruction
Nos chefs ordonnèrent de réorganiser nos troupes. Les unités affaiblies furent affectées à d'autres unités où des hommes manquaient. Nos archers germaniques furent remplacés par des chasseurs et nos guerriers germaniques devinrent des guerriers goths. Enfin, des brigands germaniques montés furent recrutés.
Paradoxalement, la perte de nos hommes lors de la bataille de Salona nous permit d'avoir des finances saines. Nos pillages nous permirent d'améliorer radicalement notre trésorerie. Grâce à cela, la Compagnie noire fit construire un atelier de sculpteur sur os ainsi qu'un camp de nobles. Ataulf préféra quant à lui construire un enclos à moutons.
Pendant cette année de reconstruction, aucun Romain n'apparut à l'horizon. Les Quades pensaient que nous leur faisions peur désormais, la bataille de Salona ayant marqué les esprits. Ils acceptèrent encore de nous garder quelques mois e plus. Nous passâmes un hiver tranquille et le printemps de l'année 400 arriva...
Naissance du Fléau de Dieu
Durant une matinée ensoleillée, un corbeau aussi blanc que la neige parvint à notre campement. Dans nos traditions, cela était le signe d'un mauvais présage. Il s'agissait d'un message des Huns. Heureusement, je comprenais leur langue. Le message nous apporta la naissance d'un homme venu au monde pour ébranler les peuples et les nations. Les Huns le nommaient Attila et le considéraient déjà comme le Fléau de Dieu. C'était un peu pompeux...
J'en informa notre roi, qui n'y prêta pas plus d'intention. Il était beaucoup plus préoccupé par la préparation de notre prochain objectif. Nos chefs débattaient sans cesse depuis quelques semaines. Certains souhaitaient que nous nous installions au Nord, d'autres préféraient le Sud et les terres d'Hispanie. Alaric trancha et pointa sa lame sur Rome.
L'été arriva et un malheur survint pour les Quades et pour nous par la même occasion. Les Huns passaient à l'attaque. La fuite était nécessaire, car il nous était encore impossible de faire face à trois puissantes armées, d'autant plus que nous ne connaissions pas encore ces barbares et leur tactique. Nous laissâmes alors les Quades seuls face à leur destin alors que nous reprenions la route vers le sud-ouest et l'Empire romain d'Occident...