Les annales de la compagnie wisigothique - Chapitre II

El Presidente
Thématique
28 février
2015

Nous poursuivons les aventures de la compagnie wisigothique avec le deuxième chapitre. Pour rappel, mon objectif est de raconter ma campagne avec les Wisigoths d'une manière romancée en étant le plus proche possible de la réalité historique, tout en y incorporant des éléments de fiction : Les Annales de la compagnie wisigothique, une chronique nommée ainsi en hommage au romain de Glen Cook.

Liste des épisodes

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Chapitre II
Des alliances naissantes

Notre attaque sur Tessaloniké ne semblait pas avoir beaucoup ému les Romains. Ces derniers étaient bien plus préoccupés par ce qui se déroulait au nord de notre position. D'après notre espion Wulfila, de nombreuses tribus avaient fait irruption près du Danube. Il s'agissait de nos amis Alains et Vandales. Les Quades, que je connaissais très bien pour les avoir rencontrés en tant qu'émissaire à une certaine époque, profitèrent aussi du chaos, en lançant des attaques sur les colonies. Nos frères Ostrogoths continuaient leur avancée dans les terres romaines au nord-ouest de notre position. Nous étions donc peinards chez nos alliés Macédoniens que nous venions de libérer.

De nombreux corbeaux furent envoyés et de nombreux autres arrivaient pour nous tenir informer et former des alliances. Nous tentions de convaincre les Macédoniens de nous rejoindre dans notre guerre contre l'Empire romain d'Orient, mais c'était peine perdue. Nous eûmes plus de chance avec les Quades puisque Ataulf épousa la jeune fille de leur roi, Veneranda, afin d'assurer une alliance prometteuse contre les Romains. Les Gépides acceptèrent également une alliance si on les rejoignait dans leur guerre contre les Greuthunges. Alaric accepta sans savoir s'il allait véritablement aider nos nouveaux alliés. Nous étions bien trop loin de leur zone de combat et ce n'était pas vraiment là où nous souhaitions aller.

Nous entamâmes notre route vers le sud et la cité de Corinthus. Nos forces firent halte à bonne distance de la ville durant l'été 396. Alaric et Ataulf s'entretinrent pour savoir qui allait attaquer la ville en premier. Nos gars priaient pour que la Compagnie Noire soit choisie et ce fut le cas au grand dam de l'Armée des Morts.

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Assaut sur Corinthus

Nos éclaireurs avaient été envoyés pour nous prévenir de tout danger. Bizarrement une flotte romaine nous observait depuis la mer Égée. Bizarre car celle-ci n'intervenait pas et semblait avoir subi une attaque, les Macédoniens leur auraient-il déclaré la guerre entre-temps ? Un corbeau fut, bien entendu, envoyé pour en savoir plus.

Corinthus ne possédait pas de fortifications, juste quelques tours en bois disposées au quatre coins de la cité. De plus, la garnison n'était pas bien importante. La victoire semblait déjà acquise !

Les annales de la compagnie wisigothique - Chapitre II

Alaric lança l'assaut sans plus attendre, nos hommes débordaient de rage à la suite d'une si longue période sans activité. Nos hommes furent placés de façon à ce que notre première ligne soit composée d'archers qui reçurent l'ordre de reculer si l'ennemi s'approchait trop près. Nos combattants au corps à corps formaient la seconde ligne et nos cavaliers se trouvaient aux ailes.

Comme pour Tessaloniké, nos onagres se chargèrent de détruire à coup de boulets enflammés la tour qui faisait face à notre armée au sud de la cité. La tour ne tint pas bien longtemps le choc. Par chance, un incendie se déclara et comme vous le savez déjà, les Romains ne raffolent pas du feu. Nous vîmes des cohortes et des limitanei peu farouches approcher, suivis de près par des equites éclaireurs. Nous avions la supériorité numérique mais nous avions déjà vu ce dont étaient capables ces unités romaines auparavant. Nous suivons, à l'ouest de notre position, la progression des renforts venus de la mer. Ils n'étaient pas bien nombreux, mais il fallait tout de même y faire attention si nous voulions éviter des surprises.

Les equites chargèrent nos archers situés à l'extrême gauche de la première ligne. Au même moment, une sévère pluie de flèches s'abattit sur ces mêmes archers juste avant l'impact avec les cavaliers qu'ils auraient dû subir. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas, notre cavalerie de l'aile gauche avait chargé juste à temps les equites. Une de nos unités de lanciers située non loin chargea également les equites qui furent anéantis en un temps record. Pendant ce temps, les limitanei avancèrent mais furent surpris par des boulets enflammés envoyés par nos onagres. Un bon tiers de ces gars furent brûlés vifs. Nos lanciers, après avoir fait le boulot avec les equites, chargèrent les limitanei en proie à la plus grande détresse. Ils furent détruits et nos unités reprirent position. Nos onagres lancèrent de nouvelles boules de feu sur les archers situés plus loin, mais avec moins de réussite.

Au même moment, notre cavalerie de l'aile gauche fut envoyée vers les renforts. Alaric pensait que cela suffirait mais c'était mal connaître les marins romains et les tirailleurs qui mirent en déroule nos guerriers à cheval. La cavalerie de l'aile droite fut envoyée à son tour avec cette fois-ci beaucoup plus d'efficacité. Les renforts ne parvinrent pas à renforcer les défenses.

Nos onagres n'ayant plus de munitions, Alaric ordonna à nos troupes d'avancer. Afin de prouver leur valeur au combat, les unités qui venaient d'être enrôlées et nos lanciers furent envoyés au corps à corps soutenus par un seul groupe de guerrier goth. Nos hommes durent faire face à la terrible garde palatine mais tinrent bien le choc, surtout nos lanciers et nos guerriers. Nos piquiers préféraient se défendre plutôt que d'attaquer. La bataille fut âpre, nos guerriers situés loin de la bataille fêtaient déjà la victoire. Celle-ci survint dès la destruction de la garde palatine.

Plutôt que d'occuper la cité, Alaric préféra la piller et récupérer des pièces sonnantes et trébuchantes. Selon les présages, cette région ne nous était de toute façon pas destinée. Nous rejoignîmes ensuite les forces d'Ataulf pour poser notre campement. Il fut aussitôt décidé de remplacer les piquiers, pas forcément aptes à combattre lors d'un assaut, par des troupes germaniques armées de lourdes haches. Ataulf avait entre-temps construit un charron afin d'avoir de meilleures charrettes pour les civiles. Un gars bien, cet Ataulf. Cela permettait aussi de construire de nouveaux onagres. Il recruta également de nouvelles troupes et remplaça ses piquiers. Deux troupes germaniques, une unité de lanciers, une unité de guerrier germanique à cheval et une unité de lanceurs furent ainsi recrutés. Alaric fit de même lors de la saison suivante.

Des tensions au sein de la famille

Wittiza, le frère de sang d'Alaric, proposa une alliance militaire avec les Alains après avoir reçu un message proposant un mariage entre son fils Froia et une jeune Alain, dénommée Mada. Notre corbeau, envoyé aux Macédoniens, était revenu avec une bonne nouvelle. Ils étaient effectivement entrés en guerre contre les Romains, mais ils ne les avaient pas encore attaqué. La flotte romaine était toujours là à nous observer. Mystère...

Notre espion, toujours au nord, nous informa des positions romaines. Il avait réussi à freiner leur progression par quelques tours de passe-passe et nous avait conseillé de ne pas remonter dans le nord immédiatement. Nous pourrions en attendant quelques saisons profiter de la faiblesse des Romains, qui combattaient d'autres tribus au nord. Alaric en décida ainsi.

Durant l'automne 396, Ataulf fut nommé héritier à la couronne par Alaric lui-même. On savait notre capitaine paranoïaque, terrifié par la mort bien que durant les batailles, il se comporta en véritable héros. C'était une mesure préventive, affirmait-il, au cas où il venait à mourir. Son fils Theodoric était beaucoup trop jeune pour prendre sa succession et il avait une confiance aveugle envers Ataulf. Cela ne fut pas au goût de tout le monde, surtout que ce n'était pas la seule décision prise par notre roi, puisqu'il avait fait de Wallia son fils adoptif. Selon les rumeurs, ce n'était qu'une simple manœuvre politicienne pour renforcer la domination de la famille d'Alaric au sein de notre peuple. On savait, dans le campement, que les tensions étaient grandissantes entre Alaric et certains de ses hommes mais tant qu'on avait à manger et à boire, on s'en fichait un peu.

Nous levâmes le camp durant l'hiver 396, si on peut appeler cela un hiver en Grèce. Nous n'avions pas eu besoin de porter nos fourrures, c'est dire. Nous commençâmes notre progression vers le nord. Notre espion nous informa de sa mésaventure lorsqu'il avait tenté de fourvoyer une armée. Il s'était cassé la cheville avant d'y parvenir et il devait nous rejoindre pour se faire soigner. Il n'était déjà pas bien doué quand il était plus jeune... Nous étions désormais aveugles dans le nord.

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Au tour de Dynachium

Nous arrivâmes à portée de Dynachium. Cette fois-ci, Alaric laissa le soin à Ataulf d'attaquer la cité. Le changement d'unité fut bénéfique apparemment puisque selon mon confrère de l'Armée des Morts, les pertes furent minimes. La victoire fut leur et la cité fut pillée allégrement et rasée. L'Armée des Morts n'y allait pas de main morte.

Au soir, nous étions en train de fêter la victoire lorsqu'une jeune femme vint me voir. C'était Veneranda. J'avais déjà rencontré son père afin de lui proposer une alliance, il y a quelques années de cela, pour le compte d'Athanaric, père d'Alaric. Elle me pensait homme de confiance. Veneranda avait appris qu'un complot se préparait dans le but d'assassiner son mari. Sigeric, noble de haut rang et ami d'Alaric, en serait l'instigateur. Elle me savait fin négociateur et souhaitait que je l'aide à résoudre l'affaire, moi simple annaliste qui n'avait aucun accès aux tentes de luxe... Malgré mes doutes, je lui conseillai de parler aux épouses des hommes dont la loyauté avait été remise en cause ces dernières semaines.

J'appris plus tard, par mes petits oiseaux, qu'une réunion secrète s'était tenue entre Veneranda, Mada et Amalasuntha, la femme d'Alaric. Elles mirent une stratégie en commun afin d'assurer la loyauté des hommes en question. Amalasuntha s'était chargée de parler à la femme de Sigeric alors que les autres avaient essayé de convaincre leurs époux.

Les choses semblaient rentrer dans l'ordre étant donné qu'aucun assassinat n'avait été commis mais une question restait en suspend. Quelle direction allions-nous prendre ? Les hommes commençaient à s'impatienter et nous manquions de plus en plus d'argent. L'artisanat mis en place par Ataulf ne suffisait pas. Il nous fallait un objectif. Ne restant plus rien en Grèce, Alaric pointa le nord pour tenter de rejoindre nos frères Ostrogoths...

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  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter
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