"Ils ne passeront pas!" - un AAR français pour Hearts of Iron IV - Épisode 6
L'After Action Report (AAR) consiste à relater de manière plus ou moins ludique et/ou romancée une partie de jeu vidéo, généralement du point de vue du joueur. Il s'agit la plupart du temps de jeux de stratégies, qui s'adaptent le mieux à ce concept.
Celui qui va suivre va raconter en dix épisodes une partie de Hearts of Iron IV à la tête de la république française, jouée avec les mods suivants : Historical German Flag, More Divisions Icons, More Models Images, Non-Reflective Waters, et Strategic View Adjustments. L'Italie, l'Allemagne et le Japon ont chacun reçu un bonus de 12,5% au démarrage de la partie.
Liste des épisodes
Épisode 1 | Épisode 2 | Épisode 3 | Épisode 4 | Épisode 5 | Épisode 6 | Épisode 7 | Épisode 8 | Épisode 9 | Épisode 10
16 Août 1941
Sacré nom de dieu ! Est-ce donc ça, le fameux flegme britannique ?! Après avoir cru à une mauvaise plaisanterie, on m’a confirmé la nouvelle. Tout le haut quartier général est en ébullition, et les commandants d’unités situées sur le front de Dunkerque ne cessent de nous adresser des demandes d’ordres. De leurs positions retranchées, ils entendent au loin la canonnade ininterrompue des combats à quelques dizaines de kilomètres, et la nuit est illuminée par les éclairs de l’artillerie.
Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ! À la tombée de la nuit du 15, nos « alliés » britanniques et la Home Fleet ont débarqué vingt-quatre divisions d’infanterie dans une grande opération amphibie, sur la côte de Bruges, entre Ostende et Knocke-Heist. Et sans le moins du monde nous avertir de la chose ! Ni les officiers de liaison britanniques détachés à nos états-majors, ni leurs homologues français en Angleterre n’ont été informés. Tout s’est fait dans le secret et la surprise est totale. Sont-ils complètement inconscients ?
La nouvelle fait déjà les gros titres de la presse. Le maréchal Pétain a convoqué immédiatement l’ambassadeur britannique et demandé à joindre par téléphone le cabinet de Lord Halifax, de l’autre côté de la Manche. Après avoir vociféré qu’aucune alliance militaire ne peut fonctionner si les alliés ne décident pas conjointement de telles opérations, nous obtenons enfin des explications.
On nous explique que les détails de cette offensive surprise ne nous ont pas été communiqués, par crainte que les câbles soient interceptés. Ce débarquement surprise est une tentative du grand patron de la Royal Navy, l’amiral Chatfield, conjointement avec l’armée de terre britannique menée par Auchinleck, pour bousculer le front à l’Ouest en débarquant derrière les lignes allemandes. L’objectif est de prendre Gand, puis d’avancer vers Bruxelles, pendant que nous autres Français devons profiter de l’occasion pour écraser entre deux feux les divisions allemandes.
Si l’idée a du bon, le plan est, en revanche, déjà en train de tourner au désastre militaire pur et simple ! Pour commencer, les divisions de la 1ere armée du maréchal Georges ne sont absolument pas préparées à une action offensive ! Aucun plan en ce sens n’a été prévu, nos chars sont des blindés d’infanterie non conçus pour affronter les escadrons allemands, et si nos moyens de défense sont excellents, nos moyens d’attaques sont dérisoires !
De plus, les forces allemandes stationnées en Belgique sont beaucoup plus nombreuses que prévues, et ne sont pas seulement stationnées le long du front, mais également autour d’Anvers, de Namur, de Bruxelles et de Rotterdam, ce qui fait que les quelques malheureux kilomètres de terrain conquis par les britanniques en quelques heures sont déjà sous le feu de l’artillerie nazie et de son aviation.
Et si nous tentons de voler au secours de la poche anglaise, nous prenons un énorme risque, celui d’ouvrir une brèche béante dans nos défenses autour de Dunkerque, que les Allemands vont mettre à profit !
28 août 1941
Quel affreux gâchis. Le sort des malheureux britanniques est déjà réglé. L’euphorie n’a duré que deux jours, après lesquels la tentative audacieuse pour renverser la situation sur le front de l’ouest s’est transformée en enfer sur terre.
Les nazis se sont repris en très peu de temps, et sans dégarnir leurs forces face à la ligne Maginot, ont jeté sur la poche de Gand deux panzerdivisions armées jusqu’aux dents, qui ont impitoyablement taillé en pièces les fantassins anglais. En quelques jours, ces derniers ont déploré des milliers de morts et trois fois plus de blessés et de prisonniers. L’aviation allemande a harcelé les divisions anglaises et la Home Fleet qui tentait de protéger le rembarquement de ses troupes. Seulement cinq divisions sur vingt-quatre ont échappé à la destruction totale et ont été piteusement rapatriées de notre côté du front. L’ensemble du contingent restant a été tué ou capturé, avec tout son matériel !
Si la situation ne change en rien pour nous autres Français, nos alliés viennent en revanche de subir une lourde défaite. L’affaire a fait un véritable tollé à Londres, et a entraîné la démission immédiate de Chatfield et Auchinleck. C’était magnifique, mais ça n’était pas de la guerre !
20 octobre 1941
Où s’arrêtera la déferlante japonaise ? Après avoir écrasé la Chine, les troupes de l’empereur Hiro-Hito ont atteint l’océan Indien, m’a-t-on appris ce matin.
Néanmoins, si la plus grande partie de l’Asie du sud-est est maintenant contrôlée par Tokyo, la situation semble tourner à notre avantage. Tout d’abord parce que les forces japonaises sont maintenant étirées sur plusieurs front, ce qui diminue leur efficacité ; de plus les armées nippones sont épuisées par des mois de campagne et le ravitaillement passe mal à travers les jungles de Birmanie. Les troupes du Raj britanniques freinent de plus en plus l’avancée japonaise vers le sud ; et en Indochine, le général Touzet du Vigier a réussi à établir une ligne défensive, fortifiée avec les moyens du bord, barrant l’accès au sud du pays.
28 octobre 1941
L’état-major allié se réunit à Vincennes. Halifax est venu en personne avec l’élite des hauts gradés britanniques, afin de convenir de la conduite future de la guerre. Nous savons qu’il est extrêmement pressé de faire oublier le désastre de l’opération surprise de l’été dernier.
Les évènements semblent s’accorder pour lui donner ce qu’il désire : au cours des dernières semaines, nous avons appris avec surprise que les forces allemandes ont été remaniées de façon particulièrement importante : plus de la moitié des divisions assignées à la ligne Siegfried ont disparu en l’espace de quinze jours.
S’agit-il d’un piège destiné à provoquer notre attaque ? C’est l’opinion de Gamelin, en tout cas. Mais, c’est ce dont les généraux et amiraux débattent depuis maintenant plusieurs heures : nous ne savons pas où ont été transférées ces divisions, mais c’est pourtant une occasion à ne pas manquer. Peut-être Hitler compte-t-il attaquer les Soviétiques ? Ou à intervenir dans les Balkans ?
Une observation permet néanmoins de faire basculer l’avis de la majorité : la Ruhr est atteignable. Cette guerre est une guerre industrielle, et nous savons qu’une Allemagne déjà sous blocus ne pourra pas continuer la guerre si une offensive blindée alliée venait à s’emparer du cœur industriel de l’Allemagne. Nul besoin de progresser jusqu’à la lointaine Berlin : privée de toute capacité industrielle, Hitler devra capituler ou voir sa Wehrmacht être taillée en pièces.
Seulement, sommes-nous capables d’une telle offensive ? La remontée en puissance de notre armée n’est néanmoins pas achevée. La production industrielle amplifie cependant chaque semaine. Weygand estime que le 2e groupe d’armée peut être prêt à une telle offensive d’ici le début du mois de janvier. Les britanniques, impatients, veulent attaquer dans moins d’un mois. Depuis trois semaines, ils ont déjà transféré 22 divisions sur le front de Dunkerque, auxquelles se sont jointe 15 autres divisions de volontaires américains. L’armée belge exilée a tenu à se porter à la pointe de l’attaque, avec sa quinzaine de divisions reconstituées.
Lorsque le soir tombe, la décision est finalement prise et les ordres donnés pour la préparation de cette première offensive alliée. Les Anglais l’ont appelée « opération Dagger ». Le 25 novembre, les troupes britanniques, américaines et belges franchiront la ligne Maginot et attaqueront en direction de Bruxelles, Namur et Eindhoven. Le premier objectif de l’offensive alliée est d’atteindre la Meuse en un mois de combat.
Nous estimons qu’avec la moitié de l’armée allemande disparue, l’état-major nazi n’aura pas les troupes nécessaires pour une contre-offensive, devant garder ses forces restantes contre la ligne Maginot.
Lorsque les armées françaises seront prêtes, à savoir le 2e groupe d’armée composé des 5e et 10e armées mécanisées de De Gaulle et De Lattre de Tassigny, et de la 6e armée mobile, elles attaqueront en direction de Cologne, sur le flanc droit des Britanniques. Une fois le Rhin atteint, nous planifieront une deuxième étape : l’attaque directe de la Ruhr.
Et pour l’heure, nous lançons un groupe aérien de bombardiers stratégiques au-dessus de l’Allemagne, accompagné par deux groupes de chasseurs pour les couvrir.
25 novembre 1941
Ce matin a débuté l’offensive britannique. Quarante divisions d’infanterie ont entamé leur avancée vers le nord-est. Les rapports du front sont encore fragmentaires, mais il apparaît que les Alliés ont pu progresser, en particulier sur la côte, assurés du soutien de l’artillerie navale de la Home Fleet qui a matraqué les positions allemandes pendant des heures.
19 décembre 1941
L’offensive alliée est en train de s’enliser. Les Belges et les Britanniques sont entrés à Bruxelles le 1er décembre, en chassant devant eux les restes de trois divisions d’infanterie allemande. Namur a été reprise deux jours plus tard par les Américains.
Malheureusement, la retraite de l’ennemi a été de courte durée : Von Rundstedt a organisé en quelques jours une défense efficace, profitant de l’essoufflement de la progression alliée et du manque de blindés dans le camp allié. Les Allemands ont pris position devant Anvers et Eindovhen et s’y sont regroupés, avec d’importantes défenses.
Quinze jours de combats ont vu les Alliés s’enliser sur cette nouvelle ligne de front, en accumulant les échecs pour capturer les deux villes. La flotte britannique n’a pas pu couvrir aussi bien qu’au début de l’offensive l’avancée des Alliés : plusieurs croiseurs allemands se trouvent dans le port d’Anvers et participent à la défense de la ville, couverts par la Luftwaffe.
Nos aviateurs se relaient en permanence pour lui disputer le contrôle du ciel de Belgique, mais cela nous empêche de matraquer les défenses allemandes. De plus, les Britanniques ne disposent pas de canons et de chars en nombre suffisant. Les troupes belges et néerlandaises ont le même problème. Est-ce que l’offensive de nos troupes plus au sud va débloquer la situation ?
Réponse au prochain épisode...
- Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach