Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurWarhorse Studios |
DéveloppeurWarhorse Studios |
Date de sortieFévrier 2018 |
Kingdom Come : Deliverance
Annoncé en décembre 2013, Kingdom Come : Deliverance a mis cinq longues et chaotiques années de développement pour débarquer sur PC, PS4 et Xbox One. Le jeu du studio tchèque Warhorse est un des – trop - rares représentants historiques d'un genre qui se prête habituellement davantage à la Fantasy ou à la science-fiction.
Le pari était donc risqué pour ce jeune studio composé de vétérans de l'industrie vidéoludique qui prônait un jeu de rôle sans magie, ni donjon. "On va s'ennuyer didonc" criait alors Jean-Dylan devant la campagne Kickstarter lancée en janvier 2014, après avoir lâché un Fus Ro Dah sur un dragon dans Skyrim. Cette campagne fut finalement un gros succès.
C'est beaucoup moins le cas aujourd'hui, mais il faut dire qu'à cette époque (il y a seulement cinq ans...), les projets arrivaient à la pelle sur la plateforme de financement participatif et il n'était pas rare d'en voir aboutir, surtout en ce qui concerne les jeux de rôle (Torment : Tides of Numenara, Pillars of Eternity, Divinity : Original Sin, Wasteland II...). Les joueurs étaient sans doute blasés de voir tout le temps sortir des jeux de rôle sans grande envergure, trop simples, dirigistes jusqu'au-boutistes ou au gameplay répétitif.
Le 13 février 2018, le tant espéré Kingdom Come : Deliverance sortit. Deux semaines plus tard, un million de copies étaient déjà écoulées. Jean-Dylan, qui a bien grandi depuis, s'est finalement laissé tenter après avoir vu des vidéos de streamers. Mais après y avoir joué 5 minutes, il se rend compte que ce n'est pas fait pour lui... et va de suite poster une évaluation négative sur Steam...
Comme nous allons le voir avec le test qui suit, Kingdom Come : Deliverance fait partie de ces jeux qui ne plairont pas à tout le monde. Warhorse qui prétend ne pas avoir fait un jeu AAA – bien qu'il soit vendu au même prix - n'a d'ailleurs pas la prétention d'intéresser tous les types de joueurs. Exigeant, réaliste, lent, parfois frustrant, souvent grandiose, KCD nous plonge en Bohême en l'an 1403, et il le fait merveilleusement bien, pour peu que l’on accepte ses nombreux défauts...
Kingdom Come : Deliverance propose de nombreuses lectures, de quoi apprendre pas mal de chose sur la période et la région.
Un développement chaotique
Mais avant d'aller plus loin, revenons un moment sur les choses qui fâchent. Dans une récente interview, les développeurs reviennent sur le développement du jeu. Nous l'avons souvent évoqué, celui-ci s'est avéré assez chaotique.
Au début, l'équipe de développement n'avait aucune organisation et voyageait en terre inconnue. Finalement, des fonds privés sont venus consolider une cagnotte déjà bien garnie grâce à la campagne Kickstarter, offrant ainsi une tranquillité pour les développeurs.
Alors que l'on espérait le jeu durant le 4ème trimestre de l'année 2015, KCD fut finalement repoussé. Originalement, il devait sortir dans un premier temps sur PC, puis ensuite sur les consoles PS4 et Xbox One. Mais en 2016, on apprend que le jeu est une nouvelle fois repoussé pour pouvoir sortir sur tous les supports en même temps. Cela n'est que mon opinion, et elle n'engage que moi, mais je considère que ce fut une grande erreur. Le studio a écouté les plaintes de Sony et de Microsoft, ou celles de ses mystérieux investisseurs, et s'est dès lors ajouté une pression énorme. Warhorse Studio ne peut pas se permettre d'avoir les mêmes ambitions qu'un éditeur AAA comme Ubisoft ou Activision. Prenons l'exemple des Belges de Larian Studios qui ont sorti dans un premier temps le magistral et complet Divinity : Original Sin 2 en septembre 2017 sur PC, et le ressortiront cette année 2018 sur consoles.
Ensuite, seconde erreur, le studio a annoncé six mois à l'avance une date de sortie fixée au 13 février 2018, sûrement dans le but de rassurer les investisseurs et les joueurs impatients. C'est généralement une mauvaise idée, c'est pour cela que Taleworlds évite d'en donner une pour Bannerlord... Cela rajoute de la pression supplémentaire, peut frustrer si la date n'est pas respectée, et le risque de rusher le développement pour sortir le jeu dans les temps est envisageable. D'ailleurs le patch Day One, le montre bien. Sans lui, la note finale aurait été de deux points plus faible.
Revenons à cette interview, on y apprend que les développeurs auraient aimé avoir plusieurs mois supplémentaires afin de peaufiner leur jeu le maximum possible. Nouvelle erreur de communication au passage, décidément... Cela laisse penser que le jeu a été bâclé.
Personnellement, j'ai pu terminer le jeu sans rencontrer de problèmes majeurs. Cela m'a pris en tout et pour tout 90 heures, sachant qu'il me reste une petite dizaine de quêtes secondaires que je ferai lors d'une nouvelle partie. Je n'ai pas été bloqué ni connu de crash. J'ai tout de même rencontré des freezes de 3-4 secondes, divers bugs que l'on a l'habitude de rencontrer dans les Elder Scroll, à croire que l'équipe technique de Bethesda est venue superviser Warhorse...
Il y a des bugs de collision, des PNJ qui peuvent se superposer, des escaliers qui nous bloquent, des textures qui peuvent avoir du mal à se charger, un concours de tir à l'arc qui peut ne pas se terminer, des dialogues qui passent à l'anglais, ou qui ont perdu leur doublage, des soucis dans le pathfinding des PNJ ou encore avec la lumière en intérieur, notamment celle apportée par les cheminées, qui donne une ambiance boite de nuit. Ce sont des choses qui doivent être corrigées, si les développeurs en ont la volonté. Bien entendu, si dans 6 mois, les bugs restent légion, il ne fait aucun doute que nous devrons revoir à la baisse notre notation.
Concernant l'optimisation, KCD doit encore grandement s'améliorer. Quelque soit la configuration, les 60 FPS ne seront jamais atteints. Personnellement, j'ai dû me résoudre à jouer en 30 FPS pour ne pas subir des chutes de framerate intempestives. Vous pouvez consulter ma méthode en vous rendant par ICI.
Comme nous le verrons dans la dernière partie de ce test, le jeu n'est pas seulement sorti trop tôt, il y a aussi beaucoup d'éléments qui ont été coupés lors du développement, à cause en partie de cette pression.
Nous pouvons malgré tout nous rassurer en sachant que les développeurs sont dorénavant suffisamment armés pour éviter les mêmes erreurs pour la suite. Car, oui, si vous ne le savez pas encore, Kingdom Come est une trilogie dont Deliverance est le premier épisode.
Si vous nous avez fait la gentillesse de lire cette première partie, au lieu de vous précipiter vers le verdict final comme Jean-Dylan, vous êtes sans doute apeuré à l'idée que KCD soit un échec ! Et bien... rassurez-vous, il n'en est rien et malgré un développement quelque peu chaotique, il possède de sérieux atouts à commencer par son scénario.
La petite histoire dans la grande
À la lecture du synopsis, je dois avouer que je n'attendais pas grand-chose de l'histoire de KCD. On incarne Henry, fils de forgeron, qui va perdre ses parents dans la première heure de jeu. Je m'attends donc à un bête scénario tournant autour de la vengeance, comme on en a déjà eu à foison que ce soit en jeux vidéo ou en films. Au final, le scénario principal se révèle vraiment bien ficelé et plus complexe qu'il n'y parait.
Sans être original, ni rempli de suspens, l'histoire parvient à nous maintenir en haleine du début à la fin grâce notamment à ses personnages soignés et à cette petite histoire tournant autour de la grande Histoire. Dans KCD, on ne vous demandera pas de sauver le monde, la galaxie, l'univers, les ewoks... face à des dieux, des extraterrestres, des démons ou des méchants Russes. Le jeu nous place à hauteur d'homme, dans la peau d'un petit gars d'une banalité sans nom mais auquel on s'attache tout au long de l'aventure.
J'voudrais bien réussir ma vie, être aimé
Être beau, gagner de l'argent
Puis surtout être intelligent...
Clairement, Henry n'est pas l'archétype du héros. Physiquement, il n'arrive pas à la cheville d'un Shepard de Mass Effect. C'est un peu monsieur tout le monde, comme on lui rappelle à un moment dans le jeu. C'est ce qui change grandement par rapport à d'autres jeux nous mettant dans la peau d'un héros charismatique dont on sait qu’il ne lui arrivera rien, comme Nathan Drake d'Uncharted. Ce serait vraiment dommage de ne pas commencer le jeu parce que la tête du héros ne vous revient pas. Ne faites pas la même erreur que Jean-Dylan !
La vie paisible mais monotone d'Henry bascule du jour au lendemain. La Grande Histoire intervient à ce moment-là, lorsque son village, Skalice, est rasé par les troupes de Sigismond et son armée de mercenaires Coumans. En 1403, le Saint-Empire romain germanique va mal. Quelques années auparavant, la mort de l’Empereur Charles IV a plongé l'empire et le royaume de Bohême dans une période obscure. Son fils Venceslas prit sa succession, mais il est davantage porté sur la boisson, les femmes et la bonne chair. Son demi-frère Sigismond, roi de Hongrie, intervient alors pour profiter de la situation. Un coup d'État a lieu, Venceslas est fait prisonnier et la Bohême se retrouve sans roi, ses terres exploitées par Sigismond. Ce dernier s'en prend alors à la noblesse qui tente de se rebeller. Skalice est alors une victime de choix. L'histoire d'Henry commence à ce moment-là, mais ne se terminera pas à l'issu de cet épisode. Deux autres sont encore prévus.
Une des grandes forces de KCD est de proposer des cinématiques au cours de la quête principale. Elles sont superbement réalisées avec le moteur du jeu. Elles permettent entre autre d'introduire les personnages importants qui accompagneront Henry dans sa quête et font en sorte que l'on s'y attache plus facilement. Certains événements et certaines conversations sont ainsi davantage mis en valeur grâce à ce procédé.
De plus, les dialogues sont excellemment bien écrits, non censurés, sans politiquement correct. On sent que les acteurs ont pris un véritable plaisir à interpréter les différents personnages. Ils ont pu exprimer tout leur talent à travers les très nombreux dialogues.
Que ce soit la quête principale, ou les quêtes secondaires, KCD étonne par son écriture. Certaines quêtes font aussi bien que celle de The Witcher 3. Le monde du jeu est sérieux, mais ça n'empêche pas de sourire à quelques occasions, notamment après une scène spécifique avec le prêtre Godwin, ou celles où l’on accompagne le seigneur Capon.
Les quêtes sont surtout variées et proposent rarement d'être accomplies par le combat. Une quête nous proposera de soigner différentes personnes alors qu'une autre nous demandera de trouver du travail pour des réfugiés. Il y a toujours différentes manières de résoudre une mission.
Il y a aussi des quêtes annexes un peu "Fedex" qui nous demanderont de déloger un campement de bandits, un des meilleurs moyens pour s'entraîner au combat ceci-dit.
Balade dans une Bohême splendide
KCD nous plonge dans une partie de la Bohême médiévale. Les grandes villes telles Prague ou Kuttenberg ne sont pas présentes. On a plutôt ici affaire aux petites localités comme Sasau (Sázava aujourd'hui) et son monastère, Talmberg et Rattay, et leur forteresse, pour ne citer que les plus grands villages.
Les développeurs ont fait un travail admirable pour reconstituer ces divers lieux avec beaucoup de précision. Il faut savoir aussi que la République Tchèque est le pays européen où l'on trouve le plus de reconstituant. La reconstitution de la bataille d'Austerlitz y rassemble chaque années plusieurs milliers de passionnés par exemple. Ce fut également le cas pour la bataille hussite de Vítkov en juillet dernier. Comme nous vous l'avons montré dans des articles précédents, le studio a participé à certaines reconstitutions.
Kingdom Come : Deliverance n'est peut-être pas le plus beau jeu du monde, ses textures datent un peu, mais l'ensemble reste très agréable à l'oeil et, surtout, c'est bourré de détails !
Le travail de recherche en amont est du même acabit que ceux menés par Ubisoft pour les Assassin's Creed. Cela se ressent notamment par la multitude de détails qui peuvent paraître insignifiant pour le commun des mortels, ou pour Jean-Dylan, mais qui prend de l'ampleur pour les passionnés d'Histoire que nous sommes. Les développeurs sont allés sur le terrain, ont fait appel à des spécialistes que ce soit en Histoire médiévale ou en combat au corps à corps. Ils se sont donnés les moyens pour recréer fidèlement cette période du XVème et entretenir la mémoire de leur pays.
À quand la même chose pour la France ? Il y a pourtant de quoi faire avec notre si riche Histoire... Espérons que Kingdom Come : Deliverance puisse donner des idées à certains, d'autant plus que son succès peut servir de signal ! Oui, je rêve d'un KCD en pleine guerre de Cent ans pour me battre au côté de Du Guesclin !
Que ce soit les maisons semi-enfouies, les forges, les charbonnières, les tanneries, les moulins, les églises, les auberges, les gîtes... et tous les PNJ qui y travaillent, rarement un jeu sur cette période médiévale n'aura été aussi riche. En même temps ce n'est pas difficile, puisque KCD est le seul représentant historique de sa catégorie nous proposant d'évoluer à la première personne.
De plus, les développeurs ont évité de tomber dans les clichés habituels que font souvent les réalisateurs de films, donnant une mauvaise image de la période. Par exemple, ils ont pris soin de montrer que les gens n'étaient pas aussi sales que ce que l'on nous fait croire. Des bassines remplies d'eau sont placées dans toutes les localités à côté des maisons permettant à Henry de se laver. On est loin de l'image véhiculée par Jacquouille la Fripouille.
Mais la Bohême, ce n'est pas seulement ses villages, c'est aussi un paysage de forêts, de rivières et de collines verdoyantes. Le travail effectué par Warhorse est totalement ahurissant. Jamais, je n'ai vu de forêts aussi majestueuses et luxuriantes. Le réalisme de l'environnement est saisissant. KCD ne fait pas partie des plus beaux jeux auquel j'ai joué, le CryENGINE est vieillissant et techniquement pas forcément très adapté à ce type de gameplay, pourtant il arrive tout de même à sortir des paysages de toute beauté et surtout cohérents.
Un jeu de rôle riche, complexe et abouti
Passons à un autre point très appréciable sur ce jeu qui fait malheureusement débat à l'heure où tout doit être facile et doit prendre le moins de temps possible. Kingdom Come : Deliverance est un jeu qui se mérite, dur, lent et très réaliste. Il ne pardonne aucune erreur, il n'est pas rare de devoir prendre une sauvegarde ancienne pour recommencer une mission, car on a dit un mot de travers ou bien on s'est fait choper à voler. Moi, j'adhère totalement à ce type de gameplay, qui peut paraître élitiste aux yeux de certaines personnes. D'ailleurs ces dernières ont immédiatement sorti des mods réduisant la difficulté et brisant ainsi l'âme du jeu.
À commencer par le système de sauvegarde. Terminer une mission sauve automatiquement votre partie. Mais pour sauvegarder manuellement, il faut soit se reposer ou bien boire du schnaps. Forcément, si on n’a ni l'un ni l'autre, on ne pourra pas sauvegarder. On peut comprendre que ce n'est pas un jeu pour la vie de famille. Vous allez devoir faire le choix entre poursuivre votre mission jusqu'à pouvoir sauvegarder ou donner à manger à votre enfant... cruelle décision. Au début, vous allez souvent pester de ne pas pouvoir sauvegarder car vous avez pris l'habitude – c'était aussi mon cas - dans Skyrim d'appuyer sur la touche F5 toutes les 5 secondes. Chaque décision dans KCD n'est pas à prendre à la légère, chaque combat peut être mortel, surtout au début, et ce système de sauvegarde apporte le stress nécessaire qui rend l'expérience unique. La même que celle que l'on ressent dans un Dark Soul, même si la mort dans ce jeu n'y est pas définitive. Sauvegarder avant chaque combat, avant chaque discussion, avant chaque action illicite, ferait perdre totalement l'intérêt du jeu, à mon sens. Bon, au bout d'un moment, vous aurez suffisamment de Groschens (la monnaie du jeu) pour dévaliser toutes les tavernes de leur Schnaps du Sauveur et ainsi vous constituer un stock de sauvegarde, cela réduit le stress et l'intérêt toutefois. Vous pouvez aussi en créer à l'atelier d'alchimie, si vous avez cueilli les bonnes herbes.
Des petits malins ont aussi créé un mod pour ajouter le crosshair. Le réticule de viser est en effet absent du jeu de base rendant difficile les parties de chasse. Dans la vraie vie, nous n'avons pas de réticule de visée pour nous aider, il n'y a qu'à voir la lunette des toilettes de certains bonhommes... Les développeurs ont fait le choix du réalisme à outrance et il faut l'accepter sinon cela va dénaturer le jeu. Espérons qu'ils n'écoutent pas trop les râleurs à ce sujet, ou bien qu'ils fassent un mode facile pour eux... Dire que l'on réclamait un mode hardcore à une certaine époque pour Skyrim...
Le système d'évolution d'Henry est aussi quelque chose de réaliste, et peut s'apparenter à ce que l'on trouve dans la série des Elder Scroll. L'adage qui veut que c'est en forgeant que l'on devient forgeron s'applique totalement à KCD. Ainsi au début de l'aventure, Henry n'est rien, nul en tout, et galère au combat. Vous pesterez souvent face à la nullité de ce personnage plutôt que de réfléchir au pourquoi il est si nul.
En effet, Henry devra s'entraîner dur pour atteindre ses objectifs. Vous mourrez tout le temps face à de minables bandits ? Rendez-vous chez le maître d'armes pour améliorer vos aptitudes au combat. Rien n'est gratuit, tout se mérite. Tirer à l'arc sur un simple lièvre vous coûtera une vingtaine de flèches au début, toutes n'ayant pas atteint leur cible. Mais, au fur et à mesure, vous allez de mieux en mieux maitriser cette arme qui demande un temps d'apprentissage, comme n'importe quelles autres compétences : l'équitation, la beuverie, la furtivité, le crochetage, l'éloquence...
Chaque compétence évolue en fonction de son utilisation. L'expérience engrangée permet de gagner des niveaux. En fonction du niveau (cela peut-être par exemple tous les 2 niveaux ou bien tous les 4, cela dépend de la compétence), vous gagnez un point à attribuer dans une aptitude vous offrant de nouvelles possibilités.
Vous pourrez par exemple porter plus de choses, mieux dormir dans des lits de camps (mais moins bien dans des lits de luxe), résister mieux à l'absorption de bière, charmer plus facilement les femmes malgré notre forte odeur corporelle... Bref, un système suffisamment complet pour personnaliser notre cher Henry et en faire un assassin silencieux, un charmeur ou un guerrier redoutable... ou les trois à la fois !
L'équipement n'est pas en reste et permet justement de changer de rôle, en fonction de ce que l'on porte. Les habits et armures me rappellent Morrowind, il est ainsi possible de mettre plusieurs couches de vêtements. En tout, il y a seize slots d'armures et de vêtements, dont deux pour des bijoux. Quatre autres sont réservés à l'arme, l'arc, son carquois et le bouclier (ou bien la torche).
Ainsi, certains habits apporteront du charisme à Henry, parfait pour influencer certaines personnes. D'autres réduiront sa visibilité (les habits noirs) et le bruit, pratique pour les missions d'infiltration. Les PNJ réagiront différemment en fonction de ce que vous portez et pourront vous prendre aussi bien pour un mendiant, ou bien un preux chevalier. Parler à un péon en étant vétu comme Jacquouille n'aura pas le même effet que si vous avez mis votre armure milanaise (les armures italiennes étant les plus chères du jeu).
Il n'est pas nécessaire de porter tout le temps une armure. Étant lourde, il est préférable de la ranger dans les sacoches de votre cheval et la sortir au moment importun. Ce dernier s'avère très plaisant à manier et permet de parcourir les routes d'un grand territoire de 16km². Lui aussi peut être équipé pour améliorer ses capacités.
Passons au fameux système de combat, à la fois très bien animé et bien réalisé, mais pouvant causer de profonde frustration par moment. J'ai fait le choix de jouer à la manette, j'ai l'impression que le système est plus adapté ainsi plutôt qu'avec le combo clavier/souris. Les combats vont souvent vous provoquer des sueurs que vous soyez seul ou accompagné. Vous disposez de différentes armes classées en trois catégories (épée, masse, hache) provoquant différents types de dégâts (frappe, estoc et taille). Les coups d'estoc sont les plus efficaces pour tuer votre cible, les frappes permettent de l'étourdir alors que la taille réduit la défense de l'armure adverse en l'abimant.
Les combats sont réalistes, vous pouvez très bien tuer un bandit sans armure en un coup et passer plusieurs minutes sur un chevalier lourdement armé et protégé derrière un bouclier. Les différents coups portés à l'adversaire peuvent être dirigés vers cinq directions. L'adversaire agit également de la même façon. Vous devez à tout moment trouver l'ouverture. Lorsqu'il a son arme au-dessus de la tête, vous pouvez tenter de lancer une attaque par le bas, pour prendre un exemple simple, ou bien le feinter. Il existe des combos, à déverrouiller en améliorant vos compétences de combats. Personnellement, dans le feu de l'action, j'ai eu du mal à en faire.
Kingdom Come est certainement le jeu qui propose les combats au corps à corps les plus immersifs, encore plus si on porte un bacinet.
L'endurance est une donnée à prendre en compte pour les combats car elle se vide peu à peu à chaque attaque et défense, dès qu'elle est vidée, l'adversaire peut profiter de votre état de faiblesse momentanée pour vous faire du mal. Les combats demandent ainsi de la patience, et il ne sera pas rare de tourner autour de votre cible, tout en se protégeant derrière votre bouclier, pour reprendre votre souffle. Après chaque gros combat, vous devrez sans doute allez réparer votre armure, vous laver car vous avez été aspergé de sang et nettoyer votre arme pour éviter qu'elle rouille.
Enfin, signalons que Henry doit faire attention à sa santé s'il veut survivre dans cet environnement hostile. Il doit notamment se nourrir. Pour cela rien de plus simple, puisque des soupes populaires sont à disposition de tous dans chaque ville et campement. Vous pouvez aussi acheter la nourriture chez les différents marchands pour éviter la fringale. Il devra aussi se reposer. Toutes sortes de lits sont à sa disposition pour cela, payant au gîte, ou gratuit dans les campements. Il dispose aussi de logements mis à sa disposition par les seigneurs de la région.
Jeanne, au secours !
La cohérence de l'univers, la reconstitution parfaite, la solidité du scénario et le gameplay réaliste et abouti permettent d'oublier les bugs et problèmes d'optimisation de Kingdom Come : Deliverance et en font un jeu exceptionnel et unique dans l'industrie vidéoludique, historique ou non. Mais il pourrait entrer dans le Panthéon si Warhorse corrige certains éléments et en ajoutent d'autres.
À commencer par la chose la plus horrible du jeu : les temps de chargement. Il faut absolument que Warhorse corrige ce problème. Heureusement, ils en ont conscience et cela devrait être amélioré dans le prochain patch. Mais il est absolument regrettable que ces chargements intempestifs cassent le rythme d'une partie. C'est un monde ouvert qui se parcourt sans chargement, on entre dans les bâtiments sans chargement, mais pourquoi diable avoir mis des chargements pour les dialogues, alors que c'est une des composantes essentielles du jeu. Dans la plupart des missions, vous devrez discuter avec des gens, mener votre enquête, ou bien marchander des produits, malheureusement, on perd un temps fou à attendre 4-5 secondes, parfois bien plus, que la fenêtre de dialogue s'ouvre. Quand vous devez discuter avec une centaine de personnes, ça devient vite énervant.
Mais ce n'est pas le pire : le système d'attente et les voyages rapides, ça c'est de la torture psychologique. Là clairement, je suis obligé de sortir ma tablette pour lancer un mini-jeu tellement c'est long et que l'on ne peut pas le faire avancer rapidement. Il faut absolument que les développeurs proposent une alternative pour améliorer ce système.
Ensuite, nous avons le système de crochetage. Que ce soit difficile, c'est normal, étant donné que Henry n'a aucune connaissance en crochetage en début de partie. Plus on s'améliore, plus le crochetage devient enfantin... sauf à la manette. J'ai été obligé de passer au clavier/souris pour ouvrir les coffres. Là aussi les développeurs vont corriger ce système.
Passons aux choses qui manquent maintenant. Quand on parcourt l'univers de KCD, déjà bien riche, on s'étonne de l'absence de certaines choses. On sait que les développeurs ont dû faire des coupes, qu'ils n'ont pas respecté totalement le cahier des charges. On peut espérer que, avec le succès rencontré par le jeu, ils aient désormais les moyens et le temps nécessaires pour ajouter ces éléments. Cela passera par des DLC qui sont prévus, mais j'espère surtout par des patchs gratuits comme l'avait fait CD Projekt avec The Witcher 3. Pour l'occasion, j'ai préféré faire une liste. Ça n'engage que moi, mais ces éléments manquent au jeu :
- Les enfants : où sont-ils passés ? À mon grand étonnement, KCD est marqué par l'absence des enfants. Pourtant, c'est le jeu parfait pour montrer leur vie à cette époque, et cela aurait permis d'apporter plus de vie à ce jeu, et des quêtes supplémentaires.
- Un cycle hebdomadaire : un cycle jour/nuit est présent et plutôt bien fait. Cependant, à aucun moment, on ne peut savoir quel jour on est. C'est dommage, car cela aurait permis d'ajouter des routines aux PNJ et des animations aux villages qui en manquent cruellement. Le mardi pourrait être le jour de marché. Le jeudi, celui des exécutions. Et le dimanche, le jour de prière.
- Des charrettes sont bien présentes dans KCD, mais elles sont toutes à l'arrêt, aucune ne circule. Toutefois, l'animation existe puisque l'on en voit une en mouvement dans une cinématique. Cela amènerait pourtant de l'animation sur les routes de campagne. En plus, on a l'impression que les développeurs nous trollent en posant des charrettes accidentées le long de routes. Pour nous faire croire qu'ils n'ont pas réussi ?
- Les romances, quelle est leur utilité ? Dans KCD, on peut sortir avec une fille avec une cinématique érotique qui fera plaisir uniquement à Jean-Dylan. D'un intérêt inexistant, la romance s'arrête dès que Henry a fait son affaire. Il n'y a rien ensuite. Dans Skyrim, même si c'était mal fichu, l'époux/épouse pouvait s'installer avec le héros et tenir un commerce et adopter des enfants. Là c'est complétement inutile et la romance est aussi qualitative que Cinquante nuances de Grey.
- Rencontre aléatoire : à la manière de Skyrim, il est possible de rencontrer des PNJ sur les routes. Il y a des mercenaires qui nous proposent un combat d'entrainement, ou des brigands en embuscade. Il faudrait apporter plus de variété dans ces rencontres, car revivre plusieurs fois la même scène n'est pas très réaliste.
- L'univers de KCD manque d'interactions et d'évolutions. C'est dommage d'avoir créé un si bel environnement, pour en faire quelque chose de statique qui n'évolue pas d'un iota.
- Les animaux : KCD propose très peu de variété d'animaux. Dans la forêt, on ne croise que des lièvres, des cerfs ou des sangliers. Pour la première fois, un jeu de rôle ne propose pas de loups ! En ville, les chiens se ressemblent tous, à croire qu'il n'y avait qu'une seule race en Bohême. Et où sont les chats ? Et les rats ?
- Charbonniers, forgerons, bucherons, meuniers, tanneurs, marchands, prêtres, moines, tailleurs de pierre... plusieurs métiers sont représentés. Pourtant la société féodale est composée à 90% de paysans. Ça n'est sûrement pas le cas dans KCD, la plupart des champs sont vides, et les vaches ne sont surveillées par personne.
- Henry ressent la fatigue et la faim, mais qu'en est-il de la soif ? Avec son activité physique, il devrait boire au moins 3 litres par jours. Hors, la gestion de la soif n'est bizarrement pas présente dans le jeu qui se veut être réaliste. Les outres d'eau sont pourtant présentes, bien qu'en faible quantité par rapport à l'alcool.
- Est-on obligé d'être un alcoolique notoire ? Comme on l'a vu, il nous faut boire un alcool pour sauvegarder. Les développeurs devraient trouver une alternative sans alcool si nous voulons qu'aucune perversion ne touche Henry dans un but purement roleplay. Pourquoi pas du "jus de pommes du sauveur" ?
- Par manque de temps, les développeurs n'ont pas pu proposer une version originale en tchèque, j'espère pour l'immersion qu'elle pourra se faire.
Le test peut paraître long, mais KCD regorge d'autres choses non évoquées dans ces lignes. N'hésitez pas à nous poser des questions en commentaires, ou bien à regarder la vidéo de Zog ci-dessous pour en savoir plus.
L’avis de Zog
Kingdom Come : Deliverance est à n’en pas douter avec Assassin’s Creed Origins ce qui se fait de mieux en termes d’historicité de nos jours. Pouvant compter sur un scénario sympathique, un gameplay exigeant, mais tellement gratifiant, et des décors à couper le souffle, le jeu souffre toutefois de carences énormes, principalement dues à une optimisation indigne et déficiente, mais sur laquelle les développeurs s’activent à la tâche.
Qu’on se le dise : pour saisir tout le potentiel et le plaisir de ce titre, il faut s’accrocher. Joueurs incapables de persévérer plus de 5 minutes sans vous décourager, passez votre chemin, Kingdom Come n’est pas fait pour vous. Pour les autres…eh bien, bienvenue en Bohême. Si les premières heures de jeu sont frustrantes et l’apprentissage difficile, la suite n’est que récompenses et merveilles pour ceux qui auront eu le courage de s’accrocher.
Kingdom Come : Deliverance
Grandiose et frustrant
- +Univers cohérent et crédible
- +Scénario principal solide et captivant
- +Quêtes secondaires bien écrites aux objectifs variés
- +Beauté de l'environnement
- +Système de combat qui ne pardonne aucune erreur
- +Évolution du personnage d'Henry
- +Des personnages attachants
- -Sorti trop tôt
- -Mauvaise optimisation
- -Les temps de chargement
Graphismes
Rarement un jeu vidéo aura proposé des environnements, des paysages, des villes et villages aussi crédibles et réalistes. C'est un réel plaisir de se balader dans cette Bohême reconstituée avec moultes détails.
Technique
Le jeu est jouable, si on accepte d'y jouer en 30 FPS. Mais pour les 60FPS en ultra, il vous faut une machine beaucoup trop onéreuse, et encore... Le jeu est sorti trop tôt, il n'est pas optimisé, il y a trop de bugs et les temps de chargements sont trop longs.
Jouabilité
Le gameplay est volontairement dur et réaliste. Beaucoup de joueurs risquent d'abandonner rapidement, mais les plus persévérants apprécieront l'aventure à sa juste valeur. Les combats sont techniques et bien animés, et la personnalisation du héros est riche.
Durée de vie
Le temps de jeu peut facilement atteindre les 100 heures si on souhaite finir le jeu à 100% en prenant son temps, en jouant de manière réaliste et sans faire de voyage rapide. Il y a suffisamment d'activités et de missions à résoudre pour nous occuper.
Ambiance
Difficile de trouver une comparaison dans le milieu des jeux historiques, mais Kingdom Come : Deliverance nous immerge autant dans ce monde historique et réaliste que The Witcher 3 dans son univers fantastique. On s'y croirait. Il manque juste un peu plus de vie.
Scénario
Le scénario principal est suffisamment solide et captivant pour nous tenir en haleine jusqu'à la fin. Les quêtes secondaires sont bien écrites et aux objectifs variés, ce ne sont pas des quêtes fedex comme on peut en trouver sur certains RPGs.