Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • Mac OS X
  • Linux
ÉditeurParadox Interactive
DéveloppeurParadox Development Studio
Date de sortieJuin 2016

Hearts of Iron IV

Roi de Dreamland
6 juin
2016

Dans l'introduction d'un test écrit, il est de coutume de laisser un peu planer le doute et l'incertitude quant au degré de réussite ou d'échec du jeu. Pour Hearts of Iron IV, il ne peut décemment y avoir aucune place laissée au doute.

Annoncé initialement pour fin 2014, puis reporté au début 2015 avant de finalement débarquer sur nos PC pour le 6 juin 2016, Hearts of Iron IV aura su se faire attendre. Qu'à cela ne tienne. Tout est pardonné. Avec le quatrième opus de sa licence de grande stratégie consacrée à la Seconde Guerre mondiale, Paradox Interactive frappe un grand coup. Un coup de maître. Publiant en « Day one » un jeu quasiment sans failles, le studio suédois nous prouve qu'après tout, il faut mieux prendre son temps pour sortir un produit réussi.

Mais alors, pourquoi ce Hearts of Iron IV est-il une réussite au point de m'enchanter et de presque parvenir à me faire perdre mon objectivité ? Eléments de réponse.

Test d'Hearts of Iron IV

Faire peau neuve du vieil ancêtre

Sept ans. Cela fait maintenant sept longues années qu'est sorti Hearts of Iron III. A l'époque, Paradox en est encore à lutter pour assurer son développement interne. Le moteur du jeu, le « Clausewitz », en est à ses balbutiements. Loin d'être optimisé, et surtout très peu ergonomique, Hearts of Iron III est l'objet d'une énorme instabilité et de nombreux crashs. Le résultat ? Un jeu bien hardcore et long à prendre en main, à l'interface très austère et au multijoueur quasi inexistant. Oui, sauf que tout cela c'est du passé.

Sept longues années se sont écoulées et pendant ce temps, Paradox a fait son petit bonhomme de chemin. Le studio suédois s'est développé et s'est renforcé. Il a enchainé les succès : Crusader King II, Europa Universalis IV ou Stellaris récemment... en profitant ainsi pour perfectionner à chaque fois un peu plus son expérience des jeux de stratégie.

Aujourd'hui, « petit Clausewitz a bien grandi ». Hearts of Iron IV nous propose une expérience de jeu bien plus soignée que celle de son prédécesseur qui, en Day one, était loin d'être aussi abouti. De l'aveu du directeur du projet, Dan Lind, les standards de publication ont grandement évolué et Paradox Interactive ne se serait jamais permis de publier en 2016 un jeu dans un état similaire à celui de Hearts of Iron III à sa sortie. Ceci explique sans doute les reports successifs concernant la sortie du jeu.

Au final, cela nous donne une interface utilisateur très soignée et élégante, sans pour autant faire de fioritures. L'identité visuelle de Hearts of Iron IV est donc plus que réussie, avec notamment de jolis skins 3D pour vos unités. Le rendu visuel est bien plus agréable que ne pouvait l'être celui de Hearts of Iron III.

Par ailleurs, à l'heure où j'écris ces lignes, le jeu n'a pas crashé une seule fois en déjà 30 heures d'utilisation… Autant vous dire que Paradox a bien travaillé sur la stabilité de son programme et que vous risquez de voir plus d'une nuit blanche défiler.

Test d'Hearts of Iron IV

Des choix nouveaux pour un jeu nouveau

Hearts of Iron IV gagne également en clarté et en ergonomie. Cela pourra déplaire aux plus hardcore des joueurs qui prenaient leur pied à paramétrer chaque division une par une, mettant ainsi huit heures à planifier le premier jour de l'Opération Barbarossa. Sauf que Hearts of Iron IV se voulant massivement tourné vers le multijoueur et vers sa communauté, il ne peut plus se permettre de telles phases où un joueur monopolise la pause pendant des heures, faisant attendre tous les autres. Si Hearts of Iron III était avant tout destiné à une utilisation solitaire, ce n'est clairement pas le cas de son successeur.

Le résultat : une expérience de jeu bien plus confortable et pensée pour le joueur, loin de la draconienne austérité de Hearts of Iron III. Certes, ce choix est un pari audacieux qui risque de déplaire aux joueurs aimant le détail et le côté micro-gestion qu'avait Hearts of Iron III.

Pour autant, Dan Lind rappelle également dans l'interview qu'il nous avait accordé qu'Hearts of Iron IV est un jeu de grande stratégie, et pas de micro-gestion. Aussi, s'il vous est offert la possibilité de contrôler les armées, vous devrez le faire dans une vision d'ensemble. Hearts of Iron IV, c'est en fait l'histoire d'un arbitrage et d'un équilibre qu'il a sans doute été délicat d'atteindre : celui de rendre le jeu accessible sans pour autant perdre l'authenticité et le réalisme qui forment son essence même.

Test d'Hearts of Iron IV

Aussi, on pourrait se laisser tenter de croire que Hearts of Iron IV est moins profond et moins complet que ne l'était Hearts of Iron III… Qu'il ne constituerait qu'une sorte de version simplifiée vidée de sa substance, rendue arcade pour plaire au plus grand nombre. Ce serait une erreur de penser cela. En effet, les choix qui ont été portés par Paradox Interactive risquent d'en décevoir quelques-uns, comme je l'ai déjà dit, mais il faut avant tout comprendre que si Hearts of Iron IV est moins complexe à jouer que son prédécesseur, ce n'est pas pour autant qu'il perd en terme de richesse ou de contenu.

Dans les faits, Paradox s'est contenté de supprimer tout l'inutile et le superflu pour se concentrer de façon riche et profonde sur ce qui importe vraiment dans un jeu de grande stratégie. Ainsi, vous ne gérerez plus votre armée brigade par brigade, mais est-ce-que cela est vraiment grave ? Etait-ce indispensable ? Non.

Pour autant, le jeu vous permet toujours de constituer vos divisions en choisissant leurs compositions. Il va même plus loin que Hearts of Iron III en intégrant un nouveau mécanisme de compagnies de supports que je vous ferais découvrir avec tout plein d'autres choses dans les vidéos et tutos qui suivront sous peu.

Test d'Hearts of Iron IV

Il en va de même pour les flottes, les convois marchands et les escadrilles aériennes dont la gestion au cas par cas rendait la chose injouable ou très rébarbative dans Hearts of Iron III. Ici, les mécanismes concernant vos forces aériennes et navales ont clairement été rationnalisées dans le sens d'une gestion facilitée, mais toujours aussi poussée. C'est le plaisir de jouer qui prime donc.

Ainsi, Hearts of Iron IV supprime tout ce qui était inutile et superflu dans Hearts of Iron III et le remplace par divers ajouts judicieux qui conduisent à une expérience de jeu bien plus personnalisée et appréciable.

Si une infime partie des joueurs pourra être dérangée par ces choix, l'immense majorité (qui de toutes façons finissait par automatiser la gestion d'un grand nombre de choses dans Hearts of Iron III) les accueillera chaleureusement.

Une expérience de jeu renouvellée et plus personnalisée

L'un des énormes problème d'Hearts of Iron III, outre son système antique de multijoueur par IP directe et son manque de fiabilité, c'était le manque de liberté qu'il offrait au joueur, enfermé dans des mécaniques de jeu très lourdes le condamnant le plus souvent à suivre l'Histoire sans trop s'en écarter. Ainsi, quand vous jouiez la France, il était bien souvent impossible de pouvoir intervenir dans la Guerre Civile Espagnole en raison de la mécanique dite de la neutralité. Idem pour les Etats-Unis qui étaient contraints de rester isolationnistes jusqu'au lancement de la guerre. Les cas où le jeu s'écartait énormément de l'Histoire étaient assez rares. Or, l'intérêt du jeu vidéo est de pouvoir s'écarter de l'Histoire et de la remodeler. Ainsi, Hearts of Iron IV fait le choix de prendre le contrepied de son prédécesseur puisque via le système des focus nationaux, il permet une diplomatie bien plus libre, sans aucun déterminisme.

Prenons le cas français. Si vous faites le choix de réformer votre gouvernement, vous pourrez alors soutenir ou réviser le Traité de Versailles. Dans le cas de la révision du Traité, vous pourrez alors adopter une politique favorisant l'essor d'une France fasciste ou communiste, chose qui était simplement quasiment irréalisable dans Hearts of Iron III.

Aussi, Hearts of Iron IV est marqué du signe de l'uchronie puisqu'il offre au joueur une liberté diplomatique et bien plus de souplesse dans les alliances. Attendu au tournant, Paradox ne déçoit pas sur ce point. Vous pourrez par ailleurs cocher ou décocher une option autorisant l'IA à agir en totale indépendance vis-à-vis de la trame historique de l'époque. On dépasse alors le simple cadre du cours d'Histoire interactif auquel correspondait 9 parties sur 10 de Hearts of Iron III.

Le joueur, libéré de ces contraintes, ne se retrouvera donc plus figé et pourra déclencher plus facilement des guerres, sans pour autant pouvoir agresser n'importe qui. Si vous êtes une démocratie qui se refuse à être agresseur, votre degré de liberté sera par ailleurs lié au pourcentage de tensions mondiales, observable en haut à droite.

Test d'Hearts of Iron IV

Vos actions diplomatiques menés sur les pays tiers ne seront d'ailleurs pas sans conséquences. Le fait de soutenir un mouvement sympathisant en dehors de vos frontières aura des effets concrets observables. En tant que joueur allemand, vous pourrez par exemple semer le trouble dans l'opinion publique britannique en favorisant l'essor du fascisme Outre-Manche. De telles mécaniques, si elles existaient déjà dans Hearts of Iron III, étaient clairement sous exploitées à l'époque. Par ailleurs, les concepteurs se sont également assuré que les plus petits pays soient également agréables à jouer. Libre à vous de tenter l'aventure avec l'Albanie si le cœur vous en dit. Parole de Zog !

Enfin, la production d'unités fait également peau neuve, remplaçant l'ancien système de « capacité industrielle » par une nouvelle mécanique couplant des usines civiles et militaires chacune dotées d'un potentiel de production qui garantit une gestion de vos industries plus réaliste et flexible. Outre cela, vous pourrez également constituer des stocks avec vos anciens matériaux militaires et les déployer en cas de pénuries, ce qui ne manque pas d'offrir également au joueur une gestion militaire moins rigide que celle qu'il aurait pu connaitre dans Hearts of Iron III.

Et justement, parlons-en du militaire ! Là encore, le jeu nous propose une refonte totale par rapport à ce qui s'est fait avant. Le système et l'outil de plan de bataille, bien qu'encore perfectible, est dans l'ensemble une réussite qui rend la conduite des guerres moins exigeante mais tout aussi excitante. Si l'on ajoute à cela le fait que le jeu sera modable sur le Steam Workshop et les DLC à venir, on ne peut qu'être excité à propos de l'avenir qui attend Hearts of Iron IV.

Des similitudes persistantes avec Hearts of Iron III

Face à toutes ces nouveautés, il est certain qu'Hearts of Iron IV est bel et bien un nouveau jeu, et non pas une sorte de Hearts of Iron III remis au goût du jour. Si l'ensemble des nouveautés implémentées sont plutôt inspirées et vont dans le bon sens, il reste cependant une évidente familiarité avec Hearts of Iron III et d'autres jeux de chez Paradox.

Ainsi, si l'espionnage a disparu (mais pourrait refaire son apparition dans un prochain DLC ?), les ministres restent eux en place, de même que les arbres de recherches, déterminant à l'avènement de votre puissance militaire et industrielle. Pas de panique donc, le nouveau bébé de Paradox Interactive s'apprivoise assez « facilement », surtout si vous êtes familier avec d'autres titres du studio. L'interface utilisateur est notamment reconnaissable au premier coup d'œil et il ne m'a fallu pour ma part « qu'une petite dizaine d'heures » pour saisir l'ensemble des subtilités de Hearts of Iron IV.

Test d'Hearts of Iron IV

Autre similitude, la bande son. Bien qu'étant nouvelle, elle ressemble fortement aux pistes d'ambiances qui étaient diffusées dans Hearts of Iron III. L'ambiance sonore, signée par le talentueux compositeur Andreas Waldetoft, est donc réussie sans pour autant être révolutionnaire.

Outre cela, les différentes options d'interactions diplomatiques avec des pays tiers étaient également pour leur part toutes déjà présentes dans Hearts of Iron III et ses DLC. Pas de nouveauté révolutionnaire sur ce plan non plus donc, mais une meilleure optimisation de ce qui pouvait déjà se retrouver dans la version précédente.

Ce test touche à sa fin. J'ose espérer qu'il aura su vous présenter dans les grandes lignes Hearts of Iron IV afin que vous puissiez vous faire votre avis.

9.5
Hearts of Iron IV

La guerre sublimée
Vous l'aurez compris, je ne saurais que trop vous recommander l'achat si vous êtes fans des jeux de grande stratégie, car il est à mon sens ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle. Attendu depuis longtemps, Hearts of Iron IV ne déçoit pas. Ce qui constitue le plus ambitieux des projets de Paradox est une véritable réussite parvenant à remporter un franc succès là où son prédécesseur pêchait cruellement.
Intérêt historique :Que dire... si ce n'est que ce Hearts of Iron IV tient toute ses promesses. Si le sacrifice de la microgestion pourra déplaire aux joueurs les plus hardcore, le titre de Paradox Interactive parvient à laisser au joueur une véritable liberté d'action rendant le jeu plus intéressant que jamais d'un point de vue historique.
  • +Un jeu beau, stable, épuré et agréable visuellement
  • +Un jeu simplifié qui se débarrasse du superflu sans pour autant perdre sa richesse
  • +Un jeu qui offre plus de liberté au joueur, lui permettant de refaire l'Histoire
  • +Un jeu au potentiel très fort
  • +Les « petites » nations, rendues parfaitement jouables grâce à la nouvelle diplomatie
  • +Une réussite sur quasiment tous les plans
  • +La priorité donnée au plaisir de jouer
  • -Des choix assez radicaux qui pourront déplaire aux joueurs aimant micro-gérer
  • -Une interface qui manque parfois encore un peu de clarté
  • -Une version française bien plus correcte que celle d'HOI III, mais qui reste perfectible
  • -Le système de plan de bataille, très ambitieux mais encore sous exploité
  • -Des DLC qui s'annoncent couteux…

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