Chronique : L'Histoire jour après jour
19 mai 2013 par Kreuzberg et Aymdef | Chronique historique
Chères lectrices, chers lecteurs, amies gameuses, amis gameurs ! Voici votre chronique dominicale !
HistoriaGames, au delà de sa passion des jeux vidéos, se veut toujours plus proche de l'Histoire, qui est l'origine même de sa création. C'est ainsi que Kreuzberg, chroniqueur, nous livre, jour après jour sur la page Facebook de notre site (http://www.facebook.com/) les événements de l'Histoire. Du 1er Janvier au 31 Décembre, retrouvez les événements qui ont marqués l'Histoire de l'Humanité sur notre page Facebook et sur la chronique hebdomadaire dédiée à la réédition de ces événements.
Plongez-vous dans l'Histoire...
13 mai
1871 : Loi des Garanties en Italie (en forme longue Loi des Garanties sur les prérogatives du Souverain Pontife et du Saint-Siège et sur les relations de l'État avec l'Église). Suite à l'unification de tous les États italiens en un, les États Pontificaux avaient disparus, créant l'épineuse "Question Romaine", sujet difficile à traiter pour le nouveau gouvernement royal italien uni. Ne désirant pas traiter avec Pie IX, les politiciens italiens choisissent de régler le problème par une loi, et non par un acte de négociation la puissance italienne et la puissance pontificale ; c'est déjà un affront au Sacré Collège et au Souverain Pontife.
La Loi des Garanties définit les choses suivantes : le Pape possède une immunité devant les tribunaux italiens, a un droit d'inviolabilité de sa personne, a la liberté de correspondance et de pratiquer le culte religieux et possède une protection pénale contre les injures publiques. De même, le Souverain Pontife peut recevoir les honneurs souverains et à la capacité d'envoyer et de recevoir des ambassadeurs munis d'une immunité diplomatique. Enfin, le chef de la religion catholique reçoit du gouvernement italien une rente de 3,225 millions de lires et le droit de séjourner dans les palais du Vatican, du Latran et de Castel Gandolfo.
En revanche, l'Etat italien ne reconnaît aucune souveraineté au Pape sur les territoires susnommés, juge que ses tribunaux sont capables de punir les crimes commis au sein des palais pontificaux et bâtiments religieux de Rome et enfin les possessions pontificales ne bénéficient pas du statut international d'extraterritorialité.
Autrement dit, l'Etat italien enferme le Pape et le Sacré Collège dans une cage dorée avec la Loi des Garanties. D'ailleurs, Pie IX refusera de se plier à la Loi des Garanties dans l'encyclique "Ubis nos" le 15 mai de la même année. Finalement, le conflit entre l'État italien et l'État pontifical, et finalement la "Question Romaine" en elle-même, ne se régleront qu'avec les Accords de Latran signés en 1929.
14 mai
1610 : Alors que le carrosse royal s'engage dans la rue étroite et encombrée de la Ferronnerie à Paris, Henri IV est assassiné par un catholique fanatique. Celui-ci saute sur le marchepied du carrosse et poignarde le roi de France et de Navarre.
Cette personne fanatique se nomme François Ravaillac, fils d'un père violent et d'une mère pieuse. Il présente un profil psychologique fort troublé. Il prétend avoir des visions notamment une lui demandant de convaincre Henri IV de convertir les huguenots (des Français protestants). Il n'a jamais pu rencontrer Henri IV et décida alors de l'assassiner au moment où il apprit que le roi a préféré intervenir dans la guerre de Succession de Juliers (Henri IV soutient les princes allemands protestants face à l'empereur germanique qui est catholique). Ravaillac prit cela pour une tentative d'agression envers la papauté.
Il hésita longtemps et le jour fatidique arriva. Il suit le carrosse qui vient de sortir du Louvre, en route pour l'Arsenal où le roi doit rendre visite à son ministre et confident Sully. Ravaillac saute dans le carrosse et assassine le "Dragon roux de l'Apocalypse" (surnom d'Henri de Navarre donné par les ultra-catholiques). Ce que l'on retient en plus de cet assassinat, c'est le supplice de Ravaillac qui suivit le 27 mai.
Son ordonnance d'exécution pour « l'inhumain parricide par lui commis en la personne du Roi Henri quatrième » du 27 mai 1610 précise que le condamné, une fois soumis à la question par 4 fois puis pénitence faite, doit être conduit en place de Grève où il est destiné à « [être] tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit régicide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble. Ensuite, son corps sera tiré et écartelé par quatre chevaux. Les membres de son corps seront consommés au feu, réduits en cendres et jetés au vent. » Les bourreaux auront eut du mal à exécuter tout cela car Ravaillac était particulièrement robuste, cela dura près d'une journée et un des 4 cheval dû être remplacé. Le bourreau fut d'ailleurs forcé à entamer les bras et les jambes avec un couperet...
15 mai
1902 : Sortie de "Voyage dans la Lune" de Georges Méliès. C'est le tout premier film de science-fiction (bien que le terme n'existe pas à l'époque). Le scénario parle de la décision du professeur Barbenfouillis de partir sur la Lune avec ses collègues scientifiques suite à un colloque d'astronomie. Ils seront expulsés dans l'espace et arriveront sur la Lune par un canon géant. Pour en savoir plus, regardez le film ; Jules Verne et Herbert Wells sont les inspirateurs du réalisateur Georges Méliès.
Le film dure 14 minutes, une durée plus qu'acceptable pour les films de l'époque, et est propagé en deux versions : une version noir et blanc, et une version peinte à la main (ici, nous vous proposons une version restaurée). Composé de 13 375 images (ce qui fait une bande cinématographique de 257,56 mètres de long), il est muet comme tous les films réalisés avant les années 1920. Trente tableaux seront peints par les artistes peintres pour constituer un décor fabuleux qui marquera des générations. "Voyage dans la Lune", c'est aussi l'un des premiers films contenant des effets spéciaux. Bien que ces effets semblent ridicules pour notre époque, ils sont révolutionnaires en 1902. De même que les plans proposés sont riches et variés malgré les contraintes de tournage de l'époque, qui imposent une caméra fixe.
Le film fera un triomphe et influencera plusieurs réalisateurs contemporains. Et pourtant, vingt ans plus tard, Méliès vend des jouets à la gare Montparnasse, ruiné...
16 mai
1364 : Bataille de Cocherel. Plusieurs jours auparavant, le roi de France avait confié au connétable Du Guesclin de dégager la Seine occupée par les forces anglo-navarraines qui font le blocus de Paris. Le 11 mai, le duc de Bretagne allié du roi de France part de Rouen pour marcher sur les arrières anglais. Le 14, les forces navarraines sont levées pour stopper la progression bretonne. Mais pourtant, le 15 mai, Jean de Grailly, commandant navarrain, fait stopper ses troupes à Cocherel. Suivant la tactique anglaise, il fortifie la ville en surévélation et attend les troupes bretonnes et françaises. 3 000 hommes menés par Du Guesclin se positionnent sous un soleil de plomb face à 6 300 anglo-navarrains retranchés.
La matinée est axée sur les négociations entre les deux camps, sur le choix des tactiques à adopter et sur la galvanisation des troupes de chaque côté. Les Navarrains font croire qu'ils attendent des renforts ; ils veulent ainsi forcer les Français à charger, acte militaire qui serait défavorable à Du Guesclin. A 15h, le connétable fait sonner les trompettes et ordonne la retraite de l'armée française. C'est en réalité une feinte. Le général navarrain connaît les tactiques de Du Guesclin et ne fait pas bouger ses troupes. Mais le général anglais Jean Joüel fait charger ses troupes en dépit des recommandations du commandant navarrain. Du Guesclin fait faire un volte-face à ses troupes et en quelques heures à peine, les trois bataillons français provoquent la défaite des forces anglaises. Les chevaliers gascons chargent les Navarrains affolés par derrière. Le général navarrain est capturé, et le général anglais est tué. Cocherel est prise et la Seine libérée ; Charles V peut être sacré à Reims en paix, sans se soucier du précédent blocus de Paris brisé par Du Guesclin.
17 mai
1536 : Exécution de George Boleyn qui précède celui de sa sœur Anne. Anne Boleyn était la deuxième épouse d'Henri VIII roi d'Angleterre. La précédente reine, Catherine d'Aragon, était fort appréciée par le peuple anglais. Anne était vue comme une intrigante et une usurpatrice. Durant son bref règne débuté en 1533, elle se fait beaucoup d'ennemis à la cour. Thomas Cromwell, ministre et conseiller du roi Henri VIII, chercha un moyen pour se débarrasser d'Anne. Les témoins se font nombreux. Son musicien, trois courtisans de la cour et son propre frère George sont accusés d'être ses amants. Véridique ou pas, tous - hormis un courtisan qui l'avoua sous la torture - démentent ces accusations.
Le 2 mai 1536, Anne est arrêtée et amenée à la tour de Londres, accusée d'adultère, d'inceste et de haute trahison. Les 5 hommes sont reconnus coupables et condamnés à mort. Anne recevra le même verdict le 15 mai, bien qu'elle ait réfuté toutes ces accusions avec véhémence. Le roi opta pour la décapitation plutôt que le bûcher en guise de clémence. La décapitation sera d'ailleurs fait à l'épée, jugée plus noble et plus efficace que la hache... Les présumés amants de la reine dont George Boleyne sont exécutés en ce jour du 17 mai. Le même jour, l'archevêque déclare le mariage d'Anne et du roi invalide et leur fille Élisabeth, illégitime.
Le 19 mai suivant, Le gouverneur de la tour de Londres décrit la scène ainsi :
« Ce matin elle m'envoya chercher, car elle voulait que je l'accompagne dans sa communion pour que les gens comprennent son innocence et me dit ceci : "M. Kingston, j'ai entendu que je ne mourrai pas avant midi. Je suis déçue car je pensais être morte à cette heure et avoir oublié ma souffrance." Je lui répondis qu'elle ne souffrirait pas, c'était peu. Et elle me dit : "J'ai entendu que le bourreau était très habile, et j'ai un petit cou", elle prit alors son cou entre ses mains et se mit à rire. J'ai vu beaucoup de femmes exécutées, et elles étaient toutes en grande peine, et à ma connaissance, cette femme était dans la joie en l'attente de la mort. Son aumônier est toujours avec elle depuis deux heures après minuit. »
Sur l'échaffaud, Anne fit cette courte déclaration :
« Bon peuple chrétien, je suis venue ici pour mourir, parce que selon la loi et par la loi je dois mourir, alors je ne parlerai pas contre. Si j'ai été amenée à cette fin par la volonté de Dieu, je ne suis ici pour accuser personne, ou pour parler de ce dont je suis accusée et condamnée à mort, mais je prie Dieu pour sauver le roi et pour qu'Il lui accorde un long règne, car jamais il n'y eut de prince plus doux et clément, et, pour moi, il a toujours été un bon et doux souverain. Et si une personne s'intéresse à ma cause, je lui demande de juger pour le mieux. Sur ce, je prends mon congé du monde et de vous tous, et je vous demande du fond du cœur de prier pour moi. »
L'exécution fut brève, d'un seul coup d'épée...
18 mai
1302 : Matines de Bruges. La "Venise du Nord" était un important carrefour commercial médiéval, lieu de départ de l'importation de la laine de mouton venant d'Angleterre. Mais les échevins flamands, soucieux de conserver le pouvoir, s'approprièrent le monopole du commerce de Bruges et voulurent conserver leurs places en mairie. La tension monta d'un cran lorsque le roi Edouard Ier d'Angleterre fit ouvrir un point d'échanges commerciaux de particuliers, un point de vente où les échevins n'avaient aucun pouvoir. La rivalité atteint son paroxysme. Lesdits échevins appelèrent à la rescousse leur suzerain, le roi Philippe le Bel de France. Une garnison de 1 000 soldats français s'installa dans Bruges révoltée.
Inspirés par les Vêpres Siciliennes qui avaient chassés les Français de Sicile plusieurs années plus tôt, les milices communales flamandes menées par le charismatique Pieter de Coninck décidèrent de massacrer la garnison. La nuit du 18 mai, les miliciens flamands s'introduirent dans les chambres des soldats et partisans français. La légende veut que les Flamands répétaient « Des gilden vriend ? » (ce qui signifie « Ami des guildes ? »), et si la réponse était négative, les intéressés étaient tués. Les historiens belges, quant à eux, préfèrent la thèse selon laquelle les miliciens révoltés flamands dirent "Schild en vriend" ce qui est difficile à prononcer en français, et ce qui trahirait par conséquent les soldats de Philippe le Bel. La quasi-totalité de la garnison française fut massacrée par les milices communales flamandes de Bruges. Le gouverneur Jacques de Saint-Pol réussit néanmoins à fuir avec quelques survivants.
Le 11 juillet, les troupes de Philippe le Bel subiront une nouvelle défaite, à Courtrai, face aux milices communales flamandes. Ce sera la "bataille des Éperons d'Or", en mémoire des chevaliers français tués et désarçonnés. La fracture entre les Flandres et la France sera bel et bien consommée.
19 mai
- 1643 : 17.000 fantassins et 8.000 cavaliers assiègent la place forte de Rocroi, dans les Ardennes, sous le commandement de don Francisco de Mello. Louis II de Bourbon-Condé, le duc d'Enghien, alors âgé de seulement 23 ans, attaque les Espagnols en compensant son infériorité numérique par sa rapidité de manoeuvre et en faisant un large usage de la cavalerie. Les Espagnols perdent l'essentiel de leurs forces et pas moins de 250 drapeaux. Cette bataille marque la victoire retentissante d'un jeune général français, mais met également fin à la réputation d'invincibilité des «tercios» espagnols, des unités composées de piquiers, d'arquebusiers et de fantassins armés d'épées. Elle marque aussi le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles ou religieuses. Et quoi de mieux pour le jeune Louis XIV (âgé de 4 ans) de commencer son règne débuté il y a quelque jours après la mort de Louis XIII survenu le 14 mai.. Vous trouverez un long résumé de la bataille sur HistoriaGames par ICI.
- 1802 : Le Premier Consul Napoléon Bonaparte crée par décret l'Ordre de la Légion d'honneur pour récompenser les actions civiles et militaires. La Légion d’honneur rompt avec la tradition des ordres de l'Ancien Régime en étant ouverte à tous, et non plus seulement aux officiers. Certains Républicains y voient une atteinte au principe de l’égalité civique, Bonaparte se justifie en clamant : « Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui savait se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. » Sous la Restauration, les grades prendront leur appellation définitive : chevalier, officier, commandeur, grand officier et grand-croix.
- Kreuzberg Ex-Chef de la section littérature , Ex-Testeur, Ex-Chroniqueur, Ex-Historien
- Ancien membre d'HistoriaGames : Tombé au combat