Seconde Guerre mondialeFront de l'Ouest
Bataille de Hannut
Lors de la campagne des 18 jours et de l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes, la première bataille de blindés de l'Histoire opposa le corps de cavalerie français au XVI. Armee-Korps.
Cet affrontement resta dans l'histoire comme le premier d'un nouveau type de guerre où l'arme mécanique prend une ampleur sans égale et permet aussi de réellement observer les différences technologiques entre la France et l'Allemagne en 1940.
La mise en place
Le 10 mai 1940, l'armée allemande entre en Belgique et au Luxembourg sans déclaration de guerre. L'armée française met en œuvre alors le plan Dyle réalisé en novembre 1939 et prévoyant une intervention en Belgique pour stopper la Wehrmacht. C'est dans le cadre de ce plan que le corps de cavalerie français (composé des 2ème et 3ème Divisions légères montées) reçoit l'ordre de ralentir l'avancée allemande jusqu'au 14 mai pour permettre aux alliés de créer une nouvelle ligne de défense.
Le corps de cavalerie français se place le 11 mai aux environs de Hannut. Le général Prioux, qui commandait les opérations, dispose à ce moment de 411 chars, 147 automitrailleuses, 104 canons dont 40 antichars et 12 de DCA. Le XVI. Armee-Korps possède quant à lui 674 chars, 112 automitrailleuses, 317 canons, dont 159 antichars. La supériorité numérique allemande n'est donc pas négligeable.
Somua S-35, véhicule blindé français considéré comme le meilleur char de combat français en 1940.
L'Affrontement
Le 11 mai les forces françaises se déploient en prévision de l'attaque allemande. La journée est rythmée par des combats sporadiques entre l'avant garde allemande de la 4ème Panzer Division et la 3ème DLM (Divisions Légères Mécaniques).
Le 12 mai l'affrontement commence et les 4ème et 3ème Panzer Division attaquent le 12ème Cuirassier ainsi que le 11ème Dragon. Dans les airs la VII. Luftflotte prend rapidement la maîtrise du ciel. En fin de matinée, le 35ème Panzer Regiment attaque les positions du 2ème Régiment de Cuirassier à Crehen.
Ce dernier résiste mais se retrouve très rapidement encerclé par les blindés allemands. Ce n'est qu'au prix d'une contre-attaque de la 2ème DLM, engendrant de nombreuses pertes, que le 2ème Cuirassier put se replier. Durant toute la journée, les combats se poursuivirent sans pour autant entraîner l'évolution du front. Malgré tout, les Français du 12ème réussirent à arrêter les forces blindées allemandes.
Le 13 mai, le 12ème Cuirassier ainsi que le 11ème Dragon doivent à nouveau résister à de nombreuses attaques allemandes ainsi qu'au harcèlement de leurs positions par la luftwaffe. En début d'après-midi, la 3e DLM reçoit l'ordre de se replier d'une dizaine de kilomètres pour se reformer.
L'après-midi les efforts allemands se concentrent à nouveau sur le 11ème Régiment de dragons situé à Orp. En effet le matin même entre 80 et 100 chars allemands furent tenus en échec par quelques chars français jusqu'à 13:30, moment où les positions françaises commencèrent à céder du terrain. Mais le 1er Régiment de cuirassier et les chars restant du 11ème Régiment de dragons contrattaquèrent et repoussèrent les blindés allemands. La ville d'Orp ne fut prise qu'à 16 heures par les forces allemandes après des combats acharnés.
Dans la nuit du 13 mai, la majorité des forces françaises se replièrent sur la nouvelle ligne de défense alliée et le 14 mai les quelques détachements français furent mis en déroute par les panzers allemands.
Conclusion
Cet affrontement met en valeur la supériorité technologique des chars français (102 chars français détruits dont la moitié par l'aviation pour 160 chars allemands) puisque par exemple les chars Somua S35 ne pouvaient être percés que par les panzers III et IV et avec difficulté.
Cependant, cette bataille révèle aussi les problèmes d'état-major qui n'ose pas attaquer et préfère un comportement défensif à celui d'une grande offensive. Il faut également y associer la suprématie aérienne allemande.
Cette bataille sur le plan tactique est une victoire pour les alliés puisqu'elle permit de ralentir l'avancée allemande en Belgique mais d'un point de vu opérationnelle elle ne permit pas d'arrêter les divisions de panzers. La bataille de Hannut montre donc parfaitement l'écart de pensée entre les officiers supérieurs allemands et français qui menèrent aux désastres, quelques semaines plus tard, de la campagne de France.
- LeBrun Ancien membre d'HistoriaGames
- « Dans une guerre, ce qui se passe, ce n'est jamais ce qu'on avait prévu. Alors ce qui compte, c'est d'avoir le moral ! » de Marcel Bigeard