Une base allemande sort de terre en Normandie
Le Mur de l’Atlantique, puissante fortification érigée par l’organisation Todt dans l’espoir de repousser les armées alliées, refait surface en Normandie.
L’INRAP (Institut National des Recherches Archéologiques Préventives) a récemment annoncé la découverte d’une base allemande entière à proximité de Bretteville-sur-Odon, en Normandie. D’après l’archéologue Benoît Labbey, "C'est la première fois que nous fouillons une partie non maritime du mur de l'Atlantique et aussi vaste (2,2 ha). On a un site intact, figé parce qu'il a été remis en culture", dans cette petite commune non loin de Caen.
Les prospections archéologiques ont fait la trouvaille en sondant le terrain, tout juste racheté pour un projet immobilier devant démarrer bientôt. Le site mesure 300 mètres de long et a été fouillé au long du mois de juin dernier. Jugez plutôt :
Tout a fait complet, le site a révélé les structures correspondants à une batterie de six canons antiaériens de 20 millimètres, ainsi qu’aux lieux de vie de la garnison teutonne chargée desdits canons.
En outre, la fouille a révélé pas moins de deux mille objets différents laissés par les soldats : poêle pour se chauffer, horloge, vaisselle, lampe, sommiers, et même des pièces d’avions.
Au total, on estime que cette base, occupée entre 1941 et 1944, entretenait entre 120 et 150 soldats. Détail intéressant, on note que les toits des abris sont réalisés en béton non armés, contrairement aux structures présentes sur les plages.
"Plus on va dans les terres, plus les casemates sont légères. Plus loin d'ici dans les terres, elles sont faites juste de bois et de terre", a déclaré Mr. Labbey. “Dans le sud de la zone, on a quelques tranchées ainsi que l’emplacement des pièces antiaériennes, des abris rectangulaires enterrés sans toit, maçonnés avec des pierres de la carrière qui se situait à proximité. Au Nord, les baraquements des soldats, sans doute des cabanes en bois, elles aussi enterrées avec juste la toiture qui dépasse. On a découvert également des trous d’hommes pour la surveillance immédiate.”
L’endroit était apparemment connu sous le nom de “Stützpunkt Bretteville”, ce que l’on traduit par “point d’appui de Bretteville”, et constituait l’un des trois postes de commandements destinés à coordonner la défense antiaérienne de la région, notamment en raison de la proximité de l’aérodrome de Carpiquet, base importante de la Luftwaffe qui fut attaquée par la 3e division canadienne lors de l’opération Windsor. Quelques balles et chargeurs vides laissent penser que de brefs combats ont probablement eu lieu pour la prise de cette base; après quoi les civils français se sont servis de l’endroit comme d’une déchetterie.
« C’est un site archéologique exceptionnel et inédit, on a trouvé très peu de sites de Flak aussi bien conservés. Avec la destruction des archives de la Luftwaffe, on sait très peu de choses sur son organisation. », confie le directeur interrégional de l’INRAP pour la région Grand Ouest, Mr. Claude Le Potier.