Découverte d’une nécropole romano-étrusque en Corse

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25 février
2019

On a tendance à l’oublier, mais l’Île de Beauté fut très tôt occupée dès le Néolithique, et habitée par d’importantes populations durant toute l’Antiquité. À Aléria, autrefois connue sous le nom d’Alalia, son nom latin, une importante campagnes de fouilles archéologiques programmées vise a sauvegarder une importante nécropole mise au jour ces dernières années.

La ville actulle d’Aléria est relativement réduite mais elle avait, dès l’Antiquité, une position essentielle dans l’ouest de la Méditerranée, notamment pour le commerce. Ce pourquoi elle fut occupée et colonisée autant par les Romains que par les Grecs, les Carthaginois et les Étrusques, avant leur écrasement par Rome.

Des fouilles archéologiques ont donc cours sur place depuis les années 50, afin de mieux connaître le site. En l’occurence, le projet Aléria travaille sur une nécropole présentant une grande densité de tombes, datées du IIIe siècle avant J.-C. au IIIe siècle après.

Découverte d’une nécropole romo-étrusque en CorsePhoto R. Haurillon, Inrap

Rien de bien renversant jusqu’ici, mais le site a révélé une surprise de taille lorsque, en fouillant les couches inférieures, on fit la découverte d’un hypogée (un tombeau creusé dans le sol) s’enfonçant sous terre.

Découverte d’une nécropole romo-étrusque en CorsePhoto J. Filippi

« Ces tombes vont probablement accueillir plusieurs morts; en raison des dépenses nécessaires, elles étaient réservées aux personnes ayant un statut social élevé dans la société locale - pas nécessairement un membre de l'élite, mais peut-être un marchand prospère », a déclaré Laurent Vidal, un des responsables d’opération, au journal Corse Matin.

Découverte d’une nécropole romo-étrusque en Corse  Découverte d’une nécropole romo-étrusque en CorsePhoto R. Haurillon, Inrap

Grâce au mobilier de céramique découvert sur le site, ce complexe a pu être daté précisément, et nous savons qu’il a été aménagé à l’époque où Alalia connut une grande prospérité, et où elle fut l’enjeu d’une compétition entre puissances régionales.

Cet hypogée n’a pas encore été totalement fouillé, mais il est de style étrusque. C’est une découverte exceptionnelle dans tout le bassin méditerranéen occidental; et particulièrement précieuse pour la connaissance des Étrusques, peuple sur lequel nous souffrons d’un manque d’informations.

Découverte d’une nécropole romo-étrusque en CorsePhoto J. Filippi

« Le bon état de conservation des restes squelettiques pourrait aider les anthropologues à déchiffrer les modes de vie et les conditions de santé antiques », a déclaré à son tour Elena Varotto, bioarchéologue de l’université de Catane.

« Les techniques auxquelles nous avons recours ont évidemment beaucoup évolué par rapport à celles utilisées dans les années 60 », remarque l'anthropologue Catherine Rigeade. « Le domaine relevant de la biologie, qui fournit de précieuses informations à partir de l'ADN ou des matières organiques contenues dans les vases, par exemple, nous permet désormais de déterminer l'identité des défunts - leur âge, leur sexe, mais aussi les maladies dont ils souffraient éventuellement - ainsi que la nature des offrandes qui les accompagnaient dans la mort. De façon à extraire des données les plus précises possible, ces éléments sont envoyés dans des laboratoires spécialisés pour y être traités et analysés. »

Parmi les nombreuses pièces de mobilier funéraire découvert, ont été mis au jour des jeux d’osselets inhumés avec des dépouilles d’enfants, des parures, vases et bijoux précieux.

Les résultats du projet Aléria seront diffusés au public après analyse et interprétation par les archéologues de l'INRAP.