Le nouveau métro de Thessalonique révèle le passé de la ville
La municipalité de la ville de Thessalonique a récemment entrepris un important chantier pour construire un métro, qui doit être achevé en 2020 et inauguré dans la foulée.
Mais comme souvent dans un pays doté d’un richissime patrimoine historique, des travaux de cette ampleur ont mené à d’importantes découvertes archéologiques. Certaines parties de l’histoire de l’antique cité grecque nous sont encore relativement mal connues ; c’est ainsi que la découverte des vestiges d’une route datée du VIe siècle après J.-C. et d’autres éléments similaires, ont révélé d’importants efforts investis dans le développement de l’urbanisme de la ville, probablement sous le règne de l’empereur Justinien de Constantinople.
« Nous ignorions que des travaux d'urbanisme d'une telle ampleur avaient été réalisées à cette époque, probablement sous (l'empereur byzantin) Justinien », remarque la directrice du département des Antiquités de Thessalonique, Mme Polyxène Adam-Vélèni. « Nous avons été surpris de découvrir la route dans un état aussi exceptionnel, cette phase de l'histoire de la ville nous était inconnue », explique-t-elle à l'AFP.
Mieux encore, les fouilles préventives entreprises ont mis au jour les vestiges d’une importante villa dotée d’un système de bains chauds.
Outre les vestiges de constructions, les archéologues ont découvert plus de 300 000 objets différents, dont pas moins de 50 000 pièces de monnaies, une fontaine, les restes d’une église chrétienne primitive ; les restes d’ateliers d’orfèvrerie. Détail amusant, les fouilles ont même permis de mettre au jour… une petite bague en or, dans les couches composant les fonds de bassins, probablement égarée par une femme ayant fait l’erreur de se baigner avec le bijou au doigt, et qui l’a perdue à jamais.
Ces découvertes ne sont heureusement pas les premières ; depuis le début du chantier du métro de Thessalonique en 2003, les archéologues et les ouvriers tombent sans arrêts sur des vestiges historiques ; ce qui a causé d’importants retards. Ainsi, plus de 5000 tombes et tombeaux ont déjà été découverts et fouillés, et les quartiers commerçants de la vieille ville sont de mieux en mieux connus.
Entre autres découvertes, les fouilles ont permis de mettre au jour de petits récipients de la taille d’une grenade, qui a posé problème aux archéologues avant que l’on comprenne qu’il s’agissait d’outils d’orfèvre ; les récipients servants à contenir le mercure entrant dans la fabrication des bijoux.
Évidemment, des fouilles archéologiques aussi importantes et aussi longues ont entraîné un surcoût des travaux, estimé à plus de 75 millions d’euros. Néanmoins, la municipalité ne semble pas avoir choisi entre les vestiges de son passé et la modernité du transport urbain : les travaux seront menés à bout et une fois le chantier achevé, les vestiges seront mis en valeur de manière à ce que les passants puissent découvrir le plan de la vieille ville de Thessalonique et sur son quartier commerçant.
« Nous faisons les deux, la ville découvre et expose son histoire », dit M.Mylopoulos, professeur de génie civil et ancien recteur de l'Université Aristote de Thessalonique. « Ces sites archéologiques seront ouvert au public… une ville sous la ville, exactement comme elle était au troisième et quatrième siècle après J.-C. ».