Tribune : Cas de conscience sur Assassin's Creed Odyssey

El Presidente
Thématique
Grèce antique
10 octobre
2018

Les propos tenus dans ce billet d'humeur n'engage que l'auteur et ne reflète uniquement que son avis en fonction de ses attentes et sa façon de jouer. Vous avez tout à fait le droit de penser autrement. Dans ce cas, n'hésitez pas à argumenter votre avis en commentaire.

Cela fait quelques jours qu'Odyssey est disponible sur nos machines préférées. Tous les sites de jeux vidéo ont déjà proposé leur test, sauf un ! Le nôtre... En effet, contrairement aux "grands" sites généralistes, et non spécialisés, nous n'avons pas reçu de version presse nous permettant d'y jouer (et de le rusher) quelques jours avant sa sortie.

En conséquence, ne vous attendez pas à lire notre test dans les prochains jours. Odyssey demandant du temps, beaucoup de temps, pour être fini à 100%, notre test ne pourra être publié avant le mois de novembre.

Personnellement, après la claque reçue avec Origins, Odyssey était dans ma shortlist de jeux à posséder absolument. J'ai donc préféré, au grand dam de mon porte-monnaie, me faire plaisir en investissant dans une édition « Spartan » au contenu fort intéressant. Ainsi, en plus du jeu de base, du « saison pass » et de quelques goodies, j'ai eu droit à une magnifique statuette parfaitement exécutée qui prend beaucoup de place. De plus, j'ai pu y jouer dès le 2 octobre et depuis je ne décroche pas ! Mais...

Tribune : Cas de conscience sur Assassin's Creed OdysseyUn choix difficile dès le début de l'aventure !

Jeu de rôle, ma passion

Avant de vous expliquer pourquoi j'ai terminé mon intro par "Mais...", laissant penser qu'il y a un problème quelque part, revenons sur le genre principal de cet Odyssey : le jeu de rôle.

Ce genre est ma grande passion depuis la découverte de Baldur's Gate durant ma tendre jeunesse avant les années 2000. Depuis, j'ai joué à tout ce qui se fait de meilleur dans la catégorie : des The Elder Scroll au tout récent Pathfinder : Kingmaker, en passant par Planescape Torment, Final Fantasy, Fallout, Dragon Age, Divinity : Original Sin, Star Wars : KOTOR, Pillars of Eternity, Mass Effect, Bard's Tale, Neverwinter Night, Icewind Dale, Kingdom Come : Deliverance, The Witcher... Bref, la liste est longue, et il me faudra certainement deux vies supplémentaires pour découvrir ceux auxquels je n'ai pas joué.

À chaque jeu, ses propres règles, ses propres univers. Mais il y a une chose importante : c'est la possibilité de jouer un rôle (le roleplay en anglais). Il nous faut incarner un personnage en prenant en considération son comportement, ses états d'âmes... Dans un jeu de type Donjon & Dragon ou Pathfinder, comme Baldur's Gate ou Pathfinder : Kingmaker, on prend des décisions en fonction de notre alignement. Alors qu'un personnage "Bon" va aider l'orphelin qui mendie dans la rue, l'être "Mauvais" va plutôt lui prendre sa maigre pitance et lui rire au nez. C'est particulièrement grisant lorsque le jeu nous offre la possibilité de choisir notre propre destinée et nous laisse libre d'agir selon notre bon vouloir.

Pour ma part, j'ai du mal à jouer un personnage mauvais, car il est rare de trouver des jeux de rôle qui récompensent comme il se doit les élus du mal. Sauf peut-être dans le récent Pathfinder : Kingmaker, mais le jeu est actuellement beaucoup trop bugué pour l'apprécier à sa juste valeur.

Misthios, ma vie, mon travail

Pourquoi je vous raconte ma vie, me direz-vous ? Tout simplement, parce que Odyssey est un pur jeu de rôle qui nous offre une grande liberté pour forger notre propre destin. Ubisoft a beaucoup promu le jeu à ce sujet à travers notamment des vidéos. Un peu sceptique au début, il se révèle que c'est clairement le point fort du jeu (en plus d'autres qui seront traités dans le test), mais il me pose quelques questions existentielles.

En effet, j'ai un peu du mal à embarquer dans l'histoire que nous propose Odyssey. Le jeu est excellent au niveau du gameplay, il n'y a rien à redire, c'est au-dessus d'Origins qui était déjà très bon, mais j'ai l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser. J'ai déjà recommencé le jeu deux fois et je vais certainement devoir le faire une troisième fois après quelques 15 heures de jeu et deux régions complètement visitées, car je ne suis pas satisfait de l'aventure que je suis en train de mener et des actions que j'ai accompli jusqu'à maintenant.

Dans Origins, le chemin était clair, on savait qui était notre ennemi et qui devait être tué. Le scénario était super classique mais au moins, je savais quoi faire. On était un protecteur des Égyptiens et on devait tout faire pour les protéger, quels que soient les moyens employés.

Dans Odyssey, on incarne un misthios. C'est à dire, étymologiquement, "une personne qui est embauchée" pour exécuter un certain nombre de tâches en échange de drachmes, la monnaie grecque, sans poser de questions. Cela s'apparente à un mercenaire. Si on devait faire un parallèle avec les alignements de Pathfinder ou Donjon & Dragon, ce serait des personnages "Loyal Neutre" qui vont respecter jusqu'au-boutisme un contrat sans critères moraux. On n'est donc ni bon, ni mauvais.

Je ne suis qu'au début du jeu, et les choses peuvent évoluer. Elles le devront en tout cas, sinon cela risque d'être assez barbant de jouer au toutou des puissants.

Par contre, j'ai l'impression que mon personnage n'a pas vraiment besoin de tout cet argent, il ne semble pas avoir des goûts de luxe ou l'envie de gravir les échelons dans la société. L'argent va lui servir à quoi à part améliorer son équipement et son navire ? Peut-être que cela sera possible, je ne le sais pas encore, mais le fait d'investir dans une villa par exemple justifierait l'intérêt d'être un mercenaire, à mon sens.

Tribune : Cas de conscience sur Assassin's Creed OdysseyEncore un père de famille qui ne rentrera pas chez lui ce soir...

Sparte ? Athènes ? Ou les deux ?

Dans Odyssey, on incarne l'enfant disgracié d'un général spartiate. On vit dans une petite île après avoir été recueilli par le cousin Roman... euh Markos, un gars un peu simplet mais pas bien méchant. Sur cette île paisible, aucun conflit n'a eu lieu.

Après avoir enchaîné les petits boulots, on est entraîné dans la guerre du Péloponnèse qui oppose Athènes à Sparte. Chaque région est détenue par un camp que l'on devra combattre. En tant que mercenaire, on ne devrait prêter allégeance à aucun camp, on n'a pas à épouser leur cause. On est là pour l'argent qu'ils nous offrent en échange de service. Odyssey nous permet donc d'aider un des deux camps, soit à maintenir son influence dans la région, soit à s'y installer. Mis à part la première région Megaris, qui nous oblige de combattre pour Sparte, le choix nous appartient ensuite de choisir quel camp combattre ou soutenir.

Donc, une fois, on est avec Sparte, et une autre fois on peut combattre pour le compte des Athéniens, et vis et versa. Après, c'est peut-être juste une méconnaissance de la vie des mercenaires au temps de la Grèce antique. C'est peut-être tout à fait normal pour eux de passer d'un camp à un autre. Si vous savez des choses sur le sujet, n'hésitez pas à nous le dire en commentaire !

Encore une fois, je ne suis qu'au début et peut-être cela sera expliqué par la suite, mais j'ai cette impression d'être largué au milieu de cette guerre sans trop savoir pour qui je dois combattre.

Lorsque c'est dans le cadre d'un contrat, cela me pose moins de problème. Mais si, comme moi, vous aimez explorer les cartes à 100%, on tombera forcément sur un camp de Spartiates (ou Athéniens) sur lequel n'a été attribuée aucune quête. Pourtant, si je souhaite terminer la région, ce qui n'est pas une obligation, je dois m'y rendre et y remplir les différents objectifs. Je devrais donc tuer ces pauvres soldats sans défense et créer tout un tas d'orphelins pour le simple plaisir de l'argent et de la découverte ? « Mais c'est un jeu, ce n'est pas la réalité », vous allez dire ! Oui, je sais... mais ça me pose un problème quand même.

J'essaye d'être roleplay à chaque jeu de rôle auquel je joue, mais là c'est un peu compliqué lorsque le gameplay semble incohérent vis à vis du scénario et si on veut tout explorer à 100%. Tout explorer, donc tout tuer, c'est parfois aller à l'encontre des idéaux que je veux fixer à mon personnage.

Mon crédo, ma façon de jouer

Personnellement, je pense avoir trouver une solution à mon « cas de conscience ». Je pense que j'ai pris le jeu par le mauvais bout, en voulant absolument tout explorer et en liquidant tout ce qui bouge, en oubliant l'essence même de la série : l'infiltration. À l'origine de la série, le but était quand même d'exécuter une mission sans être vu.

Je vais m'imposer mon propre crédo dès le début, sous la forme de défi qui vont rendre encore plus difficile un jeu qui l'est déjà (et ça c'est bien !). Ubisoft a dit que c'est à nous de "forger notre destin". C'est donc à nous de choisir comment on souhaite jouer, comment doit se comporter notre personnage, qui on doit tuer, qui doit être laissé en vie... Le jeu propose suffisamment de possibilités et de choix qui ont des conséquences réelles pour construire notre personnage.

Voici mon crédo :

  • Je ne tuerai personne sauf en cas de légitime défense ou dans le cadre d'un contrat.
  • J'exécuterai les contrats sauf s'ils vont à l'encontre de l'idéal de mon personnage (on peut refuser).
  • Dans les camps et forts spartiates et athéniens, je ne ferais que les objectifs prioritaires (je ne chercherais pas à tuer tout le monde absolument, sauf retournement de situation dans le scénario).
  • J'essayerai au mieux d'assommer les soldats de base qui me gênent plutôt que de les tuer directement.
  • Je tuerai tous les bandits et les pirates. Ça c'est normal !
  • J'adapterai mes compétences et mon équipement en conséquence.

Bon, pour le choix du camp entre Sparte et Athènes, la question reste ouverte. Le choix se résume à la récompense. Si on choisit les défenseurs, la récompense sera moindre que si on est dans le camp de l'attaquant.

Je ne sais si vous êtes dans mon cas, n'hésitez pas à en discuter dans ce cas, on est là pour être à votre écoute ! Mais si vous pensez autrement, et au contraire, vous avez su trouver votre chemin, dites-le nous aussi (en évitant les spolié, bien entendu) !

Sur ce, je retourne au jeu !

  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter
  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton