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À l'écart d'un petit village du Nord-Pas-de-Calais se dresse, comme ancré dans la roche, un étrange dôme de béton depuis longtemps recouvert par la végétation. Ce vestige d'un passé pas si lointain n'est ni plus ni moins une immense base de lancement pour les armes de représailles V2 construite entre 1943 et 1944.

Ayant pour vocation de saturer Londres sous les V2, cette base ne servit fort heureusement jamais cette funeste besogne grâce aux matraquages des bombardiers alliés jusqu'à sa capture par les Anglais. Longtemps resté inaccessible après la guerre, le site abrite désormais un musée sur l'endroit même mais aussi sur les sciences dans la guerre.

Un résumé historique vitesse grand V

Contrairement à ce jeu de mot douteux, la Coupole d'Helfaut-Wizernes est quant à elle bien sérieuse. En effet, le site, qui se trouve dans une carrière, devait être le fer de lance dans le lancement des V2, et ce à hauteur de pas moins de cinquante lancements par jour ! En théorie du moins... En pratique cependant, le site n'atteindra jamais le stade opérationnel, aucune de ces armes aveugles ne décolla du pas de tir.

En effet, construit entre 1943 et 1944, le site est connu dès août 1943 des Alliés, qui saisissent immédiatement l'importance de ce bunker géant. Ainsi, la Coupole se situa en « bonne position » dans la liste des objectifs de l'opération Crossbow, qui devait détruire tous les sites destinés aux lancements d'armes de représailles.

Ce ne sont donc pas moins de 14 raids de bombardiers qui sont organisés contre le site entre le 11 mars 1944 et le 4 août 1944. Les Alliés n'y allèrent d'ailleurs pas de mainmorte, on notera par exemple l'utilisation des Tallboy (bombe spéciale de 5 tonnes). Or, malgré cela, ce gigantesque bunker resta intact (sauf les alentours devenus lunaires). En apparence en tout cas, car certaines galeries s'effondrèrent sous les ondes de chocs des bombes. Bien que ce ne fût pas visible, cela a été suffisant pour stopper les travaux en « attendant » l'avance alliée.

  Vue aérienne du site après les nombreux bombardements alliés. Le paysage lunaire témoignant à lui seul la violence des bombardements.

Le 5 septembre 1944, après les durs combats de Normandie, les Anglais capturent le site et le font immédiatement examiner par des ingénieurs. S'en suit alors un ballet d'experts venant enquêter et étudier le site avant de boucher les tunnels pour condamner la coupole.

La base d'Helfaut-Wizernes resta donc abandonnée et oubliée de tous pendant des décennies. Cependant, dans les années 1980, des initiatives pour développer le tourisme dans la région se réintéressent à ce site devenu historique. Mais il fallut encore attendre 1997 pour voir le musée s'ouvrir, et c'est ce musée que j'ai visité et dont on va parler.

Depuis la fin de la guerre, la nature a très clairement reprit ses droits.

Les sciences ? La guerre ? Les deux !

Au premier regard, la visite de la Coupole peut paraitre comme n'importe quel musée de ce type. En effet, la première partie de la visite se déroule dans les galeries même du site où l'on nous explique la construction du bunker.

Mais c'est sans aucun doute la seconde partie de l'endroit qui vaut le détour. Sous l'imposant dôme de béton se situe en fait le musée à proprement parler. Ce dernier est plus porté sur les sciences en temps de guerre plutôt que sur l'endroit. Et c'est justement cette mise en avant des sciences qui est particulièrement pertinente.

La première partie de la visite d'effectue dans les tunnels, le silence est d'ailleurs de mise en mémoire des travailleurs forcés, morts en creusant l'endroit.

De fait, on oublie très souvent que les guerres ont été également synonymes de grand progrès en toutes sortes de matières. La Seconde Guerre mondiale en est l'exemple le plus frappant : naissance du missile balistique, de l'avion à réaction, maitrise de l'atome et j'en passe.

Le décalage est frappant, car de cette guerre particulièrement horrible sont nées des technologies encore utilisées aujourd'hui. Par exemple, le musée de la Coupole met en perspective la réalisation de la V2 et des réalisations de Von Braun qui ont permis d'aller sur la Lune avec les milliers de morts qu'elles ont engendrés. Non seulement, elles ont été utilisées contre les civils, mais les concepteurs ont exploité les prisonniers de l'usine de Dora qui sont morts en construisant ces fusées.

  C'est sous le dôme même que se situe la plus grande (et aussi meilleure) partie du musée.

Dans tous les cas, si vous passez dans le Nord-Pas-de-Calais dans les environs de Helfaut-Wizernes, le site de la Coupole est certainement un musée qui mérite d'être vu. Celui-ci est extrêmement bien fait et consacré à un sujet relativement méconnu du grand public, le tout pour un prix abordable. Par ailleurs, pour les amateurs d'astronomie, il y a même la présence d'un planétarium, mais ceci est une autre histoire.