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Date de sortieFévrier 2019 |
Tannenberg : À l’est du nouveau
Commencer une série de jeux sur la Première guerre mondiale par Verdun, c’était audacieux de la part des développeurs de Black Mill Games et M2H. Le système de conquête de tranchées a fait fureur parmi les joueurs qui attendaient depuis trop longtemps un jeu sur ce conflit oublié. Mais s’atteler au front de l’est dans Tannenberg, c’est aussi sortir de ce système de tranchées pour avoir des cartes plus ouvertes... et donc un style de jeu différent.
Tannenberg permet aux joueurs de s’éloigner de la boue du front en France pour s’immerger dans les combats terrifiants du front de l’est. Mais les grandes plaines étendues russes, polonaises et d’Europe de l’est sont plus aptes à recevoir de grandes manoeuvres dans le pur style napoléonien que la France ou la Belgique. C’est ce défi qu’ont décidé de relever les développeurs pour Tannenberg. Petit tour d’horizon.
Exit les tranchées
Le joueur de Verdun sera particulièrement dépaysé dans Tannenberg (et ce pas seulement à cause des cartes différentes). En effet, alors que Verdun se plaçait dans une dimension plutôt en longueur faite de tranchées à prendre, les cartes de Tannenberg n’ont plus cette forme de « couloir ».
Elles sont découpées en secteurs qu’il faut capturer et tenir... l’ennemi n’est donc plus forcément celui qui est en face du joueur, et cela est particulièrement déstabilisant pour n’importe quel joueur déjà vétéran sur Verdun.
Ici, il faut regarder dans toutes les directions afin de voir quels sont les points faibles du secteur défendu, mais aussi où sont les camarades de notre équipe et sur quel secteur ils portent leur attention. À ce niveau, la révolution est déjà immense et les premières heures sont assez spéciales pour qui n’est pas encore habitué.
1. Voici la carte obtenue lors d'une demande de tir d'artillerie ; à droite se trouvent les différents obus, débloqués en fonction du niveau de l'escouade. - 2. La nouvelle carte de déploiement, qui change bien de Verdun. - 3. La carte Pologne, de nuit. Les effets sont très sympathiques. - 4. Exemple d'une mitrailleuse : on y voit pas grand chose avec le bouclier.
Si l’ambiance du front occidental était très bien reconstituée dans Verdun (avec ses tranchées et paysages lunaires), celle du front de l’est le semble tout autant. Les cartes vont des bords de la Baltique à la Roumanie et sont toutes caractérisées par leurs grands espaces avec - paradoxalement - peu d’endroits pour se mettre à couvert.
Là où Verdun célébrait le combat rapproché, les tirs à une centaine de mètres maximum, Tannenberg promet des tirs plus lointains, mais exceptionnellement sans la présence de fusils snipers.
Cela n’est pas une erreur : ces armes ont été utilisées sur le front de l’ouest où la relative immobilité des lignes amenait d’autres types de combat. Mais à l’est, pas de tranchées ou de véritable ligne de front : deux armées qui se lancent à l’assaut l’une de l’autre.
Idem du côté des mitrailleuses, exit la classe adéquate... sans pour autant signer la mort des mitrailleurs. En fait, sur chaque carte, des mitrailleuses fixes seront positionnées aux points vitaux et permettront une défense plus simple de chaque point. Là encore, par rapport à Verdun, ce choix peut paraître étrange... mais il ne l’est pas du tout ! Vu le poids d’une mitrailleuse entière (une vingtaine de kilogrammes avec le bouclier, trépied etc), impossible de les déplacer sur de longues distances.
5. Les cartes enneigées sont très belles. - 6. Le masque à gaz fait encore partie de la dotation. - 7. Tannenberg est assez différent de Verdun pour le lancement d'une partie. - 8. La carte Roumanie, avec la fameuse colline à prendre.
Des constantes dans le changement
Si les différents changements énoncés plus haut vous ont fait avoir des sueurs froides, arrêtez tout et ne vous inquiétez pas. Tannenberg reste dans la lignée de Verdun pour le gameplay ; ainsi, les escouades sont toujours là dans les parties à 64 joueurs.
Plusieurs nations sont jouables : Frontoviks, Cosaques et Roumains d’un côté contre Allemands, Austro-Hongrois et Bulgares de l’autre.
En plus de la disparition des mitrailleurs, la gestion des tirs d’artillerie a aussi été modifiée. Le chef de section n’a plus la possibilité d’en appeler une via le panel d’ordre, mais doit se rendre sur une position qui contient un téléphone de campagne.
9. Niveau ambiance, chacun est servi. - 10. Les développeurs ont fait un gros effort sur tous les effets graphiques. - 11. Un combat en forêt. - 12. Regardez-moi ce menu !
Les escouades de quatre joueurs permettent la découverte de nouvelles armes bien spécifiques comme le fusil Mosin-Nagant, le sabre cosaque ou les armes nationales (Martiny-Henri, Mannlicher, etc) qui changent beaucoup de ce qui est connu dans Verdun.
De ce côté-là, aucun changement, et le jeu en escouade est toujours favorisé grâce à des bonus. Par exemple, l’officier allemand pourra se servir de ses hommes comme “relais” afin de demander des frappes d’artillerie.
Seul petit point particulier : les différences entre unité d’assaut et de ligne, comme dans Verdun, sont gommées dans Tannenberg, au profit d’un nivellement du style de jeu.
13. Là, on retrouve du Verdun. - 14. Les artworks de chargement sont très jolis. - 15. L'escouade roumaine, notez l'interface très différente. - 16. Une partie à peu près équilibrée.
Des cartes à 64 joueurs
Passées les premières minutes de découverte du jeu (principalement là où on se dit « ah ouais mais Verdun c’était pas ça du tout »), la recette de Tannenberg fait plutôt bonne figure.
Les grandes cartes sont diverses et promettent différents terrains d’affrontement : en forêt, dans un village, dans un champ… Il y a un certain plaisir à redécouvrir une liberté de mouvement qui n’était pas possible dans Verdun.
Mais Tannenberg n’est pas forcément plus ou moins nerveux que son grand frère, car les affrontements pour la capture de certains points n’ont rien à envier à la cruauté des combats des tranchées.
La répartition de ces points est d’ailleurs assez bien pensée, tout comme les bonus qui sont apportés par la capture : ici un temps de réapparition plus court, là une frappe d’artillerie...
17. Les combats dans un village où on se rend compte que le fossé est mieux que rien pour se protéger. - 18. Des Russes avec l'uniforme de début de guerre. - 19. L'uniforme final des Russes comprend un casque Adrian français. - 20. L'ambiance brumeuse pour la neige est parfaite.
Au centre de la carte se trouve toujours le point de contrôle le plus important, car une partie de Tannenberg se joue sur le modèle déjà fort usité des tickets. Chaque équipe débute avec 1500 tickets, et voit son nombre descendre ou stagner en fonction des secteurs capturés ; assez basiquement, celle qui arrive à zéro perd le match.
Les cartes sont toutes prévues pour accueillir 64 joueurs et sont le plus ouvertes possible. Tannenberg a servi de « crash test » aux développeurs pour l’ajout de bots afin de remplir les serveurs. Le résultat est vivant et permet d’avoir des parties complètes, qui n’empêche pas un seul joueur humain de s’amuser. À chaque nouvelle connexion, un bot est retiré, ce qui permet petit à petit d’obtenir des serveurs de 32 contre 32.
On peut cependant encore regretter la présence de ces bots qui ne semblent être bons qu’à suivre les ordres donnés par le chef d’escouade et à rester debouts pour tirer. Si un bot n’est pas un problème, leur jeu en groupe est plus dangereux puisqu’ils font pleuvoir une grêle de balles sur le pauvre joueur surpris. Mais bien sûr rien ne remplace un joueur humain pour la coordination et le jeu.
Du côté de la réalisation des cartes, les développeurs se sont surpassés. Outre la possibilité d’avoir différentes conditions climatiques allant de la neige au brouillard en passant par un beau soleil, chaque carte a bénéficié d’un énorme soin. Village, champs, engins agricoles, mais aussi colline fortifiée à prendre et champs de bataille ravagés, il y en a pour tous les goûts.
Le grand point positif est que les joueurs qui pouvaient être lassés du paysage dans Verdun ne le seront pas sur Tannenberg, qui couvre, il est vrai, un front beaucoup plus grand et varié. J’ai vraiment apprécié monter à l’assaut de la colline fortifiée sur la carte en Roumanie tout comme avoir une vue parfaite depuis une position fortifiée sur une carte dans les Carpathes.
21. Une escouade allemande - rien de nouveau sous le soleil. - 22. Les combats sont très durs dans une église... - 23. La carte du front. - 24. La liste des configurations bulgares.
Tannenberg comme laboratoire ?
Si vous suivez Verdun et Tannenberg depuis quelques temps, vous savez que de nombreux ajouts sur le dernier jeu ont fini dans le premier, notamment les bots et les parties à 64 joueurs.
Ainsi, le premier dépaysement que le nouveau joueur subira dans Tannenberg est celui de l’interface qui est totalement différente de celle de Verdun. Après quelques minutes de familiarisation, la nouvelle s’avère en fait bien plus intuitive et bien plus belle. Mais comme une image vaut mieux qu’un long discours, consultez les captures d’écran pour voir ce à quoi vous allez être confronté à ce sujet. À terme, elle sera implantée dans Verdun et les autres opus de WW1 Games Serie.
Il semblerait que d’autres essais sont en préparation pour Tannenberg, et du coup, pour Verdun... L’avantage est que le jeu permet ainsi de voir autre chose - de sortir la tête de la tranchée, quoi.
Tannenberg
Un voyage à l’est bienvenu
- +Une nouvelle gamme d’armements tous aussi intéressants les uns que les autres
- +Des cartes très détaillées
- +Un système de réapparition plus intuitif
- -Les bots ont tendance à être encore un peu trop limités et inutiles
- -Beaucoup d’informations à acquérir notamment sur les bonus d’escouade
- -Des options graphiques qui ont tendance à laisser un peu derrière les PC les plus anciens
Graphisme
Sans être digne des superproductions vidéoludiques, Tannenberg est un Verdun en un peu plus soigné. Les effets terrestres et dans le ciel sont agréables à l’oeil tout comme le soin apporté aux uniformes. On pourrait cependant demander un petit peu mieux en 2019.
Jouabilité
Tannenberg est un peu moins intuitif que Verdun, surtout dans les premières heures de jeu. Mais très vite le joueur peut se remettre de ses surprises et va apprendre à le maîtriser.
Ambiance
Si on peut regretter la quasi-absence d’ambiance de fond (qui m’avait impressionné dans Verdun), nous sommes illico projetés dans le premier conflit mondial avec les tirs, les cris et les interjections des soldats (sans oublier leurs râles d’agonie parfois très marquants).
Technique
Tannenberg souffre des mêmes problèmes - mineurs - que Verdun au niveau de l’optimisation mais reste très bien réalisé.
Durée de vie
Multijoueur et proposant en plus du mode manoeuvre un match à mort et un mode d’usure (vulgairement résumé un chacun pour soi), la durabilité de Tannenberg est infinie.
Scénario
Il n'y en a pas.
- Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
- « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque