Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurEugen Systems |
DéveloppeurEugen Systems |
Date de sortieJuin 2019 |
Steel Division 2
Deux années après sa sortie, Steel Division : Normandy 44 divise toujours autant les joueurs. Si dans l’ensemble, le titre offrait une expérience de jeu des plus sympathiques et satisfaisantes, beaucoup furent ceux à ne pas accrocher à son gameplay ou à rester sur leur faim face au trop faible effort de contextualisation d’Eugen Systems vis-à-vis de l’opération Overlord.
Ainsi, et de l’avis de certains, Steel Division : Normandy 44 n’offrait qu’une succession de batailles sans véritable fil conducteur qui fasse ressentir au joueur l’évolution et le déroulement du débarquement de Normandie. Ayant conscience de ces limites et de ces reproches faits à son premier titre, le développeur français Eugen Systems entendait bien y remédier et corriger le tir lorsqu’il annonça vouloir remettre le couvert avec Steel Division 2.
Exit la Normandie, ses plages et son bocage. Direction les vastes étendues boisées et les petits villages bucoliques de Biélorussie. Un véritable défi pour le studio qui s’attaque à un sacré morceau en la personne de l’opération Bagration, l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande, offensive de la Seconde Guerre mondiale en termes de moyens humains et matériels engagés sur le terrain. Ce n’est certainement pas Vladimir P., de Moscou, qui me contredira.
Se passant pour l’occasion du soutien d’un éditeur et finançant lui-même entièrement son bébé, Eugen Systems fit face à de nombreuses difficultés, d’autant plus que la sortie du jeu s’opéra dans un contexte chaotique ponctué par des reports successifs. À mesure que la date de sortie était encore et toujours repoussée, les joueurs (dont certains avaient très probablement précommandé le jeu) grimaçaient et voyaient leur inquiétude croître. C’est que dans l’industrie du jeu vidéo actuelle, ce genre de communication laisse souvent craindre le pire quant à la qualité du produit final.
D’un autre côté, il est souvent préférable pour un développeur de s’octroyer le temps supplémentaire dont il a besoin pour sortir un jeu fini. C’est le choix, pour le coup plutôt honnête et respectueux envers ses joueurs, qu’Eugen Systems a décidé de faire. Il faut dire qu’avec Steel Division 2, ce studio expert et reconnu en matière de STR (R.U.S.E, Act of War, Wargame…) met sa réputation et sa crédibilité en jeu.
À travers ce test, voyons donc si le pari osé que s’est lancé le développeur français a été payant. C’est parti pour le test détaillé de ce Steel Division 2.
L'Opération Bagration comme si vous y étiez
Comme indiqué en introduction de ce test, l’un des principaux reproches qui fut fait à Steel Division, premier du nom, était la trop faible contextualisation qu’il offrait de l’opération Overlord. Message reçu 5 sur 5 par les développeurs. Là où son aïeul faisait défaut, Steel Division 2 met le paquet !
En de multiples endroits du jeu, le joueur est constamment immergé et plongé au cœur de l’opération Bagration, de son déroulement, et de son contexte historique. Que ce soit dans les campagnes du mode « Army General », que nous allons présenter en détail dans les lignes à venir, dans les batailles historiques, dans l’interface des différents menus ou encore plus simplement en bataille et en escarmouche, vous serez continuellement projeté dans l’enfer du front de l’Est. C’est une très bonne chose, car cela vous permet en une fraction de seconde de comprendre les enjeux de Bagration et de situer l’importance de la bataille que vous jouez au sein de cette opération.
Une foule de détails contribue à renforcer cette sensation d’authenticité historique. Disons-le clairement : pour l’amateur d’Histoire, c’est un vrai bonheur, et difficile de bouder son plaisir face à pareil réalisme !
Pour ceux qui dormaient au fond de la classe en cours d’Histoire (bien qu’elle ne soit pas enseignée dans les lycées français...), l’opération Bagration consiste en une offensive majeure soviétique qui prit part du 22 juin au 19 août 1944. Menée en parallèle de la bataille de Normandie, elle opposa quatre fronts soviétiques au groupe d’armées Centre allemand.
L’objectif de l’armée rouge était clair : repousser les forces allemandes et leurs alliés hongrois et roumains de Biélorussie et effectuer une percée sur le front permettant de mener à l’encerclement et à l’anéantissement de la plus grande partie du groupe d’armées Centre. Mobilisant de part et d’autres des moyens considérables, Bagration est à n’en pas douter un moment décisif de la Seconde Guerre mondiale à l’Est.
Maintenant que le décor est planté, venons-en au gros morceau de ce Steel Division 2 : la nouveauté majeure par rapport au premier opus. Je veux bien évidemment parler du mode de jeu « Army General », cette nouvelle campagne annoncée avec énormément d’ambition par des développeurs qui ne nous promettaient rien de moins que de rejouer des morceaux de l’opération Bagration à l’échelle 1 :1. Alléchant sur le papier, mais qu’en est-il en réalité ?
Si Army General fut l’un des principaux arguments venant vanter les mérites de Steel Division 2 et la belle promesse qu’il constituait durant son développement, il fut aussi et sans doute la principale raison qui contraignit les développeurs à repousser la date de sortie du jeu à plusieurs reprises. Dans cette campagne se déroulant au tour par tour, vous allez alterner entre le niveau opérationnel, via une phase se déroulant sur une carte d’état-major où vous déplacerez vos régiments, et le niveau tactique, où vous serez sur le terrain et jouerez les batailles avec vos unités.
Globalement, cette logique reprend le système des campagnes des jeux vidéo Total War, mais en se focalisant ici exclusivement et bien plus en profondeur sur le seul volet militaire. Quatre théâtres différents sont proposés au joueur et lui proposent de revivre quatre moments clés de l’opération Bagration, à savoir la bataille pour Orsha lors de son lancement, le franchissement de la Berezina, l’offensive de Bobruisk et enfin la prise de Baranovitchi qui scella le sort d’une bonne partie du groupe d’armées Centre allemand et clôtura Bagration.
Ce choix de se concentrer sur des moments clés de l’opération et de les limiter temporellement et géographiquement est une excellente idée. À l’inverse, proposer une campagne globale offrant au joueur la possibilité de jouer l’ensemble de Bagration eût été une erreur : tout d’abord parce que ce challenge aurait été bien trop important pour être représenté en détail au sein d’un jeu vidéo, tant les forces en présences furent colossales. Ensuite, parce que le jeu s’en serait retrouvé déséquilibré d’une façon inacceptable, tant le groupe d’armées Centre allemand se fit laminer par endroit, faisant face à une armée rouge dotée d’une supériorité écrasante, tant sur le plan humain que sur le plan du matériel.
Ainsi, se concentrer sur divers moments clés de la bataille qui furent âprement disputés entre les deux camps est un choix intéressant et intelligent de gameplay qui évite au jeu de se retrouver totalement déséquilibré et qui permet au camp allemand d’être parfaitement jouable en dépit de la supériorité soviétique.
Attention toutefois, soyez bien conscient que les objectifs que vous recevrez seront adaptés à la faction que vous avez choisi de jouer. Si vous êtes dans le camp de l’Axe, vous ne pourrez malgré tout faire guère mieux que vous défendre et votre mission consistera bien souvent à tenir et retarder autant que possible l’avancée inéluctable des vagues d’assaut soviétiques. Ne vous attendez donc pas à réécrire entièrement l’Histoire à la façon d’un Hearts of Iron et à retourner la situation en lançant une contre-offensive victorieuse vers Moscou.
En dépit d’un équilibrage correct, les forces en présence des deux camps restent en effet asymétriques et il en va de même pour leurs objectifs : là où les forces soviétiques doivent percer en vitesse afin d’éviter aux Allemands d’avoir le temps d’organiser une défense et de faire venir au front leurs divisions de Panzer les plus lourdement armées, le joueur Allemand devra à l’inverse autant que possible courber l’échine et se contenter de retarder la progression soviétique.
Army General : Le pari réussi
Sans pour autant être révolutionnaire, Army General est dans l’ensemble une belle réussite. Si le mode de jeu n’est en rien totalement novateur et s’appuie sur diverses inspirations provenant de ce qui a déjà pu se voir dans les Total War ou dans les Close Combat, il conserve malgré tout une identité bien à lui, avec là encore un soin apporté au détail assez considérable qui vous fera plonger la tête la première dans Bagration.
Que ce soit au niveau de l’interface du mode de jeu, avec les phases sur la carte d’état-major qui vous donneront l’impression d’être un véritable officier dans sa tente de commandement, ou au niveau des vidéos d’introduction avec images d’archives venant expliquer les enjeux de la campagne et vos objectifs, on sent tout le soin mis par Eugen Systems pour vous faire pleinement vivre et jouer dans l’ambiance du front de l’Est.
De plus, l’interface est assez intuitive et dans l’ensemble claire et lisible. Mention spéciale aux ordres de bataille des unités de l’époque, fidèlement représentés selon la situation du front au moment où l’affrontement prit part. La campagne enchaîne ainsi avec fluidité et efficacité les tours de déplacement de vos unités sur la carte stratégique avec les affrontements sur le champ de bataille au niveau tactique.
Au niveau stratégique, le relief du terrain, la vitesse de déplacement de vos unités et le niveau de leur logistique seront autant de valeurs à prendre en compte lorsque vous fixerez votre plan d’action. Agissez à la légère et vous risquez de vous faire surprendre et de perdre des unités à la suite d’encerclements. Aussi, chaque mouvement se pèse et se réfléchit et l’audace ne sera pas toujours payante, bien qu’étant parfois nécessaire pour faire avancer vos troupes, surtout lorsque vous êtes à l’offensive et que le haut commandement vous a chargé de vous emparer d’un objectif précis dans un temps donné.
Il faudra néanmoins veiller à ce que vos unités engagées dans des batailles disposent toujours de soutien et de renforts proches, leur permettant d’intervenir pour les épauler au combat. De plus, gardez continuellement un œil sur vos flancs. Rien de pire qu’une unité faible qui vient perturber un dispositif défensif en se faisant enfoncer et en mettant en péril la totalité de votre ligne. L’IA, surtout en difficulté élevée, ne vous fera aucun cadeau et profitera de la moindre faille.
Autant le dire, avec Army General, Eugen Systems et Steel Division 2 nous offrent l’essence même de ce qu’est, et de ce que devrait être un jeu de stratégie en temps réel. Les campagnes s’en retrouvent ainsi rallongées et exaltantes, améliorant de façon considérable la durée de vie du titre, d’autant plus que chacune est jouable dans les deux camps, et que les objectifs peuvent y être très différents selon le scénario choisi. Les joueurs les plus impatients pourront par ailleurs simuler les batailles tactiques, comme dans Total War pour se concentrer sur le seul volet opérationnel.
Chaque tour de jeu durera une demi journée, et selon le positionnement de vos unités sur la carte, certaines seront à même d'arrivée à temps en renfort dans la journée pour soutenir vos troupes déjà engagées au combat. Ce système contribue à décupler le potentiel tactique de Steel Division 2.
Bref, Army General a quasiment bon sur toute la ligne et les quatre scénarios qu’il nous propose permettent pleinement de saisir le déroulement et l’avancée de l’opération Bagration. Seul petits points noirs venant constituer des ombres au tableau : l’absence d’un tutoriel digne de ce nom venant vous expliquer durant les premiers tours de jeu comment fonctionne ses mécaniques ainsi que l’impossibilité de jouer, pour l’heure, ces campagnes en coopératif ou en multijoueur. Espérons qu’un des DLC gratuits prévus par Eugen Systems remédie à ce manque, car un mode de jeu disposant du potentiel d’Army General pourrait être très amusant et très intéressant en multijoueur ou en coopératif.
Toujours est-il qu’en dépit de ces petits points négatifs, le contrat est dans l’ensemble rempli par Army Generals et Eugen Systems parvient à nous offrir une représentation authentique et bluffante de Bagration. Le studio de développement français réussi ainsi là où il avait échoué avec les campagnes de Wargame Airland Battle et de Wargame Red Dragon.
Un gameplay solide et renouvelé
Outre le mode Army General qui constitue la pierre angulaire de ce Steel Division 2, on retrouve bien entendu le mode escarmouche et les batailles historiques qui étaient déjà présents dans le premier opus.
Toutefois, ils ont droit à quelques nouveautés et autres ajouts sympathiques améliorant leur jouabilité. Ainsi, le mode escarmouche ressemble dans son gameplay pour beaucoup à ce que l’on pouvait trouver dans Steel Division : Normandy 44. Il n’en est toutefois pas qu’une simple et bête copie.
On retrouvera des mécaniques similaires telles la ligne de front mouvante ou encore le principe des trois phases de déploiement. Petite subtilité toutefois dans Steel Division 2 : là où dans le jeu précédent, il suffisait d’avoir plus de 50% du champ de bataille sous son contrôle pour mettre progressivement en défaite votre adversaire, ici, les choses ont changé.
Désormais, il vous faudra non plus contrôler davantage que la moitié de l’espace de la carte, mais davantage de positions de victoires que votre adversaire. Réparties en divers points clés du champ de bataille, souvent selon une logique symétrique afin de garantir un jeu équilibré, ces positions doivent être conquises pour l’emporter sur votre adversaire. D’un point de vue réaliste, c’est bien plus cohérent que ce qui pouvait exister dans Steel Division : Normandy 44où il était fréquent de voir votre adversaire effectuer une micro-poussée et prendre 5 mètres de terrains qui suffisaient à vous mettre en situation de défaite.
Ce genre d’absurdité est terminé dans Steel Division 2. Ainsi, vous aurez beau vous emparez d’une vaste étendue de terrain, si celle-ci est vide et dépourvue de tout intérêt stratégique, comprendre par-là qu’elle n’offre aucune position de victoire, cela ne vous donnera aucun gain et ne vous aidera donc pas à l’emporter.
À noter également, l’ajout d’un nouveau mode de jeu dit « Percée » et qui permet aux structures défensives telles les bunker, tranchées et autres barbelés de faire leur apparition dans Steel Division 2. Dans ce mode Percée, un camp commence en contrôlant la quasi-totalité de la carte tandis que l’autre doit lancer l’offensive et percer les lignes défensives de son adversaire. Ce mode de jeu, asymétrique, offrira des situations d’attaque-défense assez intéressantes. C’est d’autant plus vrai que les mécaniques de gameplay relatives aux bunkers et autres structures sont dans l’ensemble réussies et que le camp en défense reçoit des renforts limités et provenant de l’arrière de la carte qui mettront donc un certain temps à atteindre les premières lignes.
Ces modes de jeux sont jouables à la fois contre l’ordinateur et les joueurs humains. L’IA offrira un challenge ardu et sacrément corsé dans ses niveaux de difficultés les plus élevés, donnant parfois l’impression de « tricher ». Elle offre un défi intéressant, bien qu’ayant un style de jeu au final assez stéréotypé et qui, à la longue, deviendra sans doute assez prévisible.
Il convient par ailleurs de mentionner deux modes de jeu en 5v5 et en 10v10, disponibles sur des serveurs dédiés tandis que les serveurs hébergés par les joueurs peuvent aller du 1v1 au 4v4 avec un large choix de cartes représentant les lieux des affrontements emblématiques ayant pris part durant l’opération Bagration.
Dans l’ensemble, ces champs de bataille retranscrivent très bien de par leur réalisation la nature du terrain en Biélorussie : de vastes étendues boisées et de nombreuses petites collines. Les zones urbaines sont relativement rares, même si quelques cartes permettent des affrontements en ville laissant la part belle aux combats d’infanterie. Il faut également noter que le lobby d’avant-jeu offre enfin la possibilité de visualiser le champ de bataille sélectionné via une minicarte. Il aura fallu à Eugen Systems un sacré temps pour le comprendre, mais c’est enfin fait. Merci !
Hormis cela, l’identité et l’aspect visuel du jeu contribuent également à renforcer l’immersion du joueur dans l’enfer de Bagration. Que ce soit au niveau de la gamme de couleurs utilisées, assez sombre, ou au niveau des effets de tirs et des explosions offrant de vastes colonnes de fumées noires se dégageant dans le ciel, Steel Division 2 nous offre un très joli rendu et une atmosphère des plus bluffante. Sans être époustouflants, les graphismes du jeu sont plus que jolis et la modélisation des unités est en général de très bonne facture. Les sons du jeu ont également été retravaillés et quelque peu améliorés par rapport au premier opus. Entendre le tir d’un canon de 88 propulsant un obus à haute vélocité vers sa cible a rarement été aussi jouissif.
Petit point négatif à soulever ici néanmoins, on constate une chute drastique des FPS et de la fluidité du jeu lors de l’utilisation massive de bombardiers larguant du napalm, surtout sur les forêts. Le jeu devient saccadé, à la limite de l’injouable le temps que le napalm se dissipe, ce qui est dommage, surtout à ce niveau. Nous n’avons observé ce cas de figure qu’avec l’usage massif de napalm.
Comme nous l’avons dit, le gameplay s’appuie en grande partie sur ce qui a fait la force de Steel Division : Normandy 44 : la ligne de front mouvante et les phases de déploiement successives avec « income » variable selon ces différentes phases. Pour mieux coller à la réalité du front de l’Est, les cartes sont en moyenne plus vastes et, conséquence logique, les portées maximales de la quasi-totalité des canons et des chars du jeu ont été revues à la hausse pour atteindre désormais 2000 mètres, là où le premier opus se limitait à 1200 mètres pour les chars les plus puissants, dans un soucis d’équilibrage. Ce choix offre une représentation relativement plausible et réaliste des engagements ayant réellement pris part sur le front de l’Est à cette époque, offrant la part belle aux formations de chars, aux concentrations d’artillerie, et aux assauts d’infanterie, notamment équipées pour certaines sections de lance-flammes.
Outre ce tableau très convaincant et réaliste qui dépeint très bien la nature des affrontements à l’Est, on notera enfin l’apparition de nouveaux ordres permettant de mieux gérer et micro-gérer vos unités. Certains sont très utiles, comme l’ordre de couverture automatique ou encore l’ordre de riposte et enfin celui de tir efficace. Ce dernier ordonnera à vos unités de retenir leurs tirs jusqu’au moment où les chances qu’elles détruisent l’ennemi soient optimales.
Les batailles historiques : meilleures que jamais
En l’état actuel, Steel Division 2 propose six batailles historiques jouables. À l’inverse du mode Army General, elles ne constituent pas une campagne mais bien un seul combat unique et scénarisé vous proposant de rejouer un engagement réel ayant eu lieu à l’époque.
Une fois de plus, ces batailles historiques sont très bien réalisées et témoignent de l’effort conséquent des développeurs pour offrir une vision précise et authentique de ce que fut l’opération Bagration. À l’inverse du premier Steel Division où ces batailles étaient relativement accessoires, ce mode de jeu prend ici tout son sens et toute son importance.
Mentionnons en guise d’exemple la première de ces batailles du jeu, dédiée à l’affrontement ayant eu lieu le 26 juin 1944 aux alentours du village biélorusse de Bobr. Si vous lisez le récit des combats puis que vous essayez de le jouer dans Steel Division 2, vous serez bluffés par le degré de précision dans la reconstitution qui en est faite. Certes, l’issue variera selon ce que vous déciderez d’en faire en tant que joueur, mais l’ordre de bataille initial est scrupuleusement respecté.
On retrouve ainsi des éléments de la Légion des Volontaires Français (LVF), regroupés dans le Kampfgruppe Bridoux, appuyés par quatre chars Tigre du Schewere Panzer-Abteilung 505 et des Stuka. Ils sont opposés à deux régiments du 3ème Corps Blindé de la Garde. La traduction de l’Histoire en termes de gameplay n’a rarement été aussi précise et aussi jouissive, et ce souci du détail s’observe et se retrouve pour chacune des batailles historiques proposées. Un vrai régal, d’autant plus qu’à l’inverse du mode Army General, ces batailles sont jouables en coopération avec vos amis.
Ainsi, là où elles étaient limitées à un rôle gadget et accessoire dans Steel Division : Normandy 44, les batailles historiques offrent une plus value de grande qualité au second opus.
Plus de divisions et un nouveau système de decks
Steel Division 2 offre en tout et pour tout 28 divisions à sa sortie. C’est le double de ce que proposait son prédécesseur à son lancement.
Attention toutefois, derrière ce nombre impressionnant se cachent quelques nuances qu’il convient de préciser.
Tout d’abord, les 28 divisions correspondent à un joueur qui aura précommandé le jeu et qui aura joué soit à la bêta de Steel Division 2, soit à Steel Division : Normandy 44. En effet, deux divisions bonus étaient offertes aux joueurs précommandant une édition de Steel Division 2, et huit autres divisions faisaient parties du « Back to War Pack », offert aux vétérans de l’opus précédent. Ce pack propose de retrouver huit des divisions les plus iconiques de Normandy 44.
Aussi, si vous rêvez de voir la 2ème DB ou encore la 3rd Armored US prêter main forte aux Soviétiques en Biélorussie, ce contenu risque de vous plaire ! Blague à part, c’est un geste plutôt sympathique de la part d’Eugen Systems, même si ce contenu sera payant pour les joueurs ne possédant pas Steel Division : Normandy 44.
Ainsi, une édition standard du jeu achetée après sa sortie n’offrira « que » 18 divisions, soit autant de divisions que Normandy 44 lors de ses débuts.
Derrière ce nombre impressionnant se cache également une diversité d’unités parfois en trompe l’œil. Certes, chaque division aura des unités lui étant uniques, mais la majeure partie des troupes reste commune à la totalité de l’armée et se retrouvent dans toutes les divisions, ce qui en soit est normal et logique. La variété des unités est néanmoins réelle et le nouveau système de création de deck, bien plus souple que celui du jeu précédent, vous offrira davantage de possibilités de personnalisation et d’opportunités tactiques.
Il vous est en effet désormais possible de choisir le type d’income de votre division durant chaque phase de déploiement selon quatre modèles proposés : équilibré, avant-garde, franc-tireur et enfin juggernaut.
Traduit dans un français compréhensible et intelligible, cela signifie que vous allez pouvoir choisir le type de jeu que vous voulez mener avec telle ou telle division. L’income correspond au nombre de points que vous recevez à chaque minute de combat qui s’écoule durant une phase. Il vous permet de déployer des unités selon leur coût.
L’income par défaut est un income équilibré qui vous proposera 100 points par minutes en phase A, 140 points par minutes en phase B et enfin 170 points par minutes en phase C. Pour les joueurs débutants, c’est une combinaison recommandée qui offre une montée en puissance progressive de votre déploiement de la phase A dite phase de reconnaissance, vers la phase C dite phase de combat.
Néanmoins, selon votre division, vous n’aurez pas forcément accès au même type d’unités, ni toujours intérêt à suivre ce déploiement équilibré. Par exemple, une division légère soviétique n’aura que très peu d’unités lourdes à sa disposition. Dès lors, il peut être intelligent de construire son deck en maximisant les unités déployables durant les phases A et B afin de miser sur un déploiement très agressif visant à s’emparer rapidement du terrain tôt dans la partie, pour finalement s’accrocher comme on peut et serrer les dents en phase C. Opter pour un mode d’income avant-garde ou franc-tireur, maximisant l’arrivée de points en phases A et B, peut alors s’avérer être un combo gagnant, surtout en étant associé à une stratégie agressive misant sur une concentration d’unités légères tôt dans la partie.
Attention néanmoins, si l’ennemi s’accroche et résiste, vous faisant manquer votre fenêtre d’opportunité, vous risquez de vous prendre une sévère déculottée en phase C. Aussi, ces stratégies sont avant tout réservées aux joueurs les plus experts.
À l’inverse, une division lourde de blindés allemands aura un intérêt à opter pour un income de type « juggernaut » qui n’offre que peu de points en phases A et B mais autorise un afflux massif de ressources en phase C. Après avoir courbé l’échine durant les premières minutes de la bataille et tenu au mieux, quitte à concéder un peu de terrain, vous pourrez alors bénéficier d’un income confortable en phase C pour amener rapidement vos monstres d’acier sur le champ de bataille et tout emporter sur votre sillage dans une contre-attaque victorieuse.
Là aussi, c’est une stratégie risquée qui est à réserver aux joueurs les plus compétents. Si jamais vous perdez trop de terrain en phases A et B, vous ne pourrez peut-être pas renverser la vapeur assez vite en fin de partie...
Toujours est-il que cet ajout simple permet davantage d’options tactiques et de souplesse dans vos choix. Il offre à chaque joueur la possibilité de développer un style qui lui convient le mieux, tout en sachant que l’on ne jouera en général pas une division légère hongroise de la même façon qu’une division de chars lourds allemands… Enfin, vous pouvez essayer, mais le succès n’est pas garanti !
Vous pouvez en effet essayer d’utiliser des stratégies très risquées et agressives tôt dans la bataille, y compris avec des divisions concentrant des blindés lourds. Cette option est rendue possible par le fait que désormais, les unités ne sont plus attitrées à une phase de déploiement prédéfinie comme c’était le cas dans Steel Division : Normandy 44 où les chars les plus puissants ne pouvaient pas être appelés avant la phase C.
Désormais, libre à vous de construire un deck où vous déploierez des Tigre et des Panther dès la phase A. Si ces chars lourds sont très puissants en début de bataille et peuvent vous offrir un avantage immense sur un adversaire armé bien plus faiblement et qui ne pourra rien contre eux avant plusieurs longues minutes, ils sont aussi très chers et surtout peu nombreux. Dans un souci d’équilibrage du jeu, lorsque vous placez des unités puissantes en phase A dans votre deck, leur disponibilité et leur niveau d’expérience s’en retrouvera fortement réduit, si bien que leur destruction pourrait vous coûter cher.
À vous de voir si vous êtes du genre joueur. Préférerez-vous déployer deux Tigres inexpérimentés en phase A pour attaquer en force, quitte à prendre le risque de tout perdre ou bien 6 Tigres vétérans en phase C ? C’est là l’un des nombreux dilemmes offerts par le nouvel outil de création de deck dans lequel vous risquez de passer pas mal d’heure à vous arracher les cheveux en espérant trouver la meilleure combinaison possible pour votre groupe de bataille selon votre style de jeu.
Nous reviendrons plus en détail à ce sujet dans un guide tactique des différentes divisions du jeu que nous publierons dans les prochains jours et qui aura pour objectif de vous conseiller sur la façon optimale de jouer telle ou telle unité.
Enfin, pour en finir sur ce point, il convient de noter que vous pouvez dorénavant choisir les transports de troupes rattachés à vos unités d’infanteries ou à vos unités tractées. Ce n’était pas le cas dans le premier opus. Les transports les plus intéressants et armés sont en général payants, ce qui augmentera le coût de déploiement de votre section. À vous de voir si l’apport du transport en vaut le coup et le coût.
L’arsenal fait également son grand retour, lui qui était absent de Steel Division : Normandy 44 pour d’obscures raisons et sans trop que l’on comprenne pourquoi. Il vous permettra de visionner les différentes unités du jeu et leurs caractéristiques techniques, très poussées et détaillées, avec notamment des valeurs de perforation et de blindage désormais exprimées en millimètres, ce qui rend les choses bien plus claires et lisibles. Vous pourrez également y comparer deux unités, ce qui est très utile, surtout lors de la constitution de vos groupements tactiques.
Attention toutefois aux unités « en trompe l’œil » qui embarquent une poignée d’obus à haute capacité perforante pour ensuite n’avoir plus qu’à tirer des obus bien moins puissants. C’est notamment le cas chez pas mal de chars soviétiques dont les T-34/85 qui embarquent seulement quatre obus APCR avant de passer au banal obus AP qui perce beaucoup moins bien... Typique de la mentalité soviétique : toujours à vouloir faire des économies là où l’on peut !
Un contenu additionnel massif, de qualité, mais à la carte
Steel Division 2 s’est fait remarquer pour le nombre différent d’éditions qu’il proposait à sa sortie. À l’époque où les abonnements mensuels proposant des catalogues de jeux pour un prix mensuel imbattable commencent à se développer, proposer de vendre un jeu 79,99 euros dans son édition au contenu le plus fourni semble revenir à aller à contre courant, surtout sur PC où les jeux sont en moyenne moins chers que sur consoles.
Malgré cette somme assez conséquente, force est de constater que le jeu fourmille de contenus additionnels de grande qualité, y compris les contenus numériques disponibles en dehors du jeu.
Si l’édition standard, la moins chère, est évidemment celle qui a accès au moins de contenu, elle bénéficie toutefois du programme de DLC gratuit annoncé par Eugen Systems et qui sera destiné à tous les joueurs. Plutôt classe.
Ensuite, l’édition Commander Deluxe nous offre pour sa part pléthore de contenus additionnels hors-jeux, à commencer par un guide tactique au format PDF. Malheureusement uniquement disponible en langue anglaise, tout comme les autres contenus de cette édition, ce guide de 83 pages est rempli d’astuces, d’informations et de conseils précieux qui vous permettront de progresser dans Steel Division 2. Il est de grande qualité, tout comme l’ « Artbook » fourni qui revient en détail sur l’aspect artistique qui guida la création du jeu et de son identité visuelle, avec notamment tous les choix judicieux qui furent pris par les développeurs pour retranscrire au mieux au joueur l’ambiance et l’atmosphère du front de l’Est. Enfin, le « Tactical Battlelog » revient en détail sur les différents théâtres d’opérations et les batailles que le joueur retrouvera dans Steel Division 2. Il offre à lui seul encore plus de contexte sur l’opération Bagration et apporte une plus value appréciable, tel une sorte d’encyclopédie en dehors du jeu.
Les ajouts de l’édition « General Deluxe » sont pour leur part les plus intéressant au niveau du gameplay car c’est cette édition qui offrira de nouvelles opérations, de nouvelles factions et de nouvelles divisions avec de nouvelles unités. Reste à voir sur le long terme et dans les mois à venir si les contenus additionnels, gratuits comme payants, prévus pour Steel Division 2 confirmeront tout le bien qu’on en pense pour l’instant !
Steel Division 2
All Hail the king!
- +L’opération Bagration comme si vous y étiez
- +Un niveau de détail et une représentation visuelle du front de l’Est bluffante
- +Le mode Army General, les batailles historiques et le mode Percée
- +Un gameplay solide, bien que s’appuyant essentiellement sur celui du précédent opus
- +De nombreuses divisions qui se jouent très différemment les unes des autres
- +Un nouveau système de deck qui offre plus de souplesse
- +ENFIN UNE MINIMAP DANS LE LOBBY D’AVANT-JEU !!!
- +Un contenu additionnel de qualité, bien qu’étant uniquement en anglais...
- +La politique des DLC gratuits
- -Quelques chutes de FPS et petits crashs dans les situations de combat les plus intenses
- -Le mode Army General uniquement en solo
- -Un jeu malgré tout assez cher si l’on veut avoir tout son contenu
- -Une variété d’unités parfois en trompe l’œil
- -Une absence de tutoriel digne de ce nom pour le mode Army General
Graphismes
Steel Division 2 offre un très beau rendu du front de l’Est au niveau de ses couleurs. Les graphismes et les modélisations des unités sont de très bonne facture.
Technique
Le jeu est dans l’ensemble beau et fluide et tourne bien. Malgré cela, on constate quelques crashs çà et là, et surtout ce problème de ralentissement lié au napalm.
Jouabilité
Les petits ajouts au gameplay rendent la gestion de vos unités encore plus facile et intuitive, même si cela peut s’avérer délicat lorsque vous avez beaucoup de troupes sur le champ de bataille…
Durée de vie
La rejouabilité des escarmouches est par définition infinie, mais la lassitude peut toujours apparaître tôt ou tard. Avec ses divisions très différentes, mais aussi ses batailles historiques et le mode Army Generals et Percée, Steel Division 2 ne risque pas de lasser de sitôt.
Ambiance
L’anti Battlefield V en terme de respect de l’Histoire et de l’immersion au regard de l’authenticité et du réalisme… qui dit mieux ?
Scénario
Difficile de noter le scénario quand celui-ci s’applique pour respecter aussi scrupuleusement que possible l’Histoire !
- Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
- « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952