Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurChucklefish |
DéveloppeurRobotality |
Date de sortieAvril 2019 |
Pathway
Cela fait quelques années que les jeux en pixel art trustent les sorties sur PC et consoles de salon avec des titres qui ont marqué les esprits comme Minecraft (2011), Hotline Miami (2012), FTL (2012), Dead Cells (2018), Celeste (2018) ou encore Return of the Obra Dinn (2018). Chucklefish s'en est fait une spécialité (Starbound, Risk of Rain, Stardew Valley...). L'éditeur a récemment ajouté dans son catalogue le jeu Pathway, développé par les Allemands de Robotality, avec comme ambition de se faire une place parmi les monuments vidéoludiques cités plus haut.
Malheureusement, il ne suffit pas de proposer des graphismes en pixel art pour atteindre les sommets. Il faut que le gameplay suive derrière, qu'il soit suffisamment enthousiasmant, intéressant, captivant ou varié pour nous tenir en haleine durant plusieurs heures. Et autant le dire, tout de suite, Pathway est sorti du droit chemin.
Tintintinliiiin...tintintin (imitation médiocre de The Raiders March)
Pathway nous transporte en 1936, alors que les nazis investissent l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient à la recherche de “valkyrium” pouvant améliorer leur puissance, et ainsi faire respecter leur autorité sur toute l'Europe. Pour cela, ils mènent des fouilles, ouvrent des tombes, mènent diverses expériences ésotériques ou autres rituels occultes. Voilà un pitch de départ qui donne envie et fait immédiatement penser à Indiana Jones. Du moins, sur le papier....
Malheureusement, dans les faits, on se retrouve avec cinq campagnes qui n'ont au final aucun réel lien, qui présentent peu d'intérêt et dont l'écriture est digne des Livre dont vous êtes le héros. Attention, j'entends bien que les Livre dont vous êtes le héros sont chouettes quand on est petit. Par contre, on ne peut pas dire que ce soit de la grande littérature. C'est pareil pour Pathway, ce qui est un peu dommage quand la lecture représente la moitié du gameplay du jeu. S'il y avait au moins de l'humour, ça aurait pu le faire, mais le jeu se prend trop au sérieux, alors que les situations sont particulièrement loufoques.
Je n'ai rien contre la lecture. Étant un fan de jeux de rôle, j'ai l'habitude de me coltiner des tartines de texte. Mais pour un jeu de ce genre, considéré comme un rogue-like, où vous êtes censés devoir recommencer souvent votre partie, cela n'a pas beaucoup de sens.
De plus, le jeu ne va pas assez loin dans ses références. C'est bien beau de vouloir y mettre des nazis, mais alors pourquoi les censurer ainsi !? La politique vis-à-vis des symboles nazis a pourtant évolué en Allemagne, comme on a pu le voir dernièrement avec le jeu Attentat 1942.
De plus, le jeu a beau se dérouler en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, allant du Maroc, à l'Arabie, en passant par l'Égypte et la Palestine, pourquoi tombe-t-on sur les mêmes ruines à la culture non identifiable ? On se retrouve avec un mélange de références mythologiques peu recherchées, qu'elles soient égyptiennes ou bibliques et auxquelles on ajoute des cultistes et... des zombies - parce que c'est à la mode !? Des momies ou toute autre créature mythologique n'auraient pas pu faire l'affaire ?
L'idée de départ aurait pu fonctionner, mais dans ce cas il fallait soit prendre un univers totalement fictif et fantaisiste, soit bien reprendre des références historiques et mythologiques beaucoup plus prononcées et recherchées. Prenons exemple sur Assassin's Creed Odyssey dont le scénario est complètement farfelu mais au moins, il y a de vraies références qui permettent de s'immerger dans l'univers, ce qui n'est pas le cas avec Pathway
Pour revenir aux Livre dont vous êtes le héros, les cinq campagnes de Pathway reprennent un modèle similaire. Vous vous trouvez sur une carte sur laquelle des points sont répartis et reliés entre eux par des chemins. Chaque point donne lieu à un texte à l'issue duquel vous avez un choix à faire. Les conséquences sont variables, rarement bénéfiques, parfois néfastes, et souvent ça tournera au vinaigre pour se finir en baston.
Le but est d'atteindre le point d'arrivée qui mettra un terme à la campagne ou bien vous permettra de vous rendre dans un nouveau niveau. On se déplace ainsi de points en points avec à chaque fois les mêmes actions, avec des textes différents certes, mais qui deviennent redondant au bout d'un moment. À force, on ne les lit plus, tellement le jeu devient rébarbatif.
Il existe plusieurs types de points identifiés par des icônes différents. Avec un point « normal », vous aurez à faire à un événement aléatoire qui ne se termine pas forcément toujours en combat. Il y a aussi des points salutaires où vous pouvez reposer vos troupes ou acheter de l'équipement, et enfin d'autres où le combat sera en revanche obligatoire. Afin de rallier l'arrivée, vous allez devoir tracer votre itinéraire en fonction des ressources en votre possession et de l'état de votre escouade.
Cela donne lieu à un côté stratégique bienvenu où le plus court chemin n'est pas forcément le plus judicieux. En effet, vous pourrez passer à côté de ressources précieuses qui pourraient vous être utiles plus tard. À l'inverse, un chemin long vous conduira à prendre des risques qui pourraient signifier votre défaite...
Les développeurs nous promettaient des campagnes qui se suivent sans jamais se ressembler. Il est vrai que les cartes sont générées aléatoirement, mais les différences sont très minimes. Les points sont mélangés, ce qui donne cette impression de renouvellement. Néanmoins, on est amené à revivre les mêmes missions, les mêmes choix, les mêmes combats... Et rebelote si on a eu le malheur de connaître le game over nous obligeant à tout recommencer.
Au final, ça m'a pris 10 heures pour terminer le jeu. Rajoutez-en 5 si vous avez le courage de le finir à 100% en ayant débloqué tous les personnages et tous les succès. Une campagne peut être terminée en 30 minutes, comme en 1h30, en fonction du niveau de difficulté choisi. Pathway vous offre la possibilité de durcir votre partie, ou au contraire de la faciliter, en modifiant quelques options (la force des ennemis, la réserve de carburant et de munition au départ).
XCOM-like du pauvre
Pathway n'est pas seulement un jeu de lecture : il y a aussi des combats au tour par tour et une gestion de votre escouade prenant en compte le carburant, les munitions, l'équipement et l'expérience de vos héros.
Ainsi, pour vous rendre vers un point, vous allez devoir dépenser du carburant, disponible en petite quantité au début. Vous pouvez gagner du carburant en cours de mission, mais si par malheur vous avez mal jugé votre itinéraire, votre véhicule va tomber en panne et vous devrez terminer l'aventure à pied, ce qui signifie la plupart du temps la fin de la campagne, car votre escouade perdra des points de vie à chaque lieu visité.
Pour mener ces campagnes à bien, il vous faudra constituer une équipe de choc. Au début, vous devrez faire avec des personnages au talent modeste, usant d'armes médiocres (arme à distance ou de corps à corps). En fonction de certains exploits que vous effectuerez en cours d'aventure (par exemple : Tuer 100 nazis, Tuer X ennemis au couteau...), vous débloquerez de nouveaux personnages aux capacités plus intéressantes.
Vous ne pouvez choisir que deux héros au début de chaque campagne. Si vous avez de la chance, ce qui n'est pas toujours le cas, vous pourrez en recruter deux autres en cours de route. Un problème survient parfois lorsque vous recrutez une personne. Celle-ci peut déjà se trouver dans votre escouade, ce qui fait que vous vous retrouvez avec un doublon...
Ces personnages évoluent (jusqu'au niveau 6), comme dans un jeu de rôle classique, grâce à l'expérience qu'ils glanent en tuant un ennemi ou en effectuant une mission. Cela permet de déverrouiller de nouvelles aptitudes, améliorant leur attaque, leur défense ou leur maniement dans une catégorie d'arme (amélioration des dégâts, de la précision...). Vu que l'on ne peut choisir qu'une compétence par niveau, il faudra chercher avant tout à spécialiser vos personnages.
Ils disposent aussi de sept caractéristiques : Vitalité, Volonté, Dextérité, Agilité , Intelligence, Réflexe et Endurance... certains RPG n'en font pas autant. On peut d'ailleurs se demander si c'est bien utile d'en avoir un tel nombre (voire d'en avoir tout court) pour un jeu de ce type, si ce n'est pour nous faire croire que le jeu est complexe, ce qu'il n'est pas. Autant les aptitudes améliorant les armes m'ont semblé utiles, autant ces caractéristiques m'ont paru assez futiles.
Chaque personnage dispose de forces et de faiblesses. Certains aimeront botter les fesses des nazis tandis que d'autres auront peur des zombies. Ils ont aussi des avantages leur permettant de faire une action spéciale lors des dialogues sur la carte d'aventure. Cela permettra d'éviter des combats ou de trouver des trésors supplémentaires. Enfin, il y a trois autres statistiques importantes à prendre en compte lors des combats : la santé, l'armure et la bravoure.
À chaque résolution de mission ou de combat, vous pourrez dénicher jusqu'à cinq coffres contenant tout un tas d'objets utiles tels des armes, des armures, du carburant, des munitions ou de l'argent. Comme dans tout bon hack'n'slash qui se respecte, les armes et armures sont réparties en différentes couleurs marquant ainsi leur puissance et leur rareté : du blanc pour les armes de base à l'orange pour les armes légendaires. Personnellement, je trouve que c'est une des erreurs du titre.
En effet, au cours de ma partie, en 10 heures, je n'ai looté seulement que deux armes et une armure légendaires. Dans un hack'n'slash classique comme Diablo ou Path of Exile, le loot est un pan essentiel du gameplay. On passe ainsi des heures à tuer des ennemis à la chaîne afin de se constituer un équipement digne de ce nom. Pathway n'est pas censé être un hack'n'slash. Il n'est pas pensé pour l'être.
Son gameplay est trop lent pour que l'on prenne plaisir à enchaîner les missions pour espérer récupérer du bon matos. C'est pourquoi, pour moi, c'est une erreur majeure, d'autant plus que le loot, qui est complètement aléatoire, a été mal équilibré. Ce n'est clairement pas sur ce jeu que je passerai des heures à looter. Pourtant, l'équipement reste essentiel. N'espérez pas finir la cinquième campagne avec votre équipement de base, même si vous avez fixé la force de vos ennemis au plus bas.
Il existe par ailleurs six types d'armes pour autant de stratégies possibles : arme au corps à corps, pistolet, fusil d'assaut, fusil de sniper, shotgun et arme à énergie. Au moyen des points de bravoure, vous allez pouvoir utiliser les capacités spéciales des armes. Ainsi, le fusil de sniper permettra de délimiter une zone de surveillance : un ennemi passant dans cette zone se fera automatiquement tirer dessus. Le pistolet pourra tirer deux fois par tour tandis que le shotgun pourra pulvériser ce qui se trouve face à lui à distance rapprochée et que le couteau pourra faire saigner... Certains personnages peuvent par ailleurs utiliser des grenades.
Les ennemis aussi disposent d'attaques spéciales et sont répartis en différentes catégories. Les nazis disposent ainsi de soldats de base, de chiens d'attaque, de troupes de choc, de tireurs d'élite, de médecins (des couards) et d'officiers (des couards aussi qui pourront ordonner à un soldat d'attaquer une nouvelle fois)...
Il est bon de signaler que si vous ratez une campagne, votre escouade va se retrouver à l'infirmerie pendant un temps et sera donc indisponible le temps que se déroule une nouvelle campagne. Cela permet donc de prendre en main d'autres personnages et de les faire évoluer. Lors de l'échec d'une campagne, vous conservez le matériel, l'argent et l'expérience gagnés, ce qui est une bonne chose tout de même.
Passons aux combats. Ceux-ci se déroulent au tour par tour et toujours de la même façon, renforçant ainsi le côté ultra redondant du jeu. Au début, vous disposez votre escouade dans une zone délimitée, puis c'est à vous de commencer. Vous avez deux actions possibles : bouger vos personnages selon une distance définie par vos caractéristiques et par l'armure (plus l'armure est lourde, plus la distance de pas est raccourcie) et attaquer vos ennemis. Vous pouvez vous abriter derrière le décors pour vous garantir une protection supplémentaire, comme on peut le voir dans un X-Com.
Au début c'est sympa, mais au bout d'un moment, on se rend compte qu'il n'y a aucune variation au niveau des combats, si ce n'est la présence de nouveaux types d'ennemis qui ne changent en rien la monotonie que l'on ressent. En 4 à 5 tours, les combats sont pliés, soit un peu moins de 5 minutes par combat. Malgré le déséquilibre que l'on peut avoir parfois à 2 contre 6 ennemis ou plus, il est possible de s'en sortir vu que l'IA n'offre pas un challenge très élevé.
L'un des gros problèmes lors des combats, c'est qu'il n'y a aucune attaque d'opportunité comme on peut en avoir avec le Ranger dans X-Com ou dans certains jeux de rôle. Lorsque l'on se trouve dans une situation de corps à corps, notre personnage et l'ennemi peuvent se libérer sans craindre d'être attaqué automatiquement. Cela donne lieu à des situations cocasses où vous allez poursuivre, avec le couteau entre les dents, vos proies qui chercheront à s'éloigner le plus possible de vos combattants au corps à corps, même s'ils ont une santé au max. C'est notamment le cas du nazi médecin qui passera son temps à se soigner et à fuir. Concernant les zombies, ceux-ci se contentent de marcher lentement vers vos personnages, ou de leur cracher dessus. Ça manque clairement de variété.
Notons aussi l'absence d'un brouillard de guerre et d'une ligne de vue pour nos personnages. Lorsque c'est au tour des ennemis de jouer, ceux-ci apparaissent et disparaissent sans que l'on sache pourquoi. On ne peut pas zoomer également, ce qui peut parfois être embêtant.
Même si en l'état on ne peut conseiller le jeu, les développeurs semblent être attentifs aux retours des joueurs et ont déjà sorti quelques hotfix et patchs des plus bienvenus. Est-ce que ça sera suffisant pour nous faire revenir dans un jeu qui ne propose que cinq campagnes qui se ressemblent toutes ?
Pathway
S'est perdu en chemin
- +Le pixel art plutôt joli
- +Idée de départ séduisante
- +Gestion de l'escouade
- -Gameplay lent et ultra redondant
- -Univers mal maîtrisé
- -Système de loot déséquilibré
- -Pas de combats de boss
Graphismes
Certes, il existe des jeux en pixel art beaucoup plus jolis. Mais dans cette catégorie, Pathway s'en tire avec les honneurs sans révolutionner pour autant la patte graphique du genre.
Technique
Le jeu ne demande pas une bête de course, et pourrait être parfait pour mobiles et tablettes. Aucun bug à signaler. C’est fluide de bout en bout et les temps de chargements sont heureusement assez courts.
Jouabilité
La prise en main est simple et l’on comprend facilement comment jouer au jeu. Il y a un lexique pour aider si nécessaire. Mais, on s'ennuie très vite face à si peu de variété dans le gameplay.
Durée de vie
10 heures pour terminer une première fois le jeu, en comptant les quelques fois où j'ai dû recommencer après avoir connu le game over. C'est une durée correcte pour un jeu de ce type proposé à 13.99€. Il est possible, si vous en avez le courage, de recommencer plusieurs fois les campagnes afin de débloquer tous les personnages, toutes les armes et armures légendaires ainsi que tous les succès.
Ambiance
Pathway est clairement assis entre deux chaises. S'il avait pu aller à fond dans le délire nazi/science occulte, ça aurait pu le faire. Malheureusement, il s'est perdu en chemin.
Scénario
Lire du texte, Choisir une action, Combattre...et rebelote pendant une centaine de fois sans aucune variation dans le gameplay. Au bout d'un moment, on se fiche de l'histoire tellement elle est inintéressante.