Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurDaedalic Entertainment |
DéveloppeurAlter Games |
Date de sortieOctobre 2020 |
Partisans 1941
Cela fait quelques années que le front de l'Est connaît un retour en grâce dans le secteur du jeu vidéo historique. L'excellent Company of Heroes 2, en plaçant sa focale sur l'affrontement entre Allemands et Soviétiques, a très certainement montré aux développeurs que l'exploitation de la libération de l'Europe occidentale devenait un peu lassante. Partisans 1941 s'inscrit dans cette même voie... et avec succès.
Un genre difficile à renouveler
Développé par Alter Games (et soutenu par le géant Daedelic Entertainment, ce n'est pas rien), Partisans 1941 cherche d'emblée à s'inscrire dans l'héritage de l'âge d'or de la série des Commandos.
Le joueur doit y diriger plusieurs personnages (moins d'une dizaine en tout) et les mener au bout de leur mission, le tout en vue du dessus. Chaque mission est par essence différente, mais l'infiltration et la furtivité y tiennent une place importante, et les fusillades nourries sont rares - ou alors synonymes de problèmes à venir.
Car dans Partisans 1941, hors de question de foncer tête baissée avec ses personnages... au risque de les voir tomber sous les balles allemandes. Ainsi, le joueur devra planifier ses opérations de manière très précise, quitte à prendre de la hauteur (littéralement) pour ce faire.
Autant le dire de suite : Partisans 1941 ressemble beaucoup à un jeu de la série Commandos. Cependant, est-ce un mal de reprendre une recette qui a bien fonctionné ? Au contraire, cela permet de dépoussiérer le genre et de renouer avec d'anciens souvenirs... Si le résultat est à la hauteur des attentes.
À l'Est, du nouveau
Et c'est le cas pour Partisans 1941. Le joueur est plongé dans l'atmosphère dantesque des premiers jours de l'opération « Barbarossa » lorsque l'Armée rouge est en pleine débâcle, bousculée par les troupes allemandes. Le commandant Zorin, capturé, parvient à s'échapper du camp de transit où il se trouve alors avec d'autres prisonniers.
La première mission, qui fait office de didacticiel, est véritablement réussie... Notamment parce qu'elle oblige le joueur à ne pas tuer ses adversaires. Et ce pour une bonne raison : Zorin a les mains liées ! Il faut donc apprendre à se déplacer discrètement, se jeter dans la végétation quand un garde est dans les environs, se glisser dans une cave ou dans un placard (oui, oui) pour laisser passer un garde... Voire même recourir à une ficelle aussi ancienne que ce style de jeu : jeter une pierre à un endroit pour détourner l'attention des adversaires.
Partisans 1941 se démarque pourtant de ses prédécesseurs sur la question du rythme de jeu. Là où ces derniers étaient un enchaînement de missions, le jeu du studio Alter Games englobe les missions dans une trame temporelle intéressante avec la découverte du camp de base.
Cette ancienne zone de chasse dans la forêt fait figure de « tampon » entre deux missions, mais a en fait une importance capitale. Une fois une opération terminée, le joueur pourra s'occuper de développer ce camp, notamment en ajoutant une tente médicale, un atelier, un coin de pêche... Car il faut subvenir aux besoins des partisans, maintenant établis sur les arrières des Allemands.
Ainsi, si un partisan a subi une blessure lors d'une opération, il peut être placé dans la tente médicale, pendant qu'un autre est envoyé au coin de pêche, et que deux autres se chargent d'effectuer de petites missions non jouables (collage d'affiches, attaque de convoi...). Une fois tout ce petit monde assigné, alors le joueur peut passer au jour suivant, et recueillir ainsi les informations gagnées.
Cependant, le jeu demande de faire très vite des choix : faut-il plutôt mettre tout le monde à la recherche de nourriture ce jour-ci ou plutôt mettre le plus de partisans possibles sur cette attaque de convoi qui pourrait rapporter du matériel ? Ces dilemmes disparaissent cependant à l'apparition des opérations, qui requièrent la présence de tous les partisans disponibles.
Pas de coquille vide
Si le rythme du jeu est déjà entraînant, que dire du scénario ? Celui-ci est efficace, et tient principalement à son originalité : rares sont les jeux vidéo permettant de gérer le quotidien d'une équipe de partisans au début du conflit. Les personnages recrutés ont tous une histoire spécifique et des avis divergents, mais tombent parfois dans le cliché.
Ainsi du jeune Sanek, 14 ans, dont les parents ont été tués par les Allemands... et qui ne rêve que de vengeance ; que dire de Fetisov, qui coche toutes les cases de l'homo sovieticus ? Si le commandant Zorin prend la tête du groupe grâce à son grade dans l'Armée rouge, il a l'étoffe d'un héros de cinéma en restant placide et en étant affublé d'un sang-froid incroyable.
Mais est-ce un mal ? Le studio Alter Games (basé à Moscou, rappelons-le) s'inscrit dans la continuité d'un récit presque mythologique à propos des partisans, et cela se sent lors des interventions des adversaires. Ainsi, les ennemis les moins dangereux sont les forces de police auxiliaires, les Hiwis, des locaux recrutés par les Allemands pour assurer la sécurité sur l'arrière de leurs lignes. Les rares dialogues captés en font des soudards invétérés, généralisant ainsi l'image de collaborateurs entièrement nazifiés. Or, s'il ne faut pas sous-estimer la présence d'anciens hors-la-loi, repris de justice et collaborateurs patentés dans ces troupes, aucune mention n'est faite sur le traitement qu'a aussi réservé l'URSS dans les années 30 à certaines populations jugées « hostiles » comme les Ukrainiens.
Bref, Partisans 1941 donne l'impression d'avoir été destiné d'abord à un public russe avec son ancrage dans les mythes de la Grande Guerre patriotique ; cependant, ce manichéisme (partisans de tous âges et de tous genres contre Allemands vils et collaborateurs féroces), s'il est un peu regrettable, permet aussi de donner au joueur occidental une vision bien différente du front de l'Est... et de lui rappeler que se joue alors une guerre totale d'un côté comme de l'autre, où personne n'est épargné.
Un côté RPG qui satisfait
Après cette digression sur le plan historique, il faut souligner que Partisans 1941 est vif, nerveux et bien ficelé, tout en incorporant une dimension RPG. Ainsi, chaque partisan dispose d'un arbre de compétences clair et lisible fortement utilitaire, que le joueur peut améliorer après un gain de niveau.
Bien équilibré, l'arbre peut apporter des compétences purement générales (meilleure discrétion, plus de points de vie...) et spécifiques à chaque individu. Ainsi, Fetisov pourra bénéficier d'une meilleure précision lors de l'utilisation d'un pistolet-mitrailleur, Sanek pourra distraire un garde plus facilement... Bref, tout un panel de combinaisons est possible, afin de permettre au joueur d'aligner un groupe de partisans le plus efficace possible.
Sur la lignée du RPG, chaque personnage a son histoire et ses contradictions. Les jours de repos dans le camp sont le théâtre d'innombrables discussions sur des sujets plus ou moins triviaux, donnant vie aux partisans qui ne sont plus seulement des individus à placer sur une carte.
Une gestion de l'inventaire « old school » s'avère plutôt bienvenue : plus besoin de savoir qu'une grenade pèse tant d'unités, puisque les sacs à dos sont divisés en cases, chaque objet en prenant plus ou moins. Ainsi, difficile d'avoir des inventaires peu réalistes où on amasse des armes, et place à la gestion des réserves. Petit conseil : il faut absolument partir en mission avec un kit de soin par partisan, même si ces derniers prennent de la place. Cette place pourra sauver la vie d'un de vos soldats, et ce n'est pas négligeable...
La gestion des réserves et surtout des munitions est l'autre pan très développé de Partisans 1941. La vie dans la clandestinité empêche de se fournir autant qu'on le voudrait en armes et munitions, et il faut faire très attention à ce que l'on utilise et de quelle manière.
De même, Partisans 1941 n'est pas un jeu où il faut dépenser franchement les munitions, car elles sont rares... et partent vite, notamment pour les pistolets-mitrailleurs. Il faut donc planifier attentivement les missions et les combats, et le couteau demeure l'arme la plus efficace en fin de partie. Qu'il soit lancé ou utilisé en approche furtive, il ne faut pas hésiter à l'utiliser, tout comme les mines et autres pièges.
Les cartes de missions principales renferment de nombreux goulets d'étranglement dont le joueur doit tenir compte, et il m'est arrivé plus d'une fois de devoir faire replier mes partisans dans la cour d'une isba pour bénéficier de meilleures protections.
Lors d'une autre mission, j'ai pu utiliser les mines à ma disposition et les placer aux accès d'une cour de ce style... avant d'y attirer les Allemands. Résultat : la garnison s'y précipite et est décimée par les pièges, tandis que les partisans terminent d'ouvrir le feu.
Le système de couverture, quant à lui, s'appuie sur les objets ou les bâtiments, chacun bénéficiant d'emplacements sur lesquels placer le partisan. De quoi personnaliser chaque mission et tirer partie avantageusement du terrain...
Partisans 1941
Dans les vieux pots les meilleures soupes
- +Contexte historique original
- +Défi constant
- +Facile à prendre en main
- -Parfois difficile de tout gérer d'un coup, même avec le ralentissement du temps
- -Comportement de l'IA étrange
- -Missions principales trop restreintes au seul aspect militaire
Graphismes
Sans être révolutionnaire, Partisans 1941 est joli et présente de belles variations de couleurs à l'écran ainsi que des environnements soignés.
Technique
Si l'optimisation peut être quelquefois défaillante, le jeu tourne sans problème sur un PC moyenne gamme de 2019.
Jouabilité
Partisans 1941 est facile à prendre en main… peut-être même un peu trop : quand le joueur apprend à maîtriser l'IA, la difficulté des missions est en chute libre.
Durée de vie
Il est possible de terminer Partisans 1941 en un peu plus d'une dizaine d'heures en allant droit au but lors des grandes missions. Mais on peut facilement doubler cette durée en prenant son temps.
Ambiance
Les fusillades sont réalistes, et les personnages parlent en russe ou en allemand, ce qui amène véritablement une excellente immersion.
Scénario
En plongeant le joueur au coeur de la débâcle soviétique de l'été 1941, Partisans 1941 signe un sans faute du côté de l'histoire et des différents protagonistes.
- Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
- « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque