Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurParadox Interactive |
DéveloppeurParadox Development Studio |
Date de sortieFévrier 2019 |
Hearts of Iron IV : Man the Guns
Plus de deux ans après sa sortie, Hearts of Iron IV continue de recevoir des DLC, logique Paradox Interactive oblige. Certains fans de la première heure de la licence avaient pu être frustrés par son aspect orienté « arcade » réduisant le côté microgestion, ainsi que par le manque de profondeur de certains éléments de gameplay, voire même l’absence totale d’autres, comme l’espionnage. Paradox Interactive s’attaque à corriger cela au fil des DLC publiés, l’objectif final restant de faire de son Hearts of Iron IV la référence en matière de grande stratégie prenant part durant le second conflit mondial.
Après « Together for Victory » qui fournit une expérience de jeu personnalisée aux nations dites du Commonwealth britannique, après « Death or Dishonor » consacré pour sa part aux nations fascistes « mineures » d’Europe centrale et orientale, et après « Waking the Tiger » qui se concentre sur l’Asie, c’est au tour du quatrième DLC de faire son entrée dans la danse.
« Man the Guns », c’est son nom, est en effet le dernier des contenus téléchargeables de Hearts of Iron IV à faire partir du pack de DLC offerts pour les possesseurs de l’édition « Maréchal » du jeu. Paradox Interactive a finalement pris la décision de l’inclure dedans afin de contrebalancer le contenu quelque peu faiblard de certains des précédents DLC publiés.
Pour les joueurs qui ne possèdent qu’une édition standard du jeu, il faudra en revanche passer, une fois de plus, à la caisse. Le prix de vente est de 19,99 euros, ce qui correspond à celui d’un DLC conséquent chez Paradox Interactive. Un prix honnête pour le contenu proposé ? Réponse avec notre test !
Make democracies strong again !
Man the Guns a été annoncé en mai 2018. Son développement fut l’un des plus longs pour un contenu téléchargeable de chez Paradox Interactive. Et lorsque l’on constate l’ampleur des changements et des améliorations qui ont été apportées au gameplay, on le comprend aisément.
Là où les précédents DLC se concentraient surtout à produire des arbres de focus personnalisés pour diverses zones géographiques du monde en vue d’y personnaliser davantage l’expérience de jeu, Man the Guns entreprend une refonte totale de pans entiers de gameplay de Hearts of Iron IV. Dans un jeu aussi complexe, la chose n’est certainement pas aisée, et il a fallu batailler pour maintenir un jeu jouable et équilibré tout en y insérant de nouvelles mécaniques.
Man the Guns s’accompagne notamment d’une mise à jour gratuite pour tous les possesseurs de Hearts of Iron IV : la version 1.6 dite « Ironclad ». Cette mise à jour gratuite fournit quelques nouvelles fonctionnalités qui sont enrichies par Man the Guns. C’est notamment le cas du tout nouveau gameplay propre aux régimes démocratiques, première véritable révolution de ce DLC.
Ceux qui connaissent bien Hearts of Iron IV le savent : les régimes démocratiques sont en général les moins bien lotis du jeu. Disposant de moins de souplesse et de bonus que les régimes totalitaires fascistes et communistes pour provoquer des conflits et s’étendre territorialement, les démocraties en sont réduites, de par leur essence-même et de par leur idéal, à tenter de préserver et de défendre la paix et l’ordre mondial établi.
Si ce constat apparait cohérent et logique vis-à-vis de ce qui a pu s’observer à l’époque, il a en revanche des répercussions plutôt négatives sur le gameplay d’un jeu vidéo car les joueurs préfèrent en général être de ceux qui sont à l’offensive. En effet, quel intérêt y-a-t’il pour la majorité des joueurs à incarner un pays comme la France qui, enfermée dans le carcan du droit qu’elle se force à respecter, enchaine les malus et ne peut agir là où l’Allemagne nazie ne se gêne pas pour le faire ?
Réaliste, mais trop punitif et limitatif, le gameplay propre aux régimes démocratiques posait jusqu’alors un problème dans Hearts of Iron IV. Afin de redorer le blason de ces systèmes de gouvernements et de les rendre plus attractifs et intéressants à jouer, Paradox Interactive est donc passé à l’action.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est dans l’ensemble très réussi ! Les arbres de focus des principales démocraties du jeu, France exceptée, ont été retravaillés de façon à offrir davantage de choix et de souplesse au joueur. Dans un jeu comme Hearts of Iron IV qui revendique et assume clairement son aspect « bac à sable », c’est une très bonne chose !
Les États-Unis reçoivent par exemple la possibilité d’intervenir en Europe dès 1940 via plusieurs priorités nationales. Et si la démocratie américaine est encore relativement faible sur le plan militaire à cette époque, les forces de l’Axe n’ont qu’à bien se tenir, tant l’éveil du géant peut se produire rapidement après son entrée en guerre. Attention toutefois, cette intervention devra être soutenue par le Sénat, qui fait son apparition via un système subtil et bien à lui.
La Grande-Bretagne, pour sa part, peut dorénavant faire le choix d’accorder une autonomie renforcée à ses colonies et à ses dominions en accélérant et en anticipant la décolonisation, de façon à s’assurer de la fidélité de ces pays tout en pouvant davantage se concentrer sur l’Europe.
Autre direction « sympathique » que peut prendre l’arbre américain, c’est celle d’une seconde guerre de Sécession. Le pays, en proie à de graves tensions internes, basculera alors dans la guerre civile et vous devrez choisir votre camp entre Nord et Sud. Quelque peu loufoque, ce scénario d’histoire alternative reste intéressant à jouer et il peut avoir de graves répercussions sur le déroulement de l’Histoire dans le reste du monde.
Globalement, de par la refonte des arbres de focus des démocraties, Man the Guns renforce leurs capacités d’actions. Il divise par ailleurs celles des régimes totalitaires en multipliant le nombre de façon de faire potentiellement dérailler l’Histoire. Car si les Etats-Unis peuvent désormais intervenir en Europe dès 1940, l’Italie peut former dans son coin une alliance avec l’Autriche et défier l’Allemagne nazie. Conséquence logique, les scénarios différents pouvant survenir se multiplient et offrent moins de prévisibilité à votre partie.
Les cartes s’en retrouvent rebattues et les chances rééquilibrées, ce qui est dans l’ensemble une bonne chose, même si cela peut assez rapidement mener à des situations brouillonnes où tout le monde se retrouve en guerre avec tout le monde. Afin d’éviter cela et de conserver un minimum de clarté, il sera donné la possibilité au joueur de suggérer les trajectoires qu’il aimerait faire prendre à l’intelligence artificielle avant le début de la partie.
Man the Guns incorpore en effet au jeu une liste de règles très complètes et détaillées que vous pourrez modifier à votre convenance pour adapter votre partie à vos exigences. Attention néanmoins, si vous modifiez les réglages par défaut, vous perdrez la possibilité d’obtenir les succès Steam.
Mener, enfin, la guerre sur les mers
Le combat naval était assez mal exploité dans la version d’origine de Hearts of Iron IV. Les développeurs s’en sont rendu compte et ils ont là aussi opéré un gros travail afin de le rendre plus lisible, plus complet, et par conséquent plus intéressant.
C’est donc un gameplay naval entièrement retravaillé qui vient s’ajouter au jeu avec Man the Guns. À commencer par les phases de batailles qui présentent une nouvelle interface, enfin claire à lire et à comprendre. Vous disposerez également de nouveaux ordres à donner à vos navires afin d’optimiser au mieux leurs sorties en mer.
Ensuite, le système de construction des navires est retravaillé et offre plus de choix de personnalisation et de souplesse. Désormais, vous devrez mener les recherches pour une coque que vous équiperez ensuite avec différents systèmes d’armements, eux aussi à rechercher. Le résultat de ce nouveau système vous permet de construire des navires davantage personnalisés qui pourront au mieux coller à votre stratégie navale. Attention néanmoins à vous limiter à un certain tonnage si vous êtes signataire des traités navals.
Par ailleurs, si vous êtes un pays mineur qui ne dispose pas d’assez de ressources pour vous constituer une grande flotte, sachez qu’il vous sera enfin possible de vous défendre contre les invasions navales adverses via l’usage de mines côtières ! Idéal pour défendre ses côtes sans se soucier d’une invasion, tout en se concentrant sur la guerre au sol.
Enfin, la dernière nouveauté qui vient se raccrocher à ce nouveau système naval, c’est l’ajout d’une ressource de carburant. Désormais, il vous faudra raffiner le pétrole brut que vous exploitez et maintenir des réserves et des stocks de carburants suffisamment importants pour permettre à votre flotte, mais également à votre aviation et à vos divisions motorisées de poursuivre la bataille. Gare à la panne sèche qui pourrait avoir des conséquences très fâcheuses sur le cours de la guerre.
Concrètement, ce système de carburant est le bienvenu. Il rajoute du réalisme au jeu par rapport à des situations qui pouvaient jusqu’alors exister et dans lesquelles des flottes entières étaient capables d’opérer en haute mer des mois durant sans jamais avoir à se ravitailler.
Et sinon... What else ?
Hormis ces deux ajouts majeurs que sont la refonte des démocraties et du combat naval, Man the Guns propose également divers rééquilibrages et des nouveautés.
À commencer par des arbres de focus personnalisés pour le Mexique et pour les Pays-Bas. Ces deux pays reçoivent en effet des arbres conséquents et très détaillés qui offrent de nombreux chemins possibles et très intéressants pour le joueur. Le Mexique pourra par exemple faire le choix de porter Trotski à la tête de son gouvernement et de créer l’Alliance bolivarienne pour unir derrière lui l’Amérique centrale et latine contre l’impérialisme yankee. Quelqu’un a parlé de construire un mur le long de la frontière ?
Néanmoins, si ces arbres apparaissent énormes, ils fonctionnent en trompe l’œil car beaucoup de décisions sont des choix exclusifs, et s’engager dans une voie, c’est en général renoncer à deux autres.
Il faut également noter que chaque pays dispose désormais de davantage de décisions nationales. L’utilisation de votre poids politique s’en retrouvera fortement modifiée et vous ne l’utiliserez plus uniquement pour investir dans des ministres et dans des conseillers, ou pour modifier une législation. Parmi les nouvelles décisions nationales apparait la signature des traités navals internationaux, évoqués précédemment dans le test. Si vous disposez d’une flotte puissante et que votre pays est signataire de ce genre de traités, vous serez limité en termes de tonnages. Néanmoins, il vous est toujours possible de vous retirer unilatéralement de ces contraintes, même si cela risque de déplaire aux autres signataires.
Enfin, il est à noter que les véhicules amphibies font leur apparition dans le jeu pour vous aider à prendre d’assaut les rivières et les fleuves. Vous pourrez également dorénavant accueillir des gouvernements en exil et les aider à continuer la lutte depuis chez vous.
Hearts of Iron IV : Man the Guns
Longtemps attendu, plus que bienvenu
- +Les démocraties, enfin très intéressantes à jouer
- +Le combat naval, réussi et plus complet
- +L’ajout du système de carburant, qui ajoute du réalisme
- +Les arbres mexicains et néerlandais
- +Les possibilités d’histoire alternative, comme la seconde guerre de Sécession
- +Le système de mines navales
- +Un prix plus qu’honnête pour ce contenu
- -La France, grande absente...
- -Des arbres de focus toujours plus vastes, mais pas très lisibles
- -Des situations de guerres qui peuvent vite devenir brouillonnes
- -Des fonctionnalités comme l’espionnage, toujours absentes du jeu après 4 DLC
Graphisme
Les graphismes sont ceux de Hearts of Iron IV. Quelques skins nouveaux font leur apparition, ainsi que de sublimes écrans de chargement.
Jouabilité
Les ajouts sont dans l’ensemble intuitifs à prendre en main. Néanmoins, il arrive que certaines interfaces manquent de clarté et de lisibilité.
Ambiance
Que ce soit via la seconde guerre de Sécession ou via la possibilité de mettre en place une alliance bolivarienne puissante, Hearts of Iron IV n’a jamais été aussi imprévisible !
Technique
Le jeu reste fluide malgré les mécaniques de jeu rajoutées par le DLC. Pas de problèmes majeurs à signaler.
Durée de vie
Avec les nouvelles fonctionnalités, ce sont des centaines d’heures de jeu supplémentaires qui attendent les plus fanatiques d’entre vous.
Scénario
Les gars de chez Paradox Interactive bossent toujours aussi dur pour nous offrir du contenu de qualité. Rien à redire, qu’il s’agisse des destins américains, mexicains, néerlandais ou britanniques, tous valent la peine d’être tentés !
- Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
- « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952