Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurParadox Interactive |
DéveloppeurParadox Development Studio |
Date de sortieJuin 2015 |
Europa Universalis IV : Common Sense
Étant donné que je viens de lancer le nouveau Let's Play d'Europa Universalis IV à la tête de la Pologne sur notre chaîne YouTube, j'en profite pour vous fournir ce petit test écrit concernant le dernier-né de la longue famille des DLC d'Europa Universalis IV.
Common Sense, c'est là son nom, est à ce jour le plus ambitieux des DLC que nous propose le studio suédois pour son jeu. Il opère une refonte totale du jeu en de nombreux aspects et c'est pourquoi il m'est impossible de faire une vidéo d'une trentaine de minutes présentant un test complet et cohérent. J'ai donc choisi de vous écrire les principaux aspects et nouveautés via cet article faisant office de complément au Let's Play dans lequel je reviendrais plus en détails sur les changements apportés. Voyons si cet énième DLC produit par Paradox sait convaincre, et surtout s'il vaut son prix.
Le plus ambitieux des DLC d'Europa Universalis IV
Dès son patch note, Paradox nous annonce la couleur. Common Sense, c'est du lourd. Le DLC va opérer une refonte quasi-totale des principales mécaniques inhérentes au jeu. Pour les vieux de la vieille comme moi, le dépaysement est assuré. Résultat, lors des premières parties sur Common Sense, on se retrouve perdu, en manque de repères. On tâtonne, ayant le véritable sentiment de découvrir de nouveau le jeu. En soi, cela apporte de la fraîcheur et du renouvellement, ce qui n'est pas forcément désagréable.
Paradox réussit l'impressionnant tour de force de toujours apporter plus à un jeu déjà très complet. En ajoutant un DLC et une mise à jour gratuite, Paradox n'a pas compté ses efforts pour renouveler et donner un nouveau souffle à son jeu.
Des changements majeurs concernant la diplomatie et la politique
Common Sense se concentre en grande partie sur l'intégration d'une mécanique de jeu propre aux régimes parlementaires. Ainsi, si d'aventure votre pays venait à s'ouvrir au parlementarisme, il vous faudra assigner différentes provinces à l'assemblée en leur offrant un siège. Veillez à bien faire en sorte que la totalité des régions de votre pays soient représentées et ne concentrez pas trop les sièges dans une zone unique, sans quoi le mécontentement grandira. Le fait d'avoir du monde à l'assemblée parlementaire vous offre des bonus, mais également certains désavantages et notamment un surcoût à l'augmentation de la stabilisation de votre pays.
Toutefois, l'assemblée a l'énorme avantage de vous permettre de lancer des débats tous les 10 ans. Ces derniers concernent des sujets divers et variés. Si vous les remportez, vous aurez droit à des bonus. Là où cela devient intéressant, c'est que pour gagner ces débats, vous devez obtenir le soutien des parlementaires. Via cette mécanique, Paradox parvient à simuler avec brio le fragile équilibre du débat d'assemblée. Vous devrez composer et faire des concessions en vue d'obtenir des soutiens pour remporter le débat. Un équilibre fragile et un dilemme apparait alors : satisfaire les exigences des députés en échange de leur soutien ? Ou prendre le risque de s'en passer ? Vous devez véritablement apprendre à composer avec votre Parlement ici, et cet aspect est donc plutôt réussi.
La seconde grande innovation apportée par Common Sense en matière de politique concerne le Saint Empire. L'Empereur peut notamment prendre de nouvelles mesures comme la mise en place des Cités Libres. Ici, Paradox a cherché à apporter d'avantage de réalisme au sein de l'Empire. Y en avait-il toutefois besoin ? Le Saint Empire était déjà difficilement jouable et très fouilli avant Common Sense. Avec l'apparition des Citées Libres et de nouvelles principautés, il ressemble encore plus à une incontrôlable cour de récréation qu'auparavant. On saluera l'initiative et la recherche de toujours plus de réalisme, mais ce n'est sans doute pas le principal apport de Common Sense, ni même le mieux pensé.
La religion protestante : très (trop?) avantageuse ?
Common Sense apporte également une mécanique propre à la religion protestante. Il faut dire que cela lui manquait vis-à-vis des autres religions. Toutefois, en avait-elle véritablement besoin ? Les bonus de base apportés par le protestantisme sont déjà très bons et la mécanique de pouvoir de l'Eglise faisant son apparition rend la religion de la Réforme encore plus avantageuse. Ainsi, le joueur peut choisir trois bonus qui seront actifs parmi une liste d'une dizaine. Pour activer ces bonus, le joueur dépense des points d'autorité religieuse qu'il emmagasine au fur et à mesure du temps. Résultat, la religion protestante offre des bonus très variés et permet une adaptabilité et une flexibilité impressionnante.
Ainsi, si vous sortez d'une guerre difficile, vous pouvez choisir un bonus rendant plus vite de la main d'œuvre ou baissant l'agitation nationale, voire combiner les effets des deux. Le système est très avantageux, voire trop. Au final, il n'y a plus de véritable intérêt à rester catholique et la religion protestante devient bien plus avantageuse. Je recommanderais donc aux joueurs de se convertir dès que possible en vue d'obtenir un Centre de Réformation facilitant grandement la conversion. En effet, une fois le difficile cap de la conversion du pays passé, vous aurez tous les avantages du monde à avoir choisi le protestantisme. On en viendrait presque à se demander si cette religion n'est pas simplement trop puissante par rapport aux autres.
Une géopolitique européenne modifiée
La carte de l'Europe apparaît également modifiée en début de jeu. Ainsi, la France commence désormais la partie unie et sans vassaux tandis que la Bourgogne se retrouve avec moins de territoires mais des sujets à ses ordres. Le rapport de force avec la France est alors inversé. En jouant les Français, vous devez donc vous montrer plus prudent en début de partie, car vous ne disposez plus de votre horde de vassaux et de leurs armées qui étaient très utiles. Outre cela, quelques nouveaux pays font leur apparition, souvent petits et dans le Saint Empire.
De plus, Common Sense innove et plus aucun pays ne commence le jeu en guerre. L'Angleterre et la France commencent ainsi la partie en paix, bien que vous puissiez très rapidement déclencher les hostilités. Le fait que le monde entier commence en paix est à mon sens une très bonne chose. Cela permet d'équilibrer les chances et de mettre tous les pays dans les mêmes conditions en début de partie. Par exemple, l'Albanie, pays d'une région, commençait auparavant directement en guerre contre les Ottomans, rendant par là toute partie impossible. Désormais, vous pouvez tenter le coup, bien que cela reste très difficile. Les quelques modifications apportées à la géopolitique sont dans l'ensemble satisfaisantes et rendent le jeu plus réaliste et plaisant.
Une nouvelle façon de faire la guerre
L'atout majeur de Common Sense consiste en la mise en place du nouveau système de fortifications. Il redéfinit la façon de faire la guerre en apportant davantage de réalisme là où Europa Universalis IV péchait le plus jusqu'à maintenant. Fini les déplacements totalement libres sur le territoire adverse. Désormais, vous devez composer avec des réseaux de fortifications qui peuvent bloquer votre route et vos avancées. Par ailleurs, toutes les provinces ne sont plus fortifiées. La plupart peuvent être prises en un mois de siège, rendant les offensives bien plus dynamiques. Chaque fort disposera alors d'un rayon d'action sur une région et si vous souhaitez conserver les régions dépendantes du fort, il faudra faire tomber celui-ci en l'assiégeant. Dans des fronts très étroits, cela peut parfois bloquer la situation pendant de longs mois desquels peuvent dépendre l'issue du conflit. Il faudra également penser à surveiller l'attrition de vos troupes. Cet aspect militaire est donc dans l'ensemble très réussi. D'autres petits ajouts, comme le fait de pouvoir réclamer des capitales ou des provinces non détenues dans les accords de paix, sont également très bien pensés.
Provinces et bâtiments : un nouveau système dépaysant
Le dernier point que j'évoquerais est sans doute celui qui fait le plus causer. Le dernier DLC et la mise à jour qui lui est liée mettent en place un tout nouveau système concernant le développement des provinces et les bâtiments. Désormais, les bâtiments sont plus chers mais ils ne coûtent plus de points administratifs/militaires/diplomatiques comme c'était le cas auparavant. Ces points, vous devrez les investir pour augmenter le niveau de développement de vos provinces. De ce niveau de développement, vous tirerez des revenus accrus ou plus de main d'œuvre, mais également la capacité de construire davantage de bâtiments sur la province. Terminée donc, la belle époque où vous pouviez construire un nombre infini de bâtiments sur vos provinces. Désormais, il faudra choisir car le nombre de slots est limité. Vous devez donc mûrement réfléchir au type de bâtiment que vous souhaitez construire et à l'orientation que vous souhaitez donner au développement de votre province. Si vous voulez avoir une province accueillant de nombreux bâtiments de différents types, il vous faudra consacrer des points à son développement. Dans ce cas, cela pourra vous mettre en retard technologiquement et ainsi dans une situation des plus délicates par rapport à vos ennemis. Au final, c'est encore un arbitrage et un choix stratégique qui vous est soumis. Pour cette raison, je trancherais en faveur de Paradox concernant ce nouveau système qui est lui aussi très réussi.
Europa Universalis IV : Common Sense
- +Toujours plus de contenu pour un jeu déjà très riche.
- +De véritables bonnes innovations, et notamment le système de forts.
- +Une refonte totale du jeu améliorant considérablement l'expérience du joueur.
- +Un réalisme très accru.
- +Le parlementarisme, véritable réussite en terme d'ajout au gameplay.
- -Quelques petits problèmes d'équilibrages, notamment la religion protestante.
- -Certains ajouts pas forcément nécessaires et superflus.
- -Encore un DLC...
- Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
- « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952