Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurKlabater |
DéveloppeurPolyslash |
Date de sortie2019 |
We. The Revolution
La Révolution française est assurément une thématique historique peu porté dans l’univers vidéoludique. À part Assassin’s Creed Unity, quasiment aucune production ne se risque dans cette époque tumultueuse mais qui a façonné notre pays et a eu une grande influence sur le monde. Mais ça, c’était avant que les Polonais de Polyslash s’y jettent à corps perdu.
Paris, 1794. Alors que la Terreur bat son plein, la capitale française bouillonne. Voilà maintenant deux ans que la Convention Nationale est à la tête du pays, qui se défend tant bien que mal contre les autres puissances européennes souhaitant remettre la dynastie des Bourbons aux commandes de la France. À cela s’ajoutent les troubles divers d’ordre public qui secouent le pays… et Paris n’est pas épargnée.
Vous incarnez le juge Fidèle, homme de loi torturé entre son envie de faire avancer la situation et celle d’éponger ses dettes. Car notre bon M. Fidèle est joueur - et buveur... ce qui a entraîné son endettement considérable. Grâce à son mentor, Raymond Dévoyé, le juge Fidèle est responsable du tribunal révolutionnaire.
1. Un petit code des lois est disponible pour orienter le joueur sur les peines. - 2. Les protagonistes et les affaires dans lesquelles le joueur peut s'impliquer. - 3. Une pièce d'accusation : notez les mots en gris clair qui définissent les questions. - 4. Un des premiers cas à juger : Claude Pochard, ecclésiastique.
Qu’on lui coupe la tête !
Si We. The Revolution partage quelques bases avec Papers, Please, le jeu est bien plus tourné vers l’utilisation de l’Histoire que de la survie de la famille - et du joueur. Les développeurs promettent cent jours de procès, c’est-à-dire un nombre identique de cas, mais chaque procès peut être découpé en plusieurs actes. Les plus mineurs et moins importants (par exemple pour une accusation de vol) ne se règlent qu’en un acte, tandis que celui du roi Louis XVI se découpe en plusieurs actes, chacun étant entrecoupé de séquences bienvenues.
C’est là que We. The Revolution prend tout son envol : le juge Fidèle n’est pas jouable que dans le Tribunal, mais aussi dehors. Lors d’un procès, il faudra choisir les questions avec précaution : plus l’affaire dure, plus la foule s’énerve... au risque de prendre l’assaut le Tribunal. En fonction des affaires, certains protagonistes et leurs réponses enflammeront la salle, faisant monter la jauge d’excitation de la foule très vite.
5. Voici ce que le joueur obtient pour poser les questions : il faut relier les points. - 6. La Veuve va avoir du boulot. - 7. Le joueur doit même tirer sur la corde pour faire tomber le couperet. - 8. Le procès de Louis Capet (Louis XVI).
Le joueur se retrouve donc parfois coincé par ces affaires explosives et se trouve devant un dilemme : risquer sa vie ou celle de l’accusé en essayant d’aller au fond de l’affaire ou calmer le jeu en s’arrêtant à quelques questions... pour finalement donner un verdict peut-être trop dur ?
We. The Revolution promet aussi un outil de gestion des foules : après avoir condamné quelqu’un à la guillotine, la foule se masse autour de vous et de la Veuve... Vous avez donc la possibilité de haranguer la foule en utilisant divers leviers, comme l’humour ou l’humilité. Selon votre enchaînement, la foule sera calmée ou pire, s’énervera encore plus... au risque de faire intervenir la Garde Nationale.
La foule ivre et des dilemmes
Le déroulement du procès est assez intuitif et novateur. Quand l’accusé se présente devant le joueur, l’accusateur-public (le fameux Fouquier-Tinville) énonce le crime dont il est accusé. À gauche se trouve le jury, derrière est la foule. Sur son pupitre, le joueur dispose des pièces à conviction, c’est-à-dire de feuilles de papier décrivant l’affaire et des témoignages ou des accusations.
Certains mots-clés sont d’une couleur différente : en cliquant dessus, le joueur va pouvoir découvrir des questions à poser à l’accusé. Exemple : pendant le procès d’un ecclésiastique, le joueur clique sur le terme « richesses » et débloque la question à propos des possessions matérielles de l’homme. Chaque question va influencer le jury, vers la peine de mort, la libération ou la prison, alors que d’autres auront un effet inconnu.
9. Petite mise en scène sympathique à la fin du jugement : le joueur doit apposer la signature du juge sur le verdict et son sceau. - 10. Le sceau est justement personnalisable. - 11. Encore un peu brumeux, le jeu propose un système de contrôle de quartiers parisiens pour gagner de l'influence. 12. Fouquier-Tinville est abject à souhait, fidèle à l'image qu'on a de lui.
Vos choix auront des effets sur les factions qui vous entourent ; jusqu’ici, il n’y en a hélas que deux : le peuple et les révolutionnaires (entendre par-là les politiciens au pouvoir). Symbolisée par une jauge, leur appréciation de vos actes doit toujours être satisfaisante : si faire décapiter Louis XVI amènera de la satisfaction aux deux, décider d’envoyer un héros de la prise de la Bastille en prison va faire baisser votre réputation auprès du peuple. Arrivé à un certain stade, la faction vous appréciant le moins pourra même mettre un terme à votre carrière.
Une histoire sur le long terme
We. The Revolution n’est pas une simple simulation de justice : c’est aussi une histoire, celle du juge Fidèle. Entre chaque cas, vous allez avoir des situations spécifiques qui influenceront votre réputation : allez-vous intervenir dans cette bagarre de rue ? Allez-vous soutenir des intrigues ? Des scénettes plutôt sympathiques vous placeront aussi le soir à la table du juge Fidèle, montrant la pression s’opérant sur les Parisiens.
Finalement, chaque jour vous amène son lot de nouvelles affaires, toutes plus ou moins difficiles, et surtout très diverses... pour finalement représenter la Terreur dans toute son horreur. Historiquement parlant, les cas ne sont pas tous réels, ce qui est normal. Vous aurez néanmoins à juger Louis XVI ou d’autres figures de la période, et ce sur la totalité des 100 affaires. L’ambiance est parfaitement retranscrite, et dès les premiers cas, le joueur est plongé dans les dilemmes de la Révolution : faire justice ou éviter les troubles ?
13. Événement typique d'entre deux procès : les pas du juge l'amènent à un endroit où la Garde nationale a ouvert le feu sur la foule. - 14. On peut jouer aux dés... contre Fouquier-Tinville ! - 15. Seconde partie du procès de Louis XVI : notez la jauge d'agitation de la foule, à droite du roi. - 16. Les discours pour calmer la foule : chaque argument peut être envisagé de 4 manières différentes.
Bien sûr, le jeu pour l’instant en beta n’est pas complet et manque encore de polissage. Mais il est déjà très prometteur ; seul bémol qui pourrait être imputable au style de jeu : il est impossible de sauvegarder, et les affaires suivent un ordre chronologique bien défini. Si vous jouez 20 minutes et que vous quittez, vous allez devoir refaire les mêmes cas lors de votre future partie. Un peu lassant si vous n’avez pas 1 ou 2h à mettre dans une session.
Enfin, il n’y a pour l’instant pas de traduction française, et certaines bulles de dialogue sont encore… en polonais. On peut aussi rester dubitatif devant le système (néanmoins novateur) de découverte des questions : le joueur doit relier deux chefs d’accusation tirés des pièces à conviction, par exemple, « Réprimer la révolution » avec « Appeler les souverains alliés à l’aide » pour le cas de Louis XIV. Si celui-ci reste à peu près logique, d’autres sont plus capillotractés.
We. The Revolution
Vive la révolution !
- +Ambiance parfaite
- +Type de jeu innovant
- +Période peu représentée
- -Traductions imparfaites
- -Manque d’ambiance musicale
- -Pas de sauvegarde
- Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
- « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque