Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurIceberg Interactive |
DéveloppeurShining Pixel Studios |
Date de sortieSeptembre 2016 (Early Access) |
Oriental Empires
Oriental Empires est le dernier né de Shining Pixel Studios. Ce jeu stratégie 4X (eXplore, eXpand, eXploit et eXterminate), se déroulant dans la Chine ancienne, est un croisement entre Civilization et Total War. Il n'est donc pas étonnant de voir que derrière ce jeu se trouvent d'anciens développeurs de Total War.
Disponible depuis le mois de septembre 2016 en Early Acces sur Steam, le jeu semble très intéressant mais qu'en est-il réellement ?
Une technique pas Made in China
Bon d'accord, la blague était facile vu le thème traité, mais la réalisation est ce qui frappe le joueur, dés la partie lancée. Le jeu est magnifique ! Il fourmille de détails. Que ce soit dans les villes, dans les champs ou lors des combats, l'écran est rempli de vie.
Le niveau de zoom et de dézoom est impressionnant. Vous pouvez osciller d'un aperçu très large de la carte disponible à un focus très rapproché sur une unité en un mouvement de molette.
J'évoquais Total War précédemment. On notera une proximité dans le style visuel sur les écrans de jeu et les vignettes d'unités avec Shogun 2.
Avoir un jeu de stratégie de cette qualité visuelle est un standard aujourd'hui, mais avec ce niveau d'optimisation, c'est rare.
Il suffit de jeter un coup d'œil à la configuration requise pour se rendre compte que, sauf si votre PC date de 10 ans, vous pourrez le faire tourner sans aucun souci. À titre d'exemple, à cause de problèmes techniques, j'ai testé le jeu sur un PC portable classique de 5 ans possédant un simple core i3 et une carte graphique 610M de 1GB. Je suis donc logiquement très loin d'une config "gamer" et pourtant, le jeu tournait en graphismes élevés sans aucun ralentissement. Et le tout pour seulement 2Go de requis sur le disque dur (recommandé par Steam mais les données téléchargeables sont bien moindres).
Bref, sa technique est un des gros atouts de ce titre.
Un gameplay riche mais perfectible
Comme expliqué précédemment, Oriental Empires est un 4X, similaire à Civilization. Le gameplay est d'ailleurs très proche du titre de Firaxis.
Au début de la campagne, vous choisissez votre clan parmi ceux disponibles. Chacun possède ses avantages et inconvénients ainsi qu'une situation géographique particulière. Votre but est de faire reconnaitre votre leader comme l'empereur légitime. Pour cela, à vous d'abuser de tous les moyens possibles : rayonnement culturel ou commercial, alliance diplomatique ou extermination de l'opposition.
Vous débutez avec une ville que vous devez développer, mais vous devez vite vous étendre en recrutant des colons qui iront fonder de nouvelles citées. Chaque province se gère indépendamment. Vous pouvez décider quels bâtiments construire dans les villes en possession. Le nombre d'emplacements de construction étant limité, des choix seront à faire.
À vous, également, d'écouter votre population, nobles et paysans, qui peut se plaindre pour de nombreuses raisons, comme toute populace dans les jeux de stratégie. Si leur mécontentement devient trop important, vous devrez faire face à des révoltes ou guerres civiles. Faites donc attention à ne pas surcharger votre peuple de travail, ou à maintenir l'autorité de votre clan.
Vous trouverez plusieurs points d'intérêts sur la carte. Certains sont des ressources précieuses (or, cuivre, animaux sauvages ou exotiques...) sur lesquelles il est conseillé d'établir des colonies. Dans d'autres cas, vous devez amener votre général vers un point de rencontre qui lance un événement sous la forme d'un po-pup. Cela peut apporter des bonus très intéressants... ou pas, comme des mercenaires, des technologies ou une courtisane.
Vous développez également votre clan grâce à quatre arbres technologiques (la puissance, l'artisanat, la pensée et le savoir). Vous débloquerez ainsi de nouvelles capacités, bonus, bâtiments ou unités.
Au cours de votre extension, ou de vos explorations, vous découvrirez de nouveaux clans. Vous pourrez interagir avec eux avec un système de diplomatie proche des Total War. Nous regretterons tout de même le faible nombre d'options disponibles au cours des négociations.
Dernier point positif : l'IA. L'ordinateur est très performant. Il attaquera vos villes exposées, exploitera vos failles et n'hésitera pas à user de la diplomatie.
Alors ce jeu est parfait à jouer ? Non évidemment, attaquons les points négatifs. Le terme "attaquons" est d'ailleurs tout à fait approprié puisque nous allons parler des combats.
Oriental Empires est un jeu au tour par tour mais où tout le monde bouge en même temps. Lorsque vous avez fini votre tour (recrutement, déplacement, gestions des villes, des arbres technologiques...) vous cliquez sur fin de tour et tous les clans bougent au même moment. Si deux armées, de nations en guerre évidemment, se retrouvent à proximité, le combat se déclenche.
Si vous attendiez des combats en temps réel où vous déterminez les déplacements de vos troupes à la manière d'un Total War... oubliez ! Les combats sont gérés automatiquement par le PC, vous ne pouvez que regarder les soldats s'agglutiner dans la mêlée et suivre l'avancement par l'indicateur des troupes sur le dessus de votre écran.
Vous pouvez affecter des "stratégies" à adopter par vos unités en cas de combat, mais le choix est pauvre et surtout l'intérêt, faible. Vous devrez quand même faire attention à l'état de forme de vos hommes que ce soit les pertes ou la fatigue.
Le sort des affrontements se résume le plus souvent à : celui qui a la plus grosse armée, gagne. À nuancer quand même avec les forces en présence, des troupes de nobles avec de bonnes stats triompheront sans problème d'un pavé de paysans trois fois plus nombreux. Mais vous pourrez toujours avoir des surprises. Ne cherchez donc pas de stratégie exceptionnelle dans les affrontements.
Les combats en plaine sont une chose, mais les sièges en sont une autre. Si la ville est entourée de murs, il vous faudra absolument des archers pour faire tomber la porte, pourquoi ? Le feu est un savoir secret détenu uniquement par les hommes maniant des arcs ? Il n'y a aucun arbre autour des villes pour fabriquer un bélier ou des échelles ?
L'illogisme ne s'arrête pas là... Lorsque vos archers légendaires, maitres du feu, font tomber la porte, au passage sans aucune résistance de la part des défenseurs, il faut prendre la ville et là, c'est une autre histoire. Vous encerclez un pauvre bataillon de paysans avec 5 unités, dont certaines bien meilleures, et bien... vous êtes repoussés ! Visiblement, il s'agit de soldats ayant joué dans le film 300...
Quand, vexé par votre repli, vous relancez l'assaut sur la forteresse, vous retrouvez la porte reconstruite. Et le balai des unités continue encore et encore. Au bout de plusieurs attaques répétées, vous devez faire demi tour car vos troupes sont trop fatiguées pour continuer et vous vous rendez compte que l'ennemi s'est renforcé. Une ville assiégée peut toujours recruter.
Je conclurai ce point sur les batailles "pacifiques". Par moment, vous recevrez des notifications de batailles mais lorsque que vous cliquerez dessus, pour zoomer sur le lieu d'affrontement, pressé de voir l'acharnement des combats, vous apercevrez vos régiments dans un champ regarder ceux de l'ennemi, sans qu'aucun des deux ne bouge...
Bref, si vous voulez un jeu de stratégie faisant la part belle aux combats et à la tactique, passez votre chemin.
Second point négatif, qui est plus une interrogation, est l'utilisation des décrets. Vous obtiendrez des commandements que vous pourrez utiliser quand bon vous semble. Ces derniers sont actifs pour une durée déterminée, vous apportant des bonus mais également des malus. Les effets sont visibles mais les décrets sont loin d'être indispensables.
Le nerf de la guerre
Attardons nous un peu sur le système économique du jeu.
À la manière d'un Total War, vous gagnez de l'argent à chaque tour qui vient s'accumuler dans vos caisses. Cette rentrée est la différence logique de ce que vous gagnez avec ce que vous dépensez à chaque tour, notamment en entretien militaire.
Le recrutement des troupes se fait de manière assez particulière. Vous devez avoir un nombre suffisant d'habitants dans votre cité pour pouvoir enrôler, jusque là rien de surprenant. Par contre, engager des troupes ne vous coute rien, super me direz vous ! Oui enfin, on parle du moment où l'on crée l'unité, les coûts d'entretien eux sont beaucoup plus importants. Votre taille d'armée est donc vite limitée, ce qui ne rend pas les combats plus simples, comme évoqué précédemment.
À cela s'ajoutent des incohérences dans la gestion. Vous serez limité en taille d'armée mais votre clan rival qui possède moins de citées, moins de ressources spéciales, bref qui parait bien moins riche que vous, pourra avoir une armée deux fois plus importante ! Comment se fait ce ? Bonne question, j'y travaille toujours !
Mais, il n'y a pas que les troupes qui vous coutent cher en entretien, les bâtiments sont encore plus chers. Déjà ces derniers ne sont pas gratuits. Il y a quand même des limites, Noël n'existait pas en Chine à cette époque. Lorsque vous lancez la construction d'un bâtiment quelconque (forgeron, grenier, marché...), vous devrez déjà débourser 600 pièces d'or en moyenne mais aussi plus de 50 pièces d'or d'entretien à chaque tour, une fois l'édifice opérationnel. Sur un gain d'un peu plus de 100 pièces d'or par tour en début de jeu, ça fait cher. Et dire que l'on pensait la main d'œuvre chinoise peu couteuse...
Autre part importante de l'économie : le commerce. Le système est assez flou.
Vous pouvez développer les échanges entre vos villes pour cela il faut les relier entres elles par des routes. Plus les citées sont éloignées, plus les gains sont importants. Vous pouvez également utiliser les voies maritimes en construisant des ports, mais, attention, ceux-ci ont une portée limitée.
Des bâtiments (comme les marchés) ou la maitrise de certaines technologies (comme le travail du bronze, de la soie ou du jade) peuvent augmenter votre commerce.
Pour ce qui est de traiter avec les clans étrangers, ne cherchez pas l'option dans les dialogues diplomatiques, elle n'existe pas. Alors comment faire ? Si vous avez la réponse, je la veux bien. Je pense que cela passe également par les infrastructures mais, malgré plusieurs essais, je n'ai jamais réussi, ou peut être que si mais comme les échanges ne sont pas détaillés dans l'onglet économique, je l'ignore.
Une prise en main compliquée
Oriental Empires n'est clairement pas destiné aux débutants dans le genre.
D'une part, le jeu est difficile. De par son modèle économique exigeant, son système de combats très perfectible et son IA balaise, le jeu demande déjà une certaine expérience dans le genre.
Ensuite, il n'y a pas de tutoriel. Vous êtes directement lancé dans la grande campagne sans aucune mission préparatoire. Des petits encadrés d'aide apparaissent bien mais ils ne vous sont pas d'une grande utilité. Une aide existe dans les menus mais elle n'est pas très détaillée.
Enfin, Oriental Empire est pour le moment totalement en anglais. Cela est surement dû à l'Early Access mais les réfractaires à la langue de Shakespeare auront beaucoup de mal. Je précise tout de même que l'anglais est basique et ne pose aucune difficulté pour les personnes ayant un minimum de maitrise dans la compréhension. Pour les plus courageux, il existe une version « chinois traditionnel » mais je vous laisserai le plaisir de la tester.
Tout cela fait que vous progresserez en apprentissage par l'échec. Vous vous ruinerez, l'IA vous roulera dessus, mais à chaque fois vous comprendrez vos erreurs et les corrigerez pour la partie suivante.
Et ensuite ?
Comme précisé à plusieurs reprises, le jeu est en Early Access, certes très avancée. Oriental Empires n'est donc pas fini, et l'avis peut encore changer, en bien comme en mal. Alors, que pouvons-nous attendre pour la suite de ce titre, hormis les mises à jour classiques ?
Dans un premier temps, un multijoueurs. L'option est déjà présente dans le menu principal. Vu le style de jeu et sa gestion du tour par tour, cela pourrait être une bonne expérience de jeu.
Ensuite un vrai didacticiel ? Pour le coup, c'est une spéculation puisqu'aucune information n'est donnée. Cependant, cela serait très utile.
Egalement plusieurs langues ? Pour l'instant, le public non anglophone est écarté de ce titre. Il serait dommage pour Iceberg Interactive de ne pas prévoir ça.
Enfin une bibliothèque. Le thème de la Chine ancienne est intéressant mais il n'y a aucune base de données sur les unités et bâtiments, seul un petit texte, lorsqu'on choisit son clan, le décrit.
Oriental Empires
Encore des choses à améliorer
- +Graphismes magnifiques
- +Jeu très bien optimisé
- +Gameplay riche
- +Thème de la Chine ancienne original
- +IA réellement intelligente
- -Aucun didacticiel
- -Incohérences dans la gestion
- -Combats
- -Manque d'options diplomatiques
- Vaudec Rédacteur, Chroniqueur, Historien
- "Le sang d'une nation pour l'honneur d'un seul homme." Oliver Peru
"Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable." Joseph Staline