Une journée spéciale archéologie sur Arte

Thématique
Archéologie
26 mai
2021

La grande messe annuelle de l'archéologie approche : du 18 au 20 juin prochain auront lieu les Journées Européennes de l'Archéologie, organisées en France par l'INRAP et qui permettront de visiter de très nombreux sites de fouilles archéologiques sur l'ensemble de territoire et de profiter d'activités exclusives.

Pour marquer le coup, Arte organisera le 19 juin une journée spéciale avec une programmation à thème, centrée sur les plus beaux sites archéologiques de France, en commençant par le documentaire Narbonne, la seconde Rome, réalisé par Alain Tixier l'année dernière et qui sera diffusé à 20h50 ; suivi par un autre documentaire de Pauline Coste, les Dames et princes de la Préhistoire, qui sera diffusé à 22h25.

Une journée spéciale archéologie sur Arte

Avant cela, à partir de 10h05, il y en aura pour tous les goûts : la chaîne diffusera toute la journée des séries documentaires consacrées – dans l'ordre - à la Perse, au char chinois et aux premiers empires de Chine, au site lacustre britannique de Must Farm, et au château de Guédelon.

Nous rapportons aussi l'entretien du journaliste Raphaël Badache pour Arte, accordé par l'archéologue Valérie Bel, chef d'opérations de la fouille de la nécropole de Narbonne, que l'on retrouve dans le documentaire d'Alain Tixier.

Pouvez-vous contextualiser l'histoire de ce site, localisé sur un terrain vague dans la périphérie sud de Narbonne ?

Valérie Bel : Il s'agit d'une nécropole située au carrefour de deux voies qui conduisaient au port de Narbonne, l'un des plus importants de la Méditerranée sous l'Empire romain. Par sa position géographique, la ville, centrale dans le trafic maritime, fut la première colonie romaine en Gaule, devenant ainsi une métropole florissante, avec une population principalement italienne, et marquée aussi par un brassage important. On en trouve la trace dans la nécropole, avec ses vestiges d'amphores venant d'Espagne, de Méditerranée orientale, de Grèce, d'Italie...

Ce site est présenté comme la plus importante nécropole antique fouillée en France...

Avec 2000 m2, il déploie une ampleur hors norme. C'est un véritable quartier funéraire que nous avons pu étudier jusqu'en novembre [un rapport sera rendu en 2022, NDLR]. Près de cinquante personnes y ont travaillé, durant quatorze mois, ce qui est assez rare pour une fouille préventive. Nous avons fouillé 1650 structures funéraires, datées du Ier au IIIe siècle de notre ère, dans un état de conservation exceptionnel, ce qui lui vaut d'être aujourd'hui considéré comme un site de référence pour l'étude des pratiques funéraires antiques.

Avez-vous déjà pu en tirer des enseignements ?

Le site a fourni une quantité phénoménale d'informations, que seules des générations de chercheurs pourront digérer. Sa remarquable conservation permet d'observer comme rarement les structures funéraires comme, par exemple, des conduits à libation, des dispositifs destinés à garder le contact avec les morts, notamment en versant du vin à l'intérieur de la tombe depuis la surface. Nombre de traces de gestes funéraires et de pratiques se rapportant à la mémoire ont été mis au jour : des coquillages, des salles à manger où la famille se réunissait en l'honneur du défunt, des puits dédiés aux rites alimentaires, des objets personnels, notamment dans les tombes d'enfants… Nous avons réalisé également la complexité et la précision de l'organisation d'un espace funéraire romain, car ces nécropoles constituaient alors de véritables lieux de vie et d'activité : les Narbonnais de l'époque ne cessaient de construire, de réaménager, de partager des repas... Par ailleurs, ce site témoigne des évolutions de la nécropole dans le temps. Et cela aussi, c'est fabuleux.