Une cargaison de sauce au poisson antique ramenée à la surface

Thématique
Antiquité
5 octobre
2019


La Méditerranée est la plus ancienne des mers sur laquelle on a navigué, de toute la Terre. Ce qui explique qu’elle soit la plus riche en épaves diverses et variées, des embarcations néolithiques jusqu’aux croiseurs de la dernière guerre mondiale ! Au large des îles espagnoles des Baléares, des opérations d’archéologie sous-marine ont mis a jour une épave romaine datant du IVe siècle aprés J.-C.

La découverte est fortuite: un certain Felix Alarcon et sa femme auraient découvert des fragments d’amphores plantés dans le sol d’une plage, après quoi ils auraient alerté les autorités archéologiques locales. La phase de prospection lancée par l’IBEAM (Institut Baléare d’Etudes en Archéologie marine) a rapidement localisé l’épave du navire, à cinquante mètres du rivage.

Le périmètre des fouilles a donc livré la carcasse d’un petit bateau de commerce, ne dépassant pas dix mètres de long pour cinq de larges, probablement dédié au cabotage et au transport des marchandises entre l’Ibérie et la toute-puissante Rome, via le port d’Ostie qui donne sur la mer Tyrrhénienne.

Les archéologues ont mis au jour pas moins de 93 amphores dans la cale, beaucoup étant intactes malgré le naufrage et, chose courante dans un milieu comme celui-ci, extrêmement bien préservées :

Leur bouchon étant encore en place, leur contenu est donc probablement toujours à l’intérieur, 17 siècles après le naufrage ! Bien que leur étude soit encore à réaliser, les archéologues pensent qu’elles pourraient contenir du vin, de l’huile d’olive ou encore du garum, cette sauce au poisson dont les Romains étaient de grands consommateurs dans leur cuisine courante.

Il va cependant falloir patienter un peu, car la tâche s’avère délicate. Comme le dit Kika Col, chargée du patrimoine au Conseil de Majorque, « Les amphores ont passé 1.700 ans sous l'eau et nous ne voulons pas faire d'erreurs ». La première étape va consister à les immerger à nouveau dans des bains servant à les dessaler, car la couche de sel marin accumulée avec les siècles aura fragilisé la terre cuite.

Reste à savoir à quoi est dû le naufrage : les intempéries sont les coupables les plus courantes ; mais d’après les spécialistes, un sinistre dû à une tempête aurait probablement fait voler en éclat la cargaison, ce qui n’est pas le cas. On suspecte donc une catastrophe d’origine humaine, comme une mutinerie ou une fuite face à un danger...