Le 6 juin sur Grands et petits écrans
6 juin 2014 par Lyrik | Deuxième guerre mondiale - Bataille de Normandie | Film et série télévisée
Le 6 juin 1944 reste dans la mémoire collective un des événements majeurs de la Seconde Guerre mondiale : en débarquant en Normandie, les Alliés ouvraient un second front contre l'armée allemande. Ces dizaines de milliers d'hommes qui furent parachutés ou qui coururent sur les plages, sous le feu ennemi, débutèrent ainsi la libération de l'Europe occidentale.
Nous arrivons de nos jours facilement à nous imaginer à quoi put ressembler tel événement. En effet, bon nombre de personnes ont un membre de leur famille ou connaissent quelqu'un y ayant assisté de près comme de loin ou même participé.
Mais un autre moyen permit à cet événement de se répandre dans les consciences : le cinéma. Lors de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les écrans ne connaissaient pas la place qu'ils occupent de nos jours, outre les journaux et la radio, les cinémas retransmettaient le déroulement du conflit sur grand-écran. Ainsi, le débarquement, puis la bataille qui s'ensuivit, furent connus de tous.
L'essor de Hollywood
Cependant, pour les générations de l'après-guerre, de nombreux films prennent pour contexte le débarquement, sans forcément le mettre en scène, mais se servant de son cadre pour faire évoluer ses personnages. C'est le cas du film Le bataillon du ciel, d'Alexandre Esway, basé sur le livre de Robert Kessel, qui met en scène l'action des SAS français parachutés certes en Bretagne la veille du Jour-J, mais dans le but de ralentir les éventuels renforts allemands en route vers la Normandie.
Avec l'Age d'or de Hollywood, de grands films permirent aux masses de se faire une idée des événements marquants de la guerre passée. Des myriades de stars revêtaient alors les uniformes des deux bords et jouaient le rôle de simples soldats ou d'officiers et redonnaient ainsi vie à des événements passés.
Quel film d'après-guerre plus emblématique que Le jour le plus long de 1962, réalisé par Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl Zanuck (chaque réalisateur s'étant occupé de séquences spécifiques) ? Basé sur le livre éponyme de Cornélius Ryan, il met en scène l'ensemble des événements survenus avant et pendant le débarquement en Normandie. On y suit ainsi un casting prestigieux composé entre autre de John Wayne, Henry Fonda, Richard Burton, Sean Connery ou encore Bourvil retraçant l'ensemble de l'opération Overlord, des parachutages derrières les lignes ennemies aux différents débarquements. Le tout est ponctué de petites anecdotes plus ou moins réelles ou romancées : le parachutiste américain qui confond le bruit du « criquet » et celui du rechargement d'un fusil allemand, celui qui resta suspendu au sommet du clocher de Sainte-mère l'Eglise ou bien encore le débarquement des forces françaises du commando Kieffer sur Sword Beach, premiers soldats à y mettre le pied d'ailleurs. Mais comme tout film, celui-ci n'est pas exempt d'inexactitudes et d'incohérences : entre la prise de « Pegasus Bridge » par les paras britanniques après un rude combat, alors qu'en réalité, seuls quelques Allemands tenaient le pont qui tomba aux mains des Britanniques en une dizaine de minutes ou encore les anachronismes au niveau de certains uniformes (les vestes de saut des paras américains) ou des véhicules (une 2 CV commercialisée en 1948, une jeep française…) le film n'est pas exempt d'erreurs.
C'est durant les années 50 et 60 que le film de guerre sur la Seconde Guerre mondiale prend de l'ampleur, ainsi, en dehors du Jour le plus long, d'autres films abordent ou mentionnent de près comme de loin l'opération Overlord. C'est le cas par exemple de Le bal des maudits de Edward Dmytryk sorti en 1958, retraçant la vie de 2 soldats américains et d'un officier allemand joués respectivement par Dean Martin, Montgomery Clift et Marlon Brando aux cours des événements ayant lieu de 1938 à 1945 (dont la Normandie), mais aussi le film d'Umberto Lenzi, La légion des damnés, de 1969, qui met en scène un groupe de soldats alliés chargés du déminage des plages ou encore le film Patton de 1970, retraçant la carrière de Patton, notamment sa participation à l'opération Fortitude, opération de désinformation destinée à entourer l'opération Overlord de mystère quant à sa localisation mais aussi à son réel but (une fois l'opération lancée, faire croire qu'il ne s'agissait que d'une diversion).
De Big Red One à Band of Brothers
Les trois dernières décennies furent riches en films et séries sur la guerre. Parmi la multitude de titres, certains sortent du lot. En 1980, sortait Big Red One, de Samuel Fuller, film retraçant l'épopée de la première division d'infanterie américaine de l'opération Torch en 1942 à la découverte du camp de Falkenau en passant par le débarquement. Le film se concentre notamment sur une escouade précise de la division, dirigée par le sergent Possum (Lee Marvin) et comportant d'ailleurs Mark Hamill, alias Luke Skywalker. On y suit donc leur évolution au cours du conflit ainsi que leur comportement qui évoluera au gré des événements, notamment lors du débarquement en Normandie.
Mais c'est en 1998, avec Il faut sauver le soldat Ryan que le débarquement est réellement remis sur le devant de la scène. Réalisé par Spielberg et mettant en scène Tom Hanks, Tom Sizemore ou encore Matt Damon dans le rôle de Ryan, le film raconte le périple d'une escouade qui a pour mission de retrouver un homme (le soldat Ryan) qui a gagné le droit de rentrer chez lui après la mort de ses frères (le film est inspiré de l'histoire véridique des frères Niland). On assiste donc à leur pérégrination depuis les plages du débarquement jusqu'à la ville de Ramelle. Le débarquement sur Omaha y est représenté de manière crue : le sang rougit la mer, les cadavres s'amassent sur la plage, un soldat ramasse son bras arraché, un autre, mourant, hurle de douleur... Ce film choqua de nombreuses personnes lors des avant-premières, notamment des vétérans. Pourtant, il comporte quand même pas mal d'erreurs : des obstacles sur la plage posés à l'envers, les bunkers énormes ou encore la présence d'un char tigre quelques jours seulement après le débarquement. Mais le film n'en reste pas moins la représentation que beaucoup se font du D-Day (moi y compris) par sa violence et son côté sombre/réaliste.
Spielberg récidiva dès 2001 avec la série Band of Brothers (HBO encore et toujours) remettant en scène le périple de la « Easy Company » (donc la compagnie E) de la 101e aéroportée, de son entrainement à la fin de la guerre. On assiste ainsi au D-Day, non plus du côté des plages, mais à l'intérieur des terres, avec les paras. Mais la série ne se limite pas qu'au débarquement : en dix épisodes, le spectateur assiste aussi à l'opération Market-Garden ou encore à la bataille des Ardennes.
C'est grâce à ce genre de films et séries que nous nous sommes forgés une certaine image des événements qui eurent lieu il y a déjà 70 ans. Nombre de téléfilms et films historiques ou non s'en sont servis, comme dans X-Men Origins : Wolverine en 2009, où l'on peut voir Hugh Jackman participer au débarquement, le médiocre Pathfinders : vers la victoire, sorti en 2001 mettant en scène les premiers paras qui avaient pour mission de « montrer la voie » aux avions pour le gros des parachutages en balisant et sécurisant les zones de parachutages ou encore le téléfilm allemand Rommel le guerrier d'Hitler, sorti en 2012, où Rommel , persuadé que le débarquement aura bien lieu en Normandie, tente de convaincre Hitler de lui accorder des renforts.
Malheureusement, on peut remarquer que ce sont souvent les mêmes sujets qui ressortent : l'appui américain, la réaction allemande. Il ne faut pas oublier que des Britanniques, des Canadiens et mêmes quelques Français ont participé ce jour-là ! Ceci est visible dans Le jour le plus Long ou encore Le bataillon du ciel. Mais en 2010 est sorti un docu-fiction, Storming Juno - A l'assaut de Juno, sans prétention, soulignant la présence des Canadiens lors du D-Day, en retraçant le parcours de trois soldats, un parachutiste, un fantassin du Regina Rifles et un tankiste, témoignages de vétérans à l'appui. Dans la veine d'un épisode de Band of Brothers, ce docu-fiction est une bonne surprise.
Il existe encore de nombreux films et téléfilms sur le sujet, abordant de près comme de loin le sujet du débarquement et/ou de la bataille de Normandie, mais j'ai décidé pertinemment de ne citer que les plus importants ou ceux qui mériteraient d'être connus. Il ne faut pas oublier non plus la masse non négligeable de documentaires qui existent sur le sujet, souvent agrémentés de scènes de reconstitutions ou d'images/vidéos d'archives.
Comme on peut le remarquer, toutes ces œuvres s'inspirent de livres ou sont teintées du vécu de certains protagonistes, comme pour Samuel Fuller, le réalisateur de Big Red One (Au-delà de la gloire en français) qui fut membre de la 1ère division d'infanterie américaine lors de la Seconde Guerre mondiale. Par ces films, nous nous sommes forgés notre propre conception de cet événement : la vision que nous en avons est celle de soldats courant ou marchant prudemment, sur des plages couvertes d'obstacles, sous le feu des bunkers allemands, ou bien d'hommes avançant difficilement dans le bocage normand, sous la menace d'éventuels snipers. Bien que vieux de 70 ans, ce fait reste dans les mémoires et n'est pas près d'être oublié, car ce jour-là, la liberté vînt de la mer et du ciel.
- Lyrik Le Vétéran, Chef de la section audiovisuelle, Testeur, Correcteur
- "I'm ashamed of you, dodging that way. They couldn't hit an elephant at this distance" Major général John Sedgwick avant d'être mortellement frappé par une balle sudiste...