Dossier sur les jeux vidéo uchroniques

6 janvier 2014 par Pinx et Lyrik | Jeux vidéo uchroniques

Dossier sur les jeux vidéo uchroniques

L'uchronie, c'est se demander de manière plus ou moins sérieuse ce qu'il se serait passé si un certain événement (le turning point) n'avait pas connu le déroulement historiquement authentique. En gros, comment aurait continué l'histoire si elle avait été modifiée. Nous sommes loin de l'utopie, où on recherche une société "idéale". Nous ne sommes pas à la recherche d'un passé idéal, mais nous sommes plutôt en présence d'un passé plus sombre.

L'uchronie est avant tout un genre littéraire trouvant certaines de ses sources dans des récits comme Napoléon et la conquête du monde 1812-1832  daté de 1836 où Louis Napoléon Geoffroy-Château, juge parisien, met en scène un Napoléon victorieux, ayant sauvé une grande partie de ses forces après une retraite de Russie effectuée avant l'Hiver, ou encore de P's Correspondence en 1846, de l'Américain Nathaniel Hawthorne mettant en scène l'année 1845 dans un univers parallèle au sien.

Mais avec l'essor des nouvelles technologies, le cinéma a commencé à s'emparer du sujet quoique timidement. Citons le film de Frank Capra, La vie est belle, où le personnage constate ce que le  « monde » (le sien en tout cas) aurait été sans lui, Watchmen de Zack Snyder, présentant un groupe de « justiciers » dans un monde où Nixon a été réélu, les USA ont remporté la guerre du Vietnam et où la guerre froide semble beaucoup plus tendue que dans la réalité ou encore Inglourious Basterds, film de Quentin Tarantino, mettant en scène une escouade de soldats américains envoyés en France occupée tuer du nazi et une jeune femme juive souhaitant venger sa famille.

Mais dans ce dossier, nous ne parlerons pas de littérature ni de cinéma. Non, nous parlerons de jeux vidéo. Car il faut le constater, l'uchronie y est un genre assez représenté. Nous allons baser notre réflexion sur trois grands axes pour développer notre pensée :

I) Les jeux qui mettent en scène l'uchronie avant le turning point
Le jeu débute sur des bases authentiques. Le joueur a ensuite le choix de suivre ou non le déroulement comme dans les Total War ou Europa Universalis, ou les jeux scriptés, mettant le joueur en scène avant le turning point ou pendant, généralement au cours d'une cinématique, comme dans Rush for Berlin où le joueur a la possibilité de mener les Américains à Berlin.

II) Les jeux qui mettent en scène l'après turning point :
Le jeu est généralement introduit par une brève cinématique rappelant le contexte, dans lequel l'aventure du joueur ne débute qu'après le turning point. C'est le cas de Homefront, mettant en scène l'invasion nord-coréenne des USA ou encore World in Conflict, dans lequel les Soviétiques passent à l'attaque.

III) Les jeux dont le turning point met en scène du fictif :
Des zombies, des dragons, une machine à voyager dans le temps, enfin tout ce qui est purement de la fantasy ou de la science fiction et qui plonge le joueur dans une aventure complètement irréaliste, comme les Wolfenstein, Command and Conquer Alerte Rouge ou Resistance : Fall of Man.


Les jeux qui mettent en scène l'uchronie avant le turning point (Pinx)

Et si...”, depuis des années maintenant cette simple interrogation a poussé l'être humain à penser et repenser l'Histoire sous tous les angles et à s'imaginer ce que seraient les mondes alternatifs. Une infinie de possibilités à faire tourner la tête des plus grands savants de ce monde, mais aussi une source inépuisable d'idées pour tout amateur de science-fiction qui se respecte. Car si mondes parallèles il y a, nombreux sont les auteurs et les réalisateurs qui ont exploité le filon jusqu'à l'os, et quel meilleur média pour retranscrire cette pensée que le jeu vidéo.

Objet ludique par excellence, l'essence même du jeu vidéo invite précisément le joueur à plonger dans un univers virtuel, loin des frontières du temps et de l'espace. Et dans cet immense terrain de jeu quoi de mieux que d'inviter le joueur à revivre l'Histoire à laquelle il n'a pu assister, celle qu'il n'a pu changer.

En matière d'uchronie dans les jeux vidéo nombreux sont ceux ayant opté pour une transformation flagrante et brutale de la ligne du temps : monstres surnaturels, technologie ultra développée, steampunk .. Sont l'apanage des  grands succès de ces dernières années. Mais il est un genre qui s'avère trouver une résonance plus profonde que les autres au mythe de l'uchronie, celui de la guerre.

Qui n'a en effet jamais pensé à ces quelques hypothèses au moins une fois dans sa vie : Et si Hitler n'avait jamais vécu ? Et si Vercingétorix avait remporté la bataille d'Alésia ? Et si Kennedy ne s'était pas fait assassiner ?

Dans cette première partie, nous centrons notre analyse sur les séries Civilization, Total War et Hearts of Iron dans un paragraphe expliquant la ligne directrice qui a construit ces types de jeu.

Développé par Paradox Development Studio en 2002, Hearts of Iron, premier du nom, se veut une adaptation illégitime du jeu de plateau du français Philippe Thibault « Europa Universalis » qui permettait aux joueurs de rejouer les grandes guerres du XVème jusqu'au XVIIIème siècle en incarnant au choix un des empires/nations de l'époque. Prenant place dans la période de la Seconde Guerre mondiale uniquement Hearts of Iron offre la possibilité de changer la face du monde entre 1939 et 1947 en partant d'un postulat inchangé.

En incarnant les forces de l'Axe, des Alliés ou de la Russie communiste le jeu offre une pluralité de visions, a contrario des productions vidéoludique surfant sur le fantastique et le surnaturel. Hearts of Iron se place dans un environnement plus consensuel et privilégie la stratégie et l'organisation comme vecteur du changement. Le placement en temps limité et la liberté de mouvements sur le visuel d'une carte du monde demeurent les grandes lignes du jeu.

Hearts of Iron est un des innombrables représentants d'un genre ayant choisi l'uchronie comme un élément de gameplay pur, le simple fait de jouer à ce jeu permet de réécrire l'histoire, si ce n'est de simplement y participer et d'interagir avec. Même si le joueur cherche à reproduire la réalité des faits au plus près possible, il ne pourra jamais réellement influer sur le jeu sans jamais changer le déroulement des faits.

Une transposition directe des wargames sur plateau qui offraient même sous ce format un univers quasi infini de rejouabilité et de liberté aux joueurs désireux de participer à leur manière aux grands conflits de notre temps, et de chercher à comprendre les enjeux stratégiques et les conditions environnementales qui ont amené certaines puissances à l'emporter sur d'autres.

Hearts of Iron  Hearts of Iron  Hearts of Iron  Hearts of Iron

La série des Civilization développée par le game designer Sid Meier et celle des Total War développé par le studio The Creative Assembly sont allées encore plus loin dans la reconstitution historique, la liberté offerte aux joueurs de réécrire l'histoire. Non seulement les périodes de temps dans lesquelles le joueur peut interagir sont élargies mais le choix de possible est devenu mirobolant.

Tandis que Total War a fait le choix de s'axer sur des périodes de l'histoire fixe et des points géographiques précis : la période médiévale, les dynasties de Shogun... Civilization a quant à lui fait le choix d'une ligne historique beaucoup plus large évoluant au fil du jeu (un tour de jeu peut représenter une année).

Civilization permet au joueur de créer son empire de son balbutiement à son apogée, de le personnaliser et de le faire évoluer au fil du temps via la construction d'édifices, la conquête de territoires et l'exercice diplomatique. En plus de cela le joueur peut développer des technologies particulières en fonction de son empire, ce qui influencera le déroulement historique.

Total War s'inscrit d'avantage dans une logique du spectaculaire et du réalisme en permettant au joueur non seulement d'influer sur l'histoire mais de vivre les batailles via un système de placement de troupes et de combat en temps réel. D'avantage axé action, Total War offre au joueur la possibilité de vivre l'uchronie qu'il a lui-même influencé par un système de jeu dans le jeu incorporant une phase de réflexion et de stratégie à grande échelle et une phase de combat organisé et immersif.

L'uchronie au service du joueur permet ici d'entrevoir des périodes de l'histoire obscures mais riches de contenu et de finalités qui pour le coup transforment à terme un pan entier de la ligne temporelle vers des situations qui à elles seules auraient pu influencer le visage du monde moderne connu.

Civilization III  Civilization III  Medieval II : Total War  Medieval II : Total War

Les jeux qui mettent en scène l'après turning point (Pinx)

Nous nous contentons dans cette deuxième partie de parler de trois jeux en particulier : Homefront, Freedom Fighters, et Turning point : Fall of liberty.

Freedom Fighters est un TPS (Third Person Shooter) d'Electronic Arts sorti en 2003 sur Xbox , GameCube, PlayStation 2 et PC possédant un mode solo et un mode multijoueur. L'intérêt du jeu attrait à sa temporalité et à la construction de son histoire ; en effet Freedom Fighters se déroule dans une réalité alternative dans laquelle les puissances communistes de l'URSS sont devenus les grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale après avoir envoyé une bombe nucléaire sur Berlin (il faut ce qu'il faut). Suite à cela l'envie leur a pris de s'attaquer au reste du monde et d'attaquer de front le sol américain. Un spectre de la guerre froide ? hum possible. Le jeu nous propose malgré tout de défendre ce qui reste de l'honneur patriotique américain en incarnant un plombier (et oui encore un) reconverti en agent de la résistante de l'Oncle Sam : Christopher Stone.

Freedom Fighters est davantage intéressant pour son fond que pour sa forme car ce scénario uchronique aurait pu voir le jour, il était en effet un des scénarios possibles du dénouement de la guerre (avec cependant quelques années d'avance). L'URSS lança son premier programme de tests nucléaires en 1943 et ses premiers essais physiques courant 1949, elle devint par la suite la deuxième puissance nucléaire mondiale derrière les États-Unis avec plus de 45 000 missiles assemblés (point d'orgue de 1956) et fit planer sur le monde une guerre des nerfs idéologique jusqu'en 1990.

L'histoire tout le monde la connaît, l'URSS et l'Allemagne nazi qui avaient conclu d'un accord de paix en 1939 s'affrontèrent moins d'un an après suite à la volonté d'Hitler d'annexer le vaste empire russe. L'uchronie prend ici toute son ampleur si on envisage le fait que l'URSS (un des grands vainqueurs de la guerre) ai répliqué au point de rayer un pays de la carte et se mette à entreprendre une croisade à l'échelle mondiale, alors à l'apogée de sa puissance. Un scénario catastrophe qui place une fois de plus les États-Unis au centre de l'héroïsme mais qui témoigne d'une appréhension assez flagrante du risque qu'a représenté de tous temps la Russie de Staline.

Freedom Fighters  Freedom Fighters  Freedom Fighters  Freedom Fighters

Turning Point : Fall of Liberty est un jeu de tir à la première personne développé par Spark Unlimited en 2008 sur PS3, Xbox 360 et PC. Turning Point nous plonge une fois de plus dans l'enfer de la Seconde Guerre Mondiale mais sur une ligne de temps relativement différente. En effet, longtemps s'est posée la question de savoir ce que seraient devenus les puissances Alliées sans figures emblématiques et charismatiques pour les représenter, et les pousser à se battre contre l'envahisseur nazi.

Et c'est là que Turning Point répond à la question en proposant une narration centrée sur la mort de Sir Winston Churchill, 1er grand ministre et tête de proue de la résistance à l'Allemagne d'Hitler en 1940. Que serait-il en effet arrivé si l'homme au cigare avait péri avant le début de la guerre, si sa voix n'avait pu être entendu, si son aura n'avait pu pousser les Britanniques à résister aux bombardements ennemis durant la bataille d'Angleterre, et si aucune résistance n'avait pu être formée avec le général de Gaulle et le président Roosevelt. Nous sommes ici en 1953 et le joueur incarne Dan Carson, un Américain lambda qui va devoir aider sa patrie pour résister à l'attaquer de l'empire nazi devenu tout puissant.

Dans cette histoire, Churchill est mort en 1931 et non en 1965, il n'a pu donc devenir 1er ministre en 1940 et connaître les affres de la seconde guerre. De ce fait, a découlé une succession d'événements ayant emmené les allemands vers une victoire éclatante sur les forces alliées. Le Premier ministre britannique Chamberlain ayant abdiqué après les défaites de la Royal Air Force et des forces marines. Libre à l'Ouest Hitler a pu conquérir la Russie lors de l'attaque Barbarossa et permettre à l'Italie de conquérir l'Afrique du Nord pour donner à Mussolini les rennes d'un nouvel empire romain. Les nazis conquérants, les États-Unis n'ont dès lors plus manifesté de volonté de s'impliquer davantage dans ce conflit mondial, à tel point que des manifestations anti guerre se sont développées partout sur le continent, empêchant par la même la victoire du candidat Truman au poste présidentiel américain. Profitant de cette peur latente, Hitler profite alors de la situation pour attaquer le jeune continent.

Turning Point montre la face la plus sombre de la guerre de 39-45, l'un des pires scénarios possibles, la conquête du monde par la puissance nazie. Mais outre cet état de fait le jeu nous offre par son uchronie une vision profonde sur l'importance des grandes figures de notre temps, il suffit parfois d'un homme pour changer le cours de l'histoire. Si l'histoire s'écrit à plusieurs certains ont marqué leur époque plus que d'autres et combien de fois a-t-on pensé à ce que l'avenir serait sans leurs actes individuels. Si De Gaulle n'avait pas lancé l'appel du 18 Juin, si la Première Guerre mondiale avait pu être évitée, si le traité de Versailles avait été moins punitif à l'encontre de l'Allemagne... Churchill a comme beaucoup eu une place prépondérante dans le devenir de la guerre et la victoire des alliés, son charisme, son sang-froid, son déterminisme et son courage ont donné la force à la grande Bretagne d'affronter l'Allemagne d'Hitler et par un effet de dominos, Turning Point entrevoit simplement l'impossible devenant réalité.

Turning Point : Fall of Liberty  Turning Point : Fall of Liberty  Turning Point : Fall of Liberty  Turning Point : Fall of Liberty

Homefront est un FPS de Kaos Studios de 2011 sorti sur Ps3, xbox360 et PC ; qui  aurait pu s'apparenter à une œuvre d'anticipation car il y a peu la Corée du Nord était - et le reste encore aujourd'hui - une menace dormante, qui pourrait ébranler l'état du monde connu. Enfant né du conflit mondial de la guerre de 39-45, la Corée du Nord s'est détachée de la Corée suite à la montée au pouvoir de l'ancien dirigeant de l'armée révolutionnaire populaire coréenne Kim-Il Sung. Depuis lors s'est installé un régime totalitaire apparenté au stalinisme avec comme point d'orgue le maintien au pouvoir de la dynastie initiée par Kim-Il Sung.

Son petit-fils Kim-Jong Un ayant repris la succession en 2011, le jeu Homefront arrivait à point nommé pour pointer du doigt un danger réel et sous-estimé alors par la communauté internationale. Le jeu édité par THQ nous plonge dans un futur apocalyptique dans lequel le monde a successivement vu émerger la montée de la GKR : union des deux Corée par Kim Jong Un ; une crise pétrolière incommensurable ayant plongé la population dans la panique et le désarroi ; l'invasion du Japon par la dite GKR ; la maladie et la mort de millions d'asiatiques par un virus animal et le repli sur soi du Mexique. Le monde de 2025 n'est plus qu'un champ de ruine dans lequel les Coréens ont lancé une ultime offensive technologique sur les États-Unis via un satellite provoquant un champ électro-magnétique géant sur le continent, réduisant la nation en une population plongée dans le noir et le chaos. Le jeu nous offre la possibilité d'incarner l'officier américain Robert Jacobs afin de mener la lutte contre l'envahisseur.

Une uchronie dans l'air du temps et basée sur des évènements d'actualité, qui démontre une fois de plus l'impact des médias qui ont pendant des mois implantés le doute et l'inquiétude dans l'esprit des populations occidentales sur une « possible » guerre atomique entre la Corée et les États-Unis ; une « possible » épidémie meurtrière à l'échelle mondiale ; ou encore une « possible » flambée drastique des ressources naturelles en carburant.

Des situations à mettre au conditionnel qui dans Homefront voient tout leur sens et se cumulent pour former une version alternative de notre monde moderne qui aurait essuyé les pires maux de la société industrielle. Homefront doit se voir plus comme un éclairage sur nos réelles conditions de vie, plus qu'un énième jeu vidéo de guerre stylisé. Car, il interroge sur la précarité de la paix dans le monde et de la dépendance à laquelle les occidentaux sont rattachés vis-à-vis des biens de consommation, des denrées périssables et des conditions de vie au sens large.

Homefront  Homefront  Homefront  Homefront

Les jeux dont le turning point met en scène du fictif (Lyrik)

Les jeux précédemment cités ont beau poser un cadre alternatif à l'histoire, ils n'en restent pas moins  réalistes. Mais l'intérêt des uchronies n'est pas seulement de tenter de répondre aux interrogations des individus sur le déroulement et les conséquences de tel ou tel acte par rapport au constat historique, mais aussi de laisser divaguer l'imagination du public, de voir ses rêveries prendre forme. Et si Napoléon avait eu des dragons ? C'est la base de Téméraire de Naomi  Novik, une série de romans mélant fantasy (des dragons) et histoire alternative (les guerres napoléoniennes). Ici, nous parlons exclusivement des jeux vidéo, les titres mélant « fantasy » et « science-fiction » sont nombreux : Wolfenstein, Necrovision, Battlezone, Command and Conquer : Alerte Rouge ou encore Resistance : Fall of Man.

Nous sommes bien loin des titres pouvant prétendre à un caractère réaliste. Se déroulant en pleine Seconde Guerre mondiale, Wolfenstein, série de FPS débutée en 1981 par Muse Software, puis ID Software à partir de 1992 et enfin Activision en 2009, met en scène B.J Blazkowicz, un soldat américain, aux prises avec des soldats allemands et des créatures surnaturelles. En effet, ayant mis sur pied une section spéciale, les SS sont parvenus à faire revenir les morts à la vie. Le jeu  ne se base pas sur un cadre complètement imaginaire. Il est reconnu de nos jours que le mysticisme intéressait particulièrement certains nazis dans le cadre du pangermanisme et de l'aryanisme, comme Himmler, Reichführer SS, chef de la police et ministre de l'intérieur à partir de 1943 et qui fonda en 1935 l'Ahnenerbe, branche d'études scientifiques des SS.

Le jeu peut aussi partir d'un cadre réel et mettre en scène des éléments issus de la science-fiction remettant en cause le déroulement des événements passés et impactant sur le futur. C'est le cas de Command and Conquer : Alerte Rouge, jeu de stratégie de 1996, où Einstein crée une machine à voyager dans le temps pour éliminer Hitler, mais la guerre a quand même lieu, les Soviétiques étant alors les représentants de l'Axe. Dans la suite de la série Alerte Rouge, Einstein se fait à son tour éliminer par les Soviétiques qui récupèrent la machine et parviennent à changer le cours de la guerre en leur faveur. Ici, le jeu développe l'idée selon laquelle éliminer Hitler n'aurait pas servi à éviter la guerre. Celle-ci aurait quand même éclaté, mais pas avec les mêmes belligérants. La Seconde Guerre mondiale serait donc inévitable. Le processus de voyage dans le temps permet aussi de voir l'ensemble des possibilités offertes dans la chronologie : les Alliés l'emportent au départ, puis usant de la machine, les Soviets parviennent à les acculer. Le joueur peut, au cours de deux campagnes, combattre l'invasion soviétique ou bien la mener jusqu'aux portes de Buckingham en combattant sur terre, sur mer et dans les airs.

L'ajout d'éléments de SF est assez répandu puisque c'est aussi le cas de Resistance : Fall of Man : la révolution bolchévique a échouée, les USA ne sont pas entrés en guerre en 1917, la Seconde Guerre mondiale n'a jamais eu lieu en raison d'une Europe unie et le début des années 50 est marqué par une invasion d'aliens.  Leur arrivée coïncide avec l'événement de la Toungouska, explosion énigmatique qui eut lieu en Sibérie en 1908. Le joueur, un soldat américain, a donc pour mission de les affronter.

Wolfenstein 3D  Return to Castle Wolfenstein  Command and Conquer : Alerte Rouge  Resistance : Fall of Man

En conclusion

Tout comme la littérature ou le cinéma, le genre de l'uchronie se sert de nombreuses époques différentes pour faire varier l'expérience du joueur. Que le joueur soit plongé directement avant ou après le turning point, les différents jeux disponibles permettent un dépaysement et des aventures souvent originales : Invasion des USA par une Corée réunifiée sous l'égide du Nord, zombies et vampires en pleines guerres mondiales, conquête de l'Europe médiévale, invasion alien... Néanmoins, force est de constater que l'uchronie est avant tout représentée par les jeux de stratégie et les FPS. En effet, les jeux de stratégie permettent une vue d'ensemble d'un événement ou d'une période à la tête d'un pays ou d'une armée, le joueur étant alors un leader/conquérant dont les choix influencent l'histoire notamment dans la série des Hearts of Iron ou des Europa Universalis. Le FPS pour sa part permet au joueur de prendre une part active dans les événements dans la peau d'un protagoniste plongé au cœur de l'action. Ses décisions n'influent pas sur la trame scénaristique celle-ci étant prédéfinie par un script précis, comme c'est le cas d'Homefront ou de la série Wolfenstein.

L'uchronie est de nos jours un genre qui s'étend peu à peu dans le domaine du jeu vidéo. Elle permet en effet d'approcher des périodes de l'histoire sous un nouveau jour, suscitant alors l'intérêt du joueur. En témoigne les sorties récurrentes des jeux de la série Total War ou Europa Universalis, qui connaissent un grand succès ou encore la sortie prochaine de  Wolfenstein : New Order le 15 février 2014. Le joueur y incarnera toujours B.J Blazkowicz, combattant cette fois-ci les nazis en 1960 après que ceux-ci aient remporté la Seconde Guerre mondiale.

  • Pinx Étudiant de l'ICAN

  • "Tant qu'il y aura des hommes il y aura des guerres" - Albert Einstein
  • Lyrik Le Vétéran, Chef de la section audiovisuelle, Testeur, Correcteur

  • "I'm ashamed of you, dodging that way. They couldn't hit an elephant at this distance" Major général John Sedgwick avant d'être mortellement frappé par une balle sudiste...