Chronique : L'Histoire jour après jour

14 juillet 2013 par Aymdef | Chronique historique

La fête de la Fédération, tableau de Charles Thévenin, musée Carnavalet.

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Plongez-vous dans l'Histoire...


8 juillet

1853 : Depuis la fin du Sengoku Jidai, les shoguns de la famille Tokugawa régnaient en maître sur le Japon, l'empereur n'avait qu'un rôle religieux et honorifique. Les Tokugawa avait instauréune politique isolationniste appelée Sakoku. Cette politique commença par l'expulsion des missionnaires chrétiens, puis par la limitation des ports ouverts aux étrangers, l'interdiction d'entrer ou sortir du territoire pour tout Japonais sous peine de mort, l'expulsion de tous les étrangers et la destruction des navires capables de naviguer en haute mer. Bref, ça n'était pas la joie...

Le 8 juillet 1853, le commodore (capitaine de vaisseau commissionné) Matthew Perry amène à l'empereur du Japon un message d'amitié du président américain Franklin Pierce. Amitié est un bien grand mot, puisque Matthew Perry arriva avec ses 4 navires de guerre, 2 à vapeur (Susquehanna et Mississippi) crachant de la fumée noire et 2 à voile (Plymouth et Saratoga). Les Japonais qui ne connaissaient pas encore la machine à vapeur reconnurent de suite la supériorité des Occidentaux. Ils appelleront ces bateaux à vapeurs, les Navires noirs.

Perry demande aux Tokugawa l'ouverture des ports japonais aux navires américains et la signature d'un traité d'amitié entre les deux pays. Le traité sera signé lors de la convention de Kanagawa le 31 mars 1854. Les Japonais ouvriront les ports de Shimoda et Hakodate et offriront ainsi un statut privilégié aux Etats-Unis. Quelques années plus tard, l'Angleterre et les autres puissances européennes feront de même.

Certains Japonais comprennent qu'ils doivent adopter rapidement les principes et les techniques des Occidentaux. D'autres au contraire s'en prendront directement aux Occidentaux... et la guerre de Boshin éclata. Un conflit que l'on peut rejouer dans l'addon Falls of the Samurai de Shogun 2 : Total War.


9 juillet

Statue de Jeanne Hachette sur la place de la mairie à Beauvais, par Gabriel-Vital Dubray (1851)1472 : Parti d’Arras à la tête de 80 000 hommes, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, alors en guerre contre le roi de France Louis XI, lança le siège de Beauvais, le 27 juin 1472. Il croyait entrer sans peine dans la ville de Beauvais qui ne disposait pas de garnison et avait des muraille en mauvais états.

Mais c'était sans compter sur la population et notamment les femmes. Elles accoururent sur les remparts, jetant des grosses pierres mais aussi de l'huile bouillante sur les assaillants. Parmi ces femmes, se trouvaient une jeune fille qui deviendra célèbre par la suite, Jehanne Laisné, plus connue sous le nom de Jeanne Hachette. Née le 14 novembre 1456, elle deviendra une figure emblématique de la résistance française face à Charles le Téméraire.

Ce 9 juillet 1472, Jeanne Hachette saisit une hache pour repousser un Bourguignon qui sautait de son échelle d'assaut. En voyant cet acte de bravoure, les femmes enhardies portèrent poudre et armes aux combattants. D'autres combattaient sur les rempart au côté de Jeanne. Tous les Beauvaisiens arrivèrent à dégager tous les Bourguignons de la ville assiégée. Pour cette journée, les Bourguignons perdirent 120 hommes tués et environ 1 500 blessés.

Après 24 jours de siège, Charles le Téméraire comprenant qu’il ne pourrait pas prendre la ville de Beauvais, décida de lever le camp. Pour la petite histoire, les femmes de Beauvais se verront accorder par le roi Louis XI le droit et privilège de porter des habits d’hommes afin de récompenser leur vaillance. Il institua également à Beauvais une procession annuelle où les femmes prendraient le pas sur les hommes.


10 juillet

1547 : Sur l’esplanade du château de Saint-Germain-en-Laye, Guy Chabot de Saint-Gelais, baron de Jarnac, affronte François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, au cours d'un duel judiciaire. Pratique médiévale interdite depuis Saint Louis, le duel judiciaire avait été autorisé par le tout nouveau roi de France, Henri II. Ce sera le dernier autorisé par un roi. On ne vous raconte pas les faits qui ont amenés à ce duel, sachez juste qu'il s'agit de rumeurs véhiculées par Diane de Poitiers, maîtresse d'Henri II, qui voulait se venger d'une des maîtresses du défunt roi François 1er, dont elle fut également maîtresse...

Bref, toujours est-il que ce qui nous intéresse dans ce duel est le combat en lui même. Il oppose La Châtaigneraie, un véritable colosse réputé pour sa force et redoutable bretteur, et Guy Chabot, un jeune écervelé, qui a appris à se battre grâce aux leçons d'un maître italien. Le début de la rencontre fut en faveur de La Châtaigneraie, grand favori de la foule, jusqu’au moment où Chabot put placer un coup de revers de son épée, qui fendit le jarret de son adversaire. Le coup était régulier et, à la surprise générale, Chabot fut déclaré vainqueur. La Châtaigneraie mourut dans la nuit. Cet épisode est célèbre pour ce coup qui donnera lieu à l'expression "coup de Jarnac", synonyme d'habileté, bien que son sens ait été détourné en 1771 par le Dictionnaire de Trévoux qui préfère y voir une manœuvre traîtresse et déloyale.

1559 : Nous retrouvons Henri II quelques années plus tard... À l'occasion du double mariage d'Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et de Marguerite de France, sœur du roi, avec le duc de Savoie, un tournoi fut organisé rue Saint-Antoine. Le tournoi débuta le 30 juin 1559. Afin de faire le fier devant sa maîtresse Diane de Poitiers, Henri II décida de jouter malgré le déconseil de la reine Catherine de Médicis qui était superstitieuse et torturée par de mauvais pressentiments...

Lors d’une joute se déroulant devant l’hôtel de Sully, Henri II fut grièvement blessé à l'œil d’un coup de lance accidentel par Gabriel de Lorges, capitaine de sa Garde écossaise. Un débris de bois restait figé dans l'orbite. Le célèbre chirurgien Ambroise Paré sera autorisé à reproduire la même blessure sur des condamnés à mort afin de trouver une méthode efficace pour retirer le débris de l'œil du roi. Même le grand médecin et anatomiste André Vésale (chirurgien attitré du roi d'Espagne), venu d'urgence de Bruxelles, n'a pu empêcher la mort du roi dans d'atroce souffrance le 10 juillet 1559.


11 juillet

1405 : Cette année-là, l'empereur chinois Yongle, de la dynastie Ming, plaça son eunuque favori, l'amiral Zheng He (1371-1433), à la tête d'une gigantesque flotte de navires destinée à des missions diplomatiques. Ce 11 juillet 1405, la flotte des Trésors largue les amarres depuis le port de Longkiang. Selon les documents historiques, le voyage dura 28 ans. Zheng dirigea 7 voyages épiques et visita 37 pays étrangers, du sud-est asiatique jusqu'en Afrique et en Arabie.

Jamais dans la démesure, les Chinois ont établit une flotte exceptionnelle transportant 27 870 hommes, comprenant des marins, des diplomates, des interprètes, des soldats, des artisans, des médecins et des météorologistes. La flotte comptait plus de 200 bateaux dont 62 principaux, des bateaux résidences, des vaisseaux de guerre, et un bateau de services. Ce fut la plus grande flotte jamais construite de l'époque. La taille exacte de ces vaisseaux est inconnue mais leur longueur était supérieure à 60 m et certains spécialistes évoquent 120 m de long ! Le plus grand, celui de Zheng He, aurait fait 140 mètres de long et 58 de large, avec 12 mâts et une jauge de 1500 tonneaux... La Santa Maria de Christophe Colomb ne faisait que 28 mètres de long !

Pour sa première expédition, la flotte des Trésors se rend jusqu'au sud de l'Inde et atteint l'île de Ceylan (Sri Lanka). Elle ira ensuite, vers le Siam, Malacca (en Malaisie actuelle), le golfe Persique et explora les côtes de l'Afrique orientale jusqu'aux environ de Zanzibar. Mais, ces voyages diplomatiques prirent fin avec la mort de l'empereur Yongle et la menace de plus en plus importante des Mongols.

Malgré le coût important des expéditions, les échanges commerciaux furent nombreux. D'un de ces voyages, Zheng He ramena notamment une girafe qui fut considérée en Chine comme un exemplaire de l'animal légendaire Qilin. Peinture de Shen Du, artiste de la cour des Ming. De l'or, de l'argent, de la porcelaine et de la soie furent échangés contre de l'ivoire et des animaux exotiques, tels le zèbre, le dromadaire ou l'autruche.


12 juillet

1794 : Durant les guerres de la Révolution française, les Anglais essayent de chasser les Français de la Corse. Ils reçoivent l'aide de Pascal Paoli, le grand chef des nationalistes patriotes corses. Paoli offre de placer la Corse sous la protection britannique, en échange de l'évacuation des garnisons françaises des trois forteresses de Calvi, Bastia et San Fiorenzo. Le vice-amiral accepta l'aide de Paoli car il cherchait une base pour sa flottille et la Corse était le lieu idéal pour cela.

Calvi constitue le dernier bastion français. Dès juillet 1794, les Britanniques assiègent la ville corse sous le commandements du général Stuart qui compte sous ces ordres un certain Horatio Nelson. Le futur célèbre amiral qui mit une déculotté à la France à Trafalgar quelques années plus tard...

Récemment promu commodore de la Méditerranée, Nelson est en position à l'une des batteries quand un tir ennemi touche l'un des sacs de sable protégeant la position, pulvérisant du sable et des pierres sur Nelson et d'autres soldats. Nelson est touché à l’œil droit. Blessé mais rapidement soigné, il repart de suite au combat. Calvi tombera au mains des Anglais le 10 août 1794 et Nelson perd définitivement la vue à son œil.

Ce n'est pas la seule chose que perdra Horatio Nelson, puisque trois ans plus tard, il perd l'usage de son bras droit touché par un tir de mousquet, fracturant son humérus en plusieurs endroits. Cela ne l'a pas empêché de continuer à combattre et déclara à l'occasion : "Laissez-moi tranquille ! J'ai encore mes jambes et un bras". Bien que Trafalgar fut sa plus belle victoire, il y trouva finalement la mort le 21 octobre 1805. Une balle s'étant fiché dans sa colonne vertébrale, l'immobilisant. Il dit d'ailleurs à ce moment là "Je pense qu'ils ont enfin réussi… ma colonne vertébrale est touchée".


13 juillet

L'Assassinat de Marat de Paul-Jacques-Aimé Baudry (1860), peinture exposée au Musée des Beaux-Arts de Nantes.1793 : Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, que l'on appellera Charlotte Corday, naquit le 27 juillet 1768 à Saint-Saturnin-des-Ligneries, en Normandie. Un de ses proches parents, Frédéric de Corday, la décrit comme une fille de caractère avec « le feu sacré de l’indépendance ». Il lui reconnaît des « idées arrêtées et absolues ». Il était inutile de la contrarier, elle n’a « jamais de doutes, jamais d’incertitudes ». Elle s’impose naturellement et « n’en fait qu’à sa tête ». Il était donc tout à fait naturel qu'elle se rallie à la Révolution d'autant plus qu'elle était une fervente lectrice de Plutarque, Tacite, Rousseau et adepte des idées nouvelles.

Charlotte Corday noue des relations avec les Girondins modérés qui ont fuit Paris où ils étaient persécutés par les Hébertistes qui prônaient l’exagération révolutionnaire. Parmi ces exagérés, se trouvait un médecin devenu député jacobin à la Convention nationale, répondant au nom de Jean-Paul Marat. Également journaliste, Marat s'était rendu populaire auprès des sans-culottes parisiens par ses diatribes assassines publiées dans le journal radical Ami du peuple. En effet, Marat n'hésitait pas à féliciter des massacres perpétrés durant la Révolution comme lors de l'insurrection du 10 août ou les Massacres de Septembre. Cela indignait Charlotte mais aussi d'autres révolutionnaires comme Marie-Olympe de Gouges qui écrivit « Le sang, même celui des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les révolutions ».

Charlotte Corday se rendit à Paris en juillet 1793 pour y rencontrer et assassiner Marat. Charlotte avait envoyé un billet à Marat dans lequel elle souhaitait lui révéler un complot. Marat la reçoit le 13 dans son bain à 7 heures du soir. En effet, Marat soignait un eczéma généralisé (forme de lèpre) et devait prendre des bains curatifs au soufre dans sa baignoire sabot en cuivre, ainsi qu'à envelopper sa tête d'un mouchoir trempé de vinaigre pour soulager ses migraines. Au bout de 15 minutes de discussion, Charlotte Corday sort un couteau et frappe Marat à la poitrine. Le poumon droit, l’aorte et le cœur son touchés, entraînant la mort de Marat dans sa baignoire.

Charlotte espérait faire oeuvre utile en l'éliminant quitte à se sacrifier. Elle est arrêtée sur les lieux du crime et sera guillotinée le 17 juillet à l'âge de 25 ans en demeurant digne et déterminée jusque sur l'échafaud. Lamartine la surnommera "l'Ange de l'assassinat".


14 juillet

1790 : Cette année-là, l’Assemblée voulait commémorer la prise de la Bastille du 14 juillet 1789. Elle décida d'organiser une fête de la réconciliation et de l’unité de tous les Français. L'Assemblée s'inspira des fêtes civiques spontanées organisées çà et là dans les départements.

Les célébrations ont lieu à Paris, sur le Champs-de-Mars avec la présence de tous les députés français en provenance des 83 départements. Louis XVI, et son épouse Marie-Antoinette, sont également conviés pour prêter serment à la Nation et à la loi.

Les députés et les délégués de tous les départements, que l'on nommait les «Fédérés», formèrent un immense cortège qui traversa la Seine et gagna la vaste esplanade du Champ-de-Mars. Celle-ci avait était aménager pour l'occasion. Il s’agissait de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d’une capacité de 100 000 spectateurs, au centre duquel s’élevait l’autel de la Patrie. Les Parisiens étaient nombreux pour aider aux travaux, comme La Fayette (commandant de la garde nationale), et surtout Louis XVI venu donner un coup de pioche. Ainsi les nobles côtoyaient les ouvriers, les moines œuvraient avec les bourgeois... On y chantait "Ah! ça ira" et autres chansons patriotiques.

Le jour de la Fête de la Fédération arriva. Les 100 000 fédérés défilèrent avec leurs tambours et leurs drapeaux. Le temps n'était pas au beau fixe, mais les Parisiens étaient nombreux (près de 260 000) et très enthousiastes. Une messe y fut célébré par Talleyrand. Puis La Fayette prêta serment en disant ces mots : « Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité ». Pour finir, Louis XVI prêta serment à la Nation et à la loi : « Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir qui m'est délégué par la loi constitutionnelle de l'État, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois ».

Tout le monde repart à l'issue de la fête, ravi et heureux sans penser au lendemain qui déchante... Cette fête perd de son allant les années suivantes pour resurgir le 6 juillet 1880 en tant que Fête nationale française sur proposition du député Benjamin Raspail.

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