Chronique : L'Histoire jour après jour

28 avril 2013 par Aymdef et Kreuzberg | Chronique historique

L'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises

Chères lectrices, chers lecteurs, amies gameuses, amis gameurs ! Voici votre chronique dominicale !

HistoriaGames, au delà de sa passion des jeux vidéos, se veut toujours plus proche de l'Histoire, qui est l'origine même de sa création. C'est ainsi que Kreuzberg, chroniqueur, nous livre, jour après jour sur la page Facebook de notre site (http://www.facebook.com/) les événements de l'Histoire. Du 1er Janvier au 31 Décembre, retrouvez les événements qui ont marqués l'Histoire de l'Humanité sur notre page Facebook et sur la chronique hebdomadaire dédiée à la réédition de ces événements.

Plongez-vous dans l'Histoire...


22 avril

1915 : Première utilisation du gaz de combat. Ce sont les Allemands qui l'utilisent pour la première fois, à Ypres. Les Flandres sont alors un théâtre d'opérations très actif, avec de multiples offensives et contre-offensives et des bombardements intensifs quotidiens. Un prélude à 1917.

Les Français et les Britanniques font leurs devoirs de soldats dans les tranchées et dans le no-man's-land. La poussée alliée continue sur les positions allemandes qui semblent plier. Mais soudainement, de la fumée s'échappe des lignes ennemies ; elle se propage vers le no-man's-land et les lignes alliées grâce au vent qui souffle. Et au bout de quelques instants, les soldats alliés reviennent dans les tranchées. Mais cette fois, ils reviennent l'écume aux lèvres, les yeux injectés de sang, le regard hagard et avec de grandes difficultés à respirer.

Le "gaz moutarde" (à cause de son odeur), ou "ypérite" (à cause de la ville d'Ypres) a frappé. 150 tonnes de dérivés chimiques du chlore viennent d'être envoyés. Le Xe corps d'armée français est dévasté : en plus des morts dus aux violents combats, on ajoute les morts d'asphyxie et les milliers de blessés graves. Aussitôt, la recherche militaire s'oriente vers les moyens de se prémunir contre le gaz de combat. Lunettes, masques, tampons. Tout sera inventé pour contrer cette dangereuse arme chimique ; au matériel déjà conséquent s'ajoute ces précautions médicales qui rendent le combat encore plus âpre. Surtout qu'un masque à gaz ne peut être porté que quinze à trente minutes à l'époque, sous peine d'étouffer. Les gaz de combats avaient pourtant été interdits par la Déclaration de la Haye en 1899. De 1915 à 1916, plus de 100 000 soldats moururent de cette invention.


23 avril

1671 : Suicide de François Vatel. C'est la fête dans le luxueux château de Chantilly, demeure de Louis II de Bourbon, le "Grand Condé". Le noble donne réception pour le roi Louis XIV dans lebut de se faire pardonner pour la participation à la Fronde. Le maître d'hôtel Vatel est chargé d'orchestrer ces trois jours de faste tandis que Louis II courtise auprès du Roi-Soleil.

Les deux premiers jours sont parfaits. La fête bat son plein, le roi est satisfait, les plats culinaires s'enchaînent tout comme les spectacles, la musique, les danses et les discussions rieuses. François Vatel décide de commander des poissons pour clore ce dernier jour de fête. Il juge les poissons d'eau douce trop communs, et à une telle époque de l'année, le risque est qu'il n'y est pas assez de poissons pêchés pour tout le monde. Le maître d'hôtel commande donc des poissons de mer ; mais à cette période, seuls vingt ports peuvent approvisionner Paris, et la quantité et la qualité varient grandement au fil des jours. Le port de Boulogne-sur-mer répond à l'appel de Vatel et envoie la marée vers Chantilly, située à 217 kilomètres de la ville portuaire.

A quatre heures du matin, deux paniers arrivent. Le reste de la commande subit un gros retard. A huit heures du matin, les autres paniers n'arrivent toujours pas. Nerveux, dépressif et soucieux de bien faire, François Vatel déclare au contrôleur en second Gourville: « Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci, j’ai de l’honneur et de la réputation à perdre. ». Gourville se moque du maître d'hôtel qui monte dans ses appartements en vitesse.

Il cale son épée dans sa porte de chambre. Au même moment, la commande de poissons arrive à Chantilly. Mais François Vatel ne voit rien et n'entend rien, étant dans ses appartements. Il se jette par trois fois sur la lame de son épée et meurt enfin.

Le Prince de Condé pleure à l'annonce de la mort de son maître d'hôtel. Le roi Louis XIV pardonne le noble frondeur et promet de ne plus jamais réclamer tant de faste au Grand Condé. Les poissons furent préparés, mais les convives ne le mangèrent pas par respect pour le défunt Vatel. Et Gourville, pour racheter ses pêchés, enterra le cadavre discrètement dans une fosse non-bénite (le suicide n'étant pas toléré par l'Eglise catholique).


24 avril

1854 : Mariage d'Élisabeth de Wittelsbach avec François-Joseph Ier, empereur d'Autriche. Vous connaissez certainement mieux cette fameuse Élisabeth sous le surnom de Sissi, grâce aux films d'Ernst Marischka qui révélèrent la comédienne Romy Schneider.

Au début de son règne, le jeune empereur François-Joseph Ier n'a pas d'épouse. Sa mère l'archiduchesse Sophie, pris alors les choses en main et décida de lui faire épouser Hélène en Bavière, fille du duc Maximilien en Bavière. La rencontre entre les deux futurs époux a lieu dans la Kaiservilla à Bad Ischl le 18 août 1853, à l'occasion du 23ème anniversaire de François-Joseph. Hélène était alors accompagnée d'Élisabeth, sa jeune sœur âgée de 15 ans. Bien malgré elle et à la surprise générale, François-Joseph Ier n'eut d'yeux que pour Élisabeth, en tombant directement amoureux d'elle. Le lendemain, l'empereur annonça son intention de l'épouser.

Le mariage est célébré à Vienne. Selon la tradition, la nuit de noce était publique afin que les invités puissent assister à la consommation du mariage. Ce ne fut pas le cas ici. La jeune fille était inexpérimentée et la nuit ne s'est pas très bien déroulée. La suite non plus d'ailleurs, car Élisabeth n'a pas réussi à s'habituer à la bienséance viennoise. Plutôt habituée aux manières simples et se laissant aller à ses états d'âmes plutôt qu'à la soumission, elle s'enfonça vite dans une profonde dépression et aura de nombreux conflits avec sa belle-mère.

Ils eurent 4 enfants et Élisabeth connu une fin terrible, mais ça c'est une autre histoire...


25 avril

1795 : Ecriture et composition de "La Marseillaise". Dans la nuit, alors que la République a déclaré la guerre à l'Autriche cinq jours plus tôt, le jeune Rouget de Lisle compose ce chant guerrier pour exhorter les troupes partant au combat. Appelé au début "Chant de guerre pour l'Armée du Rhin", puis "Chant de marche des volontaires de l'Armée du Rhin" ou encore "Chant de guerre des armées aux frontières", il trouvera enfin son nom de "Marseillaise" quand les soldats fédérés de Marseille chantent la chanson en défilant triomphalement devant les Tuileries à Paris. Ce nom souligne également l'unité républicaine nationale dans la lutte contre les ennemis, de Strasbourg à Marseille. Le chant sera déclaré hymne national le 14 juillet 1795, sera interdit sous l'Empire au profit du "Chant du Départ", puis sera réhabilitée en 1830 et perdure de nos jours. Voici les paroles officielles :

"Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes !

REFRAIN
Aux armes, citoyens,
Formez vos bataillons,
Marchons, marchons !
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !

Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !

REFRAIN

Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre !

REFRAIN

Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Épargnez ces tristes victimes,
À regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !

REFRAIN

Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

REFRAIN

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre

Enfants, que l'Honneur, la Patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
Des feux qu'ils inspirent tous deux. (Bis)
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :

REFRAIN"


26 avril

1937 : Bombardement de Guernica. C'est une ville importante dans l'Histoire de l'Espagne qui sera frappé ce jour là. En effet, c'est devant l'Arbre de Guernica que les comtes de Biscaye, puis les rois de Castille et enfin les rois d'Espagne (et actuellement les présidents de la Communauté Autonome du Pays Basque) prêtaient serment de respecter les fors basques. Guernica est donc un symbole historique, juridique et fiscal. Mais la ville ne représente aucun intérêt stratégique : aucune garnison républicaine n'y est installée, aucune autorité politique non plus, et les villageois n'ont aucun moyen de se défendre contre une attaque aérienne.

Pourtant, la Légion Condor et l'Aviazione Legionaria, unités militaires d'aviation envoyée par Hitler et Mussolini en Espagne pour aider Franco, bombarderont ce village. Un jour de marché qui s'annonçait joyeux. La fête dans Guernica bat son plein jusqu'à 17h. Car c'est en effet à 17h que plus de 57 avions allemands et italiens menés par le lieutenant-colonel Wolfram von Richthofen entament leur bombardement de la ville. Les bombes explosives et les bombes incendiaires sont lâchées à 17h30 en tapis de bombe. Les forces coalisées quittent le ciel de Guernica à 20h. La ville est en flammes, et les pompiers de Bilbao arrivent trois heures plus tard ... Leur effort est vain : le feu se propage à 70% dans Guernica.

Selon les estimations, entre 120 et 3 000 villageois sont morts dans cet affreux bombardement. Ce fut un essai expérimental pour les Allemands qui ont ainsi pu tester l'efficacité de leurs armes et de leurs aviateurs sur les Espagnols. Et ce fut aussi considéré comme un acte terroriste, et le premier essai d'armes sur des villageois sans défense. Ce bombardement inspira le célèbre tableau éponyme à Picasso, et une statue à René Iché. Ces deux oeuvres, jugées particulièrement violentes par les critiques et le public, relatent aisément l'horreur de Guernica.


27 avril

1848 : Abolition de l'esclavage dans les territoires français. La Convention avait procédé à une première abolition, supprimée par Napoléon Bonaparte en 1802 après la paix avec l'Angleterre. Mais sous la pression des sociétés philanthropes et des politiciens, la IIe République doit voter pour ou contre l'abolition de l'esclavage. Et le pour l'emporte. Le philanthrope libéral Victor Schoelcher et le grand physicien et astronome François Arago publient le décret d'abolition le 27 avril 1848. Plus de 250 000 gens de couleur sont libérés dans les colonies.


28 avril

1789 : Alors que l'Angleterre est maître des mers, un événement romanesque a lieu sur l'un de ses navires, c'est la mutinerie à bord de la Bounty. Cette histoire donna lieu à de nombreuses oeuvres littéraires dont les Révoltés de la Bounty de Jules Verne (1879) ou des films comme Les Révoltés du Bounty de 1935 avec Clark Gable, ou celui de 1962 avec Marlon Brando, ou bien encore Le Bounty de 1982 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins. Mais revenons sur l'Histoire de cette mutinerie...

L'histoire débuta 2 ans plutôt, lorsque la Bethya, un navire charbonnier à trois mâts, part d'Angleterre avec 44 hommes à son bord. Le but de cette expédition était de cueillir des plants d'arbres à pain à Tahiti et de les amener à la Jamaïque, afin de nourrir la population d'esclaves des plantations. La Bethya fut rebaptisée en l'occasion et pris le nom de la Bounty, qui signifie générosité...

Le lieutenant de 33 ans, William Bligh, fut chargé de la mission. Il a déjà l'expérience de la mer et a notamment participé au deuxième voyage avec le grand explorateur James Cook. Le capitaine Bligh recruta parmi des marins volontaires.

Pour rejoindre Tahiti, le HMS Bounty (His Majesty's Ship Bounty) prend la route de l'Ouest et celle du cap Horn. Cependant les nombreuses tempêtes de la zone poussent le navire à changer de cap pour celui de Bonne Espérance (au sud de l'Afrique). Là un autre problème survint... il n'y a pas de vents et les marins sont obligés d'y aller à la rame. Ces dures conditions associées à des manquements à la discipline conduisirent le capitaine Bligh à brutaliser l'équipage. Malgré cela, le navire arrive à bon port après 10 mois de traversée.

L'équipage y resta quelques semaines à cueillir les plants d'arbres à pain. La plupart d'entre eux seront conquis par la beautés des Tahitiennes et ont de la peine à partir. Une fois en haute mer, le capitaine Bligh restaure la dure discipline mais cette fois-ci, les marins, jusqu'alors volontaires, refusèrent d'obéir... s'en suivit alors la mutinerie le 28 avril 1789.  Le capitaine Bligh et dix-huit de ses fidèles marins sont abandonnés sur une chaloupe de 5 mètres, lancée à la mer, en plein océan Pacifique. Ils arrivent à survivre et à rejoindre l'île de Timor, au prix d'un rationnement extrême et d'un périple de 5.000 kilomètres.

Les 25 marins restant sur la Bounty décidèrent de rejoindre Tahiti, pour retrouver leurs belles tahitiennes. Une demi-douzaine d'entre eux décidèrent de quitter l'île afin de fuir la traque lancée par la justice anglaise. Ils amenèrent avec eux de belles Tahitiennes, six Tahitiens et un serviteur noir. Leur but est de trouver un petit coin sympa difficile à trouver. Ce coin fut l'île de Pitcairn qui se trouve entre l'île de Pâques et l'archipel des Gambiers. Alors que les choses se passaient bien, la joyeuse idylle tourna vite en cauchemar en raison des rivalités autour des femmes. En effet, les mutins anglais disposèrent d'une femme chacun alors que les Tahitiens doivent se satisfaire d'une femme pour deux hommes. Les mutins massacrèrent les Tahitiens.. Par la suite, l'un des mutins fabriqua un alambic pour faire de l'alcool. L'alcool aidant, ils finirent par s'entre-tuer...

Il ne resta alors qu'un seul survivant parmi les mutins, surnommé John Adams, ainsi qu'une dizaine de Tahitiennes et une vingtaine d'enfants lorsqu'en 1808, des Américains redécouvrent l'îlot de Pitcairn... Quant au capitaine Bligh, celui-ci est nommé gouverneur des Nouvelles-Galles du Sud, en Australie, où il doit remettre dans le droit chemin un corps militaire. S'en suivra une nouvelle mutinerie... Les mutins restés à Tahiti furent retrouvés par les Anglais et emmenés devant la cour de justice où le récit de leur tragédie émouvra l'opinion britannique et obligera l'Amirauté à humaniser la discipline à bord de ses navires...

  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter

  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton
  • Kreuzberg Ex-Chef de la section littérature , Ex-Testeur, Ex-Chroniqueur, Ex-Historien

  • Ancien membre d'HistoriaGames : Tombé au combat