Chronique : L'Histoire jour après jour

4 août 2013 par Aymdef | Chronique historique

La Liberté guidant le Peuple, le célèbre chef-d'oeuvre romantique de la Révolution de 1830 peint par Eugène Delacroix (musée du Louvre). Cette œuvre représente l'allégorie de la Liberté, sous la forme d'une femme du peuple, entraînant derrière elle toutes les classes sociales, de l'étudiant au gamin des rues.

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Plongez-vous dans l'Histoire...


29 juillet

1830 : Le 8 août 1829, le roi de France Charles X nomma aux Affaires étrangères un ami d'enfance obstiné et fidèle mais tout à fait incompétent, le prince Jules de Polignac. En novembre 1829, le prince accéda à la présidence du Conseil des ministres. Après une longue période d’agitation ministérielle puis parlementaire, le roi Charles X tenta un coup de force constitutionnel par ses ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830. Celles-ci mirent en émoi l'opinion publique.

Il faut dire que le roi Charles X n'y était pas allé de main morte. Une des ordonnances suspendit la liberté de la presse et rétablit la censure et l'autorisation préalable de publication. L'article 14 précisait que "Le Roi est chef suprême de l'État, il commande les forces de terre et de mer, déclare la guerre, fait les traités de paix, d'alliance et de commerce, nomme à tous les emplois d'administration publique, et fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l'exécution des lois et la sûreté de l'État."

En réaction, le journaliste Adolphe Thiers rédigea aussitôt une protestation solennelle et un mouvement de foule se mit alors en marche dans Paris. Polignac se refusa de retirer les Ordonnances et, comble du malheur, Charles X confia la répression des émeutes au maréchal Auguste de Marmont, particulièrement détesté par le peuple puisqu'il est connu pour avoir trahi Napoléon 1er. Le peuple parisien se souleva, dressa des barricades dans les rues, et affronta les forces armées. Pendant 3 jours, les combats firent quelque 200 tués chez les soldats et près de 800 chez les insurgés.

Charles X et la famille royale fuirent Paris et prirent la direction de Gorica en Autriche. Les députés libéraux, majoritairement monarchistes, prirent en main la révolution populaire et confia le commandement au toujours présent marquis de La Fayette (73 ans).

Rien n'avait été prévu à l'issue de la révolution... Talleyrand, Thiers et le banquier Laffitte écartèrent les républicains en collant des affiches dans les rues de Paris : «La République nous exposerait à d'affreuses divisions : elle nous brouillerait avec l'Europe». Ainsi, le 31 juillet, au terme de ce que l'on appela l'hésitation de 1830, la France conserva une monarchie constitutionnelle, au prix d’un changement de dynastie. En effet, la maison d’Orléans succéda à la maison de Bourbon. Louis-Philippe Ier fut proclamé « roi des Français ».

Cet événement inspira La Liberté guidant le Peuple (ci-dessus), le célèbre chef-d'oeuvre romantique peint par Eugène Delacroix (musée du Louvre). Cette œuvre représente l'allégorie de la Liberté, sous la forme d'une femme du peuple, entraînant derrière elle toutes les classes sociales, de l'étudiant au gamin des rues.


30 juillet

1864 : L'épisode se déroule durant la Guerre de Sécession. Le général unioniste Ulysses S. Grant mit le siège devant la ville de Petersburg, en Virginie, tenue par les Confédérés du général Robert E. Lee. les deux armées se faisaient face et s'étaient fortifiées derrière de profondes lignes de tranchées s'étendant sur 32 kilomètres, depuis la capitale sudiste, Richmond, jusqu'à Petersburg.

Les Confédérés arrivèrent à repousser les attaques de l'Union. Grant pour éviter de trop lourdes pertes chercha alors une idée originale. Le lieutenant-colonel Henry Pleasants, ingénieur des mines, proposa de creuser un long tunnel sous les positions de l'Armée confédérée, puis d'y placer de fortes charges explosives. Sur le papier, l'idée était de réduire les ouvrages confédérés en poussière lors de la mise à feu, tout en tuant de nombreux défenseurs. Les travaux débutèrent en juin 1864 sans vraiment intéresser Grant qui trouvait le projet fort ambitieux et douteux.

La galerie de mine mesurait 156 mètres de long. L'entrée était large de 91 centimètres et haute de 140 centimètres. Bien que les travaux n'avaient pas pu être terminés complètement, les unionistes placèrent quatre tonnes de poudre à canon à environ 6 mètres en dessous des positions sudistes. Le 28 juillet, les charges furent armées et le 30, les chargent furent mises à feu... Et là, c'est le drame...

Au début, il n'y avait pas eu d'explosion car les chargent étaient mal placées. De nouvelles les remplacèrent et l'explosion retentit à 4h44. Un cratère se créa, long de 52 mètres, large de 24 et profond de 9. Près de 300 Sudistes furent tués instantanément. Les Unionistes chargèrent alors, mais au lieu de contourner le cratère, ils s'y engouffrèrent se retrouvant piégés au fond... Un véritable "tir au pigeon" ("turkey shoot") s'ensuivit dès lors...

La bataille du Cratère, c'est son nom, coûta 1 032 soldats aux Sudistes. L'Union perdit environ 5 300 combattants. Grant déclara : "It was the saddest affair I have witnessed in this war" ("Ce fut la plus triste affaire à laquelle j'ai assisté dans cette guerre").

La bataille apparaît dans le film Retour à Cold Mountain. Voici l'extrait :


31 juillet

1914 : Il était 21h40, lorsque surgit Raoul Villain, revolver à la main, dans le café du Croissant. Jean Jaurès était en train de dîner. Deux coups de feu furent tirés. Une balle perfora le crâne du leader socialiste, le tuant sur le coup.

L'assassin était un déséquilibré de 29 ans, "exalté, instable, atteint de mysticisme religieux" comme le révéla sa fiche de police. Il s'était mit en tête l’idée de la nécessité de tuer Jaurès, lui reprochant de s'être opposé à la loi sur le service militaire de trois ans votée le 19 juillet 1913 (qui avait pour but de préparer l'armée française à une guerre avec l'Allemagne), d'être opposé - à tort - à la mobilisation générale et à la guerre imminente contre l'Allemagne. Jugé, puis acquitté en 1919 car on avait estimé qu’il avait rendu service à sa patrie..., il s'exilera en Espagne où il sera fusillé par les républicains en 1936.

Le lendemain de l'assassinat, la France est en émois. Jaurès représentait la seule personne politique susceptible d'empêcher la guerre. Depuis une près de dix ans, il avait tenter aux prix d'efforts désespérés d'empêcher la guerre. Mais après l’attentat de Sarajevo, il tenta de rallier à sa cause la majorité de la gauche française à l’Union sacrée, y compris beaucoup de socialistes et de syndicalistes comme la CGT qui refusaient jusque-là de soutenir la guerre. La CGT avait d'ailleurs organisé une grande manifestation contre la guerre sur les Grands boulevards à Paris, le 27 juillet.

Alors que l'on craignait de grandes manifestions partout en France, la direction du Parti socialiste (SFIO) fit savoir qu’elle n’appellera pas à des manifestations : « L’assassinat de M. Jaurès n’a causé dans les esprits qu’une émotion relative. Les ouvriers, les commerçants et les bourgeois sont surpris douloureusement, mais s’entretiennent beaucoup plus de l’état actuel de l’Europe. Ils semblent considérer la mort de Jaurès comme liée aux événements actuels beaucoup plus dramatiques. ». Les socialistes décidèrent alors de soutenir la politique du gouvernement et de se préparer à la Guerre.

Le 3 août, l'Allemagne déclara la guerre à la France et les Français se mobilisèrent massivement, puisque l'on dénombra à peine 1,5 % de défection. Le 4 août, le président du conseil René Viviani proclama l'Union sacrée : « Dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale. Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique ».


1er août

1589 : Nous sommes en pleine guerre de religion qui ravagea le royaume de France durant tant d'années et qui vit s'opposer les catholiques et les protestants.

Le 10 juin 1584, le duc d'Anjou, François d'Alençon meurt. Ce décès a d'importantes répercussions politiques car le roi Henri III, sans enfants, demeura dès lors sans descendance directe. La maison de Valois était alors menacée de disparaître. La règle de succession en vigueur en France étant celle de la primogéniture mâle, le successeur légitime devint son cousin, le chef du parti protestant et de la maison de Bourbon, un certain Henri de Navarre, ennemi juré du duc Henri de Guise. Ce dernier mena un mouvement de fronde, connu sous le nom de Ligue (ou Sainte Ligue ou Ligue catholique) et n'hésita pas à mettre des bâtons dans les roues d'Henri III, affaiblissant son règne. Le 23 décembre 1588, Henri de Guise fut assassiné sur l'ordre d'Henri III.

C'est à ce moment-là qu'intervint Jacques Clément (22 ans), Capitaine Clément comme l'appelait ses confrères. Frère dominicain, il vouait une profonde haine envers les protestants et avait rejoint la Sainte Ligue. En apprenant l'assassinat d'Henri de Guise, Jacques Clément décida de tuer le roi Henri III qui, à ses yeux, était l'ennemi déclaré du catholicisme.

Le 1er août 1589, Jacques Clément sollicita une audience auprès du roi Henri III. Ce dernier le reçoit au château de Saint-Cloud alors qu'il se tenait sur sa chaise percée, en train de faire vous savez quoi. Le moine s'approcha de lui prétextant lui apporter un message, mais au lieu du message, ce fut un poignard qu'il sortit. Il le planta dans le flanc du roi. C'est à ce moment-là que le roi aurait prononcé : " Ah ! le méchant moine, il m'a tué ! " alertant les gardes qui parvinrent à maîtriser le moine et à le transpercer de leur épée. Après une lente et douloureuse agonie, Henri III décéda au matin du 2 août 1589. Henri de Navarre lui succéda sous le nom d'Henri IV, et connaîtra le même sort 20 ans plus tard...

Jacques Clément subit post-mortem le châtiment réservé aux régicides, l'écartèlement. Son cadavre fut incinéré et ses cendres jetées dans la Seine, afin que ses os ne soient pas vénérés comme des reliques. En effet, son acte fut diversement apprécié par les Chrétiens. Le Pape Sixte V l’aurait considéré comme un martyr. La mère de l'assassin fut acclamée à Paris « comme la mère de Dieu elle-même ». La Sainte Ligue était ravi également considérant cet acte comme une vengeance de celui d'Henri de Guise.


2 août

1914 : Jules-André Peugeot était âgé de 21 ans et effectuait son service militaire depuis avril 1914. Nommé Caporal, il préparait le concours des officiers de réserve et son régiment (la 6e compagnie du 2e bataillon de 44e régiment d’infanterie de Lons-le-Saunier) faisant partie des troupes de couverture. Le 2 août 1914, il avait pour mission de surveiller la frontière franco-allemande dans le Territoire de Belfort.

Albert Mayer était quant à lui âgé de 22 ans. Il s'engagea en 1912 au Jäger Regt-zu-Pferd Nr. 5 (5e régiment de chasseurs à cheval) stationné à Mulhouse. Leutnant (Sous-lieutenant) le 2 août 1914, il était affecté au 3e escadron et commandait un détachement de reconnaissance allemand de huit hommes.

Tôt dans la matinée, Albert Mayer et ses hommes quittèrent leur position et franchirent la frontière franco-allemande en direction de Courtelevant puis dépassèrent Faverois. Juste avant dix heures du matin, Mayer aborda le village de Joncherey par la route. C'est à ce moment-là qu'il tomba sur l’escouade française du caporal Jules-André Peugeot postée dans la ferme Docourt bordant la route.

Albert Mayer sabra la première sentinelle postée sur la route, sans le tuer. Puis tira à trois reprises en direction du caporal Peugeot qui venait de sortir de la ferme. Jules-André Peugeot eut le temps de répliquer et tira sur Albert Mayer le touchant au ventre. Une deuxième balle tirée par un autre militaire français le toucha à la tête, le tuant sur le coup. Jules-André Peugeot mourut également de la deuxième balle qu'il reçut et s'écroula à 10 h 07. Tous deux furent les premières victimes de la Grande Guerre qui sera déclarée le lendemain.


3 août

1492 : Depuis 1484, le Génois Christophe Colomb avait l'ambition de passer par l'Atlantique pour se rendre aux Indes orientales, en atteignant les rivages de la Chine et avant cela le Japon.

Il proposa son projet au roi du Portugal Jean II qui refusa catégoriquement. Le Portugal avait découvert la route des Indes via le cap de Bonne-Espérance. Colomb se rendit alors en Castille auprès de la reine Isabelle qui refusa dans une premier temps. Il faut que dire que Colomb était particulièrement ambitieux, ils souhaitait notamment devenir le vice-roi des terres qu'ils pouvaient découvrir et obtenir un titre de noblesse. Finalement, la reine se laissa convaincre et le 17 avril 1492, Colomb signa les Capitulations de Santa Fe avec les Rois Catholiques Isabelle Ire de Castille et Ferdinand II d'Aragon.

Ce contrat stipule que Colomb doit chercher pour le compte de l'Espagne une route maritime d'Ouest en Est vers l'Asie. Le contrat lui assure le titre de noblesse héréditaire d'Amiral de la Mer Océane (devenant ainsi un noble), les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir, un dixième des richesses qu'il en retirerait et un huitième du profit de son expédition.

Le départ a eu lieu le 3 août à Palos de la Frontera en Andalousie. Colomb partit avec deux caravelles (la Pinta et la Niña) et une nef (la Santa María) ainsi que 90 hommes d'équipages environ. Deux mois plus tard, Colomb arriva aux Antilles en pensant aborder les Indes...


4 août

1789 : Cela se déroula durant la nuit du 4 août 1789, à l'Assemblée nationale constituante. Au cours de la séance, les députés proclamèrent à l'unanimité l'abolition des droits féodaux et de divers privilèges des classes, des provinces, des villes et des corporations.

Il était temps car sur la France régnait la Grande Peur depuis la prise de la Bastille. Il s'agissait d'un mouvement de peur collective se fondant sur des rumeurs de complot aristocratique. Partout pillages, émeutes, attentats, incendies éclataient, une vague de révoltes perpétrées par les paysans qui s'en prenaient aux seigneurs des campagnes, à leurs biens et à leurs archives.

En réponse à ces insurrections, l'Assemblée constituante décida l'abolition des droits seigneuriaux. L'idée serait née de députés bretons qui avaient l'habitude de ce réunir. Ce "club breton" deviendra par la suite le "club des Jacobins". Ainsi, la corvée, la dîme, la juridiction seigneuriale, les banalités, les jurandes... furent abolies.

À propos de cette nuit d'une grande importance pour l'Historie de France, l'historien Jules Michelet écrivit : « La nuit était avancée. Il était deux heures. Elle emportait, cette nuit, l'immense et pénible songe des mille ans du Moyen Âge. L'aube qui commença bientôt était celle de la liberté. Depuis cette merveilleuse nuit, plus de classes, des Français ; plus de provinces, une France. Vive la France ! »

Dès lors l'assemblée se prépara à rédiger une grande Déclaration des droits...

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  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton