Info sur le livre
Titre originalA Bridge Too Far
AuteurCornélius Ryan
ÉditeurRobert Laffont
GenreRoman historique
Sortie1974
Nombre de pages456

Un pont trop loin

Petit Belge
5 juin
2018

Sorti pour la première fois en 1974 peu de temps avant la mort de son auteur, « Un pont trop loin » s’est très vite imposé en tant que véritable best-seller. À tel point que son homonyme cinématographie, qui est également un classique, sort en salle dès le 15 juin 1977.

Ecrit par Cornélius Ryan pendant six longues années, « A Bridge Too Far » de son nom original, relate la plus gigantesque opération aéroportée de la guerre, l’opération Market-Garden. Outre ses indéniables qualités historiques, le livre se paye aussi le luxe d’être extrêmement agréable à lire.

Une vue d’ensemble de l’opération

Recension d'Un pont trop loin sur HistoriaGamesCornélius Ryan en 1966

La grande force de ce livre est qu’il traite l’opération Market-Garden non seulement en profondeur mais aussi sous une multitude d’angles de vues. Ça peut paraitre bête dit comme ça, mais avoir la version des Anglais, des Allemands, des résistants ou des simples civils coincés dans la bataille participe pour beaucoup à l’intérêt du livre.

Grâce à cette construction, le lecteur suivra l’entièreté de la bataille avec les avis nuancés de ses différents acteurs mettant ainsi en lumière des aspects spécifiques de la bataille ou de la préparation de celle-ci.

Pour donner un exemple, la première partie du livre nous expose la situation des deux camps juste avant l’opération ainsi que la préparation de leurs plans. Le lecteur passera d’une armée à l’autre et pourra constater avec amusement les bancales prévisions alliées sur les forces allemandes et à l’inverse le défaitisme ainsi que les illusions allemandes.

D’autre part, le lecteur n’est pas cantonné comme souvent à la bataille seule. Celle-ci prend évidemment la place centrale du livre mais il est intéressant de noter que le contexte général ainsi que la préparation de cette bataille y prend aussi une place non négligeable.

En même temps, il est agréable de voir que le livre arrive parfaitement à fournir bon nombres de détails historique sans pour autant tomber dans l’ennui le plus total. Il ne faudra certes pas s’attendre au plan de bataille complet mais il n’en reste pas moins extrêmement précis.

La part belle aux témoignages

A Bridge Too Far n’est pas une simple compilation de documents ou de rapports. Le livre est rempli à ras bord de témoignages, qu’ils soient allemands, anglais, américains ou néerlandais. Tout le monde y passe, du simple soldat au général en passant par les résistants et les civils. Cela rend le livre profondément humain et aussi tellement intéressant à lire. La bataille est racontée par ses acteurs, et on se surprend à suivre leurs parcours tout le long de la bataille.

Le livre est un véritable empilement de récits entrecoupé de passages « plus techniques » et c’est sûrement ce qui en fait sa force, en témoigne d’ailleurs son immense succès à l’époque.

Il est aussi peut-être judicieux de rappeler qu’à l’époque de la sortie du livre, de nombreuses personnes de « premier plan » étaient encore en vie. Ce genre de détails n’est bien sûr pas du ressort de l’auteur mais il me semblait important de le noter.

Un autre point à souligner est sûrement les nombreuses anecdotes que contient le livre. Comme on le sait, la guerre c’est sérieux et moche, et sa lecture pourrait en rebuter plus d’un. Cependant, « Un pont trop loin » est parsemé d’anecdotes et d’évènements cocasses qui viennent lâcher un peu de pression tout en renforçant le côté humain de l’Histoire. Comme par exemple un soldat se réjouissant de la bataille pour fuir une taupe dans son matelas ou encore la glorieuse et tragique histoire de « Myrtle le Para Poulet » !

Conclusion : trop loin du pont !

« Un pont trop loin » traite avec brio d’une bataille malheureusement oubliée du grand public, cette dernière étant « coincée » entre le Débarquement et l’offensive des Ardennes.

L’ouvrage donne une place importante aux témoignages, qui plus est, il prend la peine de recueillir les points de vue des belligérants et ne se contente pas du récit « des grands ». Il n’en reste pas moins que le travail de recherche de Cornélius Ryan a abouti à un livre très précis. De plus, maniant la plume avec finesse, il a parfaitement réussi à le rendre agréable à lire pour le plus grand nombre. Allier ces deux qualités n’est pas une mince affaire.

Pour finir, une anecdote sur le nom du livre s’impose. « Un pont trop loin » est un référence à une citation du général Browning, chef en second de l’armée aéroportée alliée qui, en voyant le plan du maréchal Montgomery émit un doute sous cette forme : « Je pense que nous allons un pont trop loin ». Or à la sortie de l’ouvrage, l’auteur fit parvenir au général Urquhart (général de la première division aéroportée anglaise qui sauta sur Arnhem) un exemplaire de son livre. Toutefois, Urquhart avait un reproche à faire au titre : « J’ai lu votre livre avec intérêt, mais son titre est erroné. Il n’aurait pas dû s’appeler un pont trop loin, mais trop loin du pont ! ». Quand on sait que lui et sa division ont dû se poser à 13 kilomètres du pont...

  • Matthieu Mancuso Chroniqueur, Historien
  • "Si vous traversez l’enfer, continuez d’avancer." Winston Churchill
    "Résiste et mords !", devise des Chasseurs ardennais de l'armée belge