Info sur le livre

Titre originalNapoléon à Sainte-Hélène
AuteurPierre Branda
ÉditeurÉditions Perrin
GenreBiographie
SortieJanvier 2021
Nombre de pages480

Napoléon à Sainte-Hélène

Discab
12 mars
2021

2021, année Napoléon. Ce n'est pas seulement le bicentenaire de la mort de l'Empereur que nous célébrerons d'ici quelques semaines, mais bien la fin de cette époque dorée qu'ont été les trente dernières années pour la recherche et la connaissance de l'histoire révolutionnaire et impériale française.

On peut affirmer sans risque que l'historiographie napoléonienne a largement bénéficié de ce bicentenaire. Jamais nous n'avons pu profiter d'une telle richesse, d'une telle qualité bibliographique, autorisant la nécessaire étude dépassionnée que les événements tragiques du siècle dernier n'avaient su réellement permettre. Cette abondance, nous la devons aux nombreux historiens qui, à la suite de Jean Tulard, on su proposer une histoire de Napoléon libérée des enjeux politiques et idéologiques qu'on voudrait encore aujourd'hui faire porter à l'Empereur. Beaucoup d'entre-eux profiteront de cette année symbolique pour proposer leurs travaux au public. Pierre Branda est de ceux-là.

Membre de la fondation Napoléon, à qui l'on doit des travaux exceptionnels, et auteur d'un certain nombre d'ouvrages sur Napoléon, le Consulat et l'Empire, Pierre Branda nous offre avec son Napoléon à Sainte-Hélène un texte touchant et exhaustif sur l'histoire de la captivité. Dès les premières pages vous rencontrerez l'Empereur de retour de Waterloo. Alors vous ne le quitterez plus, et ce jusqu'à la marche funèbre aux côtés des derniers fidèles, vers le val du Géranium, au son du canon des frégates britanniques.

Si la déportation à Sainte-Hélène est au centre du récit, l'ouvrage pousse jusqu'au cœur de l'Europe où rois, gouvernements et peuples vécurent au rythme de la presse les péripéties de la captivité. Aucun détail n'est épargné, du cabinet du premier ministre britannique aux couloirs des grandes conférences européennes, on comprend rapidement que le sort réservé à Napoléon fût toujours au centre des débats ; le perturbateurs de l'Europe continuant de son rocher à faire trembler les têtes couronnées.

Mais c'est à Longwood que nous passons le plus clair de ces dernières années, au fil des jours et des semaines interminables de Sainte-Hélène. L'histoire de la captivité est une sorte de maquette grandeur nature de ce que fût l'épopée. Tout y est, en miniature. La cour, son étiquette et son décorum, les grands officiers, le petit personnel et bien sûr, l'Empereur en majesté. À aucun moment de son histoire nous n'avons l'impression d'être si proche de Napoléon, d'être convié à ce point auprès de lui, dans son intimité.

Tout y est démesuré, presque ridicule, du dispositif anglais pour assurer la captivité (plusieurs navires croisant sans discontinuer autour de l'île, 5000 hommes de troupes, près de 500 pièces d'artillerie, c'est-à-dire plus qu'à Waterloo pour les deux camps réunis) aux intrigues de Napoléon et du gouverneur Hudson Lowe.

Certaines scènes sont d'un comique extraordinaire. Comme cette fois où Napoléon étant encore au large des côtes anglaises, un avocat britannique favorable à l'Empereur tente d'apporter à bord une citation à comparaître : le problème étant que si le document atteint le navire, Napoléon bénéficiera de facto de l'Habeas Corpus, interdisant sa déportation immédiate. Les marins ne pouvant permettre à l'avocat de parvenir à ses fins, et n'ayant pas le droit de brutaliser ce sujet britannique, une véritable course de canot se lance autour du navire pour gêner l'avocat et l'empêcher, avec succès malheureusement, d'atteindre le pont. L'ouvrage est truffé de ces petites anecdotes, souvent très drôles, parfois tristes et pathétiques, qui font le sel d'un récit tragique à l'origine de ce qui deviendra une véritable légende.

Il faut y ajouter une galerie de personnages tous plus fascinant les uns que les autres. Des êtres humains qui naturellement, malgré leur amour et leur fidélité, finiront par être engloutis par la morosité et l'ennui, amenant les pires conséquences pour les derniers temps de cette histoire.

Le bicentenaire de la disparition de Napoléon ne pouvait se passer ni espérer un meilleur ouvrage. Nous avons adoré et le conseillons sans hésitation.

  • Discab Contributeur
  • "D'abord, apprenez que je ne suis point le défenseur du peuple ; jamais je n'ai prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus." Maximilien Robespierre