Info sur le livre
Titre originalVom Kriege
AuteurCarl von Clausewitz
TraductionNicolas Waquet
ÉditeurRivages
GenreEssai militaire
SortieAvril 2006
Nombres de pages365

De la Guerre

Petit Belge
Thématique
Époque moderne, Époque contemporaine
10 juillet
2017

De la Guerre est un traité stratégique mondialement reconnu, rédigé par Carl von Clausewitz et publié pour la première fois en 1832, après la mort de son auteur.

Ce traité, souvent cité, ou référencé dans le domaine militaire, reste toutefois peu consulté par les amateurs d’arts militaires. Que se cache-t-il donc réellement derrière ce mastodonte de la guerre ?

Théorie, quand tu nous tiens...

Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz (1780-1831), officier général et théoricien militaire prussien.Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz (1780-1831), officier général et théoricien militaire prussien.

Particularité qui sautera aux yeux du lecteur dès le début, l’ouvrage est avant tout une théorisation quasi exhaustive de la guerre. En effet, chaque aspect, chaque particularité de la guerre seront purement et simplement théorisés à partir de batailles qui feront véritablement office de « cas d’écoles ». Comme par exemple la campagne de Russie de 1812 qui illustrera la partie de De la Guerre dédiée à la logistique et au moral des troupes.

Cette spécificité, bien que rendant le livre aussi amusant que le bottin téléphonique, rend l’ouvrage extrêmement complet et détaillé, au point qu’aujourd’hui encore, le livre reste une référence en la matière. De ce fait, le lecteur retrouvera l’entièreté des aspects stratégiques d’une guerre, comme ses objectifs, les moyens de parvenir à ces dits objectifs, le terrain, l’armement, etc. Mais aussi d’autres aspects faisant partie de la dimension opérative, ou plus épisodiquement, de la dimension tactique.

Et chose particulièrement intéressante, surtout pour un militaire de l’époque, Clausewitz met à un moment donné, l’accent sur la psychologie des soldats, admettant que la guerre peut choquer et être particulièrement impressionnante pour les hommes. Qu’un nouveau soldat peut être facilement déstabilisé par le chaos ainsi que par le carnage d’une bataille rangée, avec son lot de tirs, d’explosions, d’ordres, de morts, de blessés...

Toutefois, les batailles citées dans De la Guerre ne sont qu’exceptionnellement expliquées. À cause de ça, le lecteur devra lui-même connaitre le déroulement de ces dites batailles, ou arrêter sa lecture pour aller lire un historique de ces combats. Donc autant dire que cela est pratiquement impossible car certaines batailles n’ont pas eu assez de retentissement pour traverser les âges.

Cependant, il s’agit bel et bien d’un fabuleux travail d’observation, mais cette lacune d’informations réduit drastiquement la compréhension par moment. Surtout si l’on ajoute le manque de plans et de schémas, ce qui rend la visualisation peu évidente, particulièrement quand de nombreux paramètres sont à prendre en compte.

Une pensée toujours d’actualité

Première édition de De la Guerre.Première édition de De la Guerre.

Étant un traité militaire écrit au XVIIIème siècle, le lecteur se posera légitimement la question de savoir si les concepts présentés sont toujours applicables.

De la Guerre fait office d’exception. Car en effet, malgré l’avènement de la guerre économique et mécanisée ainsi que l’apparition de l’équilibre de la terreur causé par les armes atomiques, il est agréablement étonnant de constater que le livre est toujours d’actualité.

Et pour cause, outre la précision de l’ouvrage, il définit clairement ce qu’est la guerre et son lien avec la politique. Ce point peut même être considéré comme une sorte de « fil rouge », l’auteur s’attardant beaucoup sur la vision politique de la guerre. D’ailleurs, cette citation de Clausewitz (que l’on retrouve dans De la Guerre) ; « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens », est représentative de cette ligne de pensée. Par ailleurs, certaines parties, comme la ruse, les réserves, les buts de guerre ou encore l’audace sont d’autres exemples que l’on pourrait citer afin d’illustrer sa non-obsolescence.

On ne rigole pas avec la guerre

Au vu du lexique et du vocabulaire, le livre est clairement destiné à un public averti, son thème le laissait présager me diriez-vous.

Certes, mais contrairement à L’infanterie attaque, on ne peut se permettre de lire De la Guerre comme un roman. Déjà parce que c’est de la théorisation mais aussi parce que Clausewitz utilise un vocabulaire presque scientifique, rendant ainsi son ouvrage très peu accessible au premier venu.

De ce fait, il faudra, au fil de la lecture, littéralement « s’accrocher » afin de comprendre parfaitement le message de l’auteur. Au moins, on ne pourra pas lui reprocher d’être imprécis...

Première édition de De la Guerre.Si De la Guerre devait être un jeu vidéo, la série des Hearts of Iron serait la plus adaptée. D'ailleurs, le moteur de ces jeux a pour nom... Clausewitz.

Conclusion

Par cet ouvrage, Carl von Clausewitz, a réussi l’exploit de théoriser de manière exhaustive et précise la guerre et l’Art de la guerre. Alors oui, il faut admettre que le livre ne soit pas des plus amusants. Par contre, il est une base incontestée pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à la guerre. Ainsi, sur ce point, il est incomparablement captivant. Ce qui fait de De la Guerre un incontournable et l’un des plus intéressant à lire du genre.

  • Matthieu Mancuso Chroniqueur, Historien
  • "Si vous traversez l’enfer, continuez d’avancer." Winston Churchill
    "Résiste et mords !", devise des Chasseurs ardennais de l'armée belge