Découverte d'une épave sous-marine dans la cité immergée d'Héracleion
Si vous êtes amateurs d'égyptologie, le nom d'Héracleion ne vous est sûrement pas inconnu ? Pour les deux du fond qui n'écoutaient pas, rappelons qu'il s'agit d'une cité égyptienne du nord-ouest du Delta du Nil, aussi appelée Thonis en bon égyptien et située dans la baie d'Aboukir.
Théâtre d'une activité économique et culturelle frénétique, la cité portuaire a été fondée au cours du XIIe siècle avant notre ère, lorsque l'ouverture du commerce égyptien au monde grec a vu un grand nombre de marchands hellènes installer des comptoirs dans la région pour y négocier l'achat de l'or, de l'ivoire et du blé d'Égypte contre les esclaves, le bois et les métaux venus de Grèce.
À part ça, Héracleion est notamment célèbre pour être presque totalement engloutie : en effet, suite à des glissements de terrain et surtout à l'évolution du tracé du littoral au fil des siècles, la cité a fini par être immergée à quelques mètres sous l'eau, juste devant la côte de l'agglomération actuelle.
Aujourd'hui, Héracleion est un terrain de jeux rêvé pour tous les archéologues du monde entier, tant qu'ils sont spécialisés en archéologie sous-marine. C'est ainsi que récemment, le ministère des Antiquités égyptiennes a claironné la découverte par une mission franco-égyptienne des « débris d'un navire militaire de l'ère Ptolémaïque et des vestiges d'un complexe funéraire grec datant du quatrième siècle avant J.-C. ».
Le fond plat du bateau et l'usage de rames trahissent une embarcation destinée aux voyages sur les eaux tranquilles du Nil. Mesurant pas moins de 25 mètres de long, la disposition du navire par rapport aux ruines sous-marines que l'on trouve à proximité suggère que la malheureuse coque de noix était amarrée au quai du temple d'Amon, et qu'elle a coulé au moment où celui-ci s'est effondré dans les eaux, vers le IIe siècle avant notre ère.
Le navire a donc probablement reçu la chute d'un ou de plusieurs blocs de pierre, l'envoyant par le fond. Ce n'est que très récemment que l'épave a pu être redécouverte, malgré les 5 mètres (!) de sédiments qui le recouvraient, grâce à l'usage d'un tout nouveau type de sonde permettant de voir à travers certains sédiments.
Le complexe funéraire grec mentionné plus haut était selon toute probabilité destiné à la communauté grecque installée à Héracleion, pour l'essentiel des marchands. En effet, les négociants traversant la mer ne repartaient pas pour chaque voyage d'affaire mais installaient des établissements permanents pour vendre et acheter des produits, allant jusqu'à construire (dans une certaine mesure) leurs propres structures cultuelles ou funéraires. À la Basse-Epoque, ce mouvement s'est bien sûr accéléré lorsqu'un certain Alexandre le Grand est arrivé et a chassé les Perses d'Égypte, jusqu'à ce que la construction d'Alexandrie éclipse alors le rôle d'Héracleion.