Une immense nécropole découverte en Guadeloupe
L'Institut National de la Recherche Archéologique Préventive (INRAP) a annoncé hier la mise au jour d'une des plus grandes nécropoles connues des Antilles, voire des Caraïbes.
En décembre 2020, une fouille préventive a en effet été menée sur le terrain destiné à la construction d'un lotissement, dans le quartier de Petit-Pérou, en Guadeloupe, au centre de l'île. Il est apparu dès la première phase de fouilles que la zone était exceptionnellement riche : une très importante concentration de sépultures, fosses et trous de poteaux ont été mis au jour dans la zone, et pour une période qui s'étale du Céramique récent (XI-XIIème siècle) jusqu'à la période coloniale.
L'équipe archéologique dirigée par Nathalie Serrand et Martijn van den Bel ont découvert plusieurs centaines de trous de poteaux et cinquante fosses, associée à une grande concentration de déchets de cuisine et d'artisanat, révélant une importante agglomération présente à cet endroit de l'île après le XIème siècle, soit à une période où les populations de cultivateurs s'éparpillent dans toutes les Antilles.
Jusqu'ici relativement mal connue, ce phénomène était toutefois cerné comme provenant d'Amérique du sud, où des populations qu'on pense de langues arawakiennes ont émigré dans les îles au gré des courants marins, s'installant et se mélangeant à des groupes de populations néolithiques préexistantes depuis des milliers d'années.
On sait aussi que ce tournant des XI et XIIème siècle et la dispersion des populations annonce de profonds changements économiques et culturels dans la vie des populations locales, entraînant l'apparition de cultures locales distinctes.
"Quelques centaines de trous de poteau correspondent à des structures d'habitat et une cinquantaine de fosses sont liées à des activités domestiques. Le comblement de certaines fosses livre de nombreux tessons de poterie, des outils en pierre, des blocs chauffés, des ossements de rongeurs, reptiles, oiseaux et des restes de crabes et de coquilles, rejetés après consommation", a indiqué l'institut de recherche français.
Outre ce site d'habitation, pas moins de 113 sépultures ont été découvertes, soit la plus importante nécropole connue de toute la Guadeloupe.
Les tombes sont variées : il s'agit d'adultes et d'enfants, inhumés selon une méthode particulière : généralement, les individus reposent sur le dos, mais en position assise ou semi-assise, les membres repliés sur eux-mêmes. Certains indices laissent même à penser que les dépouilles des défunts ont été mises dans des sacs ou enveloppées avant d'être enterrées.
L'étape suivante du travail des scientifiques va consister a trier les données et procéder à des datations radiocarbones afin d'identifier les différentes phases d'occupation et d'appréhender l'organisation des vestiges, et de se pencher sur la question des liens de parentés des défunts et leur état de santé de leur vivant : on se pose par exemple la question d'une éventuelle cohabitation des défunts avec les vivants, dans le cadre des habitations individuelles.
À l'ouest de la zone de fouille, d'autre vestiges ont été découvert, ceux-ci bien plus récents, ayant été datés de l'époque coloniale. 200 structures remontant à l'exploitation agricole consécutive à l'arrivée des Européens se répartissent entre aménagements agraires, bâtiments construits sur poteaux et d'un autre, celui-là maçonné : on sait que dès le XVIIIème siècle, les îles des Antilles étaient intensivement exploitées pour la culture de la canne à sucre, très prisée en Europe.
Source : INRAP