Traduction d'un exceptionnel papyrus médical égyptien

Thématique
3 mars
2021

Si le nom de Sofie Schiødt vous est inconnu, ça ne durera plus : il s'agit d'une brillante égyptologue danoise œuvrant à l'université de Copenhague, à qui l'on doit le déchiffrement d'un des plus anciens manuscrits de médecine égyptienne connus.

En effet, Mme Schiødt a récemment présenté dans le cadre de sa thèse les résultats de son travail sur le papyrus Louvre-Carlsberg, et non, rien à voir avec la bière, ainsi nommé car il s'agit d'un partenariat entre le musée du Louvre et celui de Copenhague.

Traduction d'un exceptionnel papyrus médical égyptienExtrait du papyrus Louvre-Carlsberg © musée de Copenhague

Ce papyrus est daté de 1450 avant J.-C., soit du règne de Thoutmosis III, c'est-a-dire au tout début du Nouvel Empire égyptien. Traitant de médecine et des techniques d'embaumement, il s'agit désormais du plus ancien manuscrit connu sur le sujet. D'après l'étude du fragile document (qui mesure pas moins de six mètres !), le texte traitait notamment des soins de la peau ; et Mme Schiødt a eu la surprise de tomber sur de nouvelles lignes traitant de l'embaumement, célèbre technique de préservation des corps afin de protéger le défunt dans l'au-delà.

Chose étonnante, car il était communément admis jusqu'ici que la technique de l'embaumement était un savoir-faire transmis uniquement de manière orale, et donc jamais consigné par écrit.

Traduction d'un exceptionnel papyrus médical égyptienVue d'artiste du processus décrit dans le papyrus © Ida Christensen

« Ça se lit comme un aide-mémoire, les lecteurs visés devaient donc être des spécialistes qui avaient besoin qu'on leur rappelle ces détails, comme les recettes d'onguents et l'utilisation de divers types de pansements. Certains des procédés les plus simples, comme le séchage du corps au natron, ont été omis du texte », a confié Mme Schiødt. « Nous avons là une liste d'ingrédients pour un remède composé en grande partie de substances aromatiques et de liants végétaux qui sont cuits dans un liquide, avec lequel les embaumeurs enduisent un morceau de lin rouge. Le lin rouge est ensuite appliqué sur le visage du défunt afin de l'enfermer dans un cocon protecteur de matières odorantes et antibactériennes. Un processus répété à quatre jours d'intervalle. »

Très précises, ces indications viennent confirmer les observations déjà faites sur des dépouilles de la même période et qui ont effectivement bénéficié de ce traitement minutieux et divisé en plusieurs périodes de temps.

La publication de ces recherches est prévue d'ici 2022, toujours dans le cadre de la collaboration entre le musée du Louvre et celui de Copenhague, avec la collection Carlsberg.