Pierre Simonet, l'un des trois derniers compagnons de la Libération, est mort

L'Amiral
6 novembre
2020

« J'ai la fierté d'avoir fait mon devoir. » C'est avec ces mots que terminait la dernière interview de Pierre Simonet, l'un des trois derniers compagnons de la Libération encore en vie.

Compagnons de la Libération : quelques mots pour caractériser ces héros qui ont, dès le terrible mois de juin 1940, refusé la collaboration. Pierre Simonet est de ceux-là.

Né le 27 octobre 1921 à Hanoï, dans l'Indochine française, il mène une existence de bourlingueur, ballotté entre la métropole et l'Asie du sud-est en suivant ses parents au gré de leurs affectations. En 1939, quand, quand la guerre éclate, Pierre Simonet est à Bordeaux et vient d'entrer en maths sup.

Viennent alors les terribles mois de mai-juin 1940, où il assiste, impuissant, à l'effondrement de son pays, et à l'arrivée de Pétain au pouvoir. Alors que ses camarades, auparavant si volontaires, changent d'avis, le jeune Simonet décide de ne pas accepter cette situation.

Le 19 juin, il entend parler d'un général réfugié à Londres qui appelle à continuer le combat. Pierre Simonet n'a pas besoin de plus d'informations : il part avec deux valises, dont une qui contient les lettres de sa fiancée, Luce, restée en Indochine.

Son salut viendra d'un cargo à Saint-Jean-de-Luz. Profitant du désordre, Pierre Simonet revêt une capote polonaise et se mêle au flot des soldats qui doivent y embarquer. Arrivé à Londres, il est versé dans l'artillerie et participe à l'expédition de Dakar en septembre 1940, puis combat en Palestine et en Syrie contre les vichystes.

En mai 1942, Pierre Simonet fait partie des hommes de Koenig qui tiennent tête à l'Afrika-Korps et aux Italiens à Bir Hakeim pendant plusieurs jours. Sous la mitraille, tiraillé par la soif, il ne cesse de rediriger les tirs d'artillerie alors que ses camarades tombent à ses côtés. Encerclés, à court de vivres et de munitions, les Français parviennent à briser l'encerclement et à se replier. Mission accomplie : ce délai sera une des causes de la réussite des forces alliées à la bataille d'El Alamein, en octobre 1942.

On retrouve Simonet en Italie, en 1944, où il est observateur d'artillerie dans son Piper Cub, un avion d'observation américain.

Provence, remontée du Rhône, campagne d'Alsace : il est de tous les combats... Jusqu'à la fin du conflit, en 1945. Il retrouve alors sa fiancée en Indochine, s'y marie avec elle, mais sent que le pays a changé.

De retour en France, Pierre Simonet devient administrateur, puis travaille pour l'ONU. Il prendra sa retraite à Toulon, où il mourra à l'âge de 99 ans le 5 novembre 2020.