Découverte d'une arme de légionnaire romain exceptionnellement conservée
Au printemps dernier à Munster, en Rhénanie du nord, la fouille archéologique d'un cimetière romain a permis de découvrir un objet véritablement exceptionnel !
Il s'agit d'un poignard de légionnaire romain, dégagé par un jeune fouilleur qui a eu la chance de sa vie en découvrant cette arme, incroyablement bien conservée après avoir passé deux millénaires sous la terre.
« Jamais un poignard romain d'une telle qualité n'était parvenu jusqu'à nous », a déclaré l'historien militaire Yann Le Bohec, professeur à la Sorbonne, sur Sciences et Avenir.
Enveloppé d'une gangue de rouille et de terre, il aura fallu neuf mois d'efforts minutieux pour étudier et nettoyer l'arme en laboratoire. Long de trente centimètres, le poignard reposait dans son étui d'émail et de verre, et se trouve décoré de motifs de feuillages en argent et en laiton. Les archéologues l'ont longuement radiographié et fait passer un examen tomographique (une technique permettant de restituer le volume d'un objet à partir de photographies) avant de le restaurer complètement.
Plus curieux, cette arme, qu'on appelait alors pugio en latin ; est richement décorée mais n'était visiblement pas qu'une arme d'apparat : des marques d'usures suggèrent qu'elle était fonctionnelle et qu'elle a été utilisée, que ça soit pour assassiner César ou découper un saucisson de manière complètement épique.
Plus sérieusement, le poignard faisait partie de l'arsenal réglementaire porté par les légionnaires romains, comme ceux qui étaient en service dans cette région de l'Europe, stationnés sur le limes impérial. Celui-ci est à rapprocher du type "vindonissa", d'après le site Suisse du même nom qui a donné le sien à ce type de poignard.
En revanche, il ne s'agissait pas d'une arme utilisée au cœur de la bataille, mais plutôt à son terme, afin d'achever les blessés.
D'après le professeur Le Bohec, « Les fantassins romains combattaient en effet à l'aide de plusieurs armes. Un grand bouclier à la main gauche, tenu soit à l'aide d'une poignée ou attaché à l'avant-bras. Et une lance (pilum) à la main droite. Avançant en lignes, lorsqu'il s'approchait à 3 ou 4 m de distance de l'ennemi, le légionnaire lançait ce javelot d'environ 1,80 m de long pour le transpercer. Ensuite, il se jetait sur un autre combattant en dégainant son glaive (gladius) après lui avoir asséné un coup de bouclier pour le déséquilibrer et le tuer dans le mouvement. Tout cela en courant, ce qui nécessitait un grand entraînement. Le poignard, porté à gauche le long du corps, n'était utilisé que pour achever les ennemis ou les prisonniers en trop grand nombre… ou encore les blessés de son propre camp quand on ne pouvait plus rien faire pour eux. »
Aujourd'hui, le musée antique de Haltern se prépare à une nouvelle exposition, qui accueillera entre autres cet objet en 2022.