L'extinction de la civilisation khmère éclairée ?

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6 juin
2019

Depuis que le naturaliste Henri Mouhot l'a redécouverte au cœur des épaisses jungles asiatiques au XIXe, Angkor Vat, ses superbes ruines et ses plantes grimpantes font office d'idéal de la cité antique perdue.

Deux siècles plus tard, nous savons que la cité, et ses superbes temples qui l'ont rendue célèbre, a été un jour le cœur battant de l'empire Khmer, un état puissant qui régnait sur l'ensemble de la péninsule indochinoise du IXe au XVe siècle de notre ère. Angkor Vat en était la capitale, et aurait rassemblé jusqu'à 750 000 habitants sur plus d'un millier de kilomètres carrés.

Reste un hic : comment cette civilisation brillante a-t-elle pu disparaître et abandonner aux jungles cette ville ? Jusqu'ici, les réponses étaient floues : épuisement du royaume en raison des velléités coloniales européennes dans la région, défaite militaire brutale survenue au XVe siècle...

Heureusement, c'est du passé. Des fouilles archéologiques ont été entreprises sur le site par des archéologues du Parc Archéologique d'Angkor depuis 2010, faisant notamment appel à des techniques modernes comme le LIDAR, toujours extrêmement apprécié pour mener des opérations de prospection dans un milieu à la végétation aussi dense. Un important travail d'épigraphie a également été accompli pour étudier de près les inscriptions murales écrites en khmer et en sanskrit, sur les murailles du temple.

L'extinction de la civilisation khmère éclairée ?

Au total, seize couches d'occupations ont été relevées par les archéologues, et l'usage d'un alphabet et d'un système religieux complexe et complet est attesté. Mais surtout, il s'avère que la "fin" d'Angkor Vat aurait été beaucoup plus étalée et nuancée que ce que l'on pensait jusqu'ici.

Ainsi, la ville aurait commencé par perdre de son importance suite au transfert dans d'autres régions des diverses fonctions religieuses, politiques et économiques (notamment avec le développement du commerce avec la Chine impériale), ce qui aurait diminué son importance.

Puis l'introduction du bouddhisme dans la région aurait fait son œuvre et causé les mêmes effets ; de même que des perturbations climatiques entraînant une baisse des ressources alimentaires, poussant à nouveau des populations à se déplacer, le tout dès le XIVe siècle. Mais quoi qu'il en soit, la ville aurait quand même perduré, bien que très diminuée, jusqu'à son occupation par le royaume de Thaïlande en 1431.

L'extinction de la civilisation khmère éclairée ?