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Siège d'Alésia

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Guerre des Gaules

L'emplacement de l'oppidum gaulois d'Alesia a été pendant longtemps un sujet de débat. Aujourd'hui, selon le consensus scientifique, c'est à Alise-Sainte-Reine en Côte-d'Or qu'est situé le site. Alésia était la capitale des Mandubiens, un peuple gaulois cité par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules (Commentarii de Bello Gallico). Ce fut le lieu d'un terrible siège qui vit la défaite d'un certain Vercingétorix face à Jules César en 52 avant notre ère.

En 59 av. J.-C., trois des hommes les plus puissants de Rome conclurent un accord, que l'on appela le premier triumvirat, par lequel ils se partageaient la République à bout de souffle. Ainsi le riche Marcus Licinius Crassus, vainqueur de Spartacus en 73 av. J.-C., reçut les régions orientales. Pompée obtint l'Hispanie. Et Jules César dut se contenter de la Gaule Cisalpine et trois légions. Le Sénat, pour l'éloigner le plus possible de l'Italie, y ajouta l'Illyrie et surtoute la Gaule Narbonnaise avec une quatrième légion. Désormais, César posséde une véritable armée sous son commandement, il était temps pour lui de prouver que le régime républicain n'était plus qu'en sursis. La conquête de la Gaule chevelue, la Gaule indépendante, ne faisait que commencer... Mais attention, César n'avait pas projeté cette conquête au début, bien au contraire ce sont les divers insurrections des peuples gaulois qui lui fournit l'occasion d'un coup de génie qui fut aussi un fantastique coup de dés.

Gauloises, Gaulois...

Le récit de la guerre des Gaules est principalement basé sur l'œuvre de Jules César, Commentarii de Bello Gallico. Il s'agit d'une œuvre d'une grande importance - même s'il faut prendre beaucoup de précaution par rapport à ce qui y est écrit - constituée de notes rédigées au fur et à mesure de la guerre. César y relate ses opérations militaires lors de la Guerre des Gaules. C'est dans le Livre VII consacrée à l'année 52, que César traite du soulèvement des peuples gaulois et des sièges d'Avaricum, de Gergovie et d'Alésia.

À la suite de la guerre contre Arioviste, la Gaule belgique fut conquise par César grâce à un savant dosage de diplomatie, de combats et de terreur. Face à des Gaulois désunis, les Romains n'eurent en effet aucunes difficultés lors de leur conquête malgré les problèmes de ravitaillement. César, afin de parachever son œuvre, lança deux démonstrations militaires au-delà du Rhin et de la Manche. La conquête de la Gaule durait depuis 4 ans, qu'une première grande révolte éclata, celle d'Ambiorix, chef des Éburons (peuple gaulois au nord de la Gaule). Ambiorix infligea une cinglante défaite aux légions romaines en 54. Plusieurs siècles après, il deviendra un héros national en Belgique, comme ce fut le cas de Vercingétorix pour la France. La révolte d'Ambiorix fut matée après deux campagnes.

En 52, alors que César se trouvait à Rome, la Gaule centrale se rebella. Celle-ci réussit à s'entendre autour d'un chef arverne dénommé Vercingétorix. L'Arverne avait réussi à rallier presque toute la Gaule, même des Celtes alliés à Rome. Il avait sous son commandement plus de 200 000 guerriers. Il eut alors l'idée dans un premier temps d'attaquer la Narbonnaise pour dégarnir les forces romaines postées plus au Nord.

César déjoua la manœuvre en pratiquant la tactique de la terre brûlée. Par la prise d'Avaricum, il put ravitailler ses troupes affamées après moultes campagnes. Cependant, César dut essuyer une lourde défaite à Gergovie (en Auvergne) alors qu'il assiégeait l'oppidum. César décida de quitter les lieux en faisant croire qu'il partait pour soutenir son légat, le général Titus Labienus, dans ses batailles plus au nord contre les Parisii et les Sénons.

César tenta en vain de provoquer une bataille en rase-campagne, mais les Gaulois restaient dans l'oppidum, et ne sortaient que pour quelques escarmouches. César et ses 6 légions décidèrent de quitter l'Auvergne en reprenant l'itinéraire longeant l'Allier. César échoua à reprendre le contrôle total de la situation et il dut manœuvrer dans des contrées de plus en plus hostiles. Il rejoignit alors Labienus qui possédait 4 légions

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Plan supposé du siège d'Alésia

César, désormais en possession de 10 légions, stationnait sur le territoire des Lingons, alliés de Rome. Il y renforça sa cavalerie avec des mercenaires germaniques, les Éduens lui ayant fait faux bond après Gergovie.

Avec l'espoir généré par Gergovie, Vercingétorix se lança avec sa cavalerie à la poursuite des troupes de César. Au cours d'une attaque surprise, la cavalerie gauloise est mise en échec par les cavaliers germains. Vercingétorix se replia dans l'oppidum d'Alésia avec, selon César, 80 000 guerriers et de nombreux cavaliers, auxquels s'ajoutèrent les Mandubiens. Le tout disposait de près d'un mois de provisions pour subsister à un éventuel siège.

Sans plus attendre, César avec ces 40 à 72 000 légionnaires, posa le siège autour d'Alésia. L'oppidum était situé en hauteur. L'infériorité de son armée poussa César à ne pas lancer un assaut direct. Comme César le décrit dans les Commentarii de Bello Gallico, le génie romain mit en œuvre des travaux de siège, afin d'affamer les Gaulois.

César ordonna la construction de deux lignes de fortifications autour de la ville. Une tournée vers l'oppidum pour empêcher l'armée gauloise de sortir appelée "contrevallation" et une autre tournée vers l'extérieur pour empêcher l'arrivée des renforts appelée "circonvallation", comme l'écrit César : « César fit creuser le premier fossé de 20 pieds de large du côté de l'oppidum pour enfermer les Gaulois et pour mettre à l'abri les terrassiers qui réalisèrent la suite des travaux. Toutes les autres fortifications seront comprises dans un intervalle de quatre cents pieds : il fit creuser deux fossés de 15 pieds et de profondeur égale : il fit remplir le fossé intérieur qui se trouvait dans les parties basses de la plaine d'eau qu'il dériva d'une rivière. Derrière ces fossés, il fit construire un parapet. » La construction des fortifications romaines fut réalisée en cinq semaines et nécessita le travail des dix légions jour et nuit.

Pendant ce temps, les gaulois coalisés mouraient de faim, au point que les assiégés durent faire sortir les femmes, les enfants et les vieillards. Ceux-ci moururent entre les deux lignes de fortifications car César avait décidé de ne laisser sortir personne.

Plusieurs semaines après le début du siège, les renforts gaulois arrivèrent. Ils furent près de 240 000 selon César (surestimation pour se glorifier ?) et étaient commandés par Commios, roi des Atrébates, Vercassivellaunos, cousin de Vercingétorix, et les Éduens Viridomar et Éporédorix, anciens alliés de César.

L'éclat de ma victoire fait peser plus encore les invisibles défaites de mon passé...

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César par Lionel Royer, 1899

Aussitôt, César ordonna à son infanterie de prendre position sur les fortifications de contrevallation et circonvallation et à ses mercenaires germaniques de charger l'armée en renfort. Les Germains ne manquèrent pas de zèle puisqu'ils arrivèrent à mettre en déroute les cavaliers gaulois et à massacrer les archers qui les accompagnaient. La cavalerie romaine prit le relais et poursuivit les fuyards jusqu'à leur camp.

Durant la nuit, l'armée gauloise en renfort attaqua la ligne de circonvallation, mais grâce à l'ingéniosité des fortifications et aux pièges se trouvant autour, les gaulois furent une nouvelle fois repoussés et durent même se replier craignant la contre-attaque des Romains. Malgré ces deux défaites consécutives, les Gaulois n'abandonnèrent pas pour autant. Ils tentèrent une troisième attaque qui se révéla décisive.

60 000 guerriers, sous le commandement de Vercassivellaunos, attaquèrent une nouvelle fois la ligne de circonvallation sur sa partie nord. Prévenu à temps, Vercingétorix sortit de la ville avec ses hommes. Les Romains étaient désormais attaqués de toutes parts et commençaient peu à peu à céder. Des heures durant, l'issue de cet ultime combat fut incertaine...

Mais, une fois de plus, la fortune sourit à César. Sous la pression des Romains appuyés par les mercenaires germains, les Gaulois de l'armée de Vercassivellaunos s'enfuirent. Vercingétorix se replia alors dans l'oppidum et choisit de se rendre pour épargner ses hommes.

Après près de deux mois de siège qui affama les Gaulois, Alésia se rendit. Vercingétorix vaincu, toute résistance fut pratiquement anéantie. Le chef gaulois fut emprisonné six ans à Rome, sous le Capitole avant d'être finalement exécuté, sur ordre de César.

Il était temps pour César que les rebellions prennent fin. Crassus avait été tué à Carrhae, un an auparavant, ce qui mit fin au triumvirat. Cela laissa le champ libre à Pompée pour gouverner seul Rome. La guerre éclata alors, lorsque César, accompagné de ses troupes, franchit le Rubicon en proférant son célèbre "Alea Jacta est", le 10 janvier 49 avant notre ère...

MuseoParc Alésia

Il est bon de noter qu'il existe un MuséoParc à Alésia. En plus du centre d'interprétation, le site se verra agrémenté vers 2016 d'un Musée archéologique et de Parcours-découverte.

Le Musée archéologique accueillera les vestiges du centre de la ville gallo-romaine et une base archéologique destinée aux chercheurs. Organisé autour des collections et des infrastructures antiques mises au jour, il montrera la succession des cultures et des civilisations sur le site depuis la Préhistoire. L'organisation de la ville gallo-romaine et le mode de vie de ses habitants - habitat, commerce, artisanat, religion - tiendront une place prépondérante.

Les Parcours-découverte, aménagés sur une quarantaine de kilomètres et s'étendant sur 7 000 hectares, vous permettront de flâner sur différents lieux où se sont déroulés les évènements de 52 av. J.-C. Férus de randonnée ou familles en balade, vous pourrez, à pied, à vélo ou à cheval, arpenter les collines jusqu'au camp de César ou emprunter à votre rythme l'itinéraire dans la vallée qui longe les anciennes fortifications romaines.

  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter
  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton