Cléomène III, le dernier roi de Sparte

Le Spartiate
Thématique
Grèce antique
5 janvier
2016

Cléomène III, le dernier roi de Sparte

Retour à Sparte, dans ce dernier article consacré au roi guerrier Cléomène III ! Si vous voulez en savoir plus sur cette cité guerrière ainsi que sur le roi précédent dénommé, Agis IV, retrouvez mes précédents articles ici et .

La mort d'Agis IV, une Sparte en proie au chaos

241 av. J.-C. : pour la première fois de son histoire, Sparte condamne à mort un roi, un souverain de 24 ans, Agis IV. Il est étranglé des mains d'un bourreau pour avoir eu l'audace de braver les puissants oligarques à la tête de la cité. Son crime fut d'avoir tenté de restaurer l'égalité spartiate par l'augmentation de ses citoyens et le partage équitable des terres.

Suite à son décès, le second roi Léonidas II, l'instigateur de ce simulacre de procès, décide de gouverner seul. L'heure de la double monarchie est ainsi suspendue à Sparte.

Cependant, il n'empêchera pas le chaos de s'installer dans le pays.

En effet, peu après le décès d'Agis, un raid des terribles Etoliens, alliés temporaires des Macédoniens, dévaste la région. Ceux-ci veulent restaurer les partisans d'Agis IV.

Une partie de la population civile, sans défense face à ces implacables pilleurs, est alors emmenée de force, comme butin destiné à être vendu. Le pays est ravagé, les champs comme les sanctuaires.

C'est une hécatombe.

Le fils de Léonidas II, Cléomène, est humilié de voir ainsi son pays mutilé d'une partie de son peuple et de ses richesses.

Dès lors cette rancune ne le quittera jamais. Il veut restaurer la puissance de Sparte. Lorsqu'il monte sur le trône, en 235 av. J.-C., il entend mener une politique dans la continuité de son prédécesseur Agis IV. Il a pour conseillère l'ex-épouse de ce dernier qui est désormais sa femme.

Mais Cléomène n'usera pas de la même méthode. Il n'utilisera pas forcément les voies légales, et ne recherchera pas un large consensus pour arriver à ses fins. Il voulait instaurer de façon autoritaire, et s'il le fallait de manière sanglante, une hégémonie militaire sur le monde hellénique.

Sparte n'a plus le choix, si elle ne veut pas disparaître, elle doit sortir du chaos et retrouver la gloire sur les champs de bataille.

Le monde hellénique à l'avènement de Cléomène III

Avant d'aller plus avant dans le récit du règne de Cléomène III, il convient de présenter brièvement les forces en présence au sein du monde hellénique à la fin du IIIème siècle avant J.C.

Il y a en tout quatre puissances qui vont jouer un rôle majeur dans les évènements à suivre :

Le royaume de MacédoineLe royaume de Macédoine : Dirigé par le roi Démétrios II de -239 à -229 puis par Antigone III Doson de -229 à -221.

La Macédoine, patrie d'Alexandre le Grand n'est plus qu'un petit royaume au IIIème siècle avant J.-C. Mais celui-ci reste néanmoins une puissance de premier ordre dans la région.

Après des années de guerres civiles, la dynastie au pouvoir, les Antigonides, ont consolidé leur hégémonie par de nombreuses conquêtes. L'armée macédonienne est donc fortement aguerrie au combat.

Ses rois successifs entendent bien mettre la main sur toute la Grèce et pourquoi pas refonder un empire hellénistique. Mais l'Egypte veut contrecarrer cette politique audacieuse. Il ne peut y avoir qu'un seul digne descendant d'Alexandre le Grand : Antigone III Doson.

Le royaume de MacédoineL'Egypte : Dirigée par le pharaon Ptolémée III de 246 à 222 av. J.-C.

Un royaume millénaire, des monuments imposants et un fleuve : le Nil, donnant à l'Egypte toute sa richesse et sa puissance.

A cette époque, le pays est dominé par une dynastie grecque fondée par un des généraux d'Alexandre : les Lagides.

Au fil des années, la politique extérieure de ces nouveaux pharaons a pour objectif de rétablir le puissant empire hellénistique du grand conquérant.

Pour cela, l'Egypte n'hésite pas à financer des cités Grecques afin de s'opposer à leurs plus grands rivaux, les Macédoniens.

Le royaume de MacédoineLa ligue achéenne : Dirigée essentiellement par le stratège Aratos de 245 à 220 av. J.-C. La ligue achéenne est une confédération de douze cité-Etats située au Nord-est du Péloponnèse.

Chaque membre est autonome mais tous doivent se réunir au sein d'un conseil deux fois par an afin de décider d'une politique extérieure et décréter des lois d'ordre économique.

A l'avènement de Cléomène III c'est une puissance au faîte de sa gloire. Elle est financée par l'Egypte pour s'opposer à la Macédoine.

En 235 av. J.-C., la cité de Mégalopolis (fondée par les descendants de populations opprimées par Sparte) entre dans la ligue. Cette dernière peut devenir un ennemi redoutable pour Cléomène.

Le royaume de MacédoineLa ligue étolienne : Dirigée par un conseil fédéral. La ligue étolienne est constituée de cités situées en Grèce centrale. Elle dispose d'une élite de riches propriétaires dominant avant tout des fermiers et des bergers.

Son système politique fonctionne grâce à un conseil fédéral où la représentation de chaque cité est proportionnelle à sa population.

Les Etoliens sont avant tout réputés pour être des pirates et des pillards. Pour les Spartiates c'est une puissance sur laquelle ils peuvent s'appuyer malgré les terribles dévastations que la ligue leur a infligé peu après la mort d'Agis IV.

En effet, un traité serait possible car les Etoliens se sont beaucoup opposés à la ligue achéenne par le passé. De plus, ils ont été pour la plupart des partisans de l'ancien roi de Sparte Agis IV.

Carte du monde hellénique à l'avènement de Cléomène III.
Carte du monde hellénique à l'avènement de Cléomène III.

Cléomène III doit composer avec ces quatre puissances majeures afin d'atteindre les objectifs de sa politique, mais celle-ci ne peut se réaliser que par une guerre victorieuse.

Les premières passes d'armes, la naissance d'un habile stratège

Lorsque Cléomène s'aperçoit que Lydiadas, le tyran de Mégalopolis, décide de rejoindre la ligue achéenne et son chef Aratos, il comprend alors que ce dernier veut aussi dominer tout le Péloponnèse en fédérant un maximum d'alliés dans la région.

Mais à Sparte, le jeune roi n'est pas influent. Après le peu de poids politique du second roi Eudamias III puis Archidamos V, les puissants éphores et leurs partisans détiennent toujours le pouvoir économique et judiciaire. Ils se méfient du nouveau souverain au tempérament guerrier.

Cléomène mûrit alors son plan en silence.

En 229 av. J.-C., il réussit à obtenir de la part de la ligue étolienne l'alliance de plusieurs cités dont Tégée, Mantinée et Caphyai. C'est un coup de maître ; cela permet à Sparte d'isoler sa rivale Mégalopolis. De son côté la ligue achéenne obtient l'adhésion d'une grande rivale des Spartiates, la cité d'Argos.

Aratos, bénéficiant des subsides du souverain d'Egypte Ptolémée III, reste en position défensive malgré l'opposition des anti-spartiates le poussant à la guerre. Cléomène le prend de court et décide subitement d'envahir le territoire de Megalopolis à la fin de l'année -229.

C'est ainsi que la campagne militaire débute, mais le roi n'a pas les mains libres car les éphores sont opposés à ses projets de conquêtes. Il sait qu'à la moindre erreur il pourrait être destitué voire même exécuté comme son prédécesseur, mais il entend bien remporter des victoires pour asseoir son pouvoir.

Selon Cléomène, qui est loin d'être un pacifiste, le sang doit couler pour que Sparte redevienne une puissance de premier ordre.

Le chef de la ligue achéenne, voyant un de ses alliés mis à mal, décide de riposter en lançant une offensive contre les appuis dont dispose son rival. Malheureusement pour lui, il ne réussit pas à prendre la cité de Mantinée alors alliée à Sparte, mais il s'empare de Caphyai.

Quant à Cléomène, il gagne sa première bataille au mont Lycaeum puis ravage les terres d'Argos.

Aratos, de son côté, cherche à ne pas engager frontalement l'adversaire. Pourtant, il a 20 000 hommes alors que le jeune roi n'en dispose que de 5 000.

Mais Lydiadas, qui a le commandement de la cavalerie, enrage et lorsque l'occasion se présente à Ladokeia, il lance une charge contre les troupes spartiates. Celui-ci est alors tué au combat et son armée est vaincue par Cléomène.

Ainsi, en 227 av. J.-C., Sparte remporte une éclatante victoire sur la ligue achéenne, Cléomène se forge alors une réputation d'habile stratège.

Carte illustrant la première campagne de Cléomène III.
Carte illustrant la première campagne de Cléomène III.

La pression de l'ennemi s'étant relâchée, le jeune souverain décide de laisser une partie de son armée en Arcadie pour occuper les territoires conquis.

Sa politique extérieure étant couronnée de succès, il doit maintenant régler les différents problèmes de politique intérieure.

Pour cela il rentre à Sparte, résolu et déterminé, accompagné de quelques mercenaires armés jusqu'aux dents.

Le coup d'Etat

Ne voulant pas réitérer les erreurs de son prédécesseur Agis IV, qui avait été trop indulgent, Cléomène ne tergiverse pas, il assassine ses ennemis politiques, à savoir les éphores et leurs partisans. Il ordonne aussi l'exil de 80 citoyens soit 10 % du corps civique.

Les cinq éphores sont alors remplacés par des magistrats ralliés à sa cause. Quant au second roi de Sparte, qui meurt dans des conditions troubles, il est remplacé par le frère de Cléomène, Euclide. Les apparences des antiques institutions spartiates sont ainsi conservées.

Le parti des riches propriétaires fonciers étant décapité, le jeune roi peut alors mettre en place sereinement ses réformes de partage des terres et de reconstitution du corps civique. Pour cela, il invoque l'esprit du père de la constitution spartiate, Lycurgue.

Ainsi, Cléomène élargit le corps des citoyens à 4000 hommes en incorporant les Périèques, qui sont des populations se trouvant en territoire spartiate mais ne disposant pas de droits civiques. Ils leurs allouent des terres et des esclaves afin qu'ils puissent s'occuper pleinement au métier des armes.

Malgré cette première réforme l'armée est inférieure en nombre aux Achéens.

Peu importe pour le roi, car celui-ci décide de miser sur la qualité de ses troupes. En conséquence il décide de les former selon les méthodes de la phalange macédonienne. La lance est alors remplacée par une sarisse d'une longueur pouvant atteindre plus de 5 mètres.

La phalange spartiate formée à la « macédonienne » où l'on peut voir les longues sarisses.
La phalange spartiate formée à la « macédonienne » où l'on peut voir les longues sarisses.

De plus, il rétablit la formation militaire spartiate traditionnelle, l'agogé, faite de privation et d'entrainement intense. C'est le philosophe stoïcien Sphaïros de Borysthène, ancien conseiller du roi Agis IV, qui est chargé de restaurer cette antique tradition.

Enfin, Cléomène affranchit 6000 Hilotes, les serfs du monde grec, contre paiement d'une indemnité. Certains rejoindront aussi l'armée. Quant à l'argent obtenu il permet d'acheter des mercenaires.

Le jeune souverain de Sparte a accomplit ses objectifs : élimination de ses adversaires politiques puis retour d'une armée compétente et disciplinée.

Il peut ainsi repartir en guerre pour restaurer l'hégémonie spartiate sur le monde grec !

Une gloire retrouvée...

Cléomène est désormais le souverain incontesté de Sparte, il règne seul et dispose d'une armée permanente. En -226, le roi peut alors lancer ses troupes à la conquête du Péloponnèse et mettre en difficulté la monarchie des « barbares » Macédoniens.

Ces derniers, sous le commandement de leur nouveau roi Antigone Doson, sont en campagne en Thessalie pour contester la suprématie navale du royaume d'Egypte.

C'est pourquoi le pharaon Ptolémée III, en voyant la vigueur de la nouvelle armée spartiate, décide de financer Sparte au détriment de la ligue achéenne. Son objectif est bien évidemment de nuire autant que possible à la Macédoine.

Fort de ce nouveau soutien, Cléomène parvient à reprendre Mantinée, puis écrase la ligue achéenne à Dymé.

Pièce à l'effigie de Ptolémée III, pharaon d'Egypte.
Pièce à l'effigie de Ptolémée III, pharaon d'Egypte.

Aratos, en fin diplomate, entame des pourparlers de paix avec Sparte mais envoie aussi une ambassade auprès d'Antigone Doson afin d'obtenir de l'aide contre ces impétueux Spartiates.

Le chef de la ligue achéenne est devant un dilemme.

Pour obtenir son aide, soit il restitue à Antigone Doson, les territoires de l'Acrocorinthe d'où il avait chassé auparavant les Macédoniens ; soit il nomme Cléomène III chef de la ligue achéenne afin d'obtenir la paix.

S'il choisit la deuxième option, Sparte se rend maîtresse de toute la péninsule du Péloponnèse.

Aratos tempère et laisse trainer les négociations. Lors de l'année 225 av. J.-C., il est nommé une nouvelle fois stratège de la ligue. Il décide finalement de continuer la lutte.

Il ne peut y avoir deux maîtres du Péloponnèse.

Cléomène enrage, il reprend les armes et vole de victoires en victoires. Il conquiert plusieurs places fortes, puis s'enfonce au cœur de l'Achaïe pour enfin s'emparer d'une cité importante de la ligue, Argos.

Le roi de Sparte est en position de force. Le territoire de la ligue achéenne, amputée de la moitié de ses possessions, redevient celui d'il y a 20 ans.

Aratos ne voulant absolument pas perdre le contrôle de cette région décide de s'allier aux Macédoniens ; chose difficilement acceptable pour un Grec, mais qui va faire pencher la balance en sa faveur.

Pièce à l'effigie de Cléomène III.
Pièce à l'effigie de Cléomène III.

Cléomène pour le devancer occupe Corinthe afin d'accéder à la citadelle de l'Acrocorinthe plus au Nord, cela lui permettrait en effet de mieux se défendre face à l'armée d'Antigone Doson. Mais cette manœuvre reste sans succès, la garnison de l'Acrocorinthe ne veut pas lui laisser le passage.

Pour sauver la ligue achéenne, Aratos signe un contrat avec Antigone. Contre l'annexion de l'Acrocorinthe, l'armée macédonienne se met en marche pour rencontrer les Spartiates afin de mettre définitivement terme aux entreprises guerrières de Cléomène.

La situation devient tendue pour ce dernier, il doit impérativement battre les Macédoniens sous peine de voir sa chère Sparte retomber dans les abîmes de l'Histoire.

...mais de courte durée

Après une brillante campagne où il a failli acquérir l'ensemble du Péloponnèse, Cléomène se trouve en fâcheuse posture suite aux accords passés in extremis entre Aratos et les Macédoniens.

Ces derniers se mettent directement en marche et débarquent à l'isthme de Corinthe pour en découdre avec les Spartiates.

De plus, les habitants d'Argos se rallient à Antigone Doson. En effet, ceux-ci sont déçus de Cléomène, car ce dernier n'a pas mis en place les mesures sociales qu'il avait réalisées dans sa cité.

Le jeune roi ne souhaite pas exporter sa révolution ; celle-ci n'avait pour but que de remettre sur pied une armée efficace afin de mener une politique impérialiste.

Ce choix lui coûte cher, car de nombreux Grecs espéraient se voir débarrassés de leurs dettes et du parti des riches propriétaires fonciers hostiles à Sparte.

En conséquence, la révolution cléomènique n'a pas lieu et beaucoup se rallient à la Macédoine.

En 224 av. J.-C., Cléomène abandonne tout le Nord du Péloponnèse, et un malheur n'arrivant jamais seul, il ne dispose plus du soutien financier de l'Egypte à cause de ses revers.

Quant à Antigone, il organise une nouvelle ligue hellénique dont il sera le chef, grâce au concours de nombreuses cités grecques.

Les Spartiates tentent alors de rallier à leur cause la cité de Mégalopolis, mais celle-ci refuse. Cléomène se venge et ravage la ville.

Faute de pouvoir engager le combat, il nargue Antigone sous les murs d'Argos. Celui-ci ne cède pas aux provocations et réunit patiemment l'ensemble de ses troupes afin de battre son adversaire.

De son côté, Cléomène manque de subsides pour payer ses mercenaires, il se voit contraint d'accepter l'engagement lors d'une ultime bataille.

Il choisit de se placer non loin de Sellasia sur un terrain montagneux, afin de contenir au mieux les assaillants.

C'est ici que son destin va se jouer.

La bataille de Sellasia, les derniers feux de la gloire militaire spartiate

En -222, Antigone a pris tout son temps pour rassembler une armée comportant des Macédoniens et les nouveaux alliés Grecs. Il dispose ainsi de 28 000 hommes parmi lesquels on retrouve la fameuse phalange macédonienne, mais aussi des peltastes (infanterie légère) venus de Thrace, une région située dans les Balkans, ainsi qu'une cavalerie composée de 1200 hommes.

Cette armée possède aussi un contingent de mercenaires constitué des meilleurs archers de l'époque, les archers crétois.

La phalange macédonienne prête au combat.
La phalange macédonienne prête au combat
.

Les peltastes avant l'assaut.
Les peltastes avant l'assaut.

Du côté des Spartiates, l'armée ne compte que 20 000 hommes. Cléomène dispose d'une phalange spartiate de 4 000 hommes ainsi que de 2 000 Hilotes affranchis. Les Périèques et les alliés sont déployés au sein d'une phalange hoplitique classique et les mercenaires se divisent entre infanterie légère et lourde.

Quant à la cavalerie, elle n’est constituée que de 650 hommes.

Hoplites Périèques en marche pour rejoindre leurs positions.
Hoplites Périèques en marche pour rejoindre leurs positions
.

La cavalerie macédonienne au combat.
La cavalerie macédonienne au combat.

Cléomène se voit combattre à 2 contre 3. Il harangue ses troupes avant la bataille, il fait face malgré la supériorité numérique de l'ennemi ; sa devise :

« Les Spartiates ne s'inquiètent pas de savoir combien sont les ennemis, mais seulement où ils sont ! »

Les élites des deux armées sont alors placées face à face, phalange spartiate contre phalange macédonienne.

Antigone Doson, meilleur stratège qu'Aratos envoie des éclaireurs reconnaître le terrain, puis il réfléchit longuement sur la tactique à adopter.

Au bout de quelques jours, la bataille commence sous l'initiative des Macédoniens.

Celle-ci va se dérouler en trois étapes :

  1. L'aile droite d'Antigone attaque les Spartiates qui lui font face sur le Mont Evas. La phalange macédonienne, sous le commandement de Démétrios de Phoros avance contre les positions adverses. Quant au centre et à l'aile gauche elle avance sans engager Cléomène.

    Euclide, le frère de ce dernier, est à la tête des troupes se trouvant sur le Mont Evas. Il décide de rester en position défensive. Il ne veut pas lancer d'offensive contre l'ennemi malgré le bénéfice que lui apporte sa position dominante.

    Pourtant, dévaler la pente aurait permis à sa phalange de charger à grande vitesse et de bousculer violemment l'adversaire.

    C'est le centre de l'armée spartiate composé de troupes légères qui attaque soudainement les agresseurs. Ces derniers se trouvent en péril. Antigone Doson ne bouge pas.


  2. C'est alors que la cavalerie macédonienne charge les troupes spartiates afin de dégager l'aile droite de l'armée qui est prise au piège.

    C'est un succès, le centre spartiate est désormais en déroute. Quant à Euclide il campe sur ses positions et se fait tuer au cours de la bataille.


  3. Cléomène III est retranché sur le Mont Olympos avec ses troupes d'élite. Lorsqu'il voit son flanc gauche en fâcheuse posture, il donne l'ordre de détruire les palissades qui le protégeaient et de charger l'ennemi.

    La phalange spartiate obéit puis descend la pente à toute allure. Les Macédoniens sont un temps bousculé.

Le combat fait rage, mais celui-ci est inégal Cléomène ne possède que 6 000 hommes contre les 10 000 de l'aile gauche macédonienne.

Antigone décide d'avancer sa seconde phalange. Un effroyable mur de piques s'étendant sur 32 rangs de profondeur fait alors face aux Spartiates.

Ces derniers ne peuvent rivaliser face à un tel mur, néanmoins ils se battent jusqu'à la mort selon l'antique tradition spartiate. Seuls 200 de ces 6 000 hommes survivront, preuve s'il en est que l'esprit de sacrifice a été retrouvé au sein de cette armée.

C'est sur cette défaite que s'éteignent les derniers feux d'une gloire militaire fulgurante.

Etapes de la Bataille de Sellasia.
Etapes de la Bataille de Sellasia
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Epilogue

Suite à la bataille de Sellasia, Cléomène parvient à s'enfuir au galop pour rejoindre Sparte. Il demande à ses citoyens de n'offrir aucune résistance afin que la cité soit épargnée, puis il s'exile en Egypte auprès de son allié Ptolémée III.

Antigone Doson fait alors une entrée triomphale dans la cité de Sparte. Il restaure les éphores mais pas la royauté. Une garnison est installée et les Spartiates doivent s'allier à la nouvelle ligue hellénique commandée par le Macédonien.

Ce dernier est alors en position d'hégémonie sur toute la Grèce.

Concernant le bilan de Cléomène, ses objectifs étaient presque atteints, mais ses revers de fortune, son incapacité à fédérer les Grecs contre les Macédoniens, et l'opposition irréductible d'Aratos ont entraîné sa chute.

Ses réformes révolutionnaires ont été réalisées en trompe l'œil : elles ne sont que les moyens d'obtenir une armée puissante base d'une politique impérialiste.

Cléomène finit ses jours en Egypte. Son protecteur, Ptolémée III meurt en -221. Son successeur Ptolémée IV, néglige l'ancien roi et le place en résidence surveillée. Le Spartiate décide alors de fomenter une révolte contre le nouveau pharaon mais il échoue.

L'ancien conquérant du Péloponnèse, ayant tout donné pour restaurer le prestige de sa cité n'est plus que l'ombre d'un passé glorieux. Il est allé au bout de lui-même.

Ainsi, Cléomène roi déchu, désormais abandonné de tous, décide de se donner la mort.

C'est ainsi que s'achève la vie du dernier roi de Sparte.

Bibliographie

  • Prétorien n° 23 : Le dernier roi de Sparte.
  • Edmond Lévy, Sparte : Histoire politique et sociale jusqu'à la conquête romaine, Seuil, 2003, 336 pages.
  • Jacqueline Christien et François Ruzé, Sparte : Géographie, mythes et histoire, Armand Colin, 2007, 431 pages.
  • « Map Macedonia 200 BC-fr » par Marsyas — Création personnelle avec Adobe Illustrator (données basées sur R. Ginouvès et al., La Macédoine, Paris, 1992).. Sous licence CC BY-SA 3.0 via       Wikimedia Commons - commons.wikimedia.org. Modifié par Brasidas
  • carte de la bataille de Sellasia : http://exilian.co.uk/forum/index.php?topic=2947.0 modifiée par Brasidas.
  • carte des guerres cléomènique : By MapMaster (Own work) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons
  • Brasidas Ancien membre d'HistoriaGames
  • "Les Spartiates ne s'inquiètent pas de savoir combien sont les ennemis, mais seulement où ils sont !" Cléomène III