J'ai visité pour vous... le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux

Roi de Dreamland
23 juillet
2020

Inauguré en grande pompe le 11 novembre 2011 par le président Sarkozy, le Musée de la Grande Guerre, situé en périphérie de Meaux, à 45 minutes du centre de Paris, a la vocation ambitieuse de présenter une vision globale du premier conflit mondial, tout en symbolisant dans le même temps un important lieu de souvenir au regard du devoir de mémoire. Ce n'est pas pour rien qu'il est situé « Rue Lazare Ponticelli », du nom du dernier poilu qui nous a quitté en mars 2008.

J'ai visité pour vous... le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux

Accessible facilement depuis Paris via le transilien et le bus, l'édifice ne manque pas d'impressionner de par son imposante stature, juchée en hauteur face à la ville de Meaux.

Le « monument américain » contribue également à renforcer la solennité de l'accueil qui nous est fait en rappelant que la région fut en 1914 le théâtre d'importants combats opposants les armées françaises et allemandes dans le cadre des batailles de la Marne et de l'Ourcq.

Au plus fort de son avancée, l'ennemi n'était en effet qu'à une petite soixantaine de kilomètres de la capitale. Le lieu choisi pour bâtir ce musée est donc tout sauf anodin.

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Une fois l'édifice pénétré, on découvre très vite que l'on aura affaire à un musée moderne, comprendre par là le genre de musée qui, hélas, reste de nos jours bien trop rares en France.

L'Etat, les collectivités territoriales et les mécènes privés qui ont financé ce projet y ont mis les moyens, ce qui permet au Musée de la Grande Guerre de disposer d'une scénographie digne de ce nom, intuitive et attractive, qui rend la visite agréable.

Les polices d'écritures choisies pour présenter les éléments de la collection et les éléments de contexte historique sont clairs et épurés. Il faut également noter, et c'est un bon point, que le musée fait le choix d'écrire au minimum et n'assomme pas les visiteurs avec des tonnes de textes, parfois difficiles à digérer.

L'exposition se découvre donc de façon fluide et le parcours, semi guidé, s'enchaine très naturellement. Comptez entre 2 et 3 heures pour visiter le tout, avec un plein tarif abordable, de l'ordre de 10 euros, et un tarif réduit à 7 euros, s'appliquant à certaines catégories de population.

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Une construction intéressante

Par « parcours semi-guidé », il faut comprendre que la visite se divise en deux temps :

En premier lieu, l'entrée dans le musée vous fera suivre un cheminement imposé et historique remontant le temps pour aller se situer aux « origines » de la Grande Guerre.

Aussi, vous remontrez divers « blocs thématiques » en commençant par un bref rappel de ce que fut la guerre franco-allemande de 1870. Suite à l'unification de l'Allemagne par le chancelier Bismarck et le Kaiser Guillaume Ier, le sentiment « revanchiste » naît au sein de la jeune Troisième République, en France.

Une lente marche vers les évènements de 1914 se déclenche alors et le visiteur pourra découvrir la préparation de la population à cette guerre de revanche, ainsi que l'évolution du contexte diplomatique via le tissage des réseaux d'alliances qui divisèrent l'Europe à cette époque.

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En second lieu, après l'attentat de Sarajevo qui constitue un point tournant, vous basculerez dans la plus grande partie du musée, celle qui concerne évidemment les évènements survenus entre 1914 et 1918.

À l'inverse de la première partie, vous avez ici la possibilité d'organiser votre visite comme vous le voulez, alternant entre les pièces de la collection du musée et des zones thématiques ou interactives se focalisant sur un élément précis du conflit : par exemple, la vie dans les tranchées, les troupes coloniales, le rôle des femmes dans la guerre ou encore le rapport des combattants face à la souffrance et à la mort...

Cette construction est intéressante et offre la possibilité au visiteur de voir en priorité les éléments qui l'intéressent davantage. En outre, vous aurez la liberté de construire votre visite selon vos centres d'intérêts, ce qui est un très bon point.

L'équilibre entre contenus thématiques, interactifs et pièces de collection est par ailleurs très bien maitrisé, ce qui permet d'être un acteur de la découverte du musée.

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Un musée généraliste...

Les thématiques présentées sont nombreuses et variées. Elles parviennent avec succès à englober la totalité des aspects de l'immense bouleversement que représenta la Grande Guerre.

On pourra néanmoins regretter que le musée ne fasse que les survoler, sans jamais y rentrer dans le détail. Ainsi, l'aile du musée consacrée aux troupes coloniales est des plus minimaliste, de même que le front oriental qui n'est que très peu mis en avant...

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On regrettera également une certaine inégalité dans les différents types de pièces présentés au sein de la collection du musée. Celle-ci reste en effet relativement modeste, par exemple pour ce qui est des véhicules présentés, avec un char Renault FT qui n'est absolument pas mis en valeur...

De plus, certaines, mais rares, zones du musée donneront l'impression d'un « bric-à-brac » où l'on entasse de nombreux objets côte à côte sans réelle pluvalue...

En revanche, le Musée de la Grande Guerre peut s'enorgueillir de posséder une très belle collection d'uniformes ainsi que des pièces rares et intéressantes qui témoignent de l'état d'esprit qui régnait à l'époque chez les différents belligérants.

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Au final, force est de constater que le Musée de la Grande Guerre reste en effet un musée « généraliste », présentant une vision d'ensemble du conflit.

Aussi, on pourra considérer qu'il constitue une très bonne « porte d'entrée » pour découvrir et faire découvrir, pourquoi pas en famille, ce que fut la Première Guerre mondiale.

Il permet d'avoir une vision d'ensemble « en surface », mais il y a fort à parier que les passionnés de la période trouveront davantage leur compte dans de plus petits musées « locaux », spécialisés sur une bataille précise ou sur un seul aspect de la guerre, comme le font par exemple les excellents musées de Péronne et d'Albert, tous les deux spécialisés sur la bataille de la Somme.

L'intérêt reste sans doute d'associer les structures généralistes et spécialisées afin de bénéficier d'une vue globale, puis détaillée des évènements.

...Qui conserve magré tout bien des intérêts

Bien que généraliste, le Musée de la Grande Guerre dispose de nombreux atouts, dont certains ont déjà été évoqués. Tout d'abord, c'est un musée moderne et agréable à visiter qui offre de l'interactivité (quelque peu réduite en raison des restrictions liées à la pandémie COVID-19) à ses visiteurs pour un prix plus qu'honnête.

Sa localisation, bien que pas forcément pratique pour les habitants de province, reste très facilement accessible et bien desservie par les transports en commun d'Ile-de-France.

Le musée présente par ailleurs à ses visiteurs quelques moments forts, dont une « simulation » de traversée de tranchée dans laquelle vous serez mis en immersion via le recourt à l'image et au son. Le résultat est des plus réussis malgré les moyens rudimentaires mobilisés pour y parvenir.

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Ensuite, le rapport du musée au temps est également un parti pris intéressant puisqu'il fait le choix de remonter jusqu'en 1870 pour contextualiser les faits avant d'opérer un déroulé s'arrêtant non pas à 1918, mais remontant jusqu'à nos jours.

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La « passerelle temporelle » ainsi faite permet de mettre en perspective des évènements historiques qui surviennent à notre époque et de les ancrer avec des évènements passés pour leur donner davantage de sens.

La Grande Guerre ne s'envisage donc pas comme une parenthèse de quatre ans, déconnectée du reste de l'Histoire. Elle est un lien, un chaînon qui façonna l'Europe telle que nous la connaissons actuellement aujourd'hui.

Si les passionnés de 1914-1918 n'apprendront peut-être pas grand-chose de nouveau au terme de cette visite, il reste néanmoins que le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux est un incontournable sur cette période que je ne saurais que trop vous recommander de visiter.

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  • Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
  • « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952